Bembeya Jazz National
156 pages
Français

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Bembeya Jazz National , livre ebook

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Description

Créé il y a cinquante ans (1961), en Guinée, le Bembeya Jazz National, grâce à un travail constant, rigoureux et novateur, a réussi à traverser glorieusement toutes les vogues, pour traduire en musique les joies et peines des femmes et des hommes de Guinée et d'Afrique. Quand l'orchestre perd accidentellement Aboubacar Demba Camara en 1973, il trouve la verve et le courage de continuer. Cinquante ans après, le roman continue et c'est encore Bembeya qui l'écrit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 87
EAN13 9782296466517
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

B EMBEYA J AZZ N ATIONAL
Justin M OREL Junior et Souleymane K EITA


B EMBEYA J AZZ N ATIONAL

Cinquante ans après, la légende continue…


Préface d’André Lewin
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55398-9
EAN : 9782296553989

Fabrication numérique : Socprest, 2012
A nos mères et pères,
qui ont tant souffert pour nous.
JMJ et SK
PRÉFACE
A Beyla, ville où coule la rivière Bembeya et qui est située en bordure de la magnifique zone montagneuse de Guinée forestière, non loin de la frontière avec la Côte-d’Ivoire, il existe une tradition, sinon une légende : il faut grimper sur une grosse roche fichée en pleine terre dans la localité et jurer solennellement que l’on fera tout pour parvenir à quelque chose de positif dans la vie ; faute de respecter cette pratique, on n’arrivera jamais à rien dans son existence. Originaires de Beyla, où coule la rivière Bembeya, les musiciens du futur orchestre Bembeya Jazz, dont Justin Morel Jr et Souleymane Keïta, racontent avec talent et précision la prestigieuse histoire et ont certainement dû dans leur jeunesse grimper sur cette pierre et faire cette promesse, tant leurs succès à travers plus d’un demi-siècle sont éclatants.
J’ai eu la chance d’entendre souvent le Bembeya Jazz au cours des années où j’ai été ambassadeur de France en Guinée. C’était le plus souvent sur la scène du Palais du Peuple de Conakry, où se déroulaient des soirées artistiques données à l’occasion de commémorations officielles, de visites d’éminentes personnalités ou d’importantes délégations étrangères.
A l’époque du président Ahmed Sékou Touré, ces manifestations étaient fort nombreuses, il y en avait plusieurs par mois et même parfois plusieurs par semaine (ainsi, il y en a eu deux de suite lors de la visite officielle du président Valéry Giscard d’Estaing en décembre 1978). Le public était composé, outre les invités étrangers, d’une foule enthousiaste de plusieurs centaines de militantes et de militants, tous de blanc vêtus, du PDG (Parti Démocratique de Guinée), parti unique dirigé par le leader guinéen. Celui-ci, également en grand boubou blanc, était assis au premier rang et expliquait aux hôtes de marque assis à ses côtés ce que signifiait ce qui se passait sur scène ; le spectacle commençait à leur arrivée ; Sékou Touré ne quittait jamais la salle avant la fin du spectacle et allait ensuite souvent bavarder amicalement avec les artistes (certains affirment même qu’il avait joué dans sa jeunesse de l’accordéon et de la guitare). Si les invités étaient en retard, un orchestre faisait patienter la salle et c’était souvent le Bembeya Jazz, l’un des ensembles musicaux les plus populaires.
La radio (démarrée en 1961) et la télévision (lancée en 1977) nationales retransmettaient régulièrement ces soirées, qui étaient également enregistrées et dont – fort heureusement – les disques sont encore disponibles, également sous des sigles guinéens (comme Syliphone, qui édita entre 1967 et 1984 quelque 159 disques différents, dont bien des notices descriptives étaient dues à la plume de Justin Morel Junior). Le nom de ces médias était « La Voix de la Révolution » et le talentueux journaliste Justin Morel Jr était souvent le commentateur avisé de ces soirées. Il était donc tout particulièrement qualifié pour retracer l’itinéraire du Bembeya Jazz National.
