Esthétique de l exploitation photographique de photos déjà existantes
198 pages
Français

Esthétique de l'exploitation photographique de photos déjà existantes , livre ebook

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198 pages
Français

Description

Quand le faire prend l'air d'un refaire, qu'en est-il d'une oeuvre photographique ? Que se passe-t-il quand est produit une image d'une image ? Face aux expériences fondées sur l'appropriation de photos déjà existantes, voire sur le vol et le piratage, nous rapportons-nous de la même manière aux oeuvres, aux procédés de création, de même qu'à la photographie et à l'art lui-même ?

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Publié par
Date de parution 15 mars 2017
Nombre de lectures 10
EAN13 9782140032127
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Eidos
Bruno Zorzal
Esthétique de l’exploitation photographique de photos déjà existantes
Photographie
Série Collection
Transition de François Soulages
Esthétique de l’exploitation photographique de photos déjà existantes
ème Ce livre est le 98 livre de la
dirigée par François Soulages & Michel Costantini Comité scientifique international de lecture Argentine(Silvia Solas, Univ. de La Plata),Brésil(Alberto Olivieri, Univ. Fédérale de Bahia),Bulgarie(Ivaylo Ditchev, Univ. de Sofia St Clément d’Ohrid),Chili(Rodrigo Zuniga, Univ. du Chile, Santiago),Corée du Sud(Jin-Eun Seo, Daegu Arts University, Séoul),Espagne(Pilar Garcia, Univ. Sevilla),France(Michel Costantini & François Soulages, Univ. Paris 8),Géorgie(Marine Vekua, Univ. de Tbilissi),Grèce(Panayotis Papadimitropoulos, Univ. d’Ioanina),Japon(Kenji Kitamaya, Univ. Seijo, Tokyo),Hongrie(Anikó Ádam, Univ. Pázmány Péter, Egyetem),Russie(Tamara Gella, Univ. d’Orel),Slovaquie(Radovan Gura, Univ. Matej Bel, Banská Bystrica),Taïwan(Stéphanie Tsai, Unv. Centrale de Taiwan, Taipei) Série Photographie 2 François Soulages (dir.),Photographie & contemporain 8 Catherine Couanet,Sexualités & Photographie 9 Panayotis Papadimitropoulos,Le sujet photographique 10 Anne-Lise Large,La brûlure du visible. Photographie & écriture15 Michel Jamet,Photos manquées 16 Michel Jamet,Photos réussies 19 Marc Tamisier,Sur la photographie contemporaine 20 Marc Tamisier,Texte, art et photographie. La théorisation de la photographie 21 François Soulages & Julien Verhaeghe (dir.),Photographie, médias & capitalisme22 Franck Leblanc,L’image numérisée du visage23 Hortense Soichet,Photographie & mobilité24 Benjamin Deroche,Paysages transitoires. Photographie & urbanité25 Philippe Bazin,Face à faces26 Philippe Bazin,Photographies & Photographes27 Christiane Vollaire (dir.), Ecrits sur images. Sur Philippe Bazin 32 Catherine Rebois,De l’expérience en art à la re-connaissance33 Catherine Rebois,De l’expérience à l’identité photographique 34 Benoit Blanchard,Art contemporain, le paradoxe de la photographie 45 Marcel Fortini,L'esthétique des ruines dans la photographie de guerre 47 Caroline Blanvillain,Photographie et schizophrénie 53 Rosane de Andrade,Photographie & exotisme. Regards sur le corps brésilien 54 Raquel Fonseca,Portrait & photogénie. Photographie & chirurgie esthétique 57 Agathe Lichtensztejn,Le selfie aux frontières de l’egoportrait 59 Zoé Forget,Le corps hors norme dans la photographie contemporaine 79 Bertrand Naivin,Selfie, un nouveau regard photographique 84 Cristina Dias de Magalhães,Vues de dos- espace d’identité & de création 86 Gilles Picarel,Photographie & altérité95 Alejandra Niedermaier,La femme photographe en Amérique latineSuite des livres publiés dans la CollectionEidosà la fin du livre Publié avec le concours de
Bruno ZorzalEsthétique de l’exploitation photographique de photos déjà existantes Transition de François Soulages
Du même auteur Les photos, un matériau pour la photographie,Paris, L’Harmattan, collectionEidos, série Photographie, 2017© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11295-4 EAN : 9782343112954
