Notre animal intérieur et les théories de la créativité
296 pages
Français

Notre animal intérieur et les théories de la créativité , livre ebook

-

296 pages
Français

Description

De nombreux artistes semblent identifier ou découvrir chez l'animal l'image de leur propre créativité. Pourquoi est-il utilisé comme métaphore de l'inspiration ou du génie ? Traitant aussi bien de cinéma, danse, sculpture, photographie, que de philosophie, roman et poésie, la représentation animale offre une vaste gamme de perspectives pour éclairer les mécanismes inhérents à la création artistique dans la tradition européenne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 391
EAN13 9782296238558
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SOMMAIRE

Homo porosus: sur la porosité de l’animal configurateur de monde
Bruno Sibona- Aberystwyth University.......................(pays de Galles)

I. PERSPECTIVES

L’animalité, ou l’essence du tragique
Fabienne Boissiéras- Université Lyon III, Jean Moulin.........................

e
Aliboron au XVIIIsiècle, nouveau citoyen de la République des Lettres
Isabelle Martin- Université de Haïfa(Israël) ..........................................

Comme une bête : l’animal dansMadameEdwardade Georges Bataille
Patrick Ffrench-King’sCollege London................................................

Autoportrait avec humain : en accompagnant les autres animaux de l’art
Steve Baker- University ofCentral Lancashire(Angleterre)...................

II. ARTS VISUELS

L’animal répugnant, ou l’authentique éthique du devenir dansLa Mouche
de David Cronenberg
Sophie Fuggle- King’sCollege London.................................................

9

35

49

61

71

93

Loups-garous, hommes-oiseaux et géants : les créatures hybrides dans
l’œuvre de David Altmejd
Ariane de Blois- McGill University(Montréal)....................................... 107

A la recherche de l’animal qui danse, ou l’invention de nouveaux corps
dansants
Hélène Marquié- Université de Paris VIII............................................... 121

III. ROMANS

« Comme une huître rêveuse » : les autoportraits de Flaubert en animal
dans sa correspondance
Nathalie Petibon- Université MarcBloch, Strasbourg II........................ 141

Petits et grands singes littéraires : vers une nouvelle poétique du monde
naturel dans la fiction d’aujourd’hui
Lucile Desblache- Roehampton University(Londres) ...........................155

8

NOTRE ANIMAL INTÉRIEUR

Le sacrifice du chien : cinq lectures de la dernière page deDisgrâce
de J.M. Coetzee
Jean-Paul Engélibert- UniversitéBordeauxIII...................................... 177

Le chant funèbre deKavka
Natália Laranjinha-Université Dom Afonso III(Loulé, Portugal)........... 191

IV. POÉSIE

Le fil des grues : modèle animal de la création poétique dans la
DivineComédiede Dante
Sylvie Coche- Université Stendhal,Grenoble III.................................... 203

Du plomb dans l’aile : métaphores aviaires et rythmes brisés dans
la poésie française de Hugo à Mallarmé
David Evans-University of StAndrews(Ecosse) .................................. 219

L’étrange bestiaire d’Henri Michaux
Llewellyn Brown- Université de Paris X................................................ 243

L’animal déformé chez Michaux
Pauline Hachette- Université de Paris VIII............................................ 257

Les animaux de Francis Ponge : fragments disséminés d’une théorie
de la créativité
Sylvie Ballestra-Puech- Université de Nice.......................................... 271

Préface

Homo porosus: sur la porosité
de l’animal configurateur de monde

Bruno Sibona(Aberystwyth University, pays de Galles)

L’arbitraire de l’alphabet fait commencer l’Abécédairede Gilles
Danimal »,un choix qui est, au demeurant, loineleuze par le mot «
d’être arbitraire. Dans ses réponses aux questions deClaire Parnet, le
philosophe établit à plusieurs reprises un parallèle entre l’écrivain,
l’artiste et l’animal: selon lui, il n’y a pas de littérature qui ne porte le
langage à cette limiteséparantl’homme de l’animal. Il ajoute que tout
artiste, voire tout penseur, doit toujours se situer sur cette limite qui
nous sépare de l’animalité, « mais justement de telle manière qu’on
1
n’en soit plus séparé» .De plus, pour lui, il ne fait aucun doute que
l’art à l’état pur existe dans les pratiques de (dé-)territorialisation
animales.
Le présent volume d’articles issu d’un colloque qui s’est tenu à
l’université d’Aberystwyth, pays deGalles, en septembre 2008,
cherche à ouvrir un questionnement sur les rapports entre la représentation
animale et lesthéories de la créativitéartistique très proche des
intuitions deleuziennes.Comme le dit le critique d’art contemporain Steve
Baker :

De nombreux artistes etécrivains postmodernes ou
poststructuralistes semblent, d’une façon ou d’une autre, identifier ou
découvrirchez l’animal l’image ou une métaphore de leur propre
2
créativité.

