Futurs ? La panne des imaginaires technologiques
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Description

La science-fiction, dans sa version littéraire ou cinématographique, a depuis longtemps alimenté les visions technologiques en mettant en scène toutes sortes d’objets « futuristes ».


Voitures volantes, vaisseaux spatiaux, stations orbitales et autres robots humanoïdes ont ainsi formé l’ossature de bien des récits.


Pour autant, ces artefacts emblématiques semblent absents de notre vie de tous les jours, comme si l’avenir décrit depuis une soixantaine d’années était sans cesse repoussé. Ce qui n’empêche pas certains de continuer à répéter ces mêmes mythes, comme victimes d’une panne d’imaginaire.


Doit-on se cantonner à ces visions du futur ? Des imaginaires alternatifs ne sont-ils pas en cours de construction ? Est-ce que cet avenir technologique n’est pas advenu autrement ?



Cet ouvrage aborde ces différentes questions et montre comment d’autres champs que la science-fiction explorent des futurs possibles. En s’intéressant à notre rapport aux objets numériques, il montre ainsi comment artistes, designers, programmeurs ou architectes permettent un renouveau des imaginaires technologiques.

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Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782361831974
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FUTURS? LAPANNEDESIMAGINAIRESTECHNOLOGIQUES
NICOLASNOVA
Les Moutons électriques
Les Moutons électriques, éditeur
© 2014 les moutons électriques.
Couverture de Sébastien Hayez.
Les reproductions qui agrémentent ces pages sont uniquement citées à fins illustratives des propos de l’auteur et demeurent toutes © leurs propriétaires respectifs.
Les moutons électriques, éditeur 198 route de Saint-Paul - 26200 Montélimar www.moutons-electriques.fr
La science-fiction, dans sa version littéraire ou cinématographique, a depuis longtemps alimenté les visions technologiques en mettant en scène toutes sortes d’objets « futuristes ». Voitures volantes, vaisseaux spatiaux, stations orbitales et autres robots humanoïdes ont ainsi formé l’ossature de bien des récits. Pour autant, ces artefacts emblématiques semblent absents de notre vie de tous les jours, comme si l’avenir décrit depuis une soixantaine d’années était sans cesse repoussé. Ce qui n’empêche pas certains de continuer à répéter ces mêmes mythes, comme victimes d’une panne d’imaginaire. Doit-on se cantonner à ces visions du futur ? Des imaginaires alternatifs ne sont-ils pas en cours de construction ? Est-ce que cet avenir technologique n’est pas advenu autrement ? Cet ouvrage aborde ces différentes questions et montre comment d’autres champs que la science-fiction explorent des futurs possibles. En s’intéressant à notre rapport aux objets numériques, il montre ainsi comment artistes, designers, programmeurs ou architectes permettent un renouveau des imaginaires technologiques. Avec des interviews exclusives de Warren Ellis, Bruce Sterling, James Bridle, etc. Un article inédit de Bruce Sterling. Une postface de David Calvo. Nicolas Nova est chercheur et consultant au Near Future Laboratory. Il est également professeur à la Haute école d’art et de design à Genève, où il enseigne l’ethnographie et le design d’interactions. Il s’intéresse aux questions d’usage et de prospectives en lien avec les technologies numériques.
A -VANT PROPOS
«I’m 5000 miles West Of my future Where’s my floating car My utopia My Mars’ colony Like it’s supposed to be ?[1]» Mike Ladd,Welcome to the Afterfuture, 2000.
