La Comtesse aux pieds nus
204 pages
Français

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Description

A l'enterrement de Maria Vargas, sous la pluie, Harry Dawes se souvient... Engagé par le producteur Kirk Edwards pour réaliser un film, ils découvrent leur vedette un soir dans un cabaret de Madrid : une danseuse qui va devenir Maria Vargas, une star hollywoodienne adulée. Mais celle-ci se sent terriblement seule et rêve de rencontrer son prince charmant. Elle finit par le trouver sous les traits du conte Vincenzo Torlano-Favrini, un séduisant milliardaire. Ils se marient, mais Vincenzo cache un terrible secret...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2013
Nombre de lectures 31
EAN13 9791022000277
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA COMTESSE AUX PIEDS NUS
Scénario : Joseph L. Mankiewicz Réalisation : Joseph L. Mankiewicz
© Presses Électroniques de France - L'Avant-Scène Cinéma, 2013
Après un très bref générique qui se déroule sur la pierre tombale de la comtesse Torlato-Favrini (L'interprétation très complète passe après le mot « fin »), ouverture en fondu sur un cimetière de la Rimera italienne, extérieur jour pluvieux.
Entrée du cimetière - jour pluvieux
Une rue ou une petite place près de l'entrée d'un cimetière, jonchée de débris laissés par une foule qui a été dispersée : des papiers, quelques chapeaux défoncés, des parapluies brisés, etc. Quelques hommes de la police montée italienne... et d'autres à pied... Harry Dawes (Humphrey Bogart, racontant off) Il advint une fois... mais vous le savez très bien. Vous avez sans doute reconnu le cimetière... d'après les photos parues dans la pres se. Maintenant vous regardez précisément ce que vous avez vu aux « Actualités ». Sauf que l'émeute est terminée...
Une ambulance de la police. Une femme, avec le poignet bandé, assise sur un tabouret. Un policier blessé reçoit les premiers soins. Un civil, outragé, proteste pour ses lunettes cassées. Harry (Off) ... et que la Police a dispersé la foule. La foule !... Des centaines de gens, un millier... peut-être deux. D'où venaient-ils ? Qui sait ? Ils sont venus...
Un groupe : pour la plupart, des femmes d'âge divers. Certaines ont des appareils photo. Elles s'empressent autour d'un prêtre et protestent auprès de lui. Il essaie de les calmer et explique patiemment. Harry (Off) ... de Rapallo, de Genève et même de Rome – et pourquoi ? Pour voir enterrer une star de cinéma. Mais on ne leur a pas permis de regarder. C'est ainsi que l'émeute a commencé. Parce que, dans la mort, ce n'était plus une star de cinéma, c'était la comtesse Torlato-Favrini.
Un jeune garçon : 13 à 14 ans, il s'assied au bord du trottoir. Une image de film de Maria d'Amata, grossièrement encadrée et garnie de fleurs. Le visage dans ses mains, il sanglote. Deux gosses, qui se tiennent debout près de lui, le regardent curieusement tout en suçant une glace.
Harry (Off) Il n'était pas facile de faire comprendre cette subtilité à tous ces gens. Ils n'étaient pas venus sous la pluie pour voir une comtesse morte. Ils étaient venus, avec des caméras, des fleurs et des larmes, pour la dernière apparition de Maria d'Amata...
