Nollywood
184 pages
Français

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Nollywood , livre ebook

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Description

Avec 1200 films produits chaque année en vidéo, le Nigeria est devenu l'un des producteurs de fiction les plus prolifiques au monde. Ce livre montre comment le plus grand pays d'Afrique se raconte et se met en scène en copiant sans état d'âme et avec une énergie impressionnante les recettes du cinéma populaire. De cette production vidéo effervescente, apparue spontanément et sans aucun soutien extérieur, pourrait surgir un renouveau du cinéma africain ancré, cette fois, dans ce qui lui a le plus manqué tout au long de son histoire: le public.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2005
Nombre de lectures 355
EAN13 9782336265582
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Images plurielles
dirigée par Olivier Barlet (cinéma) et Sylvie Chalaye (théâtre)
Face à la menace de standardisation occidentale, la collection Images plurielles se donne pour but de favoriser la recherche, la confrontation et l’échange sur les scènes et écrans oeuvrant de par le monde, dans les marges géographiques aussi bien que dans la marginalité par rapport aux normes dominantes, à une pluralité de l’image. Elle est ouverte aux champs de l’écriture, de l’esthétique, de la thématique et de l’économie pour le cinéma, l’audiovisuel et le théâtre. Elle privilégie, hors de toute chapelle de pensée, la lisibilité du texte, la liberté des idées et la valeur documentaire.
Nollywood
le phénomène vidéo au Nigéria

Pierre Barrot
Photo de couverture ; Jean-Claude Moschetti/REA. Tournage à Lagos, un chaos urbain où vivent douze millions d’habitants...

