L Enfant Soldat de Palestro
74 pages
Français

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L'Enfant Soldat de Palestro , livre ebook

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Description

Ce livre constitue, en quelque sorte, un condensé de la Guerre d’Algérie, et relatant un événement marquant de cette guerre, l’embuscade de Palestro, il dénonce l’ampleur de son horreur. Dans ce drame qui se joue - ou est-ce plutôt une tragédie ? -, l’homme devient le jouet de puissances qui le dépassent. Cette pièce, relevant d’un « Théâtre de la Barbarie », traite de l’injustice de la colonisation, de la perte de l’identité du peuple algérien, du pouvoir aveugle de l’oppresseur sur l’opprimé, de la guerre juste d’un pays qui n’aspire qu’à se libérer de ses chaînes, afin de retrouver son Indépendance, de la souffrance des hommes, et, malgré tout, de la foi inaltérable de certains. Mais un thème retiendra plus particulièrement l’attention. Il donne d’ailleurs son titre à cette pièce, c’est celui de l’enfance livrée au chaos, car ce livre raconte une histoire véridique, celle de Maxime, qui deviendra, pendant ce conflit franco-algérien, la mascotte du CPA 40/541, véritable enfant caché de la Base Aérienne 146 de la Réghaïa.

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2012
Nombre de lectures 9
EAN13 9782312004679
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Enfant Soldat de Palestro

Karine Keller de Schleitheim
L’Enfant Soldat
de Palestro
ou
Le Massacre des Innocents Drame historique en cinq actes

LES ÉDITIONS DU NET 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
Du même auteur

Arabesquement vôtres , Sonnets divers, Paris, LEN, 2012.
Ekphrasis (à paraître).
















© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00467-9
Maxime, avec l’Assistante Sociale Principale Interarmes de l’Afrique du Nord.

À mon Très Cher Père

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer, n’ont pas subi l’affront (…)
Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?

Victor Hugo, « L’Enfant », Les Orientales

Lettre ouverte au Président de la République Française, Monsieur François Hollande
Bordeaux, le 13 septembre 2012


Monsieur Le Président de la République,

Si je vous adresse cette lettre pour introduire mon ouvrage, L’Enfant Soldat de Palestro , c’est bien parce que ce livre aborde des thèmes qui vous seront chers : le combat pour les valeurs démocratiques, le combat pour la Paix, pour la Tolérance, pour la non-violence, pour la réconciliation et l’entente entre les peuples, au-delà de tout ce qui peut les désunir. Vous l’aurez compris, ce livre traite de la Guerre d‘Algérie, en stigmatisant les abus du système colonialiste français. C’est un livre qui s’inscrit contre le déni de mémoire, et pour la reconnaissance des erreurs du passé.
J’estime qu’il est de notre devoir, à tous, de témoigner. Comme vous certainement, j’ai entendu un concert de voix s’élever pour que le Chef de l’État Français actuel reconnaisse les déplorables errements, dans le traitement de la crise algérienne, des gouvernements en place à l’époque, successivement de gauche, puis de droite. Certes, la tâche est embarrassante, car c’est un dossier qui reste, malgré le temps passé, toujours brûlant.
Donc, ce livre s’inscrit contre ce que j’appellerai le déni de mémoire, et pour la reconnaissance des erreurs du passé, afin de construire un monde juste.
Ainsi, qu’il me soit permis de joindre ma voix à celles des autres, s’élevant pour vous prier, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, de faire un geste symbolique, comme vous avez eu le courage de le faire pour la rafle du Vel d’Hiv.
Le temps de la réconciliation n’est-il pas venu ?
J’ai écrit ce livre pour que la France regarde bien en face son passé colonialiste. Prendre possession de l’Algérie en 1830, ce fut comme ouvrir la boîte de Pandore. Bien des maux s’en échappèrent, pour le malheur des hommes. Durant les cent trente années que dura l’occupation de ce pays du Maghreb, la France y a perdu son âme. Elle a cessé d’incarner les Droits de l’Homme, et, ironie du sort, elle dut affronter un peuple qu’elle avait réduit en esclavage, et qui combattait pour l’idéal révolutionnaire du Siècle des Lumières : « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Encore aujourd’hui, la France ne peut plus s’ériger en garante des valeurs humaines universelles, tant que durera son amnésie. Non à une France amnésique ! Le conflit qui l’a opposée à l’Algérie n’est pas un détail de l’Histoire, pas plus que ne fut la Shoah. Dire le contraire serait pur négationnisme. Plus que jamais, il importe de dire la vérité sur ce qui s’est réellement passé. Au nom de tous ceux qui vous écrivent pour connaître une triste vérité, parlez, Monsieur le Président de la République ! Ne restez pas silencieux ; l’État se doit d’apporter des réponses à tous ces gens qui sont en quête de vérité. Refuser de parler, c’est être complice.