Cimetière - intérieur
Très légère plongée et travelling arrière le long d'une allée de ce cimetière typiquement italien; tombes monumentales dominées de sculptures d'hommes ou de femmes grandeur nature. Il pleut. Le travelling croise un homme qui prie près d'un gisant de marbre; derrière lui une enfant tenant un parapluie et un ballon bleu. Le travelling arrière continue sa route alors qu'on entend la voix d'Harry Dawes. On le cadre un instant debout, un peu à l'écart de la cérémonie funèbre qui se déroule. Il est en imperméable, nu-tête, son chapeau à la main. Panoramique pour cadrer d'autres groupes de personnes (La majorité en noir) protégées sous des parapluies. Harry (Narration) Je suppose que, lorsque l'on passe la plus grande partie de sa vie en exerçant le même métier... l'on développe ce que l'on pourrait appeler un point de vue, sinon un tic, professionnel... I suppose when you spend most of your life in one profession, you develop what could be called an occupational point of view. Plan général : en premier plan la statue de la comt esse dos à nous. Devant la tombe, des prêtres et des enfants de chœur ainsi que la suite des parents et alliés. Harry (Narration) Prenez une catastrophe soudaine, comme un tremblement de terre ou un incendie... j'imagine qu'instinctivement un banquier essaierait de sauver les fonds; un notaire, ses papiers; un médecin, les blessés, etc. Les obsèques de la comtesse en plan semi-général : le cercueil est déjà dans la fosse. Les dignitaires de l'église conduisent le service. Il n'y a guère plus de trente personnes debout face à la fosse. Des domestiques tiennent des parapluies ouverts au-dessus de certaines d'entre elles. D'autres tiennent elles-mêmes le leur, peu d'entre elles n'en ont point. Tout à côté de la fosse, sur un socle de marbre prêt à être mis en place, se trouve la statue grandeur nature de la comtesse Torlato-Favrini. Harry (Narration) ... aussi pourra-t-on peut-être me pardonner la première chose à laquelle j'ai pensé ce matin-là... Parce que je me suis surpris à penser que la mise en scène et même l'éclairage des funérailles de Maria étaient exactement ce qu'elle eût désiré. So maybe I can be forgiven for the first thing I thought of that morning. Because I found myself thinking that the staging and the setting, even the lighting of Maria's funeral were just what she would have wanted. Solitaire, Harry Dawes est debout à l'écart. Il reg arde la statue. C'est un homme d'une quarantaine d'années. Il semble insouciant de la pluie. La caméra s'approche de lui, en passant à travers les groupes. Harry (Narration) Je m'appelle Harry Dawes. Je suis scénariste et metteur en scène de cinéma depuis plus longtemps que je n'aime à me le rappeler. Je remonte jusqu'au temps où le cinéma n'avait que deux dimensions, puis une seule dimension et parfois pas de dimension du tout... (Lent travelling avant pour cadrer Harry en plan rapproché) J'ai écrit et réalisé les trois films de Maria d'Amata. Sa courte carrière, du départ à l'arrivée, je l'ai dirigée, écrite, mise en scène... c'est-à-dire à l'écran.
My name is Harry Dawes. I've been a writer and director of movies for longer than I like to remember. I go way back : back to when the movies had two dimensions, and one dimension and sometimes no dimension at all. I wrote and directed all three of the movies Maria D'Amata was in. Her short, full career, from start to finish, I wrote it and directed it. On the screen, that is. Léger recul de la caméra pour le cadrer en plan américain face à nous. Il baisse les yeux et semble regarder son chapeau trempé qu'il tient à la main. Harry (Narration) Qu'est-ce que je faisais là ?... Les Parques ou les Furies – qui que ce soit qui ait compris sa courte vie – se sont occupées de ça. (Un temps) J'étais en extérieur dans un village de pêcheurs, pas très loin... (Il relève la tête et regarde au loin d'un air pensif) En tout cas, c'est dans ce cimetière que je me tiens, là, debout. À mi-chemin entre Hollywood et Vine... à Rapallo, Italie... (Un temps) Je suis là à les regarder enterrer la comtesse Torlato-Favrini, dans un lieu dont elle n'avait jamais entendu parler il y a six mois. Avec une statue, pour en indiquer l'emplacement exact. What was I doing there ? The Fates or the Furies or whoever wrote and directed her short, full life, they took care of that. Anyway, there I stood, halfway around the world from Hollywood and Vine in a little graveyard near Rapallo, Italy, watching them bury the Contessa Torlato-Favrini in ground she'd never heard of six months ago, with a stone statue to mark the spot. Très lent travelling avant vers la statue qu'on finit par cadrer en plan américain (Légère contre-plongée). C'est une sculpture de tradition classique. Son corps harmonieux gracieusement drapé. Elle pose une main de côté, la tête bien droite. Une comtesse sans reproche. Elle est pieds nus. Harry (Narration) La vie se comporte parfois comme si elle avait vu trop de mauvais films. De ceux qui finissent trop à propos, trop nettement... quand tout s'arrange trop bien. Tel était le début, telle sera la fin : la fermeture en fondu identique à l'ouverture... (Un temps) Lorsque j'ai ouvert en fondu, la Comtesse n'était pas comtesse. Ce n'était même pas une vedette nommée Maria d'Amata. Oui, quand j'ai ouvert en fondu, elle s'appelait Maria Vargas et elle dansait dans un night-club de Madrid. Life, every now and then, behaves as if it had seen too many bad movies, when everything fits too well : the beginning, the middle and the end, from fade-in to fade-out. And where I faded in, the contessa was not a contessa. She was not even a movie star named Maria D'Amata. Where I faded in, her name was Maria Vargas and she danced in a nightclub in Madrid, Spain.