Cette citation tirée d’un texte du chanteur deslamaméricain Mike Ladd traduit à elle seule un sentiment diffus et partagé par beaucoup d’entre nous : le constat que le futur, imaginé, E promis et même conçu au cours du xx siècle ne s’est pas matérialisé ; qu’il est resté coincé quelque part entre les laboratoires de recherche et les œuvres de science-fiction. Cet extrait nous rappelle à quel point la civilisation occident ale se figurait ainsi un monde de voitures volantes, de combinaisons spatiales ou de stations orbitales pour spationautes en partance pour Mars[2]. On pensait que l’an 2000 – la date qui cri stallisait toutes les attentes – serait fait de robots humanoïdes, d’interfaces de réalité virtuell e ou d’implants neuronaux. Le troisième millénaire débutant, force est de constater que ce bestiaire scientifico-technique est resté plus ou moins lettre morte… au grand désespoir des fans de science-fiction, impatients à l’idée de vivre avec tout cet attirail. Bien sûr, on voit poindre des changements, et certaines technologies actuelles paraissent proches de ces exemples ; mais on est globalement loin du compte. Comme le dit l’essayiste anglais Richard Barbrook, dans son ouvrageImaginary Futures, nous sommes confrontés ici à un paradoxe : l’imaginaire de l’avenir qui nous est vendu en tant qu’adulte aujourd’hui est le même que celui proposé aux enfan ts de l’après-guerre. Danny Hillis, le fondateur de la Long Now Foundation – une organisat ion californienne de prospective, qui a notamment pour objectif de construire une horloge censée fonctionner 10 000 ans – formule le problème de la manière suivante : «Quand j’étais enfant, il y a trente ans, le futur était très lointain – de même que le nouveau millénaire. Des d ates telles que 1984 et 2001 paraissaient vraiment distantes. M ais ce qui est cu rieux, c’est que depuis tout ce temps, le futur auquel les gens pensent n’a pas changé de mil lénaire. C’est comme si l’avenir s’était rabougri, année après année, pendant toute ma vie.[3] » La profusion d’ouvrages et d’expositions qui abordent ces futurs antérieurs, représentations tangibles d’avenirs rêvés, est pour moi le symptôme manifeste d’un tel phénomène. Dans le domaine de l’édition, on trouve en premier lieu des livres-catalogues d’objets de la littérature d’anticipation. Je pense par exemple àOù est passée ma combinaison spatiale ?Daniel de Wilson ou àQuand nos grands-pères imaginaient l’an 2000de Guillemette Racine, qui proposait déjà un tour d’horizon rétro-futuriste de ce type en 1991. Ces volumes recensent des visions passées de l’avenir tout en montrant les recherches en cours ou le décalage avec la réalité des technologies de notre époque. À côté de ces livres généralistes, des ouvrages plus profonds s’attachent à comprendre les enjeux sous-jacents ou à saisir pourquoi le futur promis par la « culture science-fictive » n’est pas arrivé . Je pense en particulier à l’étude de cas complète proposée par Patrick Gyger concernant les voitures volantes[4], qui se penche sur ce Graal des transports modernes. De manière moins centrée sur une technologie en particulier,Le Futur n’existe pasd’Elie During et Alain Bublex examine les enjeux philosophiques de cette persistance des visions passées de l’avenir et du rétro-futurisme. Quant aux expositions, si l’on prend la sphère francophone, de multiples événements ont abordé dernièrement ces « rétro-futurs » et les questions qu’ils posent. Pensons par exemple à l’exposition « Les lendemains d’hier » proposée au musée d’art contemporain de Mo ntréal en 2010, à « Futur antérieur » à la galerie agnès b. (Paris) en 2012, ou à « Souvenirs du futur » proposée à la Maison d’Ailleurs