Enfin, ce livre vient appuyer la requête de cet enfant soldat, pupille de la Nation, dont la photographie illustre la couverture de ce livre. Apprenez que, toute sa vie, il a attendu une réponse que vous seul pouvez lui fournir. Il voudrait tout simplement que vous l’aidiez dans la reconquête de son identité perdue, volée par l’État français, depuis toutes ces années. Une rubrique le concernant se trouve pourtant au Château de Vincennes, éclairant son histoire, depuis les origines. Vous seul pouvez lui rendre ce qui lui a été volé : son identité.
En quoi est-ce si important ? Mettez-vous un instant à sa place. Imaginez que vous soyez un enfant trouvé sur un champ de bataille… un bien piètre champ de bataille en vérité, ayant opposé des militaires suréquipés, surentraînés, à des civils désarmés, sans défense. Autour de vous, le sol est jonché de cadavres, et vous pleurez dans les bras de l’un d’eux… une femme, votre mère peut-être ?... Sans doute. (Pardonnez-moi ce qu’une telle image peut avoir de choquant ; c’est la triste réalité de la guerre). Mais une chose est sûre, cette femme a su protéger cet enfant. Les faits sont là ; on ne peut les nier, car c’est au cours d’une opération dite de « maintien de l’ordre » que l’enfant fut récupéré par des paras, puis ramené à la base aérienne 146 de La Réghaïa, pour y devenir la mascotte du futur commando 40/541. En 1959, il sera baptisé par l’aumônier militaire, et aura pour parrain l’architecte et peintre Jean Pandrigue de Maisonseul, ami de Camus et de Le Corbusier, et pour marraine, son épouse, Mireille. Le prénom de « Maxime », indicatif radio du CPA 40/541, lui sera alors donné comme nom de baptême, en hommage aux hommes du commando qui l’avaient trouvé et pris sous leur aile, sur la Base de La Réghaïa. Mais une adoption plénière effaça toutes les traces de sa véritable identité.
Cet enfant, devenu adulte, se heurtera toujours au même mur, chaque fois qu’il posera cette question pourtant fondamentale : « Qui suis-je ? ». Imaginez que vous vous posiez cette question toute votre vie. À leur tour, vos enfants se la poseront, car cette interrogation se transmet de génération en génération, comme un héritage, comme un fardeau, l’éternel rocher de Sisyphe qu’il faut porter, inlassablement, jusqu’au sommet inaccessible d’une montagne. Cela porte un nom, le fait de cacher à quelqu’un son nom de famille : c’est le crime de l’identité. Par conséquent, cette requête est légitime. Cet enfant soldat devenu adulte vous la fait, sans rancœur et sans haine, comme il l’a faite, sans succès, à vos prédécesseurs. Dénoncer un crime est une raison de vivre et d’espérer, surtout commis envers un enfant. Mais le forfait de l’ancienne République devient le crime de la suivante, si, à son tour, la nouvelle République ne met pas tout en œuvre pour le réparer. Cachez un crime, il éclate au grand jour ! Ainsi est-on en droit d’attendre d’un État qu’il répare ses torts. Cet enfant, devenu aujourd’hui un homme, connaîtra-t-il un jour son identité ? L’État français daignera-t-il la lui restituer, après l’avoir si longtemps cachée ? Que justice soit faite !

Une histoire individuelle ne doit pas être niée, a fortiori quand elle est intimement liée à l’État. Toutes ces histoires individuelles, mises bout à bout, font l’Histoire universelle, celle qui servira peut-être de modèle à d’autres hommes, ou celle qu’il faut combattre, pour qu’elle ne se reproduise plus jamais ; celle en tout cas dont il faut garder la mémoire pour en tirer des enseignements. Et l’histoire coloniale française, par son ampleur, par ses conséquences, en France et dans le monde, vaut la peine d’être transmise aux générations futures. Aussi mérite-t-elle d’être tirée de l’oubli, du mensonge. Chaque vie compte, et tant que l’on en méprisera ne serait-ce qu’une seule, l’Humanité sera toujours en danger.

Alors, j’ose espérer, Monsieur Le Président de la République, que vous ne décevrez pas une attente aussi forte, dans sa quête opiniâtre, l’Espérance restée enfermée au fond de la boîte de Pandore, car vous incarnez un esprit nouveau, celui du changement.



Karine Keller De Schleitheim

Ava

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