Bien entendu, sous la Première République qui dura de l’indépendance de la Guinée en 1958 jusqu’au décès de Sékou Touré en 1984, la Guinée était très largement dominée par l’idéologie révolutionnaire et les slogans à la gloire du régime et de ses institutions nationalistes, panafricanistes et progressistes, en particulier après la proclamation en 1968 de la Révolution culturelle socialiste. Mais il faut reconnaître que si nombre des initiatives, mesures ou pratiques de cette ère sont aujourd’hui contestées, critiquées, voire condamnées, en particulier en ce qui concerne la bonne gouvernance et les droits de l’homme (et ceci quelles que soient les justifications ou les explications avancées), la scène culturelle et artistique a bénéficié d’une faveur exceptionnelle et la réputation alors acquise s’est perpétuée, sous réserve évidemment d’un renouvellement des équipes, d’un rajeunissement des protagonistes et d’une « désidéologisation » des thèmes.
Dès cette époque, au-delà même de la Guinée, les troupes guinéennes ont tourné avec succès à l’étranger et pas seulement dans les pays alors dits socialistes. Par exemple aux États-Unis, en particulier à Broadway, où les Ballets africains fondés par Keita Fodéba à Paris en 1949 se sont produits à maintes reprises sous l’égide de Harry Belafonte (qui réalisa dès 1957 le film Africa Dance et contribua, quelques années plus tard, à la création d’une autre troupe guinéenne, le ballet Djoliba).
La popularité de Sékou Touré déborde les frontières, puisque la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba (longtemps exilée à Conakry) chante dans son air Djiguinira (« Notre espoir ») les louanges de son hôte qui lui a offert la nationalité guinéenne ainsi qu’un passeport diplomatique (elle a même prononcé en 1975 à l’Assemblée générale de l’ONU à New York le traditionnel discours annuel au nom de la Guinée), ou que le grand chanteur malien albinos Salif Keita compose en 1977 l’un de ses plus grands succès, Mandjou, à la gloire du leader guinéen.
La Guinée est un terroir où existe une longue histoire de musique, d’instruments, de rythmes, de sonorités, de chants et de danses, avec des traditions et des influences d’une grande richesse, pratiquées et maintenues par des filiations illustres de griots. Plusieurs groupes musicaux existaient avant l’indépendance et animaient les soirées dansantes d’établissements de la capitale guinéenne ou des principales villes du pays, tels l’orchestre du Gant blanc à Kankan, la Joviale Symphonie et La Parisette, qui se partageaient les « bals-poussière » des marchés de Conakry, alors que plus tard Balla et ses Balladins ou Kelitigui et ses Tambourinis se produiront à la Paillote, à la Minière ou à l’hôtel de France.
Peu après l’indépendance, Sékou Touré voulut proscrire les musiques et les mélodies occidentales, pour favoriser l’avènement d’un art essentiellement africain. Afin de promouvoir ces groupes, les fins de mois étaient assurées, les instruments payés par le budget de l’État et il y avait une Cité des artistes pour loger – confortablement – les artistes du Peuple.
Les initiatives et les talents sont encouragés par de régulières compétitions artistiques régionales et les lauréats se retrouvent confrontés annuellement sur la scène du Palais du Peuple, toujours en présence du chef de l’État. Très nombreux sont alors les groupes qui se produisent lors des soirées artistiques ; à l’apogée de cette période, la Guinée ne comptait pas moins de 64 orchestres nationaux, fédéraux ou d’arrondissement, dont les membres étaient presque tous fonctionnaires.
Parmi eux, les orchestres de Kindia (Dirou Band), le Kébendo Jazz de Guéckédou, le Niandan Jazz de Kissidougou (qui enregistra même un air de circonstance : Sékou à l’ONU ), le choeur féminin de Dinguiraye, 22 Band-Kankan, Horoya-band et l’Ensemble folklorique de Kankan, le Palm Jazz de Macenta, les ensembles de Faranah, de Labé ou de Conakry II, le Bafing Jazz de Mamou, les frères Diabaté, le Kaloum Star, Camayenne Sofa, le Super Boiro Band, le Nimba de Nzérékoré, la Troupe universitaire de Conakry, l’Ensemble instrumental de la Radiodiffusion nationale, l’Orchestre de la Garde républicaine, les Amazones (remarquable et dynamique orchestre féminin de la Gendarmerie nationale, créé en 1961 par Keita Fodéba, rebaptisé « Amazones de Guinée » en 1977, et qui vient de se reconstituer après une éclipse de près d’un quart de siècle)… Les troupes de ballet sont également nombreuses, en dehors des Ballets africains et des Ballets Djoliba ; leurs chorégraphies et leurs mises en scène sont parfois combinées avec des indications fournies par des spécialistes étrangers (par exemple nord-coréens).
Quant aux titres des morceaux, ils sont souvent traditionnels (Soundiata, Mooba, Malissadio, La Forêt sacrée) mais très fréquemment aussi inspirés de l’actualité et de l’idéologie postindépen

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