Photographie et schizophrénie
176 pages
Français

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Photographie et schizophrénie , livre ebook

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Description

Il ne peut s'agir de coïncidence. Le vocabulaire propre à la photographie est celui employé en psychanalyse, en particulier pour la psychose schizophrénique : appareil, écran, trouble, réel, etc. Quels sont les liens entre photographie et psychose schizophrénique ? Quels sont les enjeux d'un tel parallèle ? Quelles conséquences pour la photographie, le sujet et son rapport au monde ? L'ouvrage mène une enquête sur la photographie, à partir de sa mise en relation avec la psychose schizophrénique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2015
Nombre de lectures 143
EAN13 9782336369150
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Eidos

dirigée par Michel Costantini & François Soulages
Comité scientifique international de lecture
Argentine (Silvia Solas, Univ. de La Plata), Belgique (Claude Javeau, Univ. Libre de Bruxelles), Brésil (Alberto Olivieri, Univ. Fédérale de Bahia, Salvador), Bulgarie (Ivaylo Ditchev, Univ. de Sofia St Clément d’Ohrid, Sofia), Chili (Rodrigo Zùñiga, Univ. du Chili, Santiago), Corée du Sud (Jin-Eun Seo (Daegu Arts University, Séoul), Espagne (Pilar Garcia, Univ. Sevilla), France (Michel Costantini & François Soulages, Univ. Paris 8), Géorgie (Marine Vekua, Univ. de Tbilissi), Grèce (Panayotis Papadimitropoulos, Univ. d’Ioanina), Japon (Kenji Kitamaya, Univ. Seijo, Tokyo), Hongrie (Anikó Ádam, Univ. Catholique Pázmány Péter, Egyetem), Russie (Tamara Gella, Univ. d’Orel), Slovaquie (Radovan Gura, Univ. Matej Bel, Banská Bystrica), Taïwan (Stéphanie Tsai, Univ. Centrale de Taiwan, Taïpé)
Série Photographie
2 François Soulages (dir.), Photographie & contemporain
8 Catherine Couanet, Sexualités & Photographie
9 Panayotis Papadimitropoulos, Le sujet photographique
10 Anne-Lise Large, La brûlure du visible. Photographie & écriture
15 Michel Jamet, Photos manquées
16 Michel Jamet, Photos réussies
19 Marc Tamisier, Sur la photographie contemporaine
20 Marc Tamisier, Texte, art et photographie. La théorisation de la photographie
21 François Soulages & Julien Verhaeghe (dir.), Photographie, médias & capitalisme
22 Franck Leblanc, L’image numérisée du visage
23 Hortense Soichet, Photographie & mobilité
24 Benjamin Deroche, Paysages transitoires. Photographie & urbanité
25 Philippe Bazin, Face à faces
26 Philippe Bazin, Photographies & Photographes
27 Christiane Vollaire (dir.), Ecrits sur images. Sur Philippe Bazin
32 Catherine Rebois, De l’expérience en art à la re-connaissance
33 Catherine Rebois, De l’expérience à l’identité photographique
34 Benoit Blanchard, Art contemporain, le paradoxe de la photographie
45 Marcel Fortini, L’esthétique des ruines dans la photographie de guerre
Suite des livres publiés dans la Collection Eidos à la fin du livre
Secrétariat de rédaction : Sandrine Le Corre
Publié avec le concours de
Titre
Caroline Blanvillain







