Sculptures trouvées
156 pages
Français
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Description

Depuis plusieurs années, un duo d'artistes - L'épongiste - produit par le biais de la photographie ce qu'il appelle des "sculptures trouvées", des objets de rencontre - heurts heureux du quotidien ou invention du regard- sont prélevés par l'objectif et, de la sorte, révélés ou élevés au rang d'oeuvres. L'objet de ce livre est d'analyser cette forme inédite d'art public dont la pratique trouve ses racines dans l'art moderne, comme dans une certaine approche politique du réel et de l'art.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2003
Nombre de lectures 301
EAN13 9782296324060
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sculptures trouvées
ESPACE PUBLIC ET INVENTION DU REGARDCollection Esthétiques
dirigée par Jean-Louis Déotte
Comité de lecture: Pierre Durieu, Véronique Fabbri, Pierre-Damien Huyghe, Jean Lauxerois,
Daniel Payot, André Rouillé, Peter Szendy, Michel Porchet
Correspondants: Humbertus von Hameluxen (Al.), Martine Déotte-Lefeuvre (Af), Jean-Louis
Flecniakoska (u. M Bloch Strasbourg), Anne Gossot (Jp), Carsten Juhf (Scand.), Germain Roesz
(ARS), Georges 1èyssot (USA), René Vinçon (It.)
Lambition de la collection Esthétiques est d'abord de prendre part aux initiatives qui
aujourd'hui tendent à redonner vie et sens aussi bien aux pratiques qù aux débats artistiques. Dans
cette collection consacrée indifféremment à l'esthétique, à l'histoire de l'art et à la théorie de
la culture, loin des querelles faussement disciplinaires destinées à cacher les vrais conflits
idéologiques, l'idée est de présenter un ensemble de textes (documents, essais, études, français ou
étrangers, actuels ou historiques) qui soient aussi bien un ensemble de prises de positions
susceptibles d'éclairer quant aux enjeux réels critiques et politiques de toute réflexion sur la
culture.
Série" Ars "
coordonnée par Germain Roesz
La collection Ars donne la parole aux créateurs. Du faire au dire, Ars implique les acteurs de
la création (les fabricants ainsi que les observateurs de la fabrique) à formuler - sur un terrain
qui semble parfois étranger -leurs projets, leurs ambitions, leurs inquiétudes, leurs
découvertes. Sur les modes analytiques, critiques, politiques, polémiques, esthétiques et dans les
formes du journal, de l'essai, de l'entretien, du collage, il s'agit d'énoncer une parole du
fairecréateur. Rendre manifeste, de la revendication à l'adhésion, ce qui tisse les contradictions et
les débats de la création contemporaine. Une complémentarité nécessaire en quelque sorte de
la collection" Esthétique".
Dernières parutions
Jean-Louis Déotte, :Lépoque de l'appareil perspectif, 200l.
Aldo Trione, (trad. Isabelle Lavergne), Penser la poésie, 2001
Eric Valette, La perspective à l'ordre du jour, 2001.
Adolf Hildebrand, Le problème de la forme dans les ans plastiques, 2002.
Jean-François Robic, Portrait de l'artiste en naufrageur, sur les travaux maritimes, Ars, 2002.
Michel Porchet, La production industrielle de l'image, critique de l'image de synthèse, 2002.
Stéphane Morczowski, Paul Klee, temps du peintre, avec Mondrian, Soulages, Chillida, Stella,
Ars, 2002.
Pour le présent volume photographies de couverture et pages intérieures: LépongistesJEAN-FRANÇOIS ROBIC & GERMAIN RŒSZ
Sculptures trouvées
ESPACE PUBLIC ET INVENTION DU REGARD
préface de Michel Demange
postface de Daniel Payot
L'Harmattan ItaliaL'Harmattan HongrieL'Harmattan
Via Bava, 37Hargita u. 35-7, rue de l'École-Polytechnique
1026 Budapest 10214 Torino75005 Paris
ITALIEHONGRIEFRANCE(Ç)L'Harmattan, 2003
ISBN: 2-7475-4534-2SCULPTURES TROUVÉES
De l'objet trouvé à l'invention du ready-made.
Si Dieu interdit de faire des images taillles, il n'exclut pas
qu'on pût en trouver de toutes faites. Et si ce n'est lui, bien
Malin fut celui qui en inspira le simulacre.
(Aphorisme trouvé)
Au commencement, il y eut le ready-made. L'art ne fùt pas créé,
mais inventé. L'image ne fùt pas cherchée, elle fùt trouvée.
