De clap en clap
239 pages
Français

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De clap en clap , livre ebook

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Description

Ce récit, dédié au cinéma de la deuxième partie du vingtième siècle, nous emmène parmi les tournages de cette époque. C'est d'abord l'enfance d'un cinéaste, puis ses premiers pas d'assistant stagiaire sur Fantômas, aux côtés de Louis de Funès et de Jean Marais. Les films s'enchaînent avec Jean-Luc Godard, Claude Sautet, Gérard Oury, Michel Audiard, Yves Boisset ou Roger Hanin, au coeur de la création du cinéma français des années 70. L'assistant devient réalisateur ; un autre regard sur ce métier nous est alors donné.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 253
EAN13 9782296802575
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DE CLAP EN CLAP
Une vie de cinéma
Graveurs de mémoire


Dernières parutions

Claude CROCQ, Une jeunesse en Haute-Bretagne, 1932-1947 , 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène , 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé , 2010.
Sébastien FIGLIOLINI, La montagne en partage. De la Pierra Menta à l’Everest , 2010.
Jean PINCHON, Mémoires d’un paysan (1925-2009) , 2010,
Freddy SARFATI, L’Entreprise autrement , 2010.
Claude ATON, Rue des colons , 2010
Jean-Pierre MILAN, Pilote dans l’aviation civile. Vol à voile et carrière , 2010.
Emile JALLEY, Un franc-comtois à Paris, Un berger du Jura devenu universitaire , 2010.
André HENNAERT, D’un combat à l’autre , 2010.
Pierre VINCHE, À la gauche du père , 2010,
Alain PIERRET, De la case africaine à la villa romaine. Un demi-siècle au service de l’État , 2010.
Vincent LESTREHAN, Un Breton dans la coloniale, les pleurs des filaos , 2010.
Hélène LEBOSSE-BOURREAU, Une femme et son défi , 2010.
Jacques DURIN, Nice la juive. Une ville française sous l’Occupation (1940-1942) , 2010.
Charles CRETTIEN, Les voies de la diplomatie, 2010.
Mona LEVINSON-LEVAVASSEUR, L’humanitaire en partage. Témoignages , 2010,
Daniel BARON, La vie douce-amère d’un enfant juif , 2010.
M. A. Varténie BEDANIAN, Le chant des rencontres. Diasporama , 2010.
Anne-Cécile MAKOSSO-AKENDENGUE, Ceci n’est pas l’Afrique. Récit d’une Française au Gabon , 2010.
Micheline FALIGUERHO, Jean de Bedous. Un héros ordinaire , 2010.
Pierre LONGIN, Mon chemin de Compostelle. Entre réflexion, don et action , 2010.
Claude GAMBLIN, Un gamin ordinaire en Normandie (1940-1945) , 2010.
Jean-Pierre COSTAGLIOLA, Le Souffle de l’Exil. Récit des années France , 2010.
Jacques FRANCK, Le sérieux et le futile après la guerre , 2009.
Henri-Paul ZICOLA, Les dix commandements d’un patron , 2010.
Jean-Claude Sussfeld


DE CLAP EN CLAP
Une vie de cinéma
Récit
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54315-7
EAN : 9782296543157

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À mon père
À ma mère
Pour mes enfants et mes petits-enfants