(Yverdon-les-Bains) en 2013. Dans le champ musical, Mike Ladd n’est pas isolé puisque cette thématique se trouve abordée par bien d’autres musi ciens, tels que Poppy and The Jezebels (« UFO ») ou El Heath (« We saw the future, Only Yesterday »). On pourrait gloser longtemps sur les causes de ce décalage entre fiction et réalité, sur le rétrécissement de l’avenir décrit dans la citation de Danny Hillis présentée plus haut… On pourrait aussi se dire que ce n’est qu’une question de temps, ou qu’il suffit de patienter un peu, mais ce ne sont pas ces aspects-là qui nous intéressent ici. Le présent ouvrage est plutôt né d’une impression diffuse : le fait que la science-fiction ait perdu son influence comme force d’inspiration sur le « futur », et plus particulièrement pour inspirer la création technologique et ses imaginaires. Il suffit de regarder les représen tations du futur que l’on nous sert régulièrement dans les médias grand public ou dans les publicités pour des objets technologiques. Les inévitables gratte-ciel qui acc ompagnent les affiches des fabricants automobiles, le pseudo-monorail présenté sur les plaquettes du projet du Grand Paris, le retour sans fin des lunettes et casques de réalité virtuelle, les robots humanoïdes dont on nous vante l’arrivée prochaine, en constituent de bons exemples. Ils montrent au mieux une perpétuation des mythes, au pire, une panne des imaginaires. Dans cet ouvrage, mon but n’est pas d’offrir une én ième rétrospective des mythes technologiques glorieux du « futur du passé », ni de discuter de l’écart entre les imaginaires proposés par la science-fiction et leur absence au quotidien. J’ai déjà abordé ces aspects dans un livre antérieur, concernant les échecs technologiques[5]. Et qui plus est, parce que le rôle de la science-fiction n’est pas, et n’a jamais été, de prédire le futur, de jouer à l’Oracle de Delphes, voir même de devoir être « utile ». La confusion qu i est souvent faite entre ce genre littéraire ou cinématographique et la futurologie est en effet problématique. Oui, des auteurs peuvent souhaiter anticiper des changements technologiques, créant par là même des objets techniques imaginaires fascinants et plausibles, comme Jules Verne qui proposait l’utilisation de la lumière solaire pour naviguer entre la Terre et la Lune. Oui, des réalisateurs de films peuvent chercher à montrer de quoi l’avenir sera fait. Mais la contribution principale de ces individus réside plutôt dans les récits qu’ils produisent, le s mondes imaginaires qu’ils créent et les évolutions possibles de nos sociétés qu’ils explore nt. «Le futur est un laboratoire sûr et stérile pour tester des idées, c’est un moyen de penser la réalité, une méthode», disait Ursula Le Guin[6]. Le résultat met d’ailleurs plutôt en scène des interrogations, des craintes et des espoirs que de simples artefacts technologiques, ces derniers servant soit de point de départ, soit d’objets contribuant à la narration. Et si prédiction il y a, il s’agit plus de mettre en scène des problèmes actuels et à venir, ou plus globalement d’imaginer les frictions entre les différentes composantes de nos sociétés humaines dont les sciences et technologies. Comme le soulignait Frederik Pohl : «Une bonne histoire de science-fiction doit pouvoir prédire l’embouteillage et non l’automobile. » En d’autres termes, c’est l’équilibre entre questionnements sociaux, politiques ou psychologiques et émerveillement – « sense of wonder » dirait-on dans la langue d’Arthur C. Clarke – envers des objets techniques o u scientifiques, qui fait la richesse de la science-fiction. Je ne dis pas ici que la production science-fictive ne puisse pas, par la suite, influencer des transformations sociales ou techniques, ou contribu er à la formation d’un nouvel imaginaire des sciences et des technologies. Cependant, il serait plus pertinent de considérer cet apport comme un effet de bord imprévu[7], voire involontaire. La place de l’Internet dans la première trilogiecyberpunkde William Gibson nous en fournit un exemple intéressant. Pour certains, la généralisation des usages de l’Internet et du Web dans le courant des années 1990 a pu être lue comme la réalisation des propositions de Gibson et d’autres auteurscyberpunk. Or, pour ceux-ci, il n’en est rien. Dans un entretien avec un jou rnaliste deWireden 2012, Gibson réalisé affirmait : «Nous avons toujours tort, ce que les gens croient ê tre l’Internet dans Neuromancienrien à voir avec l’Internet ! n’a  » Il suffit d’ailleurs de relire les romans et nouvelles de l’époque pour se rendre compte de l’écart manifeste entre la « Grille » et ses
