Une esthétique de l authentique: les films de la Nouvelle Vague
271 pages
Français

Une esthétique de l'authentique: les films de la Nouvelle Vague , livre ebook

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271 pages
Français

Description

La Nouvelle vague émergea en France à la fin des années 1950. Elle fit entrer la modernité esthétique dans l'histoire du cinéma. Un cinéma construit selon le modèle de la littérature, installant de manière analogue l'auteur comme instance authentifiante du discours filmique. L'analyse des premiers longs métrages de Rohmer, Chabrol, Truffaut, Godard et de Rivette interroge la réalisation du postulat d'authenticité. Une réflexion sur la cohérence et la diversité de la Nouvelle Vague.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2007
Nombre de lectures 381
EAN13 9782296170469
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Remerciements

Ce livre est le résultatd’une thèse de doctorat réalisée encotutelle entre les
UniversitésdeRegensburg etde la SorbonneNouvelle –Paris 3et soutenueà
l’Université deRegensburg en 2005.Jeremercievivementmesdeuxdirecteurs
derechercheJochenMecke etMichelMarie pourleurencadrement scientifique
etleurencouragementpersonnel,AndréGardiesetIngridNeumann-Holzschuh
pourleuraimable disponibilité entant que
membresdujury,ainsiqueGenevièveSellierpour son prérapport.Un grand merci égalementà Jean-Luc
Michel pourlarelectureattentive età MarieGraveypourle peaufinage.

Jeremercie mon mariArnaud pour sapatience et saprésenceàmescôtés.

A mes parents

Introduction

« Un cinémasincère et vrai »:
commentla NouvelleVaguese définit-elle?

e
Peu dephénomènes culturelsdansla France de ladeuxième moitié duXX
siècle ontétéaussi exaltés, médiatisésetmythifiés que la NouvelleVague.Ce
mouvement,quia connu unretentissementconsidérableàtraversle monde, est
sansconteste l’un desplus significatifsdansl’histoire ducinéma.Lapériode de
lafin desannées50auxdébutsdesannées 60marqueunrajeunissement
stimulantducinémafrançaispar un groupe de nouveauxcinéastes,quia apporté
en mêmetemps une fraîcheurnouvelleàla critique etlathéorie dufilm.Dans
la NouvelleVagueseconcrétise lecri de guerre d’une jeunesse,révoltéecontre
le milieuétabli etfigé de laproduction filmiquetraditionnelle,
dontellerevendique laplace.Enquelques saisons seulement, le paysagecinématographique
françaisconnaîtlaprolifération de premierslongs-métragesde nouveaux
réalisateursexceptionnellementjeunes, entre20et
30ans.Lesfiguresemblématiquesdece mouvement,commeFrançoisTruffaut,Jean-Luc Godard ouClaude
Chabrol,réalisentfrénétiquementfilmaprèsfilm, portantàl’écran
lesnouveaux visagesde l’époque,commeJean-ClaudeBrialy,BernadetteLafontet
Jean-PaulBelmondo, etimposentde façon durable leurcinémaenFrance.
La NouvelleVaguea changé de manière irréversible la
créationcinématographique enFrance etdansle monde entier, en encourageantl’émergence de
nouveaux styles,thèmesetméthodesde production.Ellea apprisàtouteune
génération decinéastesàexpérimenterles règlesnarratives, etàrenverserles
standardséconomiqueset techniquesde laproduction filmiquetraditionnelle,
donnantainsi naissanceàdesperspectivesinouïespourl’esthétique dufilm.
Cette phase exceptionnellement riche de l’histoire ducinémafrançaisadepuis
sesdébutsaniméuneréflexioncritique et théorique.Lesgrandeslivres
d’histoire ducinéma condensentnécessairementcette époque et ses
représen1
tantsprincipauxenquelquespagesetenquelques slogans seulement,tandis
que lesouvragesplusanciensconsacrésconcrètementàla NouvelleVague
proposentdesperspectivesdivergentes, parfois très remarquables, maisaussi
forcément vieilliesavecletemps(Douin 1983 ;Monaco 1976 ;Collet1972 ;
Labarthe 1960 ;Siclier1961).

1
Lesouvrages qui développentleschapitreslesplusétoffés surl’époque de la NouvelleVague
sontPrédal 1996,Frodon 1995 etSiclier1990/1993.

