Le style dans le cinéma documentaire
211 pages
Français

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Le style dans le cinéma documentaire , livre ebook

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Description

Qu'est-ce que le style ? Peut-on le repérer facilement ? A quels signes et sous quelles conditions ? Le trouve-t-on dans les oeuvres de commande autant que dans les films d'auteur ? Une dizaine de cinéastes et d'écrivains mènent une réflexion sur le style dans le cinéma documentaire. Les scénarios des films Histoire d'un secret (2003) et Fragments sur la Grâce (2006) posent la question du style dans l'écriture documentaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2007
Nombre de lectures 166
EAN13 9782336251820
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Réflexion sur le style
Histoire d’un secret Fragments sur la Grâce
Le style dans le cinéma documentaire

ADDOC
© L’HARMATTAN, 2006
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
L’HARMATTAN, ITALIA s.r.1. Via Degli Artisti 15 ; 10124 Torino L’HARMATTAN HONGRIE Kônyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 ; 1053 Budapest L’HARMATTAN BURKINA FASO 1200 logements villa 96 ; 12B2260 ; Ouagadougou 12 ESPACE L’HARMATTAN KINSHASA Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives BP243, KIN XI ; Université de Kinshasa — RDC L’HARMATTAN GUINEE Almamya rue KA028 En face du restaurant Le cèdre OKB Agency Conakry — Rép. de Guinée BP 3470 harmattanguinee@yahoo.fr
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr
9782296026599
EAN : 9782296026599
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Entretiens - LA PART DU STYLE Contributions - QUESTION DE STYLE Scénario - HISTOIRE D’UN SECRET Rencontre - MARIANA OTERO - VINCENT DIEUTRE Scénario - FRAGMENTS SUR LA GRACE POSTFACE - IMMERSION / APPROPRIATION / CONVULSION Addoc - Association des cinéastes documentaristes CINEMA DOCUMENTAIRE Ouvrages déjà parus
Entretiens
LA PART DU STYLE

PRESENTATION
Le débat public, dont sont tirés ces entretiens, s’est tenu aux Etats Généraux de Lussas (Ardèche) en août 1998.
Malgré les années passées, la question du style dans le cinéma documentaire n’a rien perdu de son acuité et ces entretiens conservent toute leur pertinence.
C’est pourquoi leur publication nous a paru nécessaire.
Des cinéastes (Amalia Escriva, Dominique Gros, Yves de Peretti, Laurence Petit-Jouvet, Jean Schmidt, Nicolas Stem), une chef-monteuse (Anne Baudry), un écrivain et cinéaste (Sylvain Roumette), un romancier et essayiste (Jean-Louis Baudry) étaient les invités de ce débat organisé par l’association
ADDOC.
D’autres cinéastes sont intervenus depuis la salle.
François Caillat, initiateur de la journée avec Anne Baudry, en a modéré le déroulement.
Le texte qui suit constitue une version rewritée et raccourcie du débat. Plusieurs interventions (notamment celles de Dominique Gros et de Jean Schmidt) n’ont pu être retenues dans cette version.