Transition L’exploitation inachevable des images archaïques À ma mère Tu es comme mille femmes ensemble. 1 Marguerite Duras  Bruno Zorzal a écrit deux livres qui sont comme les deux temps d’une même recherche sur l’esthétique de l’exploitation photographique de photos déjà existantes : le 2 premier s’intituleLes photos, un matériau pour la photographie; il y met en œuvre d’abord unethéorétiqueen étudiant les photos comme matériau pour la photographie, puis une poïétique des procédés d’exploitation photographique de photos déjà existantes. Ce n’est qu’à partir de là que ce chercheur pouvait se risquer à uneesthétique de l’exploitation de photos déjà existantes – objet explicite de ce second livre que voici ; le faire avant eût été non seulement présomptueux, mais surtout 1  Marguerite Duras,Hiroshima mon amour : Scénario et dialogue, Paris, Gallimard, 1960, p. 37. 2  Bruno Zorzal,Les photos, un matériau pour la photographie, Paris, L’Harmattan, coll.Eidos, série Photographie, 2017.
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impossible ; la méthode générale de cette recherche est donc la bonne ; lisons ce livre et comprenons ses thèses et ses enjeux.L’image d’image Qu’en est-il des appropriations et usages créateurs d’images photographiques déjà existantes ? Qu’en est-il d’une image d’image et pourquoi peut-elle faire œuvre ? Problèmes actuels depuis un bon quart de siècle, d’autant 3 plus vif avec le numérique et internet , et aussi avec les voraces et véraces du marché de l’art, ces parfaits spéculateurs ; mais il est toujours instructif d’examiner comment les serviteurs et esclaves de l’argent fonctionnent – nous ne parlons pas ici de l’argentique, mais de l’art-gens en deux mots, comme le pointait Lacan, lui qui aimait aussi ça, non pas l’argentique, mais l’argent, comme (l’)origine du monde marchand, lui qui possédait la toile de Courbet ; comme tout fantasme est une image d’image, il aurait pu aimer aussi les photos, comme Clérambault, un des rares psychiatres qu’il admirait et qui se suicida face à un miroir et qui photographiait des femmes voilées et n’en restait pas à l’origine du monde cachée par un autre tableau. Mais pourquoi « image d’image » ? Cela remonte à loin, carune image en remplace toujours une autre, est toujours l’écran d’une autre; mais alors, laquelle ? Allez savoir, allez ça voir ? Allez voir ça ? Ça, le réel, le ça, le sexe. Ça a été joué. Bref il en va de l’inconscient, de l’imaginaire et donc de l’art, cette pratique étrange où l’on peut manipuler des images ; c’est-à-dire prendre en mains des images, dans ses mains – une image est d’abord tactile, son approche est d’abord haptique – et prendre en mains le destin de l’image ; mais de quel droit et de quelle souveraineté, cette manipulation qui, chez certains, relève de la perversion narcissique ? Pour le comprendre, Bruno Zorzal nous oblige à labourer profond, à travailler profond – travail du négatif à
3 Cf.François Soulages,Le corps-internet,Sofia, Editions Ciela, coll. Liber Liber, 2014.
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la manière d’un Hegel, d’un Freud ou d’un Pontalis ou bien tout simplement d’un artiste : revoyons l’œuvre de Kœst et 4 sonJ’aurais temps aimé.Aux frontières d’Argenton. C’est dangereux l’amour des images qui sont loin d’être sages ; « folie de la photographie » écrivait Barthes, nouveau Paul de Tarse de l’image ; lui aussi allait loin. Foi dans l’image et non pas foin de l’image. Danger. Les présents livres de Zorzal nous a ramenés sur terre en nous confrontant – phénoménologiquement et poïétiquement – à des images concrètes, même si, face à une image et à une image d’image, lestudiumlaisse la place aupunctum, la sémiologie à la phénoménologie. Mais Barthes n’a pas basculé dans l’esthétique, car « aujourd’hui, 5 maman est morte » : comme Merleau-Ponty, il ne s’en remettait pas. Peut-être, en fait, quel’image d’image renvoie à l’impossibilité de se confronter à l’image, donc à thanatos et aussi à eros, donc au réel, donc à l’imphotographiable: regarder la mort en face, le sexuel en face, c’est peut-être cet impossible qui nous fait étrangers, pour être étrangers à la mort et au rapport ; comment faire face à l’imphotographiable ? Comment regarder la mort de la mère en face, regarder la mère morte ? Comment les photographier ? Sophie Calle s’y est risquée ; mais ce n’est encore que de l’image – certes redoutée, mais attendue et convenue –, du cliché ; elle ne se confronte pas à l’impossible de la représentation, trop marquée qu’elle est par l’idéologie dominante du non-tragique des images publicitaires et publiques. Alors l’image d’image serait objet transitionnel quand maman est partie, car, quand maman part, elle semble partie pour toujours, et pour toujours elle nous a abandonnés, papa aussi : « Mon Père, mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » - «Eli, Eli, lama sabachthaniPeut- ». on s’en remettre ? On fait alors l’image d’image, comme le deuxième son répété par l’enfant, et c’est mieux que de tuer l’autre ; le roman de l’admirable Kamel Daoud,Meursault
