Omaggio a Luciano Berio
211 pages
Français

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Omaggio a Luciano Berio , livre ebook

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Description

Luciano Berio est mort le 26 mai 2003. Ce volume de textes rend hommage à un des plus grands compositeurs de sa génération, dont les traces indélébiles ont fondé un véritable langage et une véritable pensée du XXe siècle. Luciano Berio a désenclavé au plus haut niveau l'oeuvre musicale de sa Tour de Babel, en s'inscrivant au coeur de la réflexion esthétique et des pratiques transversales. D'où son lien indélébile avec le théâtre, la poésie, la littérature, la scène, la technologie et la philosophie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2006
Nombre de lectures 367
EAN13 9782336258669
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296008410
EAN : 9782296008410
Omaggio a Luciano Berio

Danielle Cohen-Lévinas
Musique et Musicologie : les Dialogues
Collection dirigée par Danielle Cohen-Levinas

Série — condition avec L’Itinéraire
Cette collection a pour but d’ouvrir la musicologie et l’esthétique au présent de la création musicale, en privilégiant les écrits des compositeurs et les réflexions croisées entre des pratiques transverses : musique et arts plastiques, musique et littérature, musique et philosophie, etc.
Il s’agit de créer un lieu de rassemblement suffisamment éloquent pour que les méthodologies les plus historiques cohabitent avec des théories et critiques les plus contemporaines.
L’idée étant de “dé-localiser” la musique de son territoire d’unique spécialisation, de la déterritorialiser, afin que naisse un Dialogue entre elle et les mouvements de pensées environnants.

Déjà parus
Ouvrages collectifs
Alessandro ARBO (textes réunis par), Le corps électrique. Voyage dans le son de Fausto Romitelli , 2005.
Danielle COHEN-LEVINAS (textes réunis et présentés par), Le temps de l’écoute. Gérard GRISEY, ou la beauté des ombres sonores , 2004
Danielle COHEN-LEVINAS (textes réunis et présentés par), Convergences et divergences des esthétiques , 2001.
Eric DENUT, Musiques actuelles, musique savante, Quelles interactions ?, 2001.
Danielle COHEN-LEVINAS (dir.), La création après la musique contemparaine , ouvrage collectif, 1999.
La Loi musicale, Ce que la lecture de l’histoire nous(dés)apprend, Paris, 1999
Danieile COHEN-LEVINAS, Causeries sur la musique. Entretiens avec des compositeurs , 1999.
Danielle COHEN-LEVINAS (dir.), Vingt - cinq ans de création musicale contemporaine. L’Itinéraire en temps réel , ouvrage collectif, 1998.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Musique et Musicologie : les Dialogues - Collection dirigée par Danielle Cohen-Levinas Omaggio a Luciano Berio Hiéroglyphes (la voix, le signe, l’akoumène) Berio : Le chant des sirènes et la poétique de l’œuvre« ouverte » aux résonances « J’ai rêvé un théâtre... » Épiphanie ou complexe d’Orphée chez Luciano, Berio Un Re in ascolto : - Cinq arias dévolues au silence intérieur de Prospero OUTIS : morphologie du mythe Berio narrateur : Laborintus II Voix et électroacoustique chez Luciano Berio et Bruno Maderna : les premières années au sein du Studio de Phonologie Le mot et la bande Berio, son sérialisme et son style « Expérience - Conscience - Synthèse » : une conjugaison de sens. Berio : encore la voix
Omaggio a Luciano Berio
Danielle Cohen-Levinas