À la vie
Prologue À Babel un soir… Robert Sussfeld
Paris, 26 janvier 1946

Il y a un an déjà…
Il y a un an seulement…

Depuis plusieurs jours, les « biens informés » nous disaient bien que les Russes avaient déclenché une nouvelle offensive ; mais nous avions déjà si souvent entendu cela… Un nouveau bobard, sans doute, un faux bruit lancé par les S.S. eux-mêmes, comme d’habitude, pour provoquer ensuite une déception plus grande encore et amenuiser notre moral.
Cette journée du 17 janvier 1945 s’était passée comme les autres : réveil à 5 heures « Aufstehen ! Betten bauen ! » « Debout ! Faites vos lits ! » Comme un an plus tôt, comme six mois auparavant, comme la veille, nous avons été expulsés à coup de « gummis » par les chefs de blocks et les Stubedienst (chefs de bâtiments et de chambrée), quelques minutes après le lever, et nous étions restés à grelotter, vêtus de nos pauvres hardes rayées, enfonçant dans la neige jusqu’aux chevilles, attendant la distribution d’une écuelle de tisane froide.
Il y en avait bien qui essayaient de se réchauffer en se réfugiant dans la baraque des latrines, pressés les uns contre les autres, mais il n’y avait là, place que pour quelques-uns. Et encore ! Ils risquaient à chaque moment de se voir chassés à coups de pieds ou à coups de poings par quelque condamné de droit commun dont les états de service : meurtres, assassinats, dénonciations, étaient suffisants pour qu’il se soit vu attribuer une bonne place. Enfin les bouteillons de tisane arrivaient, portés par deux êtres hâves qui devaient peser moins lourd que leur fardeau, et ils étaient déposés devant la longue file de gueux qui espéraient tromper leur faim par l’absorption d’un peu de liquide qui remplirait leur estomac. Mais il fallait attendre encore que passent avant eux les « bessere menschen » c’est-à-dire tous ceux qui avaient pu, par quelque bassesse, capter les faveurs de ces tout-puissants chefs de blocks. Enfin résonnait le gong : l’appel. Hurlements de bêtes sauvages de nos chefs à brassards rouges, jaunes et noirs, coups de n’importe quoi pourvu que ce soit des coups. « Par cinq ! Par cinq ! Alignement ! » Et ceux qui avaient le malheur de se courber, sous la rigueur implacable du froid, recevaient en traître, un coup de poing dans le dos, un de ces coups de poing qui faisaient si mal.
Soudain arrivait le S.S. chargé de l’appel.
« Stillstand ! Muntzen ab ! » (« Garde à vous ! saluez ! ») et, d’un seul geste, les deux cents hommes découvraient leurs crânes rasés et faisaient claquer leurs bonnets de police. Imperturbable, la trique à la main, le blockfurhrer (S.S. responsable du bâtiment) comptait les rangées de cinq pour voir si le bétail était au complet. Y en avait-il un de mort pendant la nuit ? Peu importait. Il gisait là dans la neige, les yeux révulsés, mais il fallait que le compte y soit.

Nous avions les pieds gelés dans nos galoches déchirées, les mains engourdies par 30° de froid, mais nous devions encore stationner de longues minutes dans la nuit, jusqu’à ce que retentisse le « Kommando formieren. »

Alors, c’était la ruée vers l’allée centrale pour le départ au travail, la ruée pour essayer d’éviter les coups qui pleuvaient sur les retardataires, la ruée pour tenter d’être dans les premiers rangs. La bousculade la plus effroyable s’ensuivait. Les malheureux qui tombaient étaient piétinés par les autres, un salopard profitant de la mêlée générale pour voler à son voisin la cuiller qu’il avait payée d’un morceau de pain, le couteau qu’il s’était fabriqué d’un bout de fer aiguisé sur une pierre plate. Puis l’ordre rétabli, la longue colonne s’ébranlait, marchant au pas scandé par le « links, links » (Gauche, gauche) des kapos (internés chefs de chantier).

Les sentinelles groupées à la porte du camp s’ébranlaient une à une pour encadrer notre lamentable défilé. Les chiens couraient en aboyant, mordant parfois l’un de nous qui s’abattait en hurlant. Pourquoi ? Pour rien. Pour amuser un post (gardien S.S.) qui lui en avait donné l’ordre. Et si le malheureux, blessé et saignant, ne se relevait pas pour suivre quand même, il était tué sur place à coups de talon. Le sol glissait terriblement sous nos semelles de bois, et pourtant il fallait courir de nos pauvres jambes qui avaient déjà du mal à supporter notre corps.

Nous regardions avec une envie résignée nos gardiens marcher le long de la colonne, bien vêtus, les mains dans les poches, cigarette aux lèvres. Ah ! Ces cigarettes ! Que n’aurions-nous donné pour en avoir seulement une bouffée !

Au bout de quatre kilomètres, nous arrivions à ce que l’on appelait le Kommando : une grande enceinte de plusieurs kilomètres carrés, entourée de barbelés, à l’intérieur de laquelle se construisait une centrale électrique. Nous étions rassemblés sur la Central Platz, et une fois encore on nous comptait. Il n’en manquait jamais. Comment en aurait-il manqué ?

Nos geôliers gagnaient alors leurs postes de surveillance et par groupes, nous rejoignions avec notre Kapo et nos « verarbeiters » (contremaîtres), ces suppôts des S.S., les civils pour qui nous devions exécuter les travaux les plus pénibles.

Comme c’était dur de saisir ces barres de métal couvertes de neige et brûlantes de froid dans nos mains nues. Il fallait transporter des rails, décharger des pierres ou du sable, sans répit, sans une seconde d’arrêt. Nous regardions comme des êtres bizarres ces civils qui veillaient à ce que le travail soit fait, ces hommes qui étaient, comme nous, faits de sang et d’os, mais qui couchaient dans des lits, qui n’avaient pas faim, qui pouvaient fumer, lire, recevoir des lettres et en écrire, regarder des photos d’êtres chers, se laver, se réchauffer, boire quand ils avaient soif, et penser à autre chose qu’à un espoir lointain de délivrance. Il y avait bien des braseros autour desquels la neige fondait, mais ils nous faisaient plus encore peut-être ressentir le froid, puisque nous n’avions pas le droit de nous en approcher. Et ces Kapos ! Ces abominables Kapos dont tout le travail consistait à nous crier sans répit : « Schneller ! Los ! » («

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