Les enjeux du portrait en art
198 pages
Français

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Les enjeux du portrait en art , livre ebook

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Description

De quoi dépend le jugement esthétique en photographie ? Quels sont les spécificités et les enjeux éthiques, plastiques, théoriques du portrait ? Entre pratique et théorie, cette réflexion offre d'analyser les relations entre modèle, portraitiste et spectateur, afin d'interroger le mode de rencontre, la curiosité vis-à-vis de l'autre au sein de la création de portraits en arts plastiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 118
EAN13 9782296467156
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENJEUX DU PORTRAIT EN ART
Étude des rapports modèle, portraitiste, spectateur
Champs visuels
Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez
Série : Théories de l’image / Images de la théorie
Dirigée par Steven Bernas
Dans les processus de création gisent les enjeux théoriques de la recherche plurielle en image. Quelles sont les formes modernes de la croyance en l'image et de quelle manière le cinéma, la photographie, l'art vidéo, travaillent sur les frontières de l'expérimentation et des mutations théoriques de l'image? Quels sont les registres de fluctuation, d'intervalle, de crise de la subjectivité dont sont victimes nos regards sur les mutations actuelles de l'image? La chair à l'image est alors un enjeu qui concerne notre lecture des changements de point de vue sur le corps du sujet et le corps de l'image.
Déjà parus
Steven BERNAS et Jamil DAKHLIA (sous la dir.), Obscène, obscénités , 2008.
Denis BARON, Corps et artifices , 2007
Estelle BAYON, Le cinéma obscène , 2007.
Lilian SCHIAVI, Spectre-chair , 2006.
Steven BERNAS et Jamil DAKHLIA (sous la dir.), La chair à l’image , 2006.
Steven BERNAS, Les archaïsmes violents et l’image , 2006.
Steven BERNAS, La croyance dans l’image , 2006.
Lorraine Alexandre
LES ENJEUX DU PORTRAIT EN ART
Étude des rapports modèle, portraitiste, spectateur
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55480-1
EAN : 9782296554801
Remerciements
Je remercie Steven Bernas pour l’attention et l’intérêt qu’il porte à mon travail, ainsi que son soutien.
Je remercie Hélène Sorbé pour son aide et Denise Baudéan, relectrice attentive, ainsi que Jean-Jacques Alexandre, mon père, premier relecteur de l’ensemble de mes travaux depuis leurs commencements.
Je remercie enfin toutes les personnes ayant jouées le rôle de modèle pour mes créations plastiques, sans elles je serais une portraitiste fort démunie !
Photo de couverture
Lorraine Alexandre, Les Rencontres affleurantes, N°10, Poyson Irish, Omar Boukeroui , détails, 2007.
Introduction
« Je te prendrai comme tu es. Je te changerai peut-être. » 1
Le portrait s’inscrit dans le champ des arts plastiques, se distinguant ainsi des pratiques diverses aux fonctions utilitaires (portraits d’identités, de publicités, industriels), ou familiales (photo souvenir). Le portrait interroge les tensions entre la valeur esthétique, artistique et la valeur d’une création identitaire. Cette dernière souligne la spécificité de cet objet dont l’enjeu ne peut être anodin. En effet il remet en scène l’image de soi, sa construction, sa mise à distance et son impact.
Il agit autant sur le modèle que sur les autres personnes, portraitiste et regardeur (qui, dans ce contexte artistique, sera nommé le spectateur). La création identitaire est l’objet de cette étude.
Nous défendrons alors l’idée d’un portrait comme lieu d’observation d’une mise en scène du corps, une représentation signifiante, un discours construit et non une reproduction réaliste d’un phénomène. Et, tout en abordant de façon générale le portrait artistique, nous accorderons un intérêt marqué et privilégié au médium photographique dont les spécificités soulignent et renforcent l’analyse des rapports que la création du portrait entretient avec les différents protagonistes : modèle/portraitiste/spectateur, rapports de création.
Notons, en effet, que les spécificités techniques (saisie mécanique, captation des flux lumineux et temporels du sujet photographié) de la photographie font du portrait photographique un lieu d’assimilation, un point de contact apte à créer un rapport bilatéral en confrontant l’image créée comme objet en soi, le portrait, et l’intervention d’un autre (le modèle).
