Medium et appareil dans la création photographique
264 pages
Français

Medium et appareil dans la création photographique , livre ebook

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264 pages
Français

Description

Lorsque la création d'une image se fait grâce à l'utilisation d'un appareil, il arrive un moment où celui-ci devient central et le sujet de tous les questionnements. C'est en considérant l'appareil comme un ensemble global, participant pleinement à la création et la conditionnant en même temps, qu'il paraît possible de mener une réflexion sur cette place particulière qu'occupe l'appareillage photographique dans la réalisation d'image ou d'installation de celles-ci.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 35
EAN13 9782336358871
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

esthétiques
Tiphaine Gondouin
MEDIUM ET APPAREIL DANS LA CRÉATION PHOTOGRAPHIQUE
15/09/14 21:31:21
Medium et appareil dans la création photographique
Esthétiques Collection dirigée par Jean-Louis Déotte Pour situer notre collection, nous pouvons reprendre les termes de Benjamin annonçant son projet de revue : Angelus Novus. « En justifiant sa propre forme, la revue dont voici le projet voudrait faire en sorte qu’on ait confiance en son contenu. Sa forme est née de la réflexion sur ce qui fait l’essence de la revue et elle peut, non pas rendre le programme inutile, mais éviter qu’il suscite une productivité illusoire. Les programmes ne valent que pour l’activité que quelques individus ou quelques personnes étroitement liées entre elles déploient en direction d’un but précis ; une revue, qui expression vitale d’un certain esprit, est toujours bien plus imprévisible et plus inconsciente, mais aussi plus riche d’avenir et de développement que ne peut l’être toute manifestation de la volonté, une telle revue se méprendrait sur elle-même si elle voulait se reconnaître dans des principes, quels qu’ils soient. Par conséquent, pour autant que l’on puisse en attendre une réflexion – et, bien comprise, une telle attente est légitimement sans limites –, la réflexion que voici devra porter, moins sur ses pensées et ses opinions que sur les fondements et ses lois ; d’ailleurs, on ne doit plus attendre de l’être humain qu’il ait toujours conscience de ses tendances les plus intimes, mais bien qu’il ait conscience de sa destination. La véritable destination d’une revue est de témoigner de l’esprit de son époque. L’actualité de cet esprit importe plus à mes yeux, que son unité ou sa clarté elles-mêmes ; voilà ce qui la condamnerait – tel un quotidien – à l’inconsistance si ne prenait forme en elle une vie assez puissante pour sauver encore ce qui est problématique, pour la simple raison qu’elle l’admet. En effet, l’existence d’une revue dont l’actualité est dépourvue de toute prétention historique est justifiée… » Dernières parutions Martine BUBB,Philosophie et art numérique. Un monde extraterrestre,2014. Anne BÉNICHOU,Un imaginaire institutionnel, 2013. Caroline COPPEY,Claude Monet : A l’école de l’œil,2013. Claude AMEY,Le devenir autre de l’art. Littéralisation et distraction, 2013.
Tiphaine Gondouin
Medium et appareil dans la création photographique
Du même auteur « Appareil photographique, sérialité et intermédialité », dansIntermédialité : partage et migrations artistiques, Cahier Recherche, n°21, sous la direction de Jean-François Robic, édition de l’Université de Strasbourg, avril 2011. « Machine-système, appareil-système », dansDéfaire système : système et poïésis artistique, Cahier Recherche, n°14, sous la direction de Jean-François Robic, édition de l’Université de Strasbourg, février 2009. Guyane-Guyanes, avec Ariane de Medlege, éditions Librairie-Galerie Racine, Paris, 2006. © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03999-2 EAN : 9782343039992
PREFACE
La promesse et le médium (fable appareillée) Jean-François Robic
Le livre de Tiphaine Gondouin explore l’acte photographique de l’intérieur. Je dirais presque de l’intérieur de la chambre obs-cure, ce qui lui permet d’envisager la pratique photographique en même temps que l’appareil qui la porte. Car cette réflexion sur le médium qu’elle a menée ces dernières années s’appuie bien enten-du sur une pratique de la photographie que Tiphaine Gondouin conduit avec une rigueur inflexible, sans pour autant se laisser mener par la mécanique sèche et insensible d’un ensemble de pièces articulées : elle sait aussi se laisser séduire par le hasard d’une découverte, quelques anciennes plaques photographiques dans une brocante ou un paysage qui lui procure une émotion esthétique riche et immédiate, surtout si l’expérience se réitère. Or voilà que je dois m’exprimer sur ce livre qui ne montre rien de cette pratique alors qu’elle est toute entière dans sa théorie ! Eh bien non, je ne peux songer séparer ces deux termes, et vous ne m’en voudrez pas, chères lectrices et chers lecteurs, d’être obligé de noter ici que cette pratique existe, là, quelque part au-delà des mots de Tiphaine Gondouin. Le grand intérêt de ce travail de recherche, comme le notait la professeure Michèle lors de la sou-tenance de thèse de Tiphaine Gondouin, est « la réflexion (…) issue de [sa] propre pratique (…), réflexion nourrie (…) de théorie mais aussi d’une part de textes littéraires ou de propos d’artistes, (…) et d'autre part (…) d'une complémentarité fructueuse entre sa démarche photographique (…) et ses réflexions théoriques » : l’une sans l’autre n’ont donc pas de sens…
