Figures de l artiste
174 pages
Français

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Figures de l'artiste , livre ebook

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Description

Le point de départ de cet ouvrage est une interrogation autour de la Figure de l'artiste. Issue d'une construction figurale largement tributaire des fictions romantiques, l'identité de l'artiste moderne est inséparable de son double imaginaire et des récits dans lesquels il est appelé à s'inclure. Ce sont les aspects devenus multiples de cette Figure de l'artiste et le défi que pose sa tentative de réappropriation symbolique dans le champ du présent, qui font l'objet des études réunies ici.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 61
EAN13 9782296988262
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, et Bruno Péquignot

Série Esthétique

La série Esthétique publie des ouvrages qui traitent de l’art, de sa production et de sa réception, ainsi que de diverses questions esthétiques (goût, valeurs, etc.), d’un point de vue principalement philosophique. Des livres de théorie de l’art (cinéma, littérature, peinture, etc.) et de la culture ayant une portée générale ou philosophique peuvent être également pris en considération.

Déjà parus

Gisèle GRAMMARE, La Maison de l’Armateur. Hôtel Thibault , 2012.
Dominique BERTHET (dir.), L’imprévisible dans l’art , 2012.
Dominique BERTHET (dir.), L’art dans sa relation au lieu , 2012.
Camilla BEVILACQUA, Figures de l’onirique , 2011.
Jean-Marc LACHAUD, Pour une critique partisane. Quelques preuves à l’appui , 2010.
Dominique BERTHET (dir.), L’Utopie. Art, littérature et société , 2010.
Paul MAGENDIE, La philosophie à l’épreuve de la création artistique , 2009.
Victoria LLORT LLOPART, Regards croisés des arts : essai d’esthétique comparée , 2009.
Yves GILONNE, La rhétorique du sublime dans l’œuvre de Maurice Blanchot , 2008.
Jean PIWNICA, À chacun son art , 2008.
Norbert HILLAIRE, L’Expérience esthétique des lieux , 2008.
Timo KAITARO, Le Surréalisme : pour un réalisme sans rivage , 2008.
Frédéric GUERRIN, Duchamp ou le destin des choses , 2008.
Patricia ESQUIVEL, L’Autonomie de l’art en question. L’art en tant qu’Art , 2008.
Florent DANNE, Robert Musil : la patience et le clandestin , 2008.
Titre
Sous la direction de Miguel EGAÑA






FIGURES DE L’ARTISTE








L’Harmattan
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-98826-2
EAN : 9782296988262
Miguel Egaña Introduction : Figures de l’artiste. Mythologie et réalités
Etre artiste, pour nous qui sommes les héritiers, à travers Baudelaire, Winckelmann, Alberti, Vasari, eux-mêmes redevables de Pline et autres doxographes antiques, de tout un corpus littéraire s’appuyant sur de multiples récits, héroïques, misérabilistes, métaphysiques, etc., c’est peut-être seulement une posture, une image, un ensemble de traits pertinents et récurrents destinés à la visibilité collective et qui construisent une figure mythologique syncrétique, à son tour déclinable en une foule historiquement mouvante de variantes et dérivés.
Au-delà d’une définition qui se voudrait stable et objective et que fourniraient les différents discours savants (sociologie, esthétique, histoire de l’art, économie, etc.) et par-delà les effets dans le réel que constituent les œuvres (objets d’un autre type d’interrogation), il semble que l’artiste, jadis fabricant de représentations, ne puisse donc plus désormais s’avancer que travesti, dissimulé derrière les multiples masques qu’il a lui-même, et les différents relais narratifs dont ils s’originent, fabriqués.
Ainsi, à l’introuvable définition unitaire (qu’analyse par exemple le livre de Dominique Chateau : Qu’est-ce qu’un artiste ? 1 ), la tradition substituera plutôt une formulation dédoublée, un syntagme binaire dans lequel c’est le prédicat qui devient alors l’élément pertinent, le terme marqué : on obtient ainsi, extraits d’une longue liste non exhaustive puisque ouverte à l’infini des modulations : l’artiste-artisan (le faiseur anonyme, prisonnier des guildes et autre corporations), l’artiste-humaniste (Alberti), l’artiste-courtisan (Vasari), l’artiste-saint (Fra Angelico), l’artiste-dévoyé (Le Caravage), l’artiste-intellectuel (Leonard, Poussin), l’artiste-modèle (Raphaël), l’artiste-dieu (Michel-Ange), l’artiste-académicien (Le Brun), l’artiste-révolutionnaire (David), puis, à l’époque moderne, l’artiste-tourmenté (Delacroix), l’artiste-maudit (Van Gogh), l’artiste-philosophe (De Chirico), l’artiste-furieux (le futuriste), l’anartiste (Duchamp), l’anti-artiste (Dada), l’artiste-au-service-du-peuple (Rodchenko), l’artiste-de-la-vie (Filliou, Kaprow), l’artiste-star (Warhol), l’artiste-inspiré (Yves Klein), l’artiste-shaman (Beuys), l’artiste-guérisseur (Lygia Clark), l’artiste-obsessionnel (Opalka, Toroni), l’artiste-relationnel (Tirajanava), l’artiste-entrepreneur (Hybert, Toma), l’artiste-spéculateur (Hirst, Koons), etc.
Répondant au défi lancé par les incessantes métamorphoses d’une figure qu’elle a le mérite de prendre au sérieux, la recherche récente, prenant le relais des grands précurseurs (Wittkower, Kurz et Kris, Starobinski…), a depuis quelques années mis en place différents outils critiques et heuristiques pour tenter de dépasser la simple consommation des formes narratives, iconiques ou idéologiques, mettant ainsi en évidence les enjeux qui les déterminent et l’étendue de leurs effets.
Les historiens, les sociologues, les philosophes, etc., sans oublier ceux parmi les artistes qu’anime une démarche réflexive, ont ainsi multiplié les recherches, les discours, les investigations, et ont renouvelé l’éclairage qui a pu être porté sur ces modèles dont ils se sont attachés à démontrer à la fois l’importance pour l’imaginaire collectif et le caractère nécessaire pour la constitution même du champ de l’art.