L'anachronisme de cette prémisse est étayé par plusieurs indices,
divers récits étiologiques ou mythes d'origine. Et de ce tête-à-queue,
nous pourrions tirer, réciproquement, la conviction que le
readymade (@I9I3) nest pas la fin de l'art annoncée par certains, mais
son ultime recommencement - sous d'autres formes et pour
d'autres fins.
Ici même enfin, on voit le vrac du quotidien pourvoir sans limites
notre musée imaginaire. Car, à bien y regarder, l'œuvre sourd de
toutes parts, elle trouve place à chaque coin de vue - entre hasard
et discernement -, là où on ne la cherche pas.
Préhistoire des objets trouvés.
Parmi les découvertes faites sur les sites paléolithiques, il est une
catégorie d'objets dont la présence est longtemps passée
inaperçue et dont l'étude reste encore largement négligée. Ces vestiges
qui furent collectés, transportés et collationnés constituent sans
doute les premiers cabinets de curiosités de l'humanité. Ce sont
essentiellement des objets naturels - cristal de roche, fossiles,
coquillages, minéraux, roches diverses dont J.-M. Le
Tensorer note qu'ils furent « vraisemblablement ramassés pour
leur aspect étrange, leur forme, leur texture ou leur couleur »1.
Si ces trouvailles des premiers âges sont habituellement
éclip1. ''Acquisition de la notion de symétrie et émergence du sens de l'harmonie",
inCoUoqueinternational sur la signification de l'homme, Fondation Singer-Polignac, Paris,
octobre 1999.6 SCULPTURES TROUVÉES
sées par la notoriété des images pariétales, elles n'en contribuent
pas moins à témoigner des initiatives esthétiques de
l'humanité et livrent sans doute une des clés essentielles sur la
permanence de nos stratégies poïétiques2.
De telles pratiques pourront en effet préfigurer l'aptitude des
hommes aux jugements de goût, ou plus simplement leur
faculté à se laisser séduire ou surprendre par la rareté d'une
apparence. Mais elles nous font part également de leur désir d'en
conserver le témoignage: ceux-là prélevèrent et isolèrent leurs
trouvailles, tout comme on continue aujourd'hui à
collationner, inventorier et photographier nos découvertes.
Mais ces collectes faites au gré du hasard relèveront plus
essentiellement encore de notre liberté de discernement dans l'ordre
du visible - de cette faculté de discrimination singulière qui
se distingue de l'instinct animal (dont la clairvoyance n'est
qu'une condition de la survie).
Au frémissement de l'humanité, il y eut en effet un jour où
l'aptitude à séparer l'ordinaire du singulier s'immisça dans le flux
indistinct des phénomènes visibles. Et, de même que l'activité
langagière permit à l'homme d'ordonner et de mettre le monde
à distance, de même le discernement éclipsa la confusion des
sensations otiques et autorisa la discrimination entre le général
et le particulier, le régulier et l'accident. . .
Mais s'il était enfin permis à l'homme de juger de ce qu'il
voyait, il reste à imaginer le vacillement de sa conscience à
l'instant même où ce qui n'était pas attendu (pré-vu) surgit
incongrument au sein du familier. Or, si on peut définir
étymologiquement l'objet comme "ce qui est jeté au-devant de nous",
l'objet" trouvé' ajoute à la violence de cette irruption
l'imprévisibilité radicale de son jet - ce qu'on nomme justement
"hasard' par référence à un ancien jeu de dés.
Rappelons à ce titre qu'André Breton collectionnait lui-même de tels objets trou-2. -
vés : cailloux et bois figuraient dans son appartement au même rang que des artefacts plus
conventionnellement artistiques. Henry Moore réunira lui aussi os et bois trouvés tandis
que Max Ernst s'attachera plus spécifiquement aux galetS de rivière...PRÉFACE 7
Qu'on s'imagine en effet l'étonnement provoqué par le jeté de
ces "trouvés", Lamusement peut-être, la stupeur, l'inquiétude
aussi. On peut alors concevoir qu'en ces instants, l'esprit de
l'homme fut porté à s'interroger sur l'existence de la chose
trouvée, et à se demander d'où elle (lui) venait et ce qu'elle (lui)
voulait. .. Lévénement de la trouvaille, l'étrangeté de la chose
trouvée s'associant au heurt de sa rencontre, auront certainement
produit un de ces ébranlements par lesquels nous sommes
irrésistiblement portés à nous interroger sur la causalité de ce qui
"arrive" et, plus globalement, sur la question de l'origine.
À cet égard, on a pu faire l'hypothèse que de tels événements
constituaient l'un des premiers ressorts de la pensée
métaphysique3. Lobjet trouvé serait bientôt conçu comme un sign

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