Le rapport se complexifie ensuite avec l’arrivée du spectateur comme nouvel autre. Ainsi, la rencontre, le contact de ces différents protagonistes ne se conceptualisent pas sur le plan affectif et relationnel, mais comme expérience et résultat formel qui dessinent les traits d’une création mettant en avant l’implication du corps.
Le portrait exprime, en premier lieu, l’enjeu de la mise en évidence des codes socioculturels en ce qu’ils structurent les systèmes de présentation et de représentation de la personne. La personne prise comme notion spécifique précise son statut d’être vivant compris dans sa globalité. Elle doit ici être perçue comme lieu de mise en image du corps en ce qu’il est support de multiples attributs (vêtements, accessoires, maquillage, Body Art …).
Ces personnes sont, dans un premier temps, en situation de présentation de leur corps. Elles sont physiquement présentes, visibles, sous leur forme initiale. L’intervention artistique qui les projette dans le rôle de modèle, la création de portraits, les reconstruit sous forme de représentation et interroge alors les possibles, les limites et les enjeux du système de représentation. La personne devient ainsi une surface, une image bidimensionnelle représentée sur du papier, un lieu de l’apparaître, qui tisse un langage formel adressé aux regards, soumis à la perception, à l’interprétation.
C’est pourquoi, nous allons nous intéresser à l’analyse des rapports modèle, portraitiste, spectateur en interrogeant plus spécifiquement le rôle de la création comme acte de médiation.
Nous allons amorcer et structurer cette analyse à travers une interprétation possible du mythe de Narcisse. Notre culture le considère souvent comme le mythe fondateur des arts visuels qui représente, à lui seul, les trois figures interpellées dans la création d’un portrait. Narcisse est en effet le modèle de l’image projetée, mais il est aussi l’origine de cette image, son créateur ; il est également spectateur en ce qu’il regarde l’image du reflet de son corps. Le reflet, pris comme représentation, exprime l’inscription d’une identité dans une confrontation au double, ainsi qu’un désir de mettre en forme une conception. Le mythe insiste sur la valeur du regard et les rapports entre image et regardeur. Il crée alors un système d’unité dans la recherche d’un autre à l’origine d’un réseau de communication.
Dans notre culture, nous redoutons le regard de l’autre autant que nous le recherchons. De fait, une création artistique, en tant qu’objet visuel, regard, revient à créer un médiateur entre les individus. D’autant plus que la pratique du portrait induit la collaboration du modèle et du portraitiste dans la même création. Ainsi les mécanismes de représentation servent-ils l’objectif narcissique mettant en jeu les échanges sociaux.
Le portrait révèle à la fois une apparence et le regard du portraitiste sur le corps de son modèle. Le corps représenté devient lieu de sa propre métamorphose alors qu’il passe de sa présentation à sa représentation en image. Il incarne la figuration s’offrant aux regards. Il fait de l’apparence un mode de connaissance. Le statut du portrait interdit au corps d’être l’incarnation du modèle puisqu’il est divisé entre plusieurs regards subjectifs et interprétatifs représentés par le créateur et les spectateurs. Le portrait est, en effet, construit par le créateur, le portraitiste, qui le nourrit de sa propre perception, de sa sensibilité et des concepts qu’il veut défendre. Le portrait est aussi soumis aux regards des spectateurs. La réception s’effectue en fonction d’un contexte de présentation et de la capacité perceptive des spectateurs dépendants de leur sensibilité, de leur culture, de leurs idéaux et de leurs projections imaginaires. C’est donc le regard qui charge la représentation d’un sens en générant une rencontre avec les apparences. La représentation crée alors un passage entre le corps social et sa conceptualisation, son mode d’observation.
La subjectivité mise en œuvre dans ce processus perceptif montre à quel point le spectateur devrait se souvenir qu’un portrait est tout autant autoportrait en ce qu’il comprend le regard particulier du créateur. Le portrait ne peut pas être pur, c’est-à-dire sans mélange, uniquement concentré sur le modèle. Il montre le regard que le portraitiste pose sur le modèle, la façon dont il l’appréhende et l’invite à p

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