Cet ouvrage, choix de diverses communications issues d’une série de trois colloques qui se sont tenus dans le cadre d’une collaboration entre le Musée de Picardie et le Centre de Recherches en art de la Faculté des Arts (UPJV), se veut un témoignage de la pertinence de toutes ces approches, dans une perspective ouverte et pluridisciplinaire.
1 Dominique Chateau, Qu’est-ce qu’un artiste ? , Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.
Michel Paoli Leon Battista Alberti : l’artiste en intellectuel
On sait que la réflexion d’Alberti a certainement joué un rôle dans l’accession de l’« artiste » au niveau de reconnaissance sociale qui est devenu le sien depuis lors. Même si, dans les faits, des personnages comme Giotto ou Brunelleschi avaient déjà obtenu une place éminemment respectable dans la société de leur temps et dans les représentations des époques ultérieures, c’est le grand théoricien de la peinture et de l’architecture qui – avec toutes les nuances sur lesquelles nous insisterons – consacre le nouveau statut de l’artiste et la nouvelle place de l’art, aussi bien par ses propres pratiques (au moins à la fin de sa vie) que par ses analyses théoriques.

Avant d’aborder le cœur de la question, on ne nous en voudra pas, néanmoins, de faire un apparent détour tendant à rétablir une image correcte du personnage, car si l’on partait, pour appréhender l’importance de son action, de l’image de l’« homme universel » popularisée par Jacob Burckhardt, on risquerait de considérer comme allant de soi des choses qui ne l’étaient pas. Plus l’on connaît le parcours réel d’Alberti (les recherches liées au sixième centenaire de sa naissance, en 2004, ont rendu possibles des avancées considérables 2 ), plus l’on mesure tout le chemin qu’il a été obligé de parcourir péniblement, progressivement, en faisant face à l’adversité et à l’ostracisme, et plus l’on comprend que les résultats qu’il a obtenus ont été de véritables conquêtes – les conquêtes de toute une vie. En forgeant l’image de l’« homme universel » – artiste idéal et athlète accompli, capable de prévoir l’avenir et de sauter à pieds joints par dessus la tête d’un homme debout « sans toucher la pointe de ses cheveux » –, Burckhardt ne faisait en réalité que reprendre des informations fournies ou (pour parler plus précisément) « inventées » par Alberti lui-même dans son autobiographie anonyme, écrite à la troisième personne alors qu’il n’avait pas encore quarante ans 3 . Mais ce faisant, le grand chercheur suisse validait l’image d’un Alberti intemporel, nécessairement admirable, devant lequel quiconque était obligé de s’incliner 4 . Il est certain que ce concept est extrêmement vendeur (il est encore repris dans le titre de l’ouvrage d’Anthony Grafton 5 , qui cite aussi sans recul les exploits athlétiques) mais il est totalement obsolète du point de vue de la recherche albertienne. Parler d’abord de la vie d’Alberti n’est donc pas un détour, une sorte de passage obligé rébarbatif auquel on sacrifierait par habitude ; sa vie explique et permet de comprendre plus en profondeur aussi bien son parcours artistique que sa pensée.
Loin du topos , il importe donc de souligner qu’Alberti est avant tout un écrivain – c’est-à-dire, selon le vocabulaire qui sied à son ép

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