Les Dessinateurs
194 pages
Français

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Les Dessinateurs , livre ebook

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Description

Qu'est-ce qu'un "bon" dessinateur ? Ou encore un dessinateur "averti", "expérimenté" ? L'auteur a observé l'organisation d'ateliers de nu dans différents établissements, s'intéressant aux situations d'apprentissage et aux modes de circulation des individus dans ces ateliers, autant qu'aux règles de mise en oeuvre du dessin, aux outils, aux schèmes et aux techniques du regard.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 54
EAN13 9782336664927
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Yannick BRUN-PICARD, Géographie d’interfaces. Formes de l’interface humanité/espaces terrestres , 2013.
Lucie GOUSSARD et Laëtitia SIBAUD (dir.), La rationalisation dans tous ses états, Usages du concept et débats en sciences sociales , 2013.
Christiane SALIBA SFEIR, Parentalité, addiction et travail social , 2013.
Hélène BUISSON-FENET et Delphine MERCIER (dir.), Débordements gestionnaires, Individualiser et mesurer le travail par les outils de gestion , 2013.
Robin TILLMANN, Vers une société sans classes ? Le cas de la société suisse contemporaine (1970-2008) , 2013.
Délina HOLDER, Natifs des DOM en métropole. Immigration et intégration , 2013.
Fred DERVIN (dir.), Le concept de culture. Comprendre ses détournements et manipulations , 2013.
Séverine FERRIERE, L’ennui à l’école primaire. Représentations sociales, usages et utilités , 2013.
Jean-Yves DARTIGUENAVE, Christophe MOREAU et Maïté SAVINA, Identité et participation sociale des jeunes en Europe et en Méditerranée , 2013.
Titre
Pascal Vallet








LES DESSINATEURS

Un regard ethnographique sur le travail de dessinateurs dans des ateliers de nu
Copyright

© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 9782-3-36664927
Avertissement
Comme les jolis paysans peints de Millet, les figures que je dresse procèdent d’un empilement de calques et d’esquisses, d’approximations, de reprises, d’ajustements, de gommages et de simplifications, de traits saillants, d’éclairages violents et d’ombres portées sous des angles choisis mais, il faut le dire, pas toujours calculés puisque j’ai dans l’idée qu’on ne choisit ni son style, ni son écriture. On peut bien sûr les travailler mais ceux-ci s’imposent bien au-delà de nos calculs. J’ai donc fait au mieux, c’est-à-dire travaillé avec le plus d’attention possible, pour traiter d’une expérience qui fut la mienne, celle du dessin, celle de son enseignement, cherchant à ne pas perdre le modèle visé, l’atelier, les outils, les idées, les regards et les gestes des dessinateurs en cours de chemin descriptif.
Remerciements
A Denise Bally, Cécile Batigne, Jean Beaujard, Patricia Jousseau, Philippe Gaboriau, Jacques Ion, Michel Rautenberg, Dominique Belkis et Anaïs Catelin pour leurs patientes et utiles relectures. De la première lecture, celle de ma thèse par Jean-Claude Passeron à la dernière plus de 10 ans plus tard, ce texte s’est beaucoup transformé, j’en suis donc le seul responsable.
Introduction
Les dessinateurs au travail
On dit d’un individu qu’il est averti lorsqu’il est « avisé », « expérimenté », « instruit ». Avertir, instruire, c’est ce que voudrait ce livre dont les descriptions sont destinées à faire comprendre une situation évaluative, celle des dessinateurs au travail. Car qu’est-ce qu’un dessinateur « intuitif », « doué », « laborieux » ? Qu’est-ce qu’un « bon » dessinateur ? Ou encore, qu’est qu’un dessinateur « averti », « expérimenté » ? Voilà au fond les questions que je me posais lorsque j’ai entamé cette recherche, questions auxquelles j’ai tenté de répondre en utilisant l’outil princeps de l’ethnographe, l’observation.
La base empirique
Bien qu’il ait été largement reconstruit à partir de souvenirs, ce livre s’appuie sur une base empirique large. Il y a plusieurs années, pour mener à bien une étude sur l’enseignement du dessin d’après des modèles vivants, j’avais réalisé des observations directes et suivies, dans onze ateliers de sept établissements publics, privés et associatifs 1 . Pendant les années scolaires 1999-2000 et 2000-2001, j’ai régulièrement observé quatre classes d’une école de mode lyonnaise qui réunissaient cent vingt-six étudiants 2 . Les cours que j’ai suivis dans une école d’art nationale, en 1996, comptaient, en tout, soixante-quinze étudiants, chiffres auxquels il faut ajouter deux cours de quarante étudiants d’une école nationale et quatre-vingts étudiants recensés dans les différents établissements municipaux ou privés qui ont accepté de m’ouvrir leurs portes. Enfin, de 1992 à 1997, j’ai observé de façon régulière et systématique les quatre-vingt-dix étudiants et les enseignants de dessin (au nombre de trois) d’une école lyonnaise dans laquelle j’enseignais. Ce sont ces données que j’ai utilisées pour ce livre, en les réorganisant pour aborder la distinction des dessinateurs.
Ce livre se veut ethnographique. Au moment de l’enquête, pour collecter les données, j’avais donc appliqué un plan d’observation concret dont les contours sont encore nettement perceptibles dans différents chapitres de l’ouvrage 3 : organisation de l’espace, rôles, situations et modes de circulations des individus, règles de mise en œuvre, entraînement, apprentissage, évaluation des dessinateurs. Ces observations ont été complétées par la captation en situation de discours d’enseignants, de modèles, de directeurs d’écoles d’art et de dessinateurs étudiants, artistes ou amateurs.
Deux idées directrices
L’ouvrage est tendu par deux idées directrices. La première, issue de l’observation, part du principe que dans les cours de nu, l’appréciation d’un dessin est toujours en lien avec celle d’un dessinateur. Profitant de ce télescopage évaluatif lié au dispositif de l’atelier, j’ai considéré que l’appréciation esthétique « apparaît, lorsqu’on la restitue à sa genèse psychologique et sociale ou aux conditions de sa mise en acte, comme un acte sémique qui relève de l’ordre de l’interjection ; […] tire son sens de la mimique, de la force apprise du “sentiment des règles”, d’une impression diffuse de “correction”, d’un mélange d’affect et de connaissance »… 4 « C’est donc cette foisonnante « genèse psychologique » et « sociale » qui est parcourue dans l’ouvrage pour, la délimitant pas à pas, chapitre après chapitre, parvenir à une description par comparaison des dessinateurs « débutants », « doués », « sensibles », « laborieux », déclarés « bons » ou « avertis ».
Les chapitres 1, 2 et 3, respectivement intitulés, « Les ateliers », « Le modèle vivant » et « L’enseignant » , installent ainsi le décor de l’action, l’environnement spatial, visuel et pédagogique de l’expérience. Avec les limites et les ajustements assignés à tout préalable théorique, la description s’appuie ensuite et assez logiquement sur la notion de « montage » empruntée à Marcel Mauss pour qui « l’adaptation constante à un but physique, mécanique, chimique (par exemple quand nous buvons) est poursuivie dans une série d’actes montés, et montés chez l’individu non pas simplement par lui-même, mais par toute son éducation, par toute la société dont il fait partie, à la place qu’il y occupe » 5 . Les ressorts de ce « montage », ici entre l’œil et la main, sont examinés dans le chapitre 4 que j’ai appelé « L’entraînement » et le chapitre 5 qui traite des mots, des manières, des gestes, des postures, des techniques du regard.
Je suis aussi parti de l’idée que pour un spectateur (regardeur), les éléments d’un dessin apparaissent toujours différemment arrangés, dosés et composent ainsi des formes toujours singulières. Mais ce spectateur peut aussi leur trouver un air de famille qui sera dû à un sujet commun, par exemple le « nu » ou à des schèmes propres à l’époque où ils sont produits et qui correspondent à un style d’œuvres. Ce sont ces éléments qui définissent un style général, et parmi lesquels on trouve des schémas et des formules conventionnelles, des techniques qui déterminent comment inscrire les formes du modèle visé 6 . Ces conventions sont utilisées par les dessinateurs pour désigner l’allure d’un objet, ses volumes, les valeurs lumineuses, son modelé, les ma

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