1.GillesDeleuze,L’Abécédaire de GillesDeleuze,avecClaireParnet, produit et
réalisé parPierre-AndréBoutang (EditionsMontparnasse, 2004).
2.SteveBaker,The PostmodernAnimal(London,Reaktionbooks, 2000) :« Many
postmodern or poststructuralist artists and writers seem, at one level or another, to
adopt or to identify the animal as a metaphor for, or as an imageof their
owncreativity », p. 18.

10

NOTRE ANIMAL INTÉRIEUR

Cependant, il est légitime de postuler que ce n’est pas un
phénomènerécent, comme l’a démontré SylvieBallestra-Puech dans son
1
analysedu mythe d’Arachné danslesMétamorphosesd’Ovide .
Pourquoi l’animal est-il ainsi utilisé si fréquemmentcomme
métaphore de l’inspiration ou du génie ? Qu’est-ce qui justifie le recoursàla
figureanimale quand unauteur en vientàessayer de décrire lapulsion
quianime toute production poétique ouartistique ?Pourquoi
desartistes et penseursaussi divers queDante,LaFontaine,Michelet,Hugo,
Baudelaire,Corbière,et tout récemment encore, parmi tant d’autres,
Derrida, invoquent-ils lagrue, le héron,le cheval, l’albatros,le
rossignol, lecrapaud ou le hérisson pour répondreàlalancinante question :
2
Che cos’è la poesia ?.
L’hypothèse serait que tout écrivain ou artiste, lorsqu’il désire
appréhender les mécanismes qui sont à l’origine de sa propre énergie
créatrice, se sent obligé de faireappelà ce qui résideau plus profond
ouau-delàde son humanité.Cet élémentau plus profond ouau-delà
de l’humain ne pourrait être exprimé conceptuellement, mais
uniquement en termes figuratifs.
Il est convenu depuis longtemps de penser qu’il est plus souvent et
mieux donné aux artistes, peintres et poètes d’évoquer la vie animale
qu’aux philosophes ou aux scientifiques, davantage soumis aux lois du
rationalisme. De plus, l’assignation à l’animalité étant toujours le fait
des dominants, revendiquer sapart animale(c’est le titre d’un beau
3
romand’Yves Bichet) est donc un acte politique, transgressif à
l’inse
tar de la créationartistique.Ence début duXXIsiècle, laquestion de
l’animalité n’est plus tout à fait neuve dans le domaine delarecherche
universitaire : en 1993, Steve Baker faisait déjà remarquer que l’étude
des mentalités humaines vis-à-vis desanimauxavait pris forme une
4
vingtaine d’années auparavant, et nous pourrions nous référer
égale

1.SylvieBallestra-Puech,Métamorphoses d’Arachné, l’artiste en araignée dans la
littérature occidentale(Genève,Droz, 2006).
2.JacquesDerrida,C?he cos’è la poesia(quadrilingue) (Berlin,Brinkmann und
Bose, 1990).
3.YvesBichet,LaPart animale(Paris,NRF/Gallimard, 1994).
4.SteveBaker,Picturing theBeast,Animals,Identity and
representation(Manchester,ManchesterUniversityPress, 1993), «Animalsare good to think :a contemporary
mentalité», p. 6-9.

–HOMO POROSUS–

11

mentau double numéro de larevueCritiquesur l’Animalité qui date
1
de 1978.
Nousconstatonscependantaucours deces dernièresannées un
épanouissement, une floraison de ce qu’il est maintenant convenu
d’appeler l’éco-critique.EnGrandeBretagne, leBritish AnimalStudy
Network, dontSteveBaker estco-fondateur, et enFrance laSociété
d’Etudes de l’Animal enLittérature et dans lesArts duSpectacle
(SEALAS), basée à ParisIII, l’ouvrage collectifEcrire l’Animal
aujourd’hui(2006) édité par Lucile Desblache à partir d’un colloque
qui s’est tenuà Londres en 2004 et publié par leCentre deRecherches
sur lesLittératuresModernes etContemporaines(CRLMC) de
l’uni2
versitéBlaisePascal,à Clermont-Ferrand– pour ne s’en tenir qu’à
3
c

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