La mort d’un grand compositeur appelle presque nécessairement une herméneutique de sa pensée et de son œuvre. L’hommage que nous avons rendu à Luciano Berio 1 s’est inscrit dans ce mouvement naturel de célébration au-delà des contingences historiques. Mais comment célébrer une pensée aussi fondamentalement enracinée dans l’expression même de la musique ? Comment la parole peut-elle rencontrer cette expérience sans courir le risque de se dérober à la souveraineté des œuvres ou d’y être engloutie ? Est-il besoin de rappeler que la singularité de l’œuvre de Luciano Berio, au cœur de ce que l’on a appelé les avant-gardes, puis la musique contemporaine, fut qu’elle ne se laissa jamais absorber dans un contenu théorique défini une fois pour toutes. Cependant qu’elle représenta un moment privilégié de la réflexion, sollicitant aussi bien la critique sociale et politique que les sciences humaines, la littérature ou la poésie. C’est par conséquent une œuvre qui appelle l’exégèse, voire, qui la sollicite, au point que Luciano Berio lui-même fit de ce substrat herméneutique une manière de composer. D’où la relation indélébile qu’il fit varier à l’infini entre langage et musique.
Le texte de Luciano Berio intitulé « Aspects d’un artisanat formel » 2 s’ouvre sur une citation d’un conte de Kafka : « Je me suis construit une tanière et elle me semble bien réussie ». On peut se demander pourquoi Luciano Berio a indirectement recours à la métaphore animale dont use Kafka pour montrer, dans un processus narratif, jusqu’où l’individu a besoin de préserver son instinct pour mieux se hisser à hauteur de ses exigences. Paradoxe et dualité que tout créateur a rencontré. En effet, dans le récit de Kafka, l’animal sait par instinct construire tout un réseau de galeries souterraines dans le but de déjouer les pièges que pourrait lui tendre l’homme. Toutefois, l’animal intelligent ne peut résister au besoin de sortir d’un lieu qu’il a conçu comme un labyrinthe inaccessible. L’alternative ne se situe pas entre préserver sa tanière ou s’en extraire. Elle se situe au point nœudal où se manifeste la nécessité d’améliorer son mode d’être, de vivre et de penser à l’intérieur du labyrinthe. La quête utopique de perfectionnement des conditions d’un repli à l’abri de toute parole et de tout regard extérieur menace. Elle fait vaciller les exigences et les alternatives. Kafka replie les hypothèses l’une sur l’autre de manière à les annuler toutes les deux. L’animal creuse-t-il dans le seul but de se défendre, ou est-il parvenu au geste sophistique suprême de vivre pour creuser ?
On peut se demander pourquoi Berio est fasciné par ce conte de Kafka. Au fond, la question soulevée par Kafka et retenue par Berio concerne le moment où l’artiste, en l’occurrence le compositeur, s’abstrait de son art pour l’ausculter du dehors. Berio, on le sait, a toujours défendu une attitude critique. Cette attitude appelle une dimension artisanale donnant corps à l’idée génératrice :

« D’une part, l’aspiration à la présence de la musique dans l’absolu de son apparaître, libre de conditions externes “a priori”, d’autre part, le désir de la motiver et d’en faire l’objet d’une vision subjective » 3 .
Au fond, le perpétuel retour à un lieu d’origine auquel le compositeur serait supposé ne pas renoncer, ce que Kafka appelle la lanière, nous informe quant aux principes de composition en vigueur chez les compositeurs de la même génération que Berio. Pour Luciano Berio, la composition répond à un processus de décantation permanent, d’où résulterait la confrontation entre ce qu’il appelle « un choix continu en lui-même » et le milieu ambiant :

« Pour en arriver là, tantôt il parcourt un réseau complexe de galeries parsemées de probabilités ambiguës et de failles, tantôt, guidé par une sorte d’infaillible “autorégulation dynamique”, il ne les parcourt pas du tout, il les survole rapidement et va droit au résultat final, à la synthèse de l’œuvre, où chaque fait formel coïncide avec le désir de réaliser une forme (et non où la donnée formelle se substitue au désir de la forme) et où la “faculté créatrice” de celui qui écoute et de celui qui exécute complètera les innombrables desseins de l’œuvre elle-même et réalisera jusqu’au bout les intentions du compositeur : nous ne percevons pas l’œuvre “en elle-même”, mais “en nous mêmes” » 4 .
Les textes réunis dans ce volume inscrivent la pensée musicale de Luciano Berio au cœur des enjeux historiques qui n’ont cessé de magnifier l’objectivité permanente du matériau ainsi que la présence irréfutable de la technologie en tant que paradigme du progrès. Chaque texte représente un moment de diachronie dans les différents rythmes de l’historicité dont Berio a montré qu’il pouvait toujours se retourner contre le compositeur lui-même, contre une époque, contre un langage. Plus qu’un hommage, il s’agit d’un élan collectif, caractérisé par le désir de mettre en scène les seuils d’ambiguïté chers à Berio, grâce auxquels « l’art se plait souvent à s’arrêter un instant » 5 .
Hiéroglyphes (la voix, le signe, l’akoumène)
Alessandro Arbo

La trame cachée est toujours plus forte que celle qui est rnanifeste.
Héraclite (d’après la traduction de G. Colli)

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