Théo Angelopoulos ou la poésie du cinéma politique
83 pages
Français

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Théo Angelopoulos ou la poésie du cinéma politique , livre ebook

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Description

Les films du cinéaste grec Théo Angelopoulos (1935-2012) incarnent un cinéma politique qui remet en question l'idéologie totalitaire. A travers la fiction, ils évoquent l'histoire de la Grèce contemporaine et celle de la seconde moitié du XXè siècle en Europe. Mais c'est une esthétique poétique qui donne à cette réflexion politique toute sa puissance de suggestion. Le livre de Michel Estève est le premier en France à proposer une réflexion approfondie sur toute l'oeuvre de Théo Angelopoulos.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336915753
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Champs visuels
Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez

Une collection d’ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l’image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.
Dernières parutions
Jean-Claude CHIROLLET, Photographie et fractalité. Photologie fractale, 2020.
Yohann GUGLIELMETTI, L’indépendance de la musique de film, 2020.
Joachim Daniel DUPUIS, Saul Bass, Cinéma et écologie, Des fourmis et des hommes , 2020
Toufic EL-KHOURY, Aliénation et déterminisme dans le film noir classique (1944-1949), 2020.
Pascal NOBLET, Les guerres de Jean-Luc Godard , 2020. Maxime SCHEINFEIGEL, En cinéma, des figures de l’autre , 2020.
Yohann GUGLIELMETTI, Musique et cinéma, l’union libre , 2020.
Deise RAMOS, Nelson Pereira dos Santos et l’invention d’un cinéma national , 2019.
Louis-Albert SERRUT (dir.), Le cinéma de Jean-Luc Godard et la philosophie , 2019.
Delphine CHEDALEUX et Mélisande LEVENTOPOULOS (dir.), Cinéphilies plurielles dans la France des années 1940- 1950, 2019 .
Joseph KORKMAZ, Présence du cinéma libanais , 2019.
Ana VERA, Le cinéma portugais, Histoire, Culture et Société 1963-2015, 2019.
Etienne JEANNOT, Les stratégies de la peur dans le cinéma d’horreur , 2019.
Paul OBADIA, La Belle et la Bête de Jean Cocteau, 1948, Une affaire de genre, 2019
Titre
Michel Estève
Théo Angelopoulos
ou la poésie du cinéma politique
Copyright
Du même auteur

