DELEUZE : PHILOSOPHIE ET CINÉMA
124 pages
Français

DELEUZE : PHILOSOPHIE ET CINÉMA , livre ebook

-

124 pages
Français

Description

Deleuze n'est ni un théoricien ni un historien du cinéma, mais un philosophe qui prend le cinéma comme support au déploiement de sa pensée. Il n'est donc pas question de juger son apport aux théories du cinéma, mais de montrer que des écrits sur cet art doivent être abordés philosophiquement si l'on veut apprécier pleinement leur importance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2001
Nombre de lectures 278
EAN13 9782296227897
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Deleuze:
philosophie et cinéma
Le passage de l'image-mouvement
à l'image-tempsCollection L'Art en bref
dirigée par Dominique Chateau
Publiée avec la participation du centre de Recherche sur l'Image et de
l'Université de Paris I Panthéon Sorbonne
A chaque époque, le désir d'art produit non seulement des œuvres qui
nous éblouissent ou nous intriguent, mais des discussions qui nous
passionnent. L'art en bref veut participer activement à ce débat sans cesse
renouvelé, à l'image de son objet.
Appliquée à l'art présent ou passé, orientée vers le singulier ou vers le
général, cette collection témoigne d'un besoin d'écriture qui, dilué dans le
système-fleuve et engoncé dans l'article de recherche, peut trouver à
s'épanouir dans l'ouverture et la liberté de l'essai.
A propos de toutes les sortes d'art, elle accueille des textes de recherche
aussi bien que des méditations poétiques ou esthétiques et des traductions
inédites.
Déjà parus
Maryvonne SAISON, Les théâtres du réel, Pratiques de la représentation
dans le théâtre contemporain.
Jacques FOL, Propos à I 'œuvre, Arts visuels et architecture.
Dominique CRATEAU, L'Art comme unfait social total.
Jean SUQUET, Marcel Duchamp ou l'éblouissement de l'éclaboussure.
Catherine DESPRA TS-PÉQUIGNOT, Roman Opalka: une vie en
peinture.
Céline SCEMAMA-HEARD, Antonioni, le désert figuré.
Carl EINSTEIN, La sculpture nègre.
Christian JAEDICKE, Nietzsche: figures de la monstruosité
Tératographies.
Dominique CRATEAU, Duchamp et Duchamp.
Giovanni JQPPOLO, Le matiérisme dans la peinture des années
quatrevingt.
André LE VOT, Gustave Courbet, au-delà de la Pastorale.
Ludovic CORTADE, Ingmar Bergman: l'initiation d'un artiste.
Giovanni JOPPOLO, Critique d'art en question.
Alain CHAREYRE-MÉJAN, Expérience esthétique et sentiment de
l'existence.
Antoine HATZENBERGER, Esthétique de la cathédrale gothique.
Françoise ARMENGAUD, Anita Tullio: Les folles épousailles de la terre
et dufeu.Suzanne Hême de Lacotte
Deleuze:
philosophie et cinéma
Le passage de l'image-mouvement
à l'image-temps
L'Harmattan L'Harmattan Inc. L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
5-7, rue de l'École-Polytechnique 55, rue Saint-Jacques Hargita u. 3 Via Bava, 37
(Qc) CANADA 1026 Budapest 10214 Torino75005 Paris Montréal
HONGRIE ITALIEFrance H2Y 1K9Cb>L'Harmattan,2001
ISBN: 2-7475-0887-0Introduction
Avec L'Image-mouvement et L'Image-temps, Gilles
Deleuze mène à bien une entreprise novatrice. Novatrice,
tout d)abord, au regard de ses autres écrits. Ce n)est certes pas
qu)la première fois il écrit sur l'art; il a déjà consacré des
livres à la peinture avec Francis Bacon: Logique de la
sensa2tion 1,et à la littérature avec Proust et les signes et Kafka 3.
n)
Cependant) dans ces ouvrages, ce est pas tant la littérature
et la peinture en général qui font r objet de r étude, que la
littérature de Proust, celle de Kafka, ou la peinture de Bacon; il
s)agit plus de monographies que de théories systématiques. Il
en va tout autrement avec Cinéma 1 et 2 où le Septième art
est traité dans son ensemble, depuis ses origines jusqu'à la fin
des années soixante-dix. Le cinéma occupe donc une place
toute particulière dans œuvre de Deleuze.l'
C)est également en ce sens que l'entreprise est
novatrice, ou tout du moins singulièrement problématique. Dans
le dernier paragraphe de LImage-temps, r auteur écrit: « Les
concepts du cinéma ne sont pas donnés dans le cinéma. Et
pourtant ce sont les concepts du cinéma) non pas des
théories sur le cinéma 4. » Il me semble que tout travail sur
Cinéma 1 et 2 doit absolument tenir compte de cette remarque
