THOMAS HIRSCHHORN ET GEORGES BATAILLE

Valentin Eric

Description

Au coeur du "Monument Bataille", Thomas HIRSCHHORN rend hommage à Georges Bataille, l'intellectuel révolutionnaire des années 1930, le libertaire qui ne veut ni Dieu ni maître, le chantre de la passion, de l'exaltation et de la vie jusque dans la mort. Dans son monument, l'artiste suisse montre un agrandissement d'une photographie du supplicié chinois qui fascina Bataille. Il y a une affinité fondamentale entre cette image et les corps humains détruits dans les collages du plasticien ou ses mannequins à clous qui montrent la tête de la Gorgone, le brasier qui saccage et les cadavres qui font suffoquer. Avec ces suppliciés, il s'agit, pour Hirschhorn, de se confronter à l'incommensurable et réactiver, avec ses monuments, le sens de la solidarité avec les victimes.

Sujets

• Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 05 décembre 2018
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782140107139
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

La foudre et les ammes

aux logiques mortifères du proît capitaliste. Dans son

Bataille. Il y a une afînité fondamentale entre cette

Éric Valentin

Éric Valentin

THOMAS HIRSCHHORN ET GEORGES BATAILLE

La foudre et les ammes

THOMAS HIRSCHHORN ET GEORGES BATAILLE

Histoires et idées des Arts

THOMAS HIRSCHHORN ET GEORGES BATAILLE

Histoires et Idées des Arts Collection dirigée par Giovanni Joppolo Cette collection accueille des essais chronologiques, des monographies et des traités d'historiens, critiques et artistes d'hier et d'aujourd'hui. À la croisée de l'histoire et de l'esthétique, elle se propose de répondre à l’attente d’un public qui veut en savoir plus sur les multiples courants, tendances, mouvements, groupes, sensibilités et personnalités qui construisent le grand récit de l'histoire de l'art, là où les moyens et les choix expressifs adoptés se conjuguent avec les concepts et les options philosophiques qui depuis toujours nourrissent l'art en profondeur. Dernières parutions Olivier DESHAYES,Jean-Léon Gérôme. Désir d’Orient (1824-1904), 2018. Claude Stéphane PERRIN,Cézanne. Le désir de vérité, 2018. Giovanni JOPPOLO,Lucio Fontana – le spatialisme. L’aventure d’un artiste, la destinée d’un mouvement, 2017. Fabienne DOULS EICHER,Poétique de la simultanéité dans les écrits de Pablo Picasso,2017. Olivier DESHAYES,Paul Delaroche, peintre du juste- milieu ? (1797-1856), 2016. Peggy BONNET VERGARA,Wifredo Lam et l’éternel féminin, 2015. Jean-Claude CHIROLLET,L’interprétation photographique des arts. Histoire, technologies, esthétique, 2013. Jocelyne CHAPTAL,Renaissance et Baroque, tome 1 et 2,2012. Pierre BERGER et Alain LIORET,L’Art génératif. Jouer à Dieu... un droit ? un devoir ?, 2012. Denis MILHAU,Du réalisme, A propos de Courbet et Baudelaire, mais aussi de Cézanne, Kandinsky, Apollinaire, Picasso et quelques autres,2012.

Éric Valentin Thomas Hirschhorn et Georges Bataille La foudre et les flammes

© L’H ARMATTAN , 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr/ ISBN : 978-2-343-15961-4 EAN : 9782343159614

Remerciements Ma gratitude s’adresse tout particulièrement à la commission des enseignants-chercheurs et des chercheurs de la section 35 du CNRS (sciences philosophiques et philologiques, sciences de l’art) qui m’ont octroyé une délégation au CNRS et m’ont ainsi accordé le temps nécessaire à la réalisation de cet ouvrage. Je remercie de même mes collègues de l’Université de Picardie et de Paris Panthéon-Sorbonne d’avoir soutenu et autorisé ma candidature au CNRS, notamment Nathalie Catellani, Lorenzo Vinciguerra, Jacinto Lageira, Jean-Marc Lachaud et Richard Conte. Mes remerciements s’adressent de même aux directeurs de collection de L’Harmattan : Bruno Péquignot et Giovanni Joppolo. J’exprime toute ma sympathie pour Thomas Hirschhorn, qui a bien voulu répondre à mes nombreuses questions lors d’un entretien pour ce livre dédié à notre passion commune pour Georges Bataille.

Avant-propos Thomas Hirschhorn réalise en 2002 un monument dédié à Georges Bataille, dans une banlieue pauvre de Kassel, habitée par des immigrants turcs. 1 Le monument s’inspire deLa Nuit des prolétairesde Rancière , cette nuit e durant laquelle, au XIX siècle, des prolétaires se familiarisent avec la haute culture de leur époque, en lui demandant une émancipation, et refusent de se limiter à une culture prolétarienne. Il s’agit en effet de s’extraire de sa condition, non de l’entériner. Les autres monuments d’Hirschhorn auront la même vocation, comme leMonument Deleuzedans la banlieue d’Avignon ou leMonument Gramscidans le Bronx à New York. À Kassel, il s’agira de s’ouvrir à la pensée de Bataille, notamment ses textes de la période Acéphale. L’interprétation politique de Bataille par l’artiste suisse est claire, dans la mesure où il associe l’illustration de la couverture du premier numéro de la revueAcéphaleet son célèbre personnage sans tête, réalisé par Masson, au sous-commandant Marcos et à la révolte, 2 dans les années 1990, des zapatistes mexicains . Cet intérêt d’Hirschhorn pour le monument correspond à un retour, à la fin e du XX siècle, de la question de la commémoration dans l’art contemporain. Comme Bataille, il est hostile à toute monumentalité associée au sacré ou au pouvoir et notamment à l’architecture qui possède, par essence, une dimension monumentale dans sa vocation à la durée et à la solidité. L’artiste suisse invente une nouvelle monumentalité modeste, éphémère, qui s’interdit d’impressionner, réalisée avec des matériaux pauvres. La réalisation du monument se fait avec les habitants de la banlieue et il leur est destiné. Le monument est l’occasion de conférences, d’échanges, de lectures, de différentes activités générées en partie par les habitants eux-mêmes. Pour mieux saisir la spécificité et l’originalité d’Hirschhorn, on confrontera ses œuvres à des monuments majeurs réalisés depuis les années 1990 en Europe. Plus globalement, on situera sa production, incluant des « autels », des kiosques ou des œuvres comme leMusée PrécaireAlbinet ou leFestival Spinoza, dans l’art public actuel. Pour que les confrontations soient plus justes, on se rapportera à des installations d’Hirschhorn, et à ses collages, qui permettent de mieux comprendre le sens de ses œuvres publiques. Un point nous arrêtera plus particulièrement, la notion d’esthétique relationnelle de Nicolas Bourriaud, qui a été souvent citée pour penser le « vivre ensemble » que génèrent les monuments de l’artiste suisse. On verra que la communauté que cherche à instaurer l’esthétique relationnelle est très différente de celle qui est visée par le plasticien. Cette esthétique est réformiste ; le nous, recherché par Hirschhorn, est plutôt révolutionnaire. Ses monuments sont

1 Jacques Rancière,La Nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier[1981], Paris, Librairie Arthème Fayard, 2012. 2 Voir Th. Hirschhorn,Bataille Maschine Merve Verlag Berlin, 2003, p. 140. 9