Aumomentdesonquarantièmeanniversaireàlafin desannées1990,
lesCahiers du cinémaontpubliéune éditionspécialesurla
NouvelleVague,rassemblantles textescritiquesetlesentretiensdesesprincipaux représentants(de
Baecque/Tesson 1999).Quasisimultanément,unregain d’intérêtpourla
NouvelleVagueadonné lieuàl’apparition d’un ensemble d’étudescritiqueset
historiques très riches surce mouvement, pardesauteursfrançaiséminents
commeMichelMarie,JeanDouchetetAntoine deBaecque (Marie 1997 ;
Douchet1998;deBaecque 1998),auxquels se jointl’ouvrage plus récentdu
chercheuraméricainRichardNeupert(Neupert 2002).
Depuislarédaction de laprésente étude,
lespublicationsdeJean-PierreEsquenazi,GenevièveSellieretPhilippeMaryont vule jour,qui, en proposant
une perspectivesocioculturellesurla NouvelleVague, marquent unvéritable
renouveaudansl’approche dece mouvementartistique
(Esquenazi2004;Sellier 2005;Mary 2006).Concevoirla NouvelleVaguecomme lanaissance dans
lecinémad’unchamp de laproduction pure,àl’image de l’autonomisation du
e
champ littéraireauXIXsiècle, estl’idée de départ que le présentlivre partage
avec celui dePhilippeMary.Sice dernierproposeuneanalysesociologique
des transformationsduchamp, je m’intéresse
parlasuiteauximplicationsesthétiquesdece processusen focalisant surlanotion d’authenticitéque
lesjeunesauteursde la NouvelleVague, en la brandissantcommeun fleuron dans
leursécritscritiques, ontérigée envaleuresthétique.
Quand la NouvelleVague fait son entrée dansle paysagecinématographique
français,c’estaveclaprétention desupplanterlecinémaétabli dit« de
latradition de laqualité ».Cesjeunesoutsidersne disposentni d’expérience
professionnelle ni de moyensfinanciers, etl’exigence d’authenticitéconstitueainsi
leurferde lance essentiel danslaquête de légitimitéàtraverslaquelle
ilsdéfientl’establishment:ils’agissaitd’opposeraucinémadominantconsidéré
comme mensongerethypocrite, leurproprecinéma,sincère etauthentique.La
question de l’authenticité estcentrale dansla conception d’elle-même de la
NouvelleVague, et sonsuccèsallaiten dépendre.

Lasituation ducinémafrançaisaumomentde l’émergence de la
NouvelleVaguese définitparfaitementparlastagnation etlebesoin
d’unrenouveaudra1
matique.Ainsi,suivantl’argumentation deRichardNeupert,versle milieudes
années50, prévalaitdansl’industriecomme danslapresse populaire
lesentiment que le film françaisétaitentrain de perdresadirection, enfoncé dansdes
reconstructionshistoriquesetdesadaptationslittérairespeuinspirées.Un
éditorialtoutàfait représentatif dePierreBillard,
déplorantl’étatducinémafran2
çais,trouveson échobienau-delàdes revues spécialiséesCinémaetCahiers
du cinéma.Le présidentde l’association française desciné-clubsetdirecteurde
larevueCinémadéplore ladéperdition de lavaleurartistiquequivade pair
aveclasanté économique de l’industriecinématographique:«Letarissement

1
Cf.Neupert 2002:xvii-xxii.
2
Billard 1958.Cf. égalementMarie 1997:17s.

10

de l’inspiration, la stérilisation des sujets, l’immobilisme
esthétiquesontdifficilementcontestables: àderaresexceptionsprès, lesmeilleursfilmsdeces
dernièresannées relèvent,quantàleurforme et quantàleurcontenu, de
conceptionspérimées. » (Billard 1958:5)
Lecinémade la«tradition de laqualitde lé »a France de l’après-guerre était
certeséconomiquementbien prospère etfaisaitdesprofits recordsavecdes
films tels que, notamment,Le Rouge et lenoirdeClaudeAutant-Lara(1954)
ouNotre-DamedeParisdeJeanDelannoy(1956).Mais ce genre de
filmsparaissaiten mêmetempsde plusen plusdécalé par rapport à cequ’étaitle goût
d’une jeune génération decinéphiles.Lecorps vieillissantdes réalisateursde la
«tradition de la qualité »,tousnés autourde 1900,serévélaitincapable de
répondreàlajeunesse de l’époque.Le label de la«tradition de la qualité »,qui
fut créé dansl’immédiat après-guerrecommeslogan
duCNCdestinéàfavoriserenFranceune industriesuivantle modèleaméricaincinématographique,
connotaitdorénavantlesépopéesencostumes surannéeset sans rapportàlavie
moderne.Souslaplume de jeunescritiquesenragés– en premierlieucelle de
FrançoisTruffaut–, letermesetransformaitenune
insultebafouantlaproduction dominante.
Lesfaiblessesde l’industrie n’étaientpas seulementle faitde l’âge élevé des
réalisateurs, mais résidaientdans sastructure
même.L’industriecinématographique française était un domaine hautementprotégé ethiérarchiséà
l’époque.Laréglementation de la consécration professionnelle par un long
1
parcoursde formationassez rigide était trèsdéfavorableàlapromotion de la
jeunesse.Selon deBaecque, «[u]ncinéaste de moinsdequaranteansestalors
exceptionnel, etlaplupartdesjeunesaspirants-réalisateursdoivent subirle

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