4  Bernard Kœst,J’aurais temps aimé.Aux frontières d’Argenton, Paris, L’Harmattan Collection RETINA.Création, 2015. 5 Albert Camus,L’étranger, première phrase.
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contre-enquête, ne parle que de cela : « Aujourd’hui, M’ma est encore vivante », mais le frère est mort et l’admirable Kamel Daoud a unefatwa sur la tête ; et ces imbéciles – étymologiquement, cesfaiblesqui n’ont rien compris à – l’image et pour qui l’image est suspecte ne comprendront rien à la photographie et à la critique de l’admirable Kamel Daoud à propos d’une idéologie de la sexualité qui est colonisée par de lourdes images d’images. Ces ignorants jacasseront. Lesenjeux sont donc massifs. D’abord, de quelle réalité, voire de quel réel, la photo est-elle alors le corrélat ? Et de quel ordre est cette corrélation ? Ensuite, qu’en est-il alors de la forme photographique ? Cette notion de forme photographique a-t-elle (encore) un sens ? Puis, qu’en est-il des subjectivités au travail ? Enfin, qu’en est-il d’un faire qui est un refaire ? Et si c’était cela le propre de la photographicité ? Les images & les textes Zorzal se confronte, nous confronte aux pratiques bouleversantes des artistes et bouleverse les théories en place : d’une part, il nous informe et nous interroge ; d’autre part, il nous pousse à penser, à chercher, à faire de la recherche ; et c’est bien ; et nous l’en remercions. Les objets d’étude de cette recherche permettent le traitement de ses problèmes : beaucoup d’œuvres de photographes, en particulier Gioli et Munoz qui ont offert une image comme première de couverture des deux livres de Zorzal, mais aussi Robinson, Steichen, Moholy-Nagy, Rodchenko, Man Ray, Barros, Umbrico, Foncuberta, Hirschhorn, Schmid, Smejkal, Levine, Neves, Rio Branco, etc. Et cette approche qui ne relève en rien de l’histoire de la photographie, pour des raisons liées à la généalogie de l’art photographique, commence par le début et brosse un socle à penser. C’est pourquoi elle exploite et interroge aussi les grands textes qui éclairent son problème directeur et s’appuie ainsi sur Duchamp, Hirschhorn, Malraux,
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Bourriaud, mais aussi Barthes, Chateau, Flusser, Debray, mais encore Merleau-Ponty, Deleuze, Guattari, Lyotard, Glissant, et bien d’autres. La re-création La re-création en art est une question vieille comme les arts, car créer, c’est recréer ; le titre même de la pièce de Giraudoux,Amphitryon 38, en est la preuve. Cependant, en fonction des époques, elle prend des modalités différentes. La re-création est, depuis plus d’un quart de siècle, quasiment un genre – parfois réflexif –, voire une mode, pire une facilité dans l’art-contemporain, unlocus communis, en tout cas, quelque chose d’à la fois essentiel pour les sujets et symptomal pour une époque. En particulier, elle joue une fonction importante dans la photographie, allant du faible, facile, simple et contingent – 6 comme avecSingle cutsKatrien de Blauwer – au fort, de difficile, complexe et nécessaire – comme avecJ’aurais temps 7 aimé ! Aux frontières d’Argentonde Bernard Kœst .  La re-création scande l’histoire de l’art, les histoires des arts. Elle est souvent la preuve non tant qu’il n’y a pas de créationex nihilo, mais que créer en art, c’est se confronter aux œuvres passées et à l’histoire de l’art pour faire œuvre – nouvelle – en recréant en fonction, en rupture ou/et à partir de ces dernières. D’ailleurs, les artistes de la fin du siècle passé et les artistes contemporains qui, aujourd’hui, utilisent internet jouent sur cette possibilité pour œuvrer et ré-œuvrer. Déjà, il y a plus d’un demi-siècle, avec le Musée 8 imaginaire , Malraux montra que la reproduction n’était pas neutre et qu’elle pouvait relever de la re-création. Il donnait 6 Le vernissage de cette exposition à la galerieLes filles du calvaire, Paris, se déroulait la veille du jour d’ouverture du colloque(Re-)création, Paris, du 11 au 13 mai 2016. 7 Bernard Kœst,op. cit. 8  Malraux (A.), "Le Musée imaginaire", inLes voix du silence,Paris, Gallimard, la Galerie de la Pléiade, 1952.
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