Les enquêtes nécessaires à la réalisation de ce livre ont été menées grâce au soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Nigeria. Toutefois, le contenu de l’ouvrage n’engage que ses auteurs.
© L’Harmattan 2005
9782747579711
Sommaire
Collection Images plurielles - dirigée par Olivier Barlet (cinéma) et Sylvie Chalaye (théâtre) Page de titre Page de Copyright Avant-propos PREMIÈRE PARTIE - L’EXCEPTION NIGÉRIANE
Chapitre 1 - « La vidéo est le Sida du cinéma » Chapitre 2 - « Les Italiens de l’Afrique » Chapitre 3 - Les combattants du stress Chapitre 4 - Comme des petits pains (Box-office et statistiques) Chapitre 5 - Audace, scandale et censure Chapitre 6 - Secteur informel ou « video industry »
DEUXIÈME PARTIE - NOLLYWOOD À LA CONQUÊTE DE L’AFRIQUE
Chapitre 7 - Un train en marche Chapitre 8 - « La vidéo nigériane est née de la télévision, pas du cinéma » Chapitre 9 - Vidéos haoussas : un péché mignon face à la Charia Chapitre 10 - Niger : les films nigérians au « banc des amoureux » Chapitre 11 - Kinshasa : quand les vidéos nigérianes chassaient les démons Chapitre 12 - Le Kenya sous dépendance
Épilogue ANNEXES ET TEXTES D’APPROFONDlSSEMENT Bibliographie et contacts Les auteurs Dans la même collection :
Avant-propos
Écrire sur la production vidéo du Nigeria représente un défi pour une raison simple : selon l’estimation la plus modeste, environ 7000 films ont été tournés dans ce pays entre 1992 et début 2005. Le Nigeria se situerait ainsi au troisième rang mondial pour la quantité des films produits (après l’Inde et les Etats-Unis). Ce que les professionnels locaux appellent l’« industrie audiovisuelle nigériane » ou, encore plus pompeusement, Nollywood , ne produit qu’en vidéo, avec des budgets considérés comme ridicules sous d’autres latitudes.
Le coût de production total des 1200 films nigérians tournés chaque année ne dépasse probablement pas 20 millions d’euros, soit le budget d’un seul « gros » film français comme Les Rivières Pourpres 2 1 . Ou la moitié du prix de l’appartement acheté à Manhattan, fin 2004 par l’empereur des médias Rupert Murdoch 2 .
Ce n’est donc pas son poids économique qui rend impressionnante l’« industrie » vidéo nigériane (même si elle emploie près de 300 000 personnes...). C’est plutôt la faiblesse de ses budgets de production et son caractère extrêmement prolifique. Même si l’on retranche les multiples remakes, suites et plagiats, 7000 films correspondent à des milliers d’histoires, qui s’adressent à des centaines de millions de spectateurs à travers le continent africain.
Cette gigantesque production de films-vidéos constitue un phénomène social, économique, culturel, sans précédent (la culture dont il est question ici n’est pas celle habituellement réservée aux gens dits « cultivés »). En dehors de la musique, jamais une production culturelle d’Afrique noire n’avait atteint une telle ampleur et surtout un tel impact sur la population.
Quant au contenu de ces films, il faudrait plusieurs vies pour en faire une analyse exhaustive, pour autant qu’un tel exercice en vaille la peine (la plupart des œuvres en question sont en effet des films « jetables » destinés à une consommation immédiate puis à l’oubli). Comment se frayer un chemin dans une jungle où foisonnent des milliers de films ?
Les auteurs de ce livre ne peuvent qu’assumer le caractère partiel et subjectif de leur approche. Impossible, en effet, de savoir si les quelque quatre-vingts films cités dans les pages qui suivent (et a fortiori les dix films faisant l’objet d’une présentation détaillée) constituent un échantillon représentatif. En tout cas, ils ne sont pas le fruit d’une sélection méthodique des meilleures productions nigérianes. Leur choix tient parfois à des qualités (artistiques ou simplement commerciales) par lesquelles ces films ont pu sortir du lot. Mais dans beaucoup d’autres cas, c’est le bouche-à-oreille, ou tout simplement le hasard qui a permis de les retenir. Beaucoup de films peut-être meilleurs ou plus significatifs ont probablement été oubliés.
Ce livre n’a rien d’une somme académique et ne prétend pas être une référence absolue pour les cinéphiles les plus avertis (du reste, le Nigeria n’est pas encore, loin s’en faut, à l’avant-garde de la création cinématographique). Les auteurs de ce travail ont surtout eu pour ambition de faciliter l’approche d’un phénomène qui reste méconnu, en particulier dans le monde francophone mais qui suscite, à juste titre, beaucoup de curiosité par son ampleur et aussi par l’originalité de son mode de production et de commercialisation.
Quel autre pays a vu naître un secteur de production tellement autonome et aussi apte à se reproduire ? Si l’ « industrie vidéo » nigériane, a toujours des allures de feu-follet, dix ans après sa naissance, sa croissance et sa longévité prouvent qu’elle repose sur des bases solides.
PREMIÈRE PARTIE
L’EXCEPTION NIGÉRIANE
par Pierre Barrot
Chapitre 1
« La vidéo est le Sida du cinéma »
Niamey, 20 février 2004. À cette époque de l’année, l’harmattan, vent sec venu du désert, apporte chaque jour son lot de poussière et un soupçon de fraîcheur. Mais celle-ci ne devient sensible que le soir venu, après dissipation de la fournaise sahélienne. Une fois le soleil couché, l’air est de nouveau limpide, En bas de la colline du musée, le fleuve s’écoule imperceptiblement, plein de mythes invisibles. On s’attendrait presque à en voir surgir ce grand hippopotame barbu que des guerriers chasseurs traquaient cinquante-trois ans plus tôt devant la caméra d’un jeune ethnologue-cinéaste : Jean Rouch 3 .
À quelques centaines de mètres du fleuve, le centre culturel franco-nigérien (appelé familièrement « le Franco ») poursuit depuis une semaine une rétrospective du cinéma nigérien. Ce soir du 20 février, c’est au tour du metteur en scène Djingarey Maïga de montrer deux de ses longs-métrages : Aube noire et Vendredi noir . Nous sommes justement un vendredi et les idées noires ne manquent pas. Car deux jours plus tôt, Jean Rouch est mort dans un accident de voiture sur la route de Zinder, quelques heures après avoir été acclamé par le public de ce même « Franco ».
L’émotion est sensible ce soir-là ; plusieurs cinéastes présents expriment à quel point ils se sentent orphelins car le défunt était considéré comme le père du cinéma nigérien. Djingarey Maïga, à son tour, lui rend hommage. Et il cite cette phrase de Jean Rouch : « La vidéo est le sida du cinéma ». L’auteur de cette formule n’est plus là pour la commenter. Voulait-il mettre en garde contre le virus de la piraterie, fréquemment associé à la vidéo? Ou plutôt comparer la généralisation des magnétoscopes à une épidémie ? Voulait-il mettre en garde contre les pièges de la facilité ? Lorsqu’un outil comme la vidéo, conçu pour la grande masse des consommateurs, vient remplacer le film, réservé à des initiés, les puristes peuvent craindre un phénomène de banalisation comparable à un affaiblissement des défenses immunitaires. Ce virus-là, sans doute, pouvait être perçu comme potentiellement fatal au cinéma.
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