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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juillet 2017 |
Nombre de lectures | 7 |
EAN13 | 9782336794495 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-79449-5Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante
reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la
recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches
qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance
empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou
théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Julien GARGANI, Carnet de voyage à Chandigarh. Ethnologie d’une recherche scientifique en
Inde, 2017.
Thomas SEGUIN, Politiques de la vie, La nature au prisme du social, 2017.
Juan Carlos MURRUGARRA, La passion du soccer. Transmetteur de cohésion socioaffective,
2017.
Patricia DRAHI, Enseigner la Shoah et les questions socialement vives, Risques et défis, 2017
Christiana CONSTANTOPOULOU, Récits de la crise. Mythes et réalités de la société
contemporaine, 2017.
Isaac NIZIGAMA Introduction à la sociologie de la religion de Peter L. Berger, 2017
Roland GUILLON, Faire de la sociologie et militer. Regards croisés (1973-2006), 2017.
eDidier CHRISTOPHE, Les agriculteurs à l’aube du XXI siècle en Limousin et Berry. Approche
sociologique et entretiens, 2017.
Maria do Céu Alves, La « vision du monde » sexuée chez Augustina Bessa-Luis, 2017.
Jacques COENEN-HUTHER, Le regard du sociologue, 2017.
eSandrine GAYMARD et Teodor TIPLICA (dir.), Sécurité routière : un défi à l’aube du XXI
siècle, 2017.
Baptiste PIZZINAT, Portrait d’un danseur en Exil, 2016.
Frédérique JOLY, Elève en école d’art, entre amateur et professionnel. Une enquête de
terrain au cœur des écoles d’art françaises, 2016.
Anja HESS, Les habitants des chambres de bonne à Paris. Étude filmique des usages de
l’espace quotidien, 2016.
Christophe CAMUS, Mais que fait vraiment l’architecte ?, Enquête sur les pratiques et modes
d’existence de l’architecture, 2016.
Roland GUILLON, Mes années 1950 et 1960 ou l’éveil d’une sensibilité, 2016. Louis
DURRIVE, Compétence et activité de travail, 2016.
Laurent AUCHER, Le Tribunal des ouvriers, Enquête aux prud’hommes de Vierzon, 2016.
Benoît SOUROU, Stratégies identitaires chez les migrants turcs en France, 2016. Maxence Lamoureux
Les cinéastes animaliers
Enquête dans les coulisses du film animalier en France
P r é a m b u l e
Devant le lecteur ne pouvant se défendre car muet comme une carpe, je me
présente ici non pas comme un ours mal léché, mais gai comme un pinson. Tandis que
les milliers de caractères qui forment cet ouvrage, semblables à autant de petites
fourmis ouvrières de la pensée peuvent effrayer, mon premier devoir est de prendre le
lecteur sous mon aile sans le prendre pour le dindon de la farce. Pour ce faire, je vais
devoir ménager la chèvre et le chou. Nous tâcherons d’aborder notre sujet sans noyer
le poisson et surtout sans courir deux lièvres à la fois.
Si les animaux sont présents partout dans notre langage, c’est qu’ils sont aussi
présents dans les fondements même de toutes les cultures humaines. L’occident a
abandonné l’animisme mais il n’en n’a pas moins gardé des liens étroits avec le monde
vivant qui l’entoure ; même si, à l’instar des expressions ici utilisées, la désuétude
gagne ces échanges.
Prenons donc maintenant le taureau par les cornes. Des animaux et une société
humaine qui les perçoit, les filtre, les transforme en sujets de films. Et des hommes
pour faire le travail. Un travail de traduction entre le monde sauvage et le monde
humain avec un outil particulier : l’image animée accompagnée de sons. Ces hommes
« font » du cinéma animalier, comme d’autres font de la peinture animalière ou de la
photographie animalière. C’est à ces hommes et à ce qu’ils font que nous nous
intéressons.Le film animalier,
une populaire évidence et une savante absence
La perception du monde animal et l’intérêt pour celui-ci ont évolué au cours du
temps. Le regard de notre culture a changé. D’une créature terrestre créée pour nourrir
l’homme ou le servir, l’animal est devenu un objet d’étonnements voire de
divertissements placé dans des cabinets de curiosités ou des zoos. La science les a
longtemps considérés comme des machines. Depuis Descartes, jusqu’à Pavlov,
1l’animal ne faisait que répondre à des stimuli, sans interprétation ou réflexion . Ce
n’est que très récemment que petit à petit, l’animal a acquis un statut d’être vivant
2respectable, autonome et légitime . L’animal éprouve de la souffrance, du plaisir. Les
espèces les plus évoluées ont conscience de leur individualité, sont capables de
mémorisation, de réflexion. Les animaux ont des langages, inventent et pour quelques
uns développent des outils et des cultures. Et malgré cela les animaux n’ont cessé de
renvoyer à l’homme l’image de l’altérité avec une fascination mêlée de crainte.
Ainsi les animaux ont toujours figuré dans l’imaginaire humain, depuis les récits
mythiques et les panthéons divins jusqu’au Roman de Renart ou Les Fables de la
Fontaine. En utilisant les caractères prêtés aux animaux par les hommes, les auteurs
de fables créent des récits pour éduquer les jeunes esprits. Les animaux prennent la
place des hommes dans ces aventures censées être formatrices pour les enfants. La
morale occidentale, dominée par les valeurs chrétiennes est ainsi répandue par
3l’intermédiaire des figures de la vie sauvage . On réduit et interprète les
comportements animaliers à l’aune de ces récits populaires : le renard est rusé, le loup
méchant, l’ours mal léché, le lion digne, la hyène mauvaise, la pie bavarde, le geai
moqueur… etc. Le monde sauvage simplifié, réduit à des images d’Épinal, à un outil
d’instruction morale et civique de la marmaille, le film animalier en subit les
conséquences : quoi de mieux alors pour occuper les enfants le dimanche
après4midi ? De belles images, des animaux rigolos et mignons, des musiques légèrement
ringardes et enfantines : un divertissement familial de qualité pour nos chères têtes
blondes. C’est dans la filiation de la culture occidentale et tout à fait légitimement que
Walt Disney crée des histoires pour les enfants en anthropomorphisant à l’extrême les
animaux, d’abord en dessin animé puis en documentaire animalier. Plus récemment, la
mise en avant des grandes questions écologiques et de protection de la biodiversité
ont sûrement permis de valoriser encore un peu davantage l’image de l’animal. Il est
maintenant devenu l’altérité qu’il faut sauvegarder, ou qu’il faut regarder avant qu’il ne
disparaisse.
Dans cette culture du rapport de l’homme à l’animal, le film animalier occupe
aujourd’hui, dans notre société, une place importante. Notons quelques faits que nous
serons amenés plus tard à commenter. Le documentaire français de cinéma le plus vu
au monde et le plus rentable de l’histoire du cinéma est un documentaire animalier : La
Marche de l’empereur, réalisé par Luc Jacquet en 2004. Le film animalier fut un des
arguments phare dans le développement des chaînes de télévision privées payantes.
Tout d’abord aux Etats-Unis, avec Discovery Channel, puis ensuite en France. Ainsi,
dès ses débuts Canal+ propose des documentaires animaliers inédits. Elle investit des
sommes importantes pour les acheter, puis pour les produire elle-même. Le marché du
film animalier est international et le genre constitue un loisir intégré aux cultures
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