interfaces et le couple clavier/écran que nous utilisons dans la vie de tous les jours. Ceci étant, même si notre « net » n’est pas celui de William Gi bson, Bruce Sterling ou Walter Jon Williams, il est indéniable que ces éléments fictionnels ont exercé une influence sur l’évolution du réseau et de ses interfaces. Si l’on regarde plus largement l’influence générale de la culture science-fictive, et la manière dont son imaginaire s’est inséré dans des pans enti ers de notre quotidien, on constate effectivement son poids majeur. Je songe ici à tous les motifs stéréotypiques du domaine : robots humanoïdes, nouvelles interfaces homme-machi ne, connexions neurales, voyages suborbitaux, etc. Ces clichés, ces « rétro-types », vont dans cette direction. Et, comme je le soulignais plus haut, ils nourrissent encore et tou jours l’univers de la publicité (pensez aux vidéos d’anticipation des groupes technologiques genre Microsoft ou Sony) ou les projets urbains (et leurs gratte-ciel ou monorails conquérants), pour donner cette impression d’avenir, ce sentiment de progrès optimiste et utopique… Ces clichés proviennent tout autant de la science-fiction que des cultures populaires (pulp,scientific romance…) se réappropriant les découvertes scientifiques ou techniques, et de la m anière dont ces mythes sont simplifiés et propagés par les médias grand public. Ils forment ainsi une sorte de vulgate qui perpétue des imaginaires limités. Le propos de cet ouvrage est donc de dépasser la gl orification ou l’analyse des objets mythiques de la science-fiction, et de s’attarder sur la question des imaginaires de l’avenir qu’elle pourrait mobiliser. Par imaginaire, j’entends ici les discours, les représentations, les mythes et l’imagerie fantasmatique qui entourent les objets techniques. Sur la base de ces différents constats, je vais plutôt ici explorer de ux hypothèses qui me tiennent à cœur. La première consiste à dire que la science-fiction s’est faite d’une part distancer par le réel ; c’est-à-dire, que les technologies numériques actuelles – réseaux, appareils mobiles, capteurs, robots en particulier – et leurs usages, mènent à des comportements singuliers tout aussi curieux que les situations vécues par les protagonistes de romans de Philip K. Dick, de Ray Bradbury ou d’Isaac Asimov. Ma seconde hypothèse est simplement d’affirmer que la création d’imaginaires du futur, en particulier dans le domaine technologique, n’est plus le monopole des acteurs de la science-fiction. Je proposerai notamment de considérer le travail des artistes, des designers et des architectes, notamment dans le domaine des technologies et des nouveaux médias. En chemin, avant d’examiner ces nouveaux territoires, je reviendrai sur l’état du genre en ce E début de xxi siècle. Après avoir montré les difficultés de la s cience-fiction à générer de nouveaux imaginaires, je discuterai du sentiment d’atemporalité et de blocage que celui-ci crée. Je décrirai ensuite en quoi notre « présent technique » est singulier, et présenterai différents travaux d’artistes ou de designers montrant des représentations nouvelles de l’avenir, en-dehors du carcan science-fictif standard. Une petite remarque cependant, avant de rentrer dans le vif du sujet. Lorsque j’emploierai le terme de « science-fiction » dans cet essai, il fau dra bien comprendre que je ne fais pas exclusivement référence à la littérature. Cela englobera plutôt toute la culture populaire de la civilisation moderne plus généralement formée par l es productions littéraires, graphiques, cinématographiques ou vidéoludiques tournées vers des représentations de l’avenir. En outre, je m’intéresserai davantage aux imaginaires propagés par la vulgate science-fiction, en particulier américaine, qui n’est pas représentative de tout le champ[8]. Enfin – présupposé de taille – je partirai du principe que cette culture est légitime et digne d’intérêt. Je mettrai donc de côté son absence de reconnaissance officielle, en particulier dans la culture continentale européenne et francophone.
Fig. 1 : Illustration d’Albert Robida (Le Vingtième siècle).
Fig.2 : Crash d’un aéronef M2-F2 Rogers en Californie, en 1967 (crédit : NASA GRIN).
