La rumeur au Zaïre de Mobutu
176 pages
Français

La rumeur au Zaïre de Mobutu , livre ebook

-

176 pages
Français

Description

LA RUMEUR AU ZAIRE DE MOBUTU Le Zaïre à L'Harmattan Dernières parutions BAKAJIKA BANJIKILA : Épuration ethnique en Afrique: les" Kasaiens"- Katanga 1961-Shaba 1992, 240 p. KABAMBA NKAMANY : Pouvoir et idéologies tribales au Zaïre, préface de E. M'Bokolo, 144 p. NICOLAÏ H., GOUROU P., MASHINI D.M. : L'Espace zaïrois - Hommes et milieux, 600 p. PEEMANS Jean-Philippe: Crise de modernisation et pratiques populaires au Zaïre et en Afrique, préfacé par B. Verhaegen, 240 p. TABLE DE CONCERTATION.. ./lNFO-ZAÏRE : ZAIRE 1992-96 - Chronique d'une transition inachevée, préface de J.-F. Ploquin, postface de P. Rosenblum~ 2 vol. 600 p. TSHIONZAMATAG. : Les médias au Zarre - S'aligner ou se libérer, préfacé par Buana Kabwe. 176 p. CORNELIS NLANDU- TSASA LA RUMEUR AU ZAIRE DE MOBUTU Radio-trottoir à Kinshasa L'Harmattan 5-7, rue de l'EcolePolytechnique 75005Paris Photo couverture: Le City Train, une nouvelle trouvaille dans les transports en commun de Kinshasa, est un endroit de promiscuité par excellence pour les commérages. (Photo Mriqu'Events-J.M. Mabiti) (Ç)L'Harmattan ISBN:2-7384-4704-X Je remercie Mme Madeleine Mukuna Trouet pour sa patience à déchiffrer mes hiéroglyphes, ainsi que Jean-Marie Mabiti et Raymond Shimba, qui m'ont gratifié de nombreuses critiques. Que tous ceux qui ont lu le manuscrit trouvent aussi ici l'expression de ma . gratitude; De même que mon épouse, Mme Brigitte Ndombe Makengo, pour son abnégation au cours de la rédaction de cet ouvrage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1997
Nombre de lectures 67
EAN13 9782296326989
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA RUMEUR
AU ZAIRE DE MOBUTULe Zaïre à L'Harmattan
Dernières parutions
BAKAJIKA BANJIKILA : Épuration ethnique en
Afrique: les" Kasaiens"- Katanga 1961-Shaba 1992,
240 p.
KABAMBA NKAMANY : Pouvoir et idéologies tribales
au Zaïre, préface de E. M'Bokolo, 144 p.
NICOLAÏ H., GOUROU P., MASHINI D.M. : L'Espace
zaïrois - Hommes et milieux, 600 p.
PEEMANS Jean-Philippe: Crise de modernisation et
pratiques populaires au Zaïre et en Afrique, préfacé par B.
Verhaegen, 240 p.
TABLE DE CONCERTATION.. ./lNFO-ZAÏRE : ZAIRE
1992-96 - Chronique d'une transition inachevée, préface de
J.-F. Ploquin, postface de P. Rosenblum~ 2 vol. 600 p.
TSHIONZAMATAG. : Les médias au Zarre - S'aligner ou
se libérer, préfacé par Buana Kabwe. 176 p.CORNELIS NLANDU- TSASA
LA RUMEUR
AU ZAIRE DE MOBUTU
Radio-trottoir à Kinshasa
L'Harmattan
5-7, rue de l'EcolePolytechnique
75005ParisPhoto couverture:
Le City Train, une nouvelle trouvaille dans les
transports en commun de Kinshasa, est un endroit de
promiscuité par excellence pour les commérages.
(Photo Mriqu'Events-J.M. Mabiti)
(Ç)L'Harmattan
ISBN:2-7384-4704-XJe remercie Mme Madeleine Mukuna
Trouet pour sa patience à déchiffrer mes
hiéroglyphes, ainsi que Jean-Marie
Mabiti et Raymond Shimba, qui m'ont
gratifié de nombreuses critiques.
Que tous ceux qui ont lu le manuscrit
trouvent aussi ici l'expression de ma
.
gratitude;
De même que mon épouse, Mme
Brigitte Ndombe Makengo, pour son
abnégation au cours de la rédaction de
cet ouvrage."Lorsque ce qui se passe au sein d'un couple est étalé
sur la place publique, ce sont les conjoints eux-mêmes qui
l'ont révélé".
Proverbe yombe.
"On a trouvé des excréments au bout du village, c'est le
chef qui les a déposés".
(Le chef est responsable de la moralité de l'entité qu'il
dirige).
Proverbe yombe.
"Tous les animaux sont égaux devant la loi. Mais
certains sont plus égaux que d'autres".
George Orwell in The Animal Far111.AVANT-PROPOS
Comme tout le monde le sait, le Zaïre sous le régime de
Mobutu Sese Seko a fonctionné une trentaine d'années sous
un système de parti unique, qui canalisait les velléités
d'entreprise. A cet effet, toute liberté, si elle existait, devait
s'insérer dans le cadre des intérêts du che£:de son entourage
direct, ou des autres dignitairesdu régime.
La conséquence la plus directe est que les médias, devant
servir de cordon ombilical avec la population, étaient placés
sous la houlette d'un membre du Comité Central du parti, de
préférence, que ce soit la radio, la télévision,l'agence nationale
AZAP ou lesjournaux.
Ainsi, le MPR Sakombi Inongo, principal héraut du
mobutisme, s'est retrouvé commis à cette besogne, nommé à
plusieurs reprises à la tête du ministère de l'Orientation
nationale, qui se muera plus tard en de l'Information
et de la Presse, en passant par l'appellation de ministère de
l'Information, mobilisation,propagande et animation politique
"IMOPAP"f
Le Parti-Etat s'était donc structuré de façon à avoir la
mainmise sur tous les secteurs de la vie du citoyen. Nous