Retour sur Harry en plan américain. Harry (Narration) Vous pouvez mesurer la distance entre Madrid, Espagne, et Rapallo, Italie... en miles ou en kilomètres... mais, par contre, entre Maria Vargas et la comtesse Torlato-Favrini,
c'est la distance de la terre à la lune... aller-retour !...
L'image s'efface sur :
Madrid - extérieurs rues - jour
Unefoule dense, en fin de journée, circule dans les rues. Harry (Narration) Madrid est, bien sûr, la capitale de l'Espagne. Un million cinq cent mille personnes y vivent. Comme le reste du monde, elles ont ce qu'elles ne désirent pas, ou bien désirent ce qu'elles n'ont pas... et font de leur mieux pour vivre jour après jour.
Night-club madrilène - intérieur soir
Le cabaret est bien rempli, clientèle banale; un bar, une piste de danse. D'un côté de la piste une ouverture fermée par un rideau; ce passage tient lieu d'entrée et de sortie des artistes. Derrière la piste, un petit orchestre. Juste en face un foyer qui masque l'entrée de la rue. Il y a un numéro sur scène... et le son s'effacera juste assez pour que l'on puisse entendre la voix du narrateur, Harry. Description de la séquence telle qu'elle a été montée : un trompettiste joue (En plan rapproché) un paso-doble. Le cercle lumineux d'un projecteur passe lentement sur lui. La caméra suit en panoramique le rayon de lumière et découvre ainsi la salle de ce cabaret assez miteux, mais plein de monde. Très peu de femmes. Majorité d'hommes jeunes et gominés. Beaucoup se tiennent debout contre le mur et regardent vers la piste. En premier plan, on n'aperçoit que des mains féminines dressées et jouant des castagnettes. À l'évolution de ces mains, on peut comprendre qu'il s'agit d'une danseuse faisant son numéro. Différents plans rapprochés sur le public : un groupe d'hommes qui crient « Ollé !... Ollé !... » ; un couple enlacé; un très jeune garçon de café (13 à 14 ans) qui serre contre lui son plateau et n'ayant d'yeux (Fascinés) que pour la piste. La musique est de plus en plus forte et rythmée. Le public crie « Ollé ».
Un homme aux cheveux grisonnants, très digne, est assis seul. Il a un monocle noir à l'œil droit. Tout en regardant la piste, il retire ses gants. Une autre table occupée par un ménage à la Dubout : la grosse femme observe son mari en se curant les dents; le mari, minuscule, semble envoûté par la piste. Une table où quatre entraîneuses attablées discutent, fument et boivent. À la table voisine, un gros monsieur chauve, complet de bonne coupe, parle à l'oreille de sa très jeune compagne, triste et boudeuse. Un couple debout s'embrasse langoureusement sur la bouche. On revoit le jeune garçon de café toujours en extase et par panoramique on cadre le propriétaire et un maître d'hôtel qui discutent à voix basse tout en inspectant la salle. Nouveaux plans des gens aperçus, mais maintenant vus par le propriétaire : les entraîneuses, le client au monocle, la grosse femme et son petit mari, le chauve très gêné lorsque sa compagne éclate en sanglots. Final sur une note musicale très aiguë. Applaudissements chaleureux. Flash sur le rideau : le jeune garçon de café regarde le rideau encore agité par le passage de la vedette que nous n'avons pas vue, sauf les mains.
