La satisfaction et la déception du spectateur au cinéma
268 pages
Français

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La satisfaction et la déception du spectateur au cinéma , livre ebook

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Description

Alors que l'industrie cinématographique cherche à satisfaire le goût du public, la construction de la satisfaction pour un film est un sujet peu débattu. Le degré de satisfaction est le résultat d'un processus qui commence avant la projection et s'achève bien après celle-ci. C'est un parcours personnel et social, qui conduit le spectateur à rencontrer trois oeuvres : le film attendu, le film interprété et le film souvenir. L'ouvrage analyse la "carrière de spectateur" et constitue finalement une contribution à l'évolution du goût.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 14
EAN13 9782336366890
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Simon DULMAGE, Mutations et déterminisme chez Bourdieu, Epistémologie de la sociologie de l’art de Bourdieu , 2014.
Béatrice JEANNOT-FOURCAUD, Antoine DELCROIX, Marie-Paule POGGI (dir.), Contextes, effets de contextes et didactique des langues , 2014.
Yannick BRUN-PICARD, Plus loin que le développement durable : la durabilité , 2014.
Jean-Michel LE BOT, Eléments d’écologie humaine , 2014.
Claude GIRAUD, Qu’est-ce qui fait société ? , 2014.
Nicole ROELENS, Manifeste pour la décolonisation de l’humanité femelle. Tome 4 : poussées d’émancipation et violences colonisatrices , 2014.
Khosro MALEKI, Introduction à la sociologie du mécontentement social , 2014.
Jean PENEFF, Howard S. Becker. Sociologue et musicien dans l’école de Chicago , 2014.
Jean-Michel BESSETTE , Être socio-anthropologue aujourd’hui ?, 2014.
Alexandre DAFFLON , Il faut bien que jeunesse se fasse ! Ethnographie d’une société de jeunesse campagnarde, 2014.
Jean PENEFF, Howard S. Becker. Sociologue et musicien dans l’école de Chicago , 2014.
Dominique MARTIN, Relations de travail et changement social, 2014.
Thomas PIERRE, L’action en force et les forces en action. Sociologie pragmatique des forces , 2014.
Jean FERRETTE (dir.), Souffrances hiérarchiques au travail. L’exemple du secteur public , 2014.
Sous la direction de Sandrine GAYMARD et Angel EGIDO, Mobilités et transports durables : des enjeux sécuritaires et de santé, 2014.
Simon TABET , Le projet sociologique de Zygmunt Bauman. Vers une approche critique de la postmodernité, 2014.
Pascale MARCOTTE et Olivier THEVENIN (dir.), Sociabilités et transmissions dans les expériences de loisir , 2014.
Guillaume BRIE, Des pédophiles derrière les barreaux. Comment traiter un crime absolu ?, 2014.
Titre
LAURENT DARMON






LA SATISFACTION ET LA DÉCEPTION
DU SPECTATEUR AU CINÉMA

Théories et pratiques




Préface d’Emmanuel Ethis
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71700-5
PRÉFACE
***
Que signifie le fait d’être satisfait ou d’être déçu par un film que l’on vient de voir au cinéma ? Est-ce que l’on est satisfait ou déçu de ce que l’on a vu ou bien est-ce que l’on est satisfait ou déçu au regard de la décision que l’on a pris d’aller voir, seul ou à plusieurs, un film qui n’a pas répondu aux attentes qui étaient les nôtres au moment où l’on a pris la décision d’aller voir le film en question ? Que signifie, au demeurant, décider d’aller voir un film ou – ce n’est pas tout à fait la même chose – un film plutôt qu’un autre ?