ENTRETIENS
Préalable Le style en littérature
FRANÇOIS CAILLAT : En préparant ce débat, nous nous sommes aperçus que toute tentative de définition frontale se heurterait soit à l’échec, soit à l’imprécision. Nous nous sommes alors demandés si, pour aborder la question du style, il ne fallait pas procéder de manière périphérique : par un repérage, plutôt que par une définition abrupte.
Nous allons essayer de réfléchir, dans un premier temps, à ce qu’on peut dire de l’idée de style. Et nous commencerons par écouter une intervention de Jean-Louis Baudry, portant sur le style en littérature 1 .
JEAN-LOUIS BAUDRY : Il n’est pas trop facile d’avoir à présenter une introduction, qui soit brève, à la notion de style, et à proposer quelques aperçus pouvant nous servir de jalons. Après avoir consulté les dictionnaires, je me suis rendu compte qu’y étaient confondus deux emplois qu’il me semble essentiel de bien définir pour la clarté de notre débat.
Deux sens particuliers du style .
Le premier sens est constitué par l’ensemble des traits qui caractérisent, soit d’un point de vue esthétique, soit d’un point de vue historique, des œuvres relevant du domaine des Beaux-Arts, des œuvres littéraires, et même des objets, meubles, bijoux, instruments scientifiques, etc. appartenant à l’environnement humain. Dans cette première acception, on se réfère d’une manière plus ou moins explicite à un modèle idéal, à un canon, qui sert de référence. C’est dans ce sens qu’on va parler de “Beau style”, de “Grand style”, ou de “Style Louis XIII”. À cette définition, il faut rattacher ce qu’on nomme en peinture, sculpture, littérature ou musique, une école ou un mouvement comme le sont l’Impressionnisme, le Parnasse, les Précieuses, l’Ecole de Fontainebleau, le vérisme, etc. Le style est associé alors à des caractéristiques, des traits définis qui facilitent la reconnaissance des œuvres, leur classement, leur place dans l’histoire. Ces caractères sont donc bien des signes de reconnaissance.
C’est, me semble-t-il, à partir de ces traits discriminants que la notion de style s’est déportée vers un second sens - je parlerai ici de sens 1 et de sens 2.
C’est à partir de l’idée de reconnaissance à travers des traits plus ou moins précisément définis que le style va finir par caractériser la manière propre d’un écrivain, d’un peintre, d’un sculpteur, d’un compositeur ou d’un cinéaste. Ces traits, qu’ils aient été explicitement définis ou non, sont tels qu’ils rendent possible, presque à coup sûr, l’attribution d’une œuvre à celui qui l’a créée. C’est ainsi qu’ils vont devenir les signes d’une subjectivité, aussi caractéristique que le sont les traits d’un visage et tout ce qui particularise et rend unique un individu. C’est d’abord par son style que l’on reconnaît un auteur. Son style renvoie à sa subjectivité, il en trace les contours et aiderait même, en dehors du contenu, à s’en faire une idée. Le style est involontaire - autant que peut l’être l’apparence d’un individu. Pour mieux faire comprendre de quoi il s’agit, prenons l’exemple de la voix. La voix a un timbre, des intonations, un débit, un rythme ; et cependant elle tisse du langage, elle n’est pas indépendante de l’expression dans laquelle elle se manifeste. Le style, c’est un peu cela : un rapport avec une matière déterminée qui signe une subjectivité, qui est l’indice d’une subjectivité. Vous remarquerez que, si le style est involontaire et spontané, il est aussi l’objet d’un travail comme peut l’être la voix d’une chanteuse ou d’un comédien.
Les traits par lesquels un auteur est reconnaissable peuvent être, il est vrai, assez clairement dégagés : tics de langage, adjectifs qui reviennent obstinément, usage des subordonnées, manière de ponctuer. Il faut toujours penser qu’aussi apparents qu’ils soient, c’est le mode d’être d’une subjectivité qui se manifeste par ces traits : une vision, un monde particulier qui cherche à s’exprimer. Mais quelquefois le trait caractéristique, bien que tout aussi sensible, est plus difficile à définir. C’est un souffle qui court, une musique qui se fait entendre ou un sentiment. Par exemple, chez Chateaubriand, l’expression du passage du temps qui donne à toutes ses pages ce ton de mélancolie qui lui est propre.
La question posée par le style est de savoir de quelle manière, et selon quels processus, une subjectivité s’ancre dans la matière, passe dans la langue, dans le véhicule coloré de la peinture, dans un ordonnancement des formes. Et cela, quels que soient le thème, l’histoire et la narration. Le style est si évident, et cependant si mystérieux, qu’on se demande d’où il vient, ce qu’il est, d’où naît son pouvoir.
Le style ne s’apprend pas (Chateaubriand) .
J’étais justement en train de relire, il y a peu de temps, les Mémoires d’Outre-tombe, quand je suis tombé sur une phrase que j’ai eu la surprise de retrouver, mais tronquée, dans le dictionnaire. C’est au moment où, dans les Mémoires d’Outre-tombe , Chateaubriand, après son émigration, s’applique à dresser un tableau de l’Angleterre. Il évoque la littérature de cette nation, et en particulier Richardson dont on parlait beaucoup à l’époque :
“ Si Richardson, écrit-il, n’a pas de style (ce dont nous ne sommes pas juges, nous autres étrangers), il ne vivra pas, parce qu’on ne vit que par le style. En vain on se révolte contre cette vérité ; l’ouvrage le mieux composé, orné de portraits d’une bonne ressemblance, rempli de mille autres perfections, est mort né si le style manque. Le style, et il y en a de mille sortes, ne s’apprend pas ; c’est le don du ciel, c’est le talent ”. Chateaubriand, on le voit, fait peu de cas de la question posée par le style. C’est que le talent, dit-il, est un don du ciel. Mais le fragment de phrase placé entre parenthèses (“ ce dont nous ne sommes pas juges, nous

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