Les gens crient leur enthousiasme en applaudissant. L'homme au monocle enfile ses gants. Le chauve allume un cigare tout en épiant autour de lui pour se rendre compte si les pleurs de sa compagne ont attiré l'attention. Les entraîneuses éteignent leur cigarette. Le propriétaire a une réaction en regardant l'entrée du cabaret. Lumière. Il se précipite à la rencontre de trois hommes (Dont Harry) et d'une femme blonde. Harry (Reprise narration) Et un jour... il y a trois ans... nous sommes allés à Madrid, dans un night-club pas très élégant... pour voir Maria Vargas. And so, once upon a time, three years ago, we came to Madrid to a not very fashionable nightclub, to see Maria Vargas dance. Maintenant, comment se fait-il que nous soyons soudain venus à Madrid... plutôt qu'à Vienne ou à Kinnetka pour examiner un théorique talent inconnu ?...
Très onctueux, le propriétaire guide les nouveaux clients : Kirk Edwards, Oscar Muldoon, Myrna et Harry. Il les conduit à une table (Travelling latéral sur plan semi-général) qui leur a été réservée près de la piste. Harry (Narration) Il semble qu'un distributeur de films de Madrid l'ait dit à un distributeur de films de Paris... qui l'a confié à un distributeur de Londres, qui l'a téléphoné à un distributeur de Rome... et nous étions à Rome à cette époque... C'est ainsi que nous primes l'avion pour Madrid.
Ils prennent place à table. Oscar commande pour tout le monde. Kirk ne dit rien. Le propriétaire s'incline et les quitte...
On reste en légère plongée sur les quatre attablés. Harry (Narration) Que je vous dise qui nous étions... Let me tell you who “we” were.
Travelling avant sur Oscar Muldoon (Edmond O'Brien) qui s'éponge le front avec un mouchoir pochette. C'est lui qui a fait la commande avec force gestes nerveux (On reste sur lui en plan américain serré). Harry (Narration) Cet homme au visage trempé de sueur, au regard souvent affolé... était... est toujours… Oscar Muldoon. C'est un « public relation »... qui peut faire beaucoup de choses, parfois efficaces, parfois contraires à l'esprit des lois. The man with the sweaty face and frightened eyes was and is Oscar Muldoon. He's a public relations councellor, which can be many things unrelated and not public at all.
Plan américain de la blonde (Mari Aldon), qui, à l'aide d'un petit miroir, vérifie son maquillage. Harry (Narration) La blonde était « made in Hollywood, U. S. A.. Elle s'appelait Myrna et voyageait... The blonde was made in Hollywood, USA. Her name was Myrna, and she travelled.
Plan américain d'Harry qui vient d'allumer une cigarette. Harry (Narration) Moi, j'étais un scénariste réalisateur qui n'avait pas très bien réussi. Nous étions tous employés par Kirk Edwards. Un temps. La caméra panoramique vers Kirk – Warren Stevens – pour le cadrer en plan américain : il sort lentement un chewing-gum de sa poche, retire le papier, le plie et met dans sa bouche la gomme qu'il malaxe. Harry Vous vous dites : alors, voilà à quoi il ressemble. Eh bien, oui, c'est à ça que ressemble un homme dont le grand-père a fait fortune, dont la mère a laissé 200 millions de dollars... (Flash sur Harry qui semble fixer Kirk) ... dont le père a fui le monde... (Retour sur Kirk) Un pauvre petit garçon riche !... très riche !... Ne vous tracassez pas pour Kirk Edwards... à moins que vous ne soyez un psychanalyste affamé... I was a writer and/or director, who hadn't been doing too well. We were all in the employ of Kirk Edwards. Meet Kirk Edwards. You're saying to yourself : “So, that's what he looks like”. That's what “A Wall Street wizard who came up from the streets of New York, who came up from the bottom, but never really left it”. Don't feel sorry for Kirk Edwards. Not unless you're a hungry psychiatrist. Plan semi-général : la caméra suit en travelling le jeune garçon de café qui se faufile vers la
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