relèverons parmi les mécanismes de contrôle mis en chantier
dans le domaine de la communication, outre la "vigilancetous
azimuts" du ministère de tutelle, le financement des journaux
privés par l'Etat afin de matérialiserla suprématie du parti, le
contrôle de la "moralité"du contenu, et donc la censure, par le
Secrétariat exécutif du MPR à la formation des cadres
(FORCAD), ainsi que l'autocensure, qui elllpêchait le
7journaliste de faire une quelconque allusion à l'encontre des
intérêts de l'establishment,entre autres.
On se souviendra, à ce propos, de la réunion de la
commission technique de la FORCAD, tenue du 10 au 12
mars 1989 au Palais du Peuple, "dans le cadre de sa mission
de contrôler tous les mécanismes de fonnation" - notamment
la presse - au cours de laquelle il était question d'''inventorier
les anti-valeursvéhiculéespar les médias de culture au Zaïre".
Et que dire de ce journaliste de qui, en prévision de
l'anniversaire du Président du Zaïre, journée officiellement
chômée et payée, le conseil de rédaction a exigé la confection
d'un article sur la vie du Président-Fondateur du Parti-Etat.
L'éditeur avait précisé que son rédacteur devait faire ressortir
les dimensions de "Mobutu comme homme d'Etat, comme
génie politique, comme bâtisseur, pacificateur, rassembleur,
stratège politique et père de la nation". Le journaliste
accomplira si bien sa besogne que le rédacteur en chef ne
trouvera pas mieux que de publier le papier comme éditorial
du numéro" Spécialanniversairedu Guide".
Dans ce contexte, il ne fallait pas demander aux chevaliers
de la plume de livrer à leur public les infonnations que celui-ci
attendait, parce que priorité devait être accordée aux
courbettes devant le ,Parti-Etat et ses dirigeants, principaux
bailleurs de fonds des médiaszaïrois.
Plus tard, les journalistes de l'Office zaïrois de
radiodiffusion et de télévision (OZRT), dans leur lettre
ouverte du 5 juin 1990 au Président de IUnion de la Presse du
Zaïre (UPZA), exprimaientla même inquiétude et fonnulaient
plusieurs propositions, notamment la levée de la rétention de
certaines infonnations intéressant la vie nationale. L'objectif
consistait à rendre crédiblesles nouvellesdiffusées par la radio
et la télévision, seule façon efficace, selon eux, "de minimiser
l'action néfaste de la radio-trottoir et de marginaliser celle,
exagérée, des médias étrangers".
8Dans le même document, les membres de la rédaction de
l'OZRT relevaient les directives de la Déclaration des devoirs
et droits des journalistes, adoptée par la Fédération
Internationale des Journalistes (FU) en 1971, à Munich. Aux
termes du préambule de cette déclaration, "la responsabilité
des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre
responsabilité, en particulier à l'égard de leurs employeurs et
des pouvoirs publics".1
Malheureusement, le Parti-Etat ayant profondément
imprimé ses marques, le groupe des journalistes protestataires
sera rapidement décapité. Une vingtaine de signataires de la
lettre ouverte, sur les trente-huit, seront soit révoqués par le
très mobutiste PDG Kitutu O'Leontwa, soit écartés du journal
télévisé ou parlé, pour s'occuper des chiens écrasés dans des
rubriques à faibleaudience.
C'est pourquoi, face à une presse qui ne peut leur offiir
d'alternative valable, lesjeunes Zaïrois, de nature très inventifs,
ont imaginé des plates-formes originales leur permettant de
partager les informations inédites en leur possession. On
assiste, dans cette optique, à la naissance du forum de la Place
de la 12ème rue à Limete, suivie de celui du croisement des
avenues Bongolo et Kasa-Vubu.
Le forum de Limete, qui existe depuis une quinzaine
d'années, se tient quotidiennement dès 7 heures du matin
jusque très tard le soir, et ce, de façon informelle, sous les
grands arbres bordant le boulevard Lumumba, à côté des
journaux vendus sur place à même le sol. Chaque jour, des
jeunes gens, désoeuvrés, quittent leur domicileà tous les coins
de Kinshasa et convergent vers cette place pour écouter les
dernières nouvelles dans tous les secteurs de la vie nationale.
Et, successivement, ceux qui se sont lassés sont relayés par
d'autres, de sorte que "naturellement",le lieu est constamment
noir de monde jusqu'au coucher du soleil.
1 Voir Annexe 1.
9Tous ces ingrédients réunis, il est normal que le Zaïre
présente un terrain fertile aussi bien pour l'invention, la
propagation que l'accréditation des commérages, même les
plus farfelus. Surtout que, selon la tradition acquise de
l'oralité, le conteur, pour étayer ses propos et ainsi se faire
écouter le.plus sérieusement du monde, utilisera des formules
du genre: "le journaliste a même dit", "la radio l'a .même
annoncé", "je suis le cousin de" ou encore "j&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents