Regards sur le cinéma libanais (1990-2010)
80 pages
Français

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Regards sur le cinéma libanais (1990-2010) , livre ebook

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80 pages
Français

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Description

Le cinéma libanais de la période de l'après-guerre connait jusqu'à ce jour une existence mouvementée : manque de structures de production et d'exploitation, censure, désintérêt de la part de l'Etat. Il a cependant réussi à exister et à se forger une identité. A travers une lecture approfondie des thématiques abordées (guerre, statut de la ville de Beyrouth, exil, histoire du Liban...), l'ouvrage met en relief cette cinématographie parfois mal connue mais souvent très riche.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 20
EAN13 9782296990364
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Elie Yazbek









Regards sur le cinéma libanais (1990-2010)
Copyright

© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 9782296990364
Table des matières Couverture 4e de couverture Titre Copyright Introduction Beyrouth au cinéma Beyrouth existe-t-elle ? Fantômes et vampires dans les films de Ghassan Salhab L’imaginaire, Beyrouth et le cinéma libanais Fantômes et vampires La représentation de la ville de Beyrouth Beyrouth le mythe Beyrouth l’insaisissable Une guerre presque invisible L’exil, ou l’affliction tant convoitée Lettre d’un temps d’exil ou la quête identitaire A toi où que tu sois ou le désastre probable Khalass, ou la désillusion finale L’imaginaire morcelé du Liban : cinéma et histoire au Liban Cinéma et histoire, un cas isolé : Safar Barlek La guerre du Liban au cinéma Les traces de la guerre Un cinéma sans guerre ? Hors la guerre Conclusion Remerciements Liban aux éditions L’Harmattan
Introduction
La production cinématographique au Liban s’est développée graduellement à partir de 1990, après une longue guerre qui a détruit toutes les infrastructures existantes. Les films produits annuellement depuis cette date sont peu nombreux, relativement à petits budgets et presque sans aucune forme d’assistance de la part de l’Etat. Ils sont le plus souvent entièrement produits ou coproduits avec le soutien d’organismes européens et sont l’œuvre de cinéastes qui ont vécu de longues années hors du Liban, notamment durant les années de guerre.
Les années 2000 voient l’éclosion d’une nouvelle génération de réalisateurs et de producteurs issus parfois des écoles de cinéma du Liban et dont certains ont fait leurs premiers pas dans les domaines de la publicité et du clip. Le nombre de films augmente, notamment durant les trois dernières années. Cela est principalement dû à la diversification des sources de financement et au soutien de certains festivals de cinéma (Dubaï, Qatar, Abu Dhabi…) à la production de films libanais.
Cet ouvrage tente de retracer le parcours de ce cinéma de l’après-guerre, plus précisément le cinéma des années 1990-2010, à travers une lecture des thématiques abordées dans les films : la guerre, le statut de la ville de Beyrouth, l’exil, l’histoire du Liban…
Les films de cette période se veulent être un miroir d’une société décomposée qui ne réussit pas toujours à se trouver une cohérence interne. Ils sont souvent « mal aimés » par un public local qui leur préfère les productions hollywoodiennes, malgré une reconnaissance critique au niveau international pour la plupart des œuvres.
Ces films n’ont jusqu’à ce jour pas fait l’objet d’une étude qui les considère dans leur ensemble. Sans vouloir prétendre être exhaustif, cet essai sur le cinéma libanais n’aborde pas les films séparément mais comme formant une cinématographie cohérente malgré la diversité des cinéastes, des genres et des sujets traités. Il ne prend en compte que des films produits ou sortis en salle avant 2010 et n’inclut que des longs métrages et quelques documentaires très spécifiques choisis pour leurs sujets 1 .