C 1 HAPITRE Où est passé le futur ?
«binaison spatiale avec un profondAu lieu d’accueillir l’apparition d’un héros en com gémissement, la plupart des lecteurs moyens seront déçus si la panoplie standard de cerveaux robotisés et d’hyper-propulsions n’est pas présente, tout comme la plupart des cinéphiles s’ennuieraient mortellement si un western ne contenait pas au moins une grande scène de fusillade.» J. G. Ballard, 1962.
En 2007, lors d’un discours donné durant une projec tion spéciale deBlade Runner au festival du film de Venise, le réalisateur anglais Ridley Scott a annoncé la mort de la science-fiction en tant que genre. Devant un parterre de gens médusés par tel aveu, il s’est exclamé : «La science-fiction est aussi morte que les westerns. Il n’y rien d’original. On a déjà tout vu. » Pour étayer ce jugement somme toute très péremptoire, il ajouta que2001, L’Odyssée de l’espaceétait la meilleure œuvre de science-fiction tant au niveau de son atmosphère, que des effets spéciaux ou de l’utilisation de la lumière… À tel point que, pour lui, tous les films d’anticipation suivants ont cherché à l’imiter ou à lui faire référence. Évidemment, il est aujourd’hui difficile de prendre Scott très au séri eux puisqu’il a réalisé un film de science-fiction,Prometheus,cinq ans après avoir tenu ces propos, et que l’on a pu lire et voir de très bonnes œuvres du genre durant les dix dernières années. Mais cela n’enlève rien à la pertinence d’une telle prise de position. Son intérêt réside en effet dans la difficulté que le réalisateur a ressentie pour mettre en scène le monde de demain et produire cette ambiance propice à la suspension d’incrédulité… Une impossibilité à dépasser l’existant, à ne pas recopier ou refaire. On pourrait rapprocher le constat de Ridley Scott de la lente agonie du genre science-fictif lui-même. Dans un article controversé de 2001 et in titulé « Science-Fiction without the Future », l’autrice américaine Judith Berman s’inte rrogeait sur le déclin de l’audience des revues et le désintérêt de générations plus jeunes en Amérique du Nord. Pour expliquer ce changement, elle faisait l’hypothèse d’un genre tou rnant sur lui-même, recyclant les mêmes sujets avec une nostalgie ou une angoisse du passé. Berman citait en l’occurrence l’accroissement du nombre de nouvelles concernant la mort, la crainte d’un avenir difficile, la vieillesse et la nostalgie envers un âge d’or révol u… Soit des thématiques provenant d’angoisses d’écrivains baby-boomers, ceux-ci laissant de côté les histoires et spéculations basées sur les enjeux du présent et les technologies en devenir. D’où, selon elle, un désintérêt des jeunes générations. Dans une préface au livreScience-fiction : les frontières de la modernité014), l’écrivain GérardRuaud et Raphaël Colson (Mnémos 2  d’André-François Klein fait un constat similaire dans la sphère francophone. Si le lien de cause à effet proposé par Berman me semble difficile à établir, la baisse d’intérêt pour la littérature de science-fiction me paraît cependant un phénomène notable. Le constat d’une telle agonie n’est toutefois pas nouveau et semble apparaître de façon E répétée depuis la seconde moitié du xx siècle. Pensons par exemple à J. G. Ballard qui déclarait : «La plupart des prédictions de la science-fiction se sont révélées fausses[…] H.G.Wells avait certes prédit la bombe atomique, d’ autres écrivains, la société de surconsommation. M ais en général la science-fiction s’est trompée sur le futur[…] pour moi, la science-fiction est morte. Y a-t-il un aven ir pour l’avenir ? Non.[9] » Pour l’auteur anglais, la faillite de la conquête spatiale était le premier symptôme, si ce n’est le point de non-retour. En 1962 déjà, il supposait dans la nouvelle « La Cage de sable » que la base américaine de Cap Canaveral serait abandonnée, ses vestiges n’étant plus que contemplés avec nostalgie par
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