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Le cœur problématique du livre est la question du médium comme pratique et appareil. Je dirais même :entre pratique et ap-pareil, ce qui implique aussi des questions d’artiste plasticien, comment créer une œuvre qui résonne avec pertinence aux ques-tions théoriques qu’elle fonde. Le propos est clair, et l’on peut la laisser s’exprimer plutôt que de paraphraser son texte : « L’appareil est envisagé comme un paradigme englobant une pratique toute entière. Il est le lieu même de la création. » Tout est dit là, d’une certaine façon, afin de s’éloigner de ce qui a pu être dit auparavant dans l’analyse de la photographie. Et d’ailleurs, parle-t-elle seule-ment de photographie ? Il faut prendre son propos à la lettre : il s’agit de pratique, d’unepratique toute entière, et toute entière mani-festée dans l’appareil, non l’« appareil photo », maisl’appareil photo-graphique
Connaissant ce travail depuis de nombreuses années, je me souviens qu’elle est partie de questions simples qui forment le fond de toutes les pratiques, mais qui sont souvent occultées par une assurance arrogante qui égarent la plupart : « quoi photogra-phier » et « comment le faire » – ce « quoi » si incertain et contin-gent. Cette question qui paraît banale mais qui est inquiétante, Tiphaine l’a assumée dès le départ… Mais ce « quoi », elle s’en est débarrassé rapidement pour se consacrer à la question poétique par excellence, le « comment ». La seule question possible ? Par la suite, du « comment » est effectivement venu l’ensemble des ques-tionnements sur le « qu’est-ce que c’est que cet appareil (lacame-ra? »,qu’est-ce que cette “machinerie” qui débouche sur le « ) ? » c’est-à-dire : est-ce que l’appareil photographique est unappareil? (au sens de Jean-Louis Déotte qui lui fait le bonheur de l’accueillir dans cette collection : ce n’est pas un hasard). Et, en retour, qu’est-ce que ça fait à la fois à la pratique artistique usant de la technique photographique et à la théorie de la photographie qui, 8
comme le pense à juste titre Jean-Louis Déotte et d’autres, a trop été soumis jusqu’à présent au double régime sec et « peircien » de l’index et de la chimie, curieuse alliance du signe et des cornues. Ce régime risque de faire de la photographie une simple prothèse du regard, et implique une soumission de la pratique artistique à la question dont Tiphaine s’est débarrassée, et finalement une sou-mission également à un style essentiellement imprégné de docu-mentaire et d’idéologie de la représentation… Rien de tout cela ici, ni dans le texte que vous allez lire ni dans les photographies que vous ne verrez pas !
Donc, une pratique artistique et une forme de théorie qui ne sont certes pas soumises à des impératifs sémiologiques. Il faut, pour le comprendre, revenir quand même au « quoi » qui n’est plus une question mais une promesse, un contrat avec le monde devant soi. Ici l’auteure, qui dit vouloir « réconcilier sujet et réel », parle de sa propre production autant que dans sa pratique de la photographie elle montre des lieux, des êtres, des objets qui ne sont pas là par hasard. Il y a dans les « sujets » de ses photogra-phies une attirance certaine pour l’ailleurs. Non celui d’un exo-tisme mondialisé et lissé par le numérique. Mais l’ailleurs qui porte en lui-même une forme de projection de soi-même, la métaphore d’un inaccessible qui est en chacun d’entre nous et que peut aussi porter l’appareil comme objet (cette fois-ci, la petite machine qui fait clic quand on appuie sur le bouton), en tant qu’il est une boite fermée et obscure, une manière de théâtre dans lequel on n’a pas le droit d’entrer (il y a un tabou avec l’argentique que n’a pas pris en charge l’appareil numérique : on n’a pas le droit d’ouvrir la boite ; quant au numérique, la question ne se pose même pas puisqu’il n’y a plus de boite à proprement parler…). Ainsi, une mangrove longée tous les jours pour aller travailler, et photogra-phiée, est aussi la trace d’un parcours répétitif, oserai-je dire re-productif en tant qu’il fut non seulement répété mais sujet à un
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