1 Les films documentaires réalisés au Liban après 1990 sont très nombreux.
Beyrouth au cinéma
Beyrouth existe-t-elle ? Fantômes et vampires dans les films de Ghassan Salhab
« Qu'est-ce que ça veut dire, raconter une histoire, aujourd'hui, à Beyrouth ? Ça ne peut relever que de l'ordre du chaos, au sens physique du terme. Le chaos n'est ni bien ni mal, c'est un fait 1 ».
Les phénomènes de revenance et de hantise ont largement été ignorés dans le cinéma libanais, dont les préoccupations ont été, le plus souvent, ancrées dans la réalité quotidienne, avec une tendance à un réalisme plus ou moins dramatique. Les films de Ghassan Salhab, cinéaste libanais contemporain qui compte à son actif, jusqu’à ce jour, plusieurs films de fictions et de nombreux courts-métrages et documentaires, se démarquent de cette tradition pour mettre en place un univers qui est à la fois documentaire et onirique, vériste et fantastique. Cet univers singulier est peuplé, entre autres créatures terrestres communes, de fantômes et de vampires qui se meuvent furtivement et silencieusement dans une ville, Beyrouth, qui est conçue elle-même comme une entité spectrale.
Beyrouth Fantôme (1998), Terra Incognita (2002) et Le Dernier Homme (2006) ne sont en aucun cas des films d’horreur ou des thrillers (comme c’est le cas pour la majorité des films de ce genre, voire les multiples Dracula , la série The Ring, Mirrors, The Eye …). Ce sont des films intimistes, énigmatiques, questionnant la réalité et exprimant, comme le dit le réalisateur, « une perplexité sur ce que vit actuellement mon pays » 2 . Ces films posent la question du devenir d’une ville, transformée en une terre inconnue à cause d’une guerre inachevée malgré sa « fin » officielle en 1990, une ville-spectre qui égare ses habitants au profit des fantômes et des vampires, une ville qui n’a pas fait son travail de deuil et qui s’est dépossédée de sa mémoire en voulant renier son passé 3 . Une ville qui, après quinze ans de guerres intestines et internationales entre 1975 et 1990, et après vingt années supplémentaires d’une pseudo-paix troublée par plusieurs « petites guerres » 4 entre le Liban et Israël entre 1990 et 2009, reste une « ville ouverte » 5 , suspendue entre paix et guerre 6 .
La place qu’occupe Beyrouth dans l’imaginaire national et ses répercussions sur les films libanais de l’après-guerre ne sont pas faciles à appréhender. Il convient d’abord de décrypter ce qu’elle représente pour entamer ensuite une lecture de l’œuvre filmique de Ghassan Salhab qui assimile dans ses films les vampires et les fantômes à Beyrouth, dans une tentative de mieux comprendre l’une des cinématographies les plus originales et les plus audacieuses au sein du paysage audiovisuel libanais contemporain. Cela permettra aussi de refléter les liens intenses et profonds existants entre le cinéma, la ville de Beyrouth, la guerre et l’imaginaire.
L’imaginaire, Beyrouth et le cinéma libanais
Beyrouth au cinéma n’est pas Beyrouth la ville-capitale du Liban ou un Beyrouth géographiquement cerné et délimité. Elle ressemble plutôt à cet espace dont parle Foucault dans ses écrits et qu’il décrit comme un espace du dehors, « sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables » 7 .
Plusieurs artistes libanais de l’après-guerre ont tenté de représenter Beyrouth dans cette perspective d’un espace du dehors, qui est le Beyrouth que chacun imagine.
En réalité, c’est la nature même de Beyrouth qui en fait un espace indéfini : ville cosmopolite, certes, elle a toujours été une ville très contrastée, avec beaucoup de dissemblances entre un quartier et un autre. En ce sens, elle n’est pas différente d’une ville comme New York. Cependant, la dissemblance provient plutôt des êtres qui la peuplent et qui en font un lieu hétéroclite, faisant d’elle une extension de leurs individualités. En effet, les multiples confessions et religions des Libanais (dix-huit communautés religieuses différentes) et les cultures très diversifiées auxquelles ils se rattachent font de Beyrouth, ville typique du Liban, une sorte de lieu qui ressemble plus à une tour de Babel qu’à une ville unifiée. Son cosmopolitisme semble à cet égard stérile et improductif, source de complications plutôt que de richesses.
De manière plus grave encore, les habitants de Beyrouth n’ont pas tous vécu la même guerre et les mêmes batailles, ni physiquement, ni géographiquement, ni politiquement. La guerre vécue par Beyrouth n’est pas non plus identifiable : guerres intestines (confessionnelles et inter-confessionnelles), guerres contre l’armée syrienne, guerres contre l’armée israélienne et guerres contre des adversaires inconnus. L’ennemi était variable, transitoire et se transformait parfois en allié. Comprendre la guerre était et reste difficile à cause des évolutions diverses qu’elle a connu. Par ailleurs, les problèmes qui ont provoqué la guerre en 1975 n’ont pas été résolus en 1990, ce qui fait dire à beaucoup que les armes se sont tues mais que la guerre continue d’une autre manière, sous-jacente et plus sournoise. Le slogan « ni vainqueurs ni vaincus » devenu, après 1990, la devise de ceux qui se sont fait la guerre, a été compris comme étant une invitation à un statu quo plutôt qu’à une véritable réconciliation. Toutes c

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