Photographie et schizophrénie
Copyright




























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71926-9
Citation


Ne t’imagine jamais ne pas être autrement que ce que qui pourrait sembler aux autres que ce que tu étais ou aurais pu être n’était pas autrement que ce que tu avais été leur aurait semblé être autrement.
Lewis Carroll 1
1 Lewis Carroll, Alice’s Adventures in Wonderland , (1865), New York, Dover Publications INC, 1993, p. 61. « Never imagine yourself not to be otherwise than what it might appear to others that you were or might have been was not otherwise than what you had been would have appeared to them to be otherwise. »
Introduction
À l’origine de cet essai un constat nous a alertée : le nombre croissant de portraits photographiques représentant des visages raturés ou escamotés. Aujourd’hui l’image du visage ou du corps est l’objet de toutes les altérations. De plus les technologies actuelles ont permis de donner à voir, non seulement des visages retouchés ou modifiés, mais des visages falsifiés. Or la représentation du visage humain est le reflet d’un questionnement quant à la place de l’homme dans nos sociétés, aussi nous avons pensé qu’il était important de s’interroger. Nous allons tenter de mettre au jour les problématiques en jeu entre la photographie et la psychose schizophrénique. Nous avons rapproché ces deux termes car la clinique schizophrénique porte des interrogations qui se superposent étonnamment aux questions qui peuvent naître devant une image photographique, trop parfaitement pour ne pas les explorer. De surcroît nous avons été surprise par l’emploi répété de nos jours du terme schizophrénie à l’égard de la société actuelle, un terme employé alors hors du strict champ psychanalytique et qui convoque néanmoins la folie. La photographie est alors apparue comme un nœud de rencontres. Toutes deux, photographie et psychose schizophrénique, questionnent avec force l’être humain et l’identité du sujet. La photographie est l’objet central de notre démarche car s’interroger sur la photographie, c’est s’interroger, d’une part, sur le sujet et, d’autre part, sur la société.
La psychose schizophrénique est une affection caractérisée par une altération profonde de la personnalité. Elle se traduit par une symptomatologie essentiellement psychique, mais dont les effets, notamment le délire ou encore l’hallucination, sont observables chez le sujet. Le psychanalyste Eugen Bleuler a introduit la notion d’ambivalence, adoptée immédiatement par Freud et ses disciples. L’ambivalence était pour lui un des symptômes fondamentaux de la schizophrénie. En introduisant le terme de schizophrénie, littéralement scission de l’esprit, il a mis en évidence l’altération profonde du sujet qui est traduite par un symptôme fondamental, la dissociation – la Spaltung 2 . À partir de l’étude sur la paranoïa 3 , Freud formule une théorie définissant la psychose comme un trouble entre le moi et le monde extérieur. Le symptôme essentiel de ces états pathologiques est la coupure entre le sujet et le réel, et davantage, il est question de la scission du moi. La schizophrénie fait état, dans son étymologie même, de ce trouble fondamental : la dissociation du moi.
La photographie fait l’objet depuis presque trente ans 4 de certains rapprochements avec la psyché humaine. Ainsi en 1990, dans L’acte photographique 5 , le théoricien Philippe Dubois propose la photographie comme métaphore de l’appareil psychique : « C’est la photographie elle-même, dans ses plus grands enjeux, qui se trouve révélée comme un dispositif psychique de première force. » 6 De même dix ans plus tard, le psychanalyste Serge Tisseron reprend cette assertion en affirmant : « Et elle [la photographie] doit son formidable pouvoir de séduction, à la fois comme pratique et comme image, au fait qu’elle est métaphorique de la vie psychique et en même temps en continuité métonymique avec elle. » 7 Nous constatons avec ces morceaux choisis à l’appui, que la photographie est communément instaurée comme métaphore de l’appareil psychique.
Il est encore des parentés entre la photographie et la psychose schizophrénique. Notamment si l’univers de la schizophrénie est morcelé et délirant, l’univers de la photographie est le fruit de la découpe et de toutes les imaginations. Selon Dubois, la photographie, dans l’acte photographique, coupe l’espace et le temps, elle est le « coup de la coupe » 8 . De plus dans la psychose schizophrénique, l’apparent désordre est un pouvoir et permet un équilibre de la psyché. Qu’en est-il en photographie ? Devant une psychose paradigmatique d’une division du sujet, devant une image photographique et enfin devant un médium photographique métaphore de l’appareil psychique, il nous a semblé nécessaire et impératif de nous interroger sur les divergences et/ou les points communs.
Davantage, historiquement la découverte de la photographie est concomitante de celle de la psychanalyse au XIX e siècle. L’une et l’autre se sont considérablement développées depuis, et elles participent de la vie du sujet et de la société. Aussi il nous semble pertinent de les interroger de concert, afin d’étudier quelles sont leurs places auprès du sujet et dans le monde. Finalement nous nous attacherons dans notre recherche à soulever les enjeux des liens entre la photographie et la psyché humaine.
En préambule nous tenons à exprimer trois avertissements. Tout d’abord, il n’est pas question dans notre recherche d’interroger les travaux des schizophrènes. Nous ne porterons pas notre attention sur les œuvres produites par des malades mentaux, quelques soient le niveau de conscience de leur maladie ou de leur démarche artistique. Cependant nous ferons exception du travail de David Nebreda, photographe et schizophrène, qui a ét&

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