L Esthétique de la maladresse au cinéma
282 pages
Français

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L'Esthétique de la maladresse au cinéma , livre ebook

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Description

La maladresse n'est pas envisagée ici comme un défaut. En parcourant l'histoire du cinéma, on découvre qu'il existe une maladresse délibérée, relevant d'un programme artistique, d'une visée esthétique. Dans le burlesque, la maladresse a un pouvoir libérateur : Buster Keaton, Charlot et Monsieur Hulot sont des saboteurs qui mettent à nu l'absurdité de notre quotidien. Certains réalisateurs ont exploité le potentiel subversif de la maladresse pour mettre en crise les conventions du "bien-filmer" traditionnel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 319
EAN13 9782296455627
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Esthétique de la maladresse au cinéma
Champs visuels Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez  Une collection d'ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l'image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme. Dernières parutionsMarguerite CHABROL, Alain KLEINBERGER,Le Cercle rouge : lectures croisées, 2011. Frank LAFOND,Cauchemars italiens. Le cinéma fantastique, volume 1, 2011. Frank LAFOND,Cauchemars italiens. Le cinéma horrifique, volume 2, 2011. Laurent DESBOIS,La renaissance du cinéma brésilien (1970-2000), La complainte du phoenix, 2010. Laurent DESBOIS,L’odyssée du cinéma brésilien (1940-1970), Les rêves d’Icare, 2010. Guy GAUTHIER,Géographie sentimentale du documentaire, 2010. Stéphanie VARELA,La peinture animée. Essai sur Emile Reynaud (1844-1918), 2010. Eric SCHMULEVITCH,Ivan le Terrible de S. M. Eisenstein. Chronique d'un tournage (1941-1946), 2010. David BUXTON,Les séries de télévision : forme, idéologie et mode de production, 2010. Corinne VUILLAUME,Sorciers et sorcières à l'écran, 2010. Eric BONNEFILLE,Raymond Bernard, fresques et miniatures, 2010.
Sarah LepercheyL’Esthétique de la maladresse au cinéma
Du même auteur: Alain Resnais, une lecture topologique, Paris, L’Harmattan, collection « L’art en bref », 2000.© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54172-6 EAN : 9782296541726
Remerciements Je tiens à remercier, pour leur aide indispensable, Dominique Chateau, Delphine Leperchey, Agnès Lontrade, Marion Froger, Muralee Navaratnam et Catherine Monson.
INTRODUCTION
Tout récemment, en 2002, a paru unManuel de la photo ratée. Il s’agit d’un ouvrage pratique qui se propose le plus sérieusement du monde d’apprendre aux photographes amateurs à « réaliser de superbes photos ratées ». C’est que, s’en explique l’auteur, « rater ses photos est à la portée de tous, mais connaître les conditions techniques nécessaires à la reproduction du ratage, c’est-à-dire de l’accident, est plus difficile. Le but de ce manuel est donc d’aider le photographe à reproduire un certain nombre de ratages typiques 1 comme le flou, le bougé, le doigt sur l’objectif » . L’entreprise, paradoxale, peut faire sourire ; il s’agit en fait de donner aux amateurs les moyens de reproduire les ratages… de la photo amateur. De façon symptomatique, leManueln’est pas illustré par des œuvres de l’auteur, mais par les clichés d’anonymes. Ces images ont été prises, nous dit-on, par des « photographes sans “projet” artistique, c’est-à-dire des personnes qui considèrent plus la photo comme une “machine à mémoriser” que comme un 2 médium artistique » . Il faut tout de même souligner que les photos qui figurent dans l’ouvrage ont fait l’objet d’une sélection : on nous précise qu’elles ont été choisies pour leur « intérêt plastique ». L’auteur du livre affirmera un peu plus loin que « les
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Thomas Lélu, Romainville, Éditions Al Dante, 2002, p. 9. Ibid.
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bonnes photos ratées, au même titre que les bonnes photos 3 réussies, sont rares » . Le but duManuelest donc, bien entendu, de permettre aux amateurs de faire un usageartistiqueratages des de la photo amateur. L’origine de cet intérêt pour la photo ratée remonte sans doute à la New Wave ou New Photography, qui est apparue aux États-Unis dans les années 1970. DansSnapshot as ArtSay “Cheese”, The and Social History, Graham King analyse l’émergence, à l’époque, d’une nouvelle esthétique fondée sur la reprise d’un certain nombre de traits typiques dessnapshots – ces instantanés qui constituaient le versant amateur de la production photographique. L’ouvrage de King propose un inventaire concret de leurs caractéristiques : la ligne d’horizon n’est pas droite, le sujet visé est décentré ou bizarrement coupé en bordure de cadre, l’image est floue (bougés, problèmes de mise au point), le photographe a laissé son doigt oblitérer l’objectif, ou il a laissé son ombre apparaître dans le champ. La photo, enfin, est banale, ou encore ambiguë (on n’est pas sûr de ce qu’on voit et surtout de ce qu’on 4 estcensévoir) . Certaines de ces caractéristiques apparaissaient déjà chez 5 Robert Franck, que King considère comme un pionnier ; la démarche se généralise ensuite avec la New Wave. En 1970, Lee Friedlander expose des photos de rues banales, typiques des petites villes américaines – des passants, des voitures, des vues mornes un peu floues. L’ensemble paraît avoir été pris au hasard, comme si le photographe n’avait pas regardé dans le viseur. Graham King cite également les photos de groupe d’Emmet Gowin, les cartes postales saturées de Stephen Shore et les portraits tronqués de Mark Cohen. En 1976, cette nouvelle tendance triomphe au Museum of Modern Art de New York, avec l’exposition des photographies de William Eggleston. King explique que, au regard d’un visiteur néophyte, ces photos pouvaient passer pour des clichés amateurs ne présentant aucun intérêt : sujets banals, horizons penchés, arrière-plans confus,
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Ibid. Graham King, Londres, William Collins, 1986, p. 60. Ibid., p. 163.
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