Le sens de l’amour dans les romans de Bernanos , Paris, Lettres Modernes, 1959, collection « Thèmes et mythes ».
Bernanos, Paris, Gallimard, 1965, collection « La Bibliothèque idéale ».
Robert Bresson , Paris, Seghers, 1974, collection « Cinéma d’aujourd’hui ».
Cinéma et condition humaine, Paris, Albatros, 1978, collection « ça/ cinéma ».
Bernano s, Un triple itinéraire , Paris, Hachette, 1981, collection « Biographies » (Grand Prix de l’Académie française).
Le Christ, les symboles christiques et l’Incarnation dans l’œuvre de Bernanos , Lille, Service de reproduction des thèses, Université de Lille III, 1982.
Robert Bresson . La passion du cinématographe , Paris, Albatros, 1983, collection « ça/ cinéma ».
Le Pouvoir en question , Paris, éditions du Cerf, 1984, collection « 7 e art ».
Théo Angelopoulos (en collaboration avec Gérard Pangon), Paris, Arte éditions, 1991, collection « Mille et une nuits ».
Un cinéma humaniste , Paris, éditions du Cerf – Corlet, 2007, collection « 7 e art ».
25 fictions contre les régimes totalitaires , Paris, éditions Corlet, 2014, collection « CinémAction ».
Bernanos au cinéma , Paris, L’Harmattan, 2019, collection « Champs visuels ».
© L’H ARMATTAN , 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-91575-3
A Marie-Cécile sans qui ce livre n’aurait pas été écrit.
AVANT-PROPOS
Célèbre cinéaste grec, Théo Angelopoulos est avec Miklos Jancso et Glauber Rocha l’un des rares cinéastes qui, au cours des années 1970, se soient imposés comme de véritables auteurs de films par la modernité de leur écriture cinématographique. Il occupe aujourd’hui une place à part dans le cinéma mondial. L’histoire de la Grèce contemporaine tisse la toile de fond de ses films constamment sous-tendue, à travers la fiction des intrigues et la personnalité des personnages, par une critique passionnée de l’idéologie totalitaire. L’œuvre de Théo Angelopoulos incarne un cinéma éminemment politique qui repose sur des fictions d’inspiration romanesque. Mais ce cinéma politique revêt une indéniable beauté plastique en insérant un discours polémique dans des structures esthétiques qui confèrent au contenu thématique de l’œuvre – les liens noués entre l’Histoire, l’idéologie et le pouvoir – une exceptionnelle puissance de suggestion. Le choix du plan séquence, le jeu sur l’espace et le temps, l’alliance du réel et de l’imaginaire, le traitement de l’image en noir et blanc et en couleur dans le récit transcrivent les dimensions politiques du témoignage porté par la fiction sur un registre poétique.
Par opposition à celle d’autres grands maîtres du 7 e art tels que Kenji Mizoguchi, John Ford ou Alfred Hitchcock, l’œuvre de Théo Angelopoulos ne comprend pas un grand nombre de films : seulement treize longs métrages réalisés entre 1970 et 2008. Mais elle est d’une qualité remarquable, profondément originale, tissant des liens étroits entre l’Histoire et la fiction, le réel et l’imaginaire. En dehors de La Reconstitution (197O), premier long métrage de l’auteur et de Athènes, trois visites à l’Acropole (1983), moyen métrage documentaire, trois cycles d’inspiration en rythment l’évolution : leur exploration épouse le plan de notre livre.
Dans le premier cycle (1972 – 1980), Théo Angelopoulos centre son propos sur la stigmatisation du fascisme en Grèce. Le « coup d’Etat des colonels », en avril 1967, l’a beaucoup influencé : «  il s’est imposé à moi comme l’obligation de comprendre, puis de traduire quels processus divers amènent à l’instauration d’une dictature » 1 . Affirmant une prise de position explicitement politique ouverte sur l’espoir d’une révolution « à visage humain », ce cinéaste « de gauche », d’inspiration marxiste, soumet l’imaginaire de la fiction à l’évocation de l’histoire de la Grèce entre 1936 et 1977 suggérée dans les fils de l’intrigue. Jours de 36 (1972) ou l’implantation du régime dictatorial du général Metaxas. Le Voyage des comédiens (1975) ou la Grèce assujettie, de 1939 à 1952, à la double pression d’une part, d’un régime autoritaire d’inspiration fasciste, d’autre part, d’une occupation étrangère (d’abord les troupes allemandes et italiennes, puis les soldats anglais et américains). Les Chasseurs (1977) ou la Bourgeoisie au pouvoir – de la fin de la guerre civile en 1949 au « coup d’Etat des colonels », le 21 avril 1967 – effrayée par la menace d’une révolution. Dans ces trois films, qu’il appelle sa «  trilogie historique » , dit Théo Angelopoulos, j’ai eu le «  souci de faire un travail sur l’histoire des quarante dernières années » 2 . Renversant, en quelque sorte, par honnêteté intellectuelle, le pendule politique, Alexandre le Grand (1980) – « Lion d’or » du Festival de Venise – fustige avec une lucidité aiguë la dégradation d’une idéologie socialiste sous l’influence du pouvoir, le passage d’une révolte nécessaire à une tyrannie inacceptable. La fiction recoupe ici une parabole sur le destin d’un homme « de gauche » métamorphosé en dictateur sous l’effet du pouvoir dont il s’est emparé et fait implicitement le procès du stalinisme.
Le retour de la démocratie en Grèce et l’arrivée au pouvoir du parti socialiste introduisent le deuxième cycle (1983 – 1988) d’inspiration de Théo Angelopoulos. Ce cycle suggère le passage d’un temps historique à un temps existentiel, d’une mémoire collective – la troupe des comédiens, le groupe des « chasseurs » – à une mémoire individuelle. Le registre explicitement politique du récit disparaît au profit d’une aventure intérieure : celle d’un cinéaste préparant son prochain film ( Voyage à Cythère , 1984) ; celle d’un instituteur qui renonce à sa première vocation pour devenir apiculteur, à l’image de son père ( L’Apiculteur , 1986) ; celle de deux enfants partant en direction de l’Allemagne à la recherche de leur père qu’ils n’ont jamais connu ( Paysage dans le brouillard , 1988). Contrairement au premier, ce deuxième cycle

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