Réalisme socialiste et cinéma
294 pages
Français

Réalisme socialiste et cinéma , livre ebook

-

294 pages
Français

Description

Le réalisme socialiste a une hisotire faite d'innombrables références. Mais elles cocnernent d'abord, en tous cas dans les pays occidentaux, le champ de la littérature. La manifestation cinématographique de cette "grande méthode" est passée inaperçue. Et pourtant, ce cinéma a ému plusieurs générations...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 1996
Nombre de lectures 83
EAN13 9782296315211
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

REALISME SOCIALISTE ET CINEMA
Le cinéma stalinien (1928-1941)Collection
Champs Visuels
dirigée par Bruno Péquignot
Une collection d'ouvrages qui traitent de façon
interdisciplinaire du cinéma (acteurs, metteurs en scène, thèmes, techniques,
public, etc.) et de son environnement. Cette collection est ouverte
à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées
aux questions spécifiques des usages esthétiques~ et sociaux des
techniques de l'image fixée ou animée, sans craindre la
confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.
Philippe Ortoli, Clint Eastwood, la figure du guerrier, 1994. Ortoli, Sergio Leone, une Amérique de légendes, 1994.
Georges Foveau, Merlin l'Enchanteur, scénariste et scénographe
d'Excalibur, 1995.
Alain Weber, Ces films que nous ne verrons jamais, 1995.
Jean-Pierre Esquenazi (e.d), La télévision et les télespectateurs,
1995.
Jean-Pierre Esquenazi, Le pouvoir d'un média: TF1 et son
discours, 1995
Joël Augros, L'argent d'Hollywood, 1995REALISME SOCIALISTE ET CINEMA
Le cinéma stalinien (1928-1941)
Editions L'Harmattan
5-7, rue de l'Ecole Polytechnique
75005 Paris@ L'Harmattan, 1996
ISBN: 2-7384-4024-XINTRODUCTION
"Vous savez que je repère conventionnellement trois
étapes dans notre cinématographie. La troisième [...] c'est
cette étape synthétique qui vient de commencer. [...] Je
propose la périodisation suivante: les années 1924-1929
avancent sous le signe du typage et du montage. L'étape
suivante va de 1929 à la fin de 1934. Cette étape avançait,
essentiellement, sous le signe d'un rapprochement avec les
problèmes du personnage et du drame." (S. Eisenstein,
"Intervention à la Conférence Nationale des Travailleurs de
la Cinématographie", 8 janvier 1935).
Ce travail est le résultat d'une double sollicitation. L'une
circonstancielle: l'organisation à Moscou, fin 1989, à la
faveur d'une relecture du passé, d'un colloque sur "les
cinémas de l'époque totalitaire", qui a pe1111is de sortir du
formol plusieurs fleurons du cinéma stalinien et de les
confronter aux films allemands et italiens qui leur sont
contemporains. L'autre plus générale: la volonté de
combler un vide. 1'''Age d'or" des années 20, la période du
muet, a fait naître une littérature relativement abondante. En
revanche, l' "Age de fer" de la décennie suivante est
confronté à un problème moral qui rendrait son examen
tabou: quelle est la légitimité artistique d'oeuvres qui ont
contribué à la répression massive de millions d'individus?
Il est la victime paradoxale des mesures de libéralisme
consécutives à la "déstalinisation". Il n'a pas suscité, à tout
le moins en français, autant de démarches investigatrices.
En dehors de très rares oeuvres célèbres d'auteurs
(toujours les mêmes) plus ou moins momifiés - Eisenstein,
Poudovkine, Dovjenko, et Vertov pour faire bonne
nlesure - le reste est largement occulté, exclu du savoir.
Quelques initiatives éparses ont favorisé de trop discrètes
réévaluations. Signalons celle du Musée du Cinéma Belge
qui organise en 1967, à l'occasion du cinquantième
anniversaire de la Révolution, une vaste rétrospective des
films sonores de la décade 193,0-1940. De son côté, la
7Cinémathèqlle Française propose au Centre Pompidou, en
1979-1980, un bilan en fornle de perspective sur "Le
cinéma russe et soviétiquet", des années 20 à la fin des
années 70, qui a permis de voir une cinquantaine de titres
jusqu'alors difficilement accessibles. Est-ce suffisant? Ces
pages ont le souci d'alimenter, à tout le moins, la curiosité,
d'entrouvrir les portes de l,ttenfer cinématographiquett où
