Pratiques orales du cinéma
268 pages
Français

Pratiques orales du cinéma , livre ebook

-

268 pages
Français

Description

Cet ouvrage revisite un siècle de cinéma à la lumière des pratiques héritées de la tradition orale. Celles-ci se sont emparées très tôt du Septième Art : bonimenteurs, chanteurs, comédiens emplissaient les salles et faisaient le bonheur des spectateurs d'un cinéma soi-disant "muet". Mais une autre surprise attend le lecteur : alors que ces pratiques auraient dû s'évanouir avec le cinéma parlant, elles ont perduré sous divers formes tout au long du vingtième siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 70
EAN13 9782296715134
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait











PRATIQUES ORALES DU CINÉMA
Textes choisis














Responsables de la publication et de la sélection des textes :
Germain Lacasse, Vincent Bouchard et Gwenn Scheppler.
Coordination de l’ouvrage : Gwenn Scheppler et Anne Beaulieu.
Secrétaire de rédaction : Lise Gantheret.
Révision des textes anglais : Thimoty Barnard.
Révision des textes français : Lise Gantheret et Gwenn Scheppler.
Protocole de rédaction : Lise Gantheret et Gwenn Scheppler.





Cet ouvrage a été rendu possible grâce à l’aide du Conseil de
Recherche en Sciences Humaines du Canada (CRSH), qui subventionne
l’équipe de recherche « Cinéma et Oralité » depuis 2005.
















Sous la direction de

Germain LACASSE,
Vincent BOUCHARD et Gwenn SCHEPPLER






PRATIQUES ORALES DU CINÉMA
Textes choisis






















































© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13731-8
EAN : 9782296137318

SOMMAIRE

GERMAIN LACASSE, VINCENT BOUCHARD, GWENN SCHEPPLER 7
Du cinéma oral aux pratiques orales du cinéma
ANNE BEAULIEU, GWENN SCHEPPLER 21
Les trois paradigmes des pratiques orales du cinéma

I. Cinéma muet et pratiques orales du cinéma 25

THIERRY LECOINTE 27
Pratiques orales dans les spectacles Lumière entre 1896 et 1897
YVES CHEVALDONNÉ 51
Bonimenteurs et conférenciers dans le cinéma des premiers temps :
une place pour la parole régionale ?
MARTIN BARNIER 61
Le chant et le film avant 1914
ANNETTE FÖRSTER 89
Approaching Film History from the perspective of Oral Practices :
A Dutch Case Study
DANIEL SÁNCHEZ-SALAS 101
At the End of the Road. The Film Lecturer and Oral Culture in Spain
LISE GANTHERET13
Les mutations de l’oralité dans le film de voyage

II. Occurrences de pratiques orales du cinéma
après l’avènement du cinéma sonore 127

GWENN SCHEPPLER29
Quelques pratiques orales du cinéma au Québec entre 1940 et 1960
VINCENT BOUCHARD49
Pratiques cinématographiques orales et projections coloniales
UTE FENDLER 159
Cinéma et Oralité en Afrique de l’Ouest. La médiation orale :
traduire, raconter, jouer le film
ROGER ODIN73
Cinéma, oralité et espaces de communication.
Approche sémio-pragmatique

III. Traces des pratiques orales du cinéma dans le film 189

ALAIN BOILLAT91
La voix-over du Roman d’un tricheur et sa postérité dans Providence :
à propos de la résurgence de pratiques « bonimentorielles »
MARTIN GOUTTE 209
Le bonimenteur comme personnage documentaire dans Falkenau,
vision de l’impossible
GIAN-MARIA TORE23
Cinéma expériemental et « Cinéma Oral » :
Jonas Mekas ou le réapprentissage de la vision
AMADOU T. FOFANA37
Oral Tradition and Sembene’s Cinema
ANNE BEAULIEU51
La parole hors-normes dans le cinéma de Pierre Perrault

Les auteurs 261
5 Du cinéma oral aux pratiques orales du cinéma


GERMAIN LACASSE (Université de Montréal),
VINCENT BOUCHARD (University of Louisiana at Lafayette),
GWENN SCHEPPLER (Université Laval).