dans la mesure où elle manifeste le statut problématique du
cinéma dans r œuvre de Deleuze et, par là-même, donne la
clef de LImage-mouvement et LImage-temps. Le cinéma
semble situé à mi-chemin entre r art et la philosophie: c'est cela8 Deleuze: philosophie et cinéma
qui pose problème. En effet, Deleuze ne cesse d'affirmer que
« la philosophie est l'art de former, d'inventer, de fabriquer
des concepts» 5.Lart, quant à lui, crée selon lui des affects et
des percepts: « l'artiste est montreur d'affects, inventeur
d'affects, créateur d'affects, en rapport avec les percepts ou les
visions qu'il nous donne 6. » Pourtant, il parle de « concepts
du cinéma ».
Il semble donc accorder un statut spécial au cinéma.
On peut l'expliquer par plusieurs raisons. D'abord, c'est la
tâche de la philosophie que de s'emparer de nouveaux
moyens d'expression, non-philosophiques - une idée que
Deleuze tient de Nietzsche. Par moyen d'expression, il faut
entendre non seulement le style, mais aussi des domaines qui
ne relèvent pas traditionnellement de la philosophie, tel le
cinéma. « La philosophie a besoin d'une non-philosophie qui
la comprend, elle a besoin d'une compréhension
non-philosophique de la philosophie, comme l'art a besoin de non-art,
et la science de non-science 7. »
Ensuite, le cinéma entretiendrait un rapport privilégié
avec la philosophie que n'entretiennent pas les autres arts, « si
bien qu'il y a toujours une heure entre midi et minuit, où il
ne faut plus se demander "qu'est-ce que le cinéma", mais
"qu'est-ce que la philosophie" ? » 8. Pour Deleuze, le cinéma
nous offre une meilleure image de la pensée que les autres
arts, essentiellement en vertu de son caractère machinique.
Mais, plus radicalement encore, il est légitime de considérer
avec Alain Badiou que, au bout du compte, « toute
l'entreprise [deleuzienne] soutient une reprise créatrice des
concepts, et non une appréhension de l'art comme tel» 9. Ce
projet n'est pas de s'en tenir à une simple description des
images et des signes du cinéma, malgré l'apparente
systématicité des deux ouvrages - Deleuze faisant appel à Bergson
et à Peirce pour classer les différents types d'images. Ce qui
l'intéresse fondamentalement c'est de réévaluer des concepts
qu'il a déjà travaillés, tels que le temps, le mouvement, la
vérité, etc., des concepts du cinéma mais qui ne sont pas pro-Introduction 9
duits par lui, car « ce qui compte c'est la valeur
impersonnelle des concepts eux-mêmes, lesquels, dans leur contenu,
n'ont jamais affaire à un concret "donné" mais à d'autres
10. On se rend compte que le cinéma s'efface peu àconcepts»
peu derrière la philosophie, étant donné qu'« une théorie du
cinéma n'est pas "sur" le cinéma mais sur les concepts que le suscite, et qui sont eux-mêmes en rapport avec
d'autres concepts correspondant avec d'autres pratiques» Il.
Nous développerons ces questions d'après la
distinction entre image-mouvement et image-temps. À suivre
Deleuze, fondant non seulement tout l'édifice de Cinéma,
mais sa conception même de la philosophie, elle serait claire,
efficace, dynamique, elle s'imposerait. Pourtant, elle est loin
d'aller de soi. On ne la cerne qu'imparfaitement à réduire le
problème du passage de l'image-mouvement à l'image-temps
à une analyse des transformations subies par les différentes
images - par exemple, le passage de l'image-affection à
l'image-pulsion -, ni plus ni moins qu'à étudier les
conditions historiques, simplement contingentes, qui ont favorisé
le passage d'un certain type d'image à l'autre - à compter
du néo-réalisme. Il faut aller au principe même du distinguo,
à son principe philosophique, au-delà de l'histoire du cinéma
et de son évolution formelle. Tel est l'objet de ce livre.Chapitre I
Les deux images et leur agencement
1) Qu' est-ce-qu' une image?
Image = Matière = Mouvement
Avant toute chose, et pour bien comprendre ce dont il
est question, il convient de préciser le sens des termes et des
concepts employés dans LImage-mouvement et LImage-temps
car leurs définitions ne vont pas de soi. Deleuze ne cesse de
répéter que la philosophie est créatrice de concepts, mais
pour lui les concepts ne sont pas des réalités abstrait

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