se trouvent reléguées deux décennies au moins du cinéma
soviétique et de décrire, sinon d'expliquer, les mécanismes
de son fonctionnement.
Le cinéma ~oviétique est un volet culturel dévolu dans
l'ensemble de ses manifestations à l'Etat. Son essor a été
confié à des organismes qui, dès leur création, ont été
confrontés à des situations auxquelles leurs responsables
successifs ont appliqué des stratégies différentes dans
l'exercice du monopole. A la fin des années 20, le pouvoir
constate que le cinéma national n'est pas en mesure de
répondre à son attente immédiate, pour de multiples
raisons: absence de cadres politiquement et
professionnellement compétents et en nombre suffisant; dispersion et
antagonisme des organisations de cinéastes; recomposition
de la ,base sociale qui assure la fréquentation des salles.
Afin de lui donner une assise qui soit susceptible de
répondre à l'idée qu'il se fait du cinéma, de reprendre en
main des intérêts qui fluctuent au gré des directions
successives, le pouvoir adopte des mesures d'ordre
essentiellement administratif.
Le cinéma des années 30 est donc le résultat d'une série
de transformations qui modifient à la fois sa nature propre
(cadres artistiques, révolution du scénario, typologie des
genres) et son mode de fonctionnement (structures
administratives, système de production, etc.).
L'une des premières date du Il janvier 1931 : le Comité
Central du parti adopte un texte ttSur les cadres dirigeants
de la cinématographiett. Il aura pour effet de favoriser
l'arrivée sur le marché de nouveaux réalisateurs (S.
Guérassimov, A. Zarkhi, Y. Kheifitz, etc.), de centrer les
efforts de la profession sur l'actualisation de la thématique,
en liaison avec les grands axes du plan quinquennal
(industrialisation, collectivisation), de réorganiser
l'ensemble du système de production/distribution en le
faisant dépendre d'un centre unique de décision -
fi tt.
Soyouzkino
8Quelques mois plus tard, au printemps 1931, ces
mesures sont complétées par la création d'une commission
"Cinéma", placée sous l'autorité directe du Secrétariat du
Comité Central. Il va s'agir pour elle de dresser un bilan de
l'état de cette activité et de tenter de combler le décalage
constaté entre la production et la commande politique de
l'époque.
Il aboutira à une restructuration complète des instances
de production. En 1933, "Soyouzkino", qui réunit
l'ensemble des industries photo-cinématographiques,
échappe à la tutelle du Commissariat du Peuple à l'Industrie
Légère pour rejoindre désormais la Direction Centrale de
l'Industrie Photo-Cinématographique (le GUKF), dirigée
par un personnage dont le rôle en la matière est à
réexaminer - Boris Choumiatski. Cet organisme dépend
directement de l'autorité d'Etat la plus élevée: le Conseil
des Commissaires du Peuple.
On aura reconnu dans ces réorganisations multiples les
valses-hésitations successives, caractéristiques du
processus de développement de la société soviétique dans
la première moitié des années 30.
Le parcours des Frères Vassiliev est exemplaire de ce
cheminement, en ce sens qu'on les retrouvera à chacune
des étapes du cycle de développement du cinéma
soviétique, tel que décrit en exergue par Eisenstein: ils
commencent par la "chronique", c'est-à-dire le montage de
bandes d'actualités - Exploits dans les glaces (1929) ; ils
passent à une poétique du cinéma fondée sur le typage et le
montage - La belle au bois dormant (1930) ; ils continuent
avec un film aujourd'hui disparu - Une affaire privée
(1932) centré sur les problèmes contemporains et le plan
quinquennal, ce qui leur offre l'occasion d'abandonner le
typage/montage au profit de l'acteur.
*
* *
Il ne s'agit pas tant ici de parler du stalinisme. au cinéma,
que d'envisager sa genèse, de s'en tenir à la période
fondatrice des années staliniennes au cinéma, c'est-à-dire
de 1928 à la guerre et d'envisager le sujet dans sa globalité.
La vie du cinéma, ce sont des institutions, traditionnelles
ou nouvelles ce sont aussi les pratiques
9cinématographiques: ail en est la cinématographie avant les
grandes transformations qu'elle va connaître à la fin de la
décennie (l

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