Les filles de la bourgade étaient ravissantes, mais nous restâmes
essentiellement concentrés sur l’écran, attentifs à chaque dialogue, aux
costumes des comédiens, à leurs moindres gestes, aux décors de chaque
scène, et même à la musique. À notre retour au village, une séance de
cinéma oral eut lieu devant notre maison sur pilotis. Bien-sûr tous les
ivillageois y assistèrent .
(Dai Sijie, Balzac et la petite tailleuse chinoise, p. 30)


Ce passage est extrait du roman (adapté au cinéma) de l’écrivain
sinofrançais Dai Sijie Balzac et la petite tailleuse chinoise. Le héros et son
compagnon sont envoyés à la campagne pour être « rééduqués » par les
paysans durant la révolution culturelle. Le chef du village leur donne pour
mission d’aller en ville voir des films et revenir les raconter ensuite aux
villageois. Le narrateur n’est pas très bon conteur, mais son compagnon
excelle dans cet art du cinéma oral :
Le trac s’empara de moi, je me vis réduit à exposer mécaniquement le décor
de chaque scène. Mais Luo se montra un conteur de génie : il racontait peu,
mais jouait tour à tour chaque personnage, en changeant sa voix et ses
gestes. Il dirigeait le récit, ménageait le suspense, posait des questions,
faisait réagir le public, et corrigeait les réponses. Il a tout fait. Lorsque
nous, ou plutôt lorsqu’il termina la séance, juste dans le temps imparti, notre
iipublic, heureux, excité, n’en revenait pas .
Sans que les deux auteurs se connaissent, cette même expression
« cinéma oral » est employée dans le livre de Germain Lacasse publié la
même année que le roman de Dai Sijie : « Le bonimenteur de vues
iiianimées » . Cette expression est utilisée pour caractériser le cinéma muet
commenté par les bonimenteurs; dans ces séances la parole était
déterminante pour l’interprétation des films. Cet ouvrage montre aussi que
cette pratique a duré bien au-delà de la période du cinéma muet,
puisqu’encore aujourd’hui la pratique du cinéma commenté persiste dans
toutes sortes de contextes (par exemple l’enseignement, le ciné-club, la
performance, etc.) Nous croyons donc que l’expression « cinéma oral » a
acquis quelque légitimité. Mais cette expression a mené à d’autres notions,
en particulier celle qui a servi d’intitulé à ce colloque tenu en 2007:
7 « Pratiques orales du cinéma ». Pour bien situer l’horizon théorique de ce
colloque et de ce concept, nous allons d’abord faire une sorte de généalogie
de nos recherches sur les rapports entre cinéma et oralité pour comprendre
comment nous sommes passés du « cinéma oral » aux « pratiques orales du
cinéma ».

*
* *

Bilan de nos recherches historiques

Dans l’ouvrage sur les bonimenteurs cité plus haut, l’expression
« cinéma oral » désigne les projections de films muets commentés par des
narrateurs, conférenciers, commentateurs, etc. qu’aujourd’hui nous
nommons presque communément bonimenteurs malgré la diversité de ces
pratiques. Quand le moment est venu de préparer ce colloque pour échanger
avec d’autres chercheurs intéressés par la question, une expression nous est
apparue presque instantanément pour désigner non seulement le cinéma
muet bonimenté, mais aussi les pratiques subséquentes qui pouvaient lui être
associées. Nous pensions surtout aux formes de projection où le film, même
sonore, est commenté par un présentateur ou un animateur quelconque (par
exemple dans l’enseignement, ou dans les ciné-clubs) mais aussi aux films
qui accordent une grande place à la parole et à la mise en évidence de la
subjectivité, que ces films soient documentaires ou fictionnels. Ce
changement de vocable nous est venu en examinant la diversité des
expériences mises à jour pendant nos recherches. Le cinéma muet
commenté, malgré la diversité des formes de boniment, peut facilement être
regroupé sous une catégorie, car il implique toujours des films muets et des
commentateurs présents. Mais les formes ultérieures que nous avons
étudiées sont beaucoup plus éclatées.

Commençons par les projections commentées de films muets,
postérieures à l’arrivée du cinéma parlant. Nous avons surtout étudié cette
pratique au Québec, où elle a été

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