Entre le début des années 1950 et la fin des années 1970, certains chercheurs à l’image d’Herbert Simon, Richard Cyert ou James March ont tenté d’imposer au croisement des sciences politiques et de la sociologie des organisations l’idée que « la décision » constituait un objet sociologique à part entière et méritait une attention singulière au point d’institutionnaliser voire d’autonomiser un courant de recherche centré sur la sociologie de la décision. Aujourd’hui, comme le rappelle fort bien un texte de Philippe Urfalino intitulé « La décision fut-elle jamais un objet sociologique ? », les spécialistes de la chose ont remis profondément en question l’idée que la décision pouvait être un concept acceptable en sociologie et ce à l’aune d’une critique nourrie de la rationalité qui vise à distinguer la décision en tant que processus et la décision en tant que résultat montrant par là même que le concept de « décision » recouvrait des faits trop différents pour être rassemblés sous une même réalité sociologique. Au reste, tenter d’analyser que ce qui nous conduit à agir comme le résultat d’une ou de plusieurs décisions prises de manière rationnelle ne peut nous conduire qu’à des apories sociologiques. C’est ce que nous révèlent avec une grande justesse les travaux de Nils Brunsson et de Bengt Jacobsson (2000), qui prennent à revers le concept de décision pour nous montrer combien nos choix sont, en réalité, le résultat de soumission volontaire à des standards, sortes de normes à portée universalisante jamais énoncées comme telles mais qui se révèlent d’une efficacité redoutable dès lors qu’il est question de comprendre comment fonctionne un groupe ou un individu au sein d’un groupe. Ainsi, lorsqu’indécis, on se rend au cinéma avec une bande d’amis pour passer un bon moment ensemble, il arrive fréquemment que l’on s’en remette à la caissière du cinéma pour choisir à la place du groupe le film à voir. La raison de cette délégation du choix à un membre extérieur au groupe peut paraître a priori irrationnelle. Cependant elle relève bien de cette soumission à ce standard qui consiste à pouvoir, en cas de déception, critiquer ensemble à la sortie le choix de la caissière plutôt que de faire peser la critique sur un ou deux membres du groupe afin de maintenir l’unité dudit groupe pour le reste de la soirée. Si l’on est satisfait, en revanche, exit la caissière : les conversations vont s’évertuer à la faire disparaître pour ouvrir, si l’on est peu caricatural, sur un surenchérissement d’arguments plutôt centrés sur les prouesses techniques du réalisateur si l’on est un homme, plutôt centrés sur la qualité du récit si l’on est une femme.

Ce petit exemple permet en quelques lignes d’approcher toute la difficulté qui existe pour comprendre ce qui façonne, au fond, la carrière de tout film qui est pris, on le voit, au milieu du réseau des relations sociales qui se tissent avant, pendant, après et parfois bien après son visionnage. Comme tout objet d’art et de culture, sa vertu première est de fabriquer du symbolique, de « faire symboliser ». Et c’est ce « faire symboliser » qui est au fondement de ce que l’on subsume parfois sous le concept de « jugement ». Ce même petit exemple nous aide à comprendre aisément qu’il n’est pas de jugement esthétique qui dépend strictement de l’esthétique de l’objet – en l’occurrence du film – que l’on juge, mais de l’expérience spectatorielle qui en découle. De plus, on peut se demander, à juste titre, si cette expérience spectatorielle, est, comme d’autres expériences de notre vie, cumulative ? Est-ce qu’elle nous est utile pour vivre d’autres expériences spectatorielles ? Est-ce qu’elle nous permet de mieux apprécier l’interprétation que l’on aura des films que l’on verra ultérieurement ou des films que l’on a déjà vu et que l’on reverra ? Resterons-nous sur notre première impression ou bien notre jugement s’affinera-t-il, se révisera-t-il, se ravisera-t-il ?

Ce sont toutes ces questions passionnantes qui ressortent d’une sociologie de la réception en actes et qui jalonnent ici l’ouvrage de Laurent Darmon. L’auteur nous fait voyager grâce à une érudition sans faille dans l’univers de ce que perçoivent, ou du moins de ce que disent percevoir, les publics de cinéma lorsqu’ils sont confrontés aux œuvres cinématographiques. Revisitant les grandes théories de la satisfaction, Laurent Darmon va nous conduire vers sa thèse – une thèse inédite – qui consiste à concevoir le film comme un objet culturel qui n’a de cesse d’être remodelé par le spectateur entre son premier visionnage – le plaisir ou le déplaisir qui s’y attachent – et la représentation qu’il s’en fera par la suite, une représentation sujette à évoluer dans l’aventure mémorielle que le film va vivre dans la conscience de « son public ». Sans la rigueur qu’il a su insuffler à son travail, l’auteur nous aurait sans doute conduits vers des impasses multiples. Or, c’est tout le contraire qui se produit ici et la lecture de cet ouvrage, non seulement nous apporte des réponses concrètes, mais nous ouvre également à de nouvelles perspectives quant à la manière dont le cinéma transforme notre

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