Usages et enjeux des patrimoines archéologiques
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Description

La construction des identités nationales doit énormément à l’archéologie. La collecte et la mise au jour des témoins d’un passé qui s’ancre matériellement dans un territoire participèrent largement à la cohésion des communautés humaines, à la légitimation du pouvoir, mais aussi parfois à la domination (à tout le moins culturelle) de certains États. Les patrimoines archéologiques représentent donc des enjeux importants pour les populations qui s’en réclament à un titre ou à un autre. Comment ont-ils été appréhendés ou utilisés à travers les siècles ? Quelles questions posent-ils sur notre rapport au monde, au temps, au passé, aux autres ? Quelle est in fine la part de la science et du politique dans leur interprétation ?



Didier Viviers est historien et archéologue, professeur à l’Université libre de Bruxelles, dont il fut recteur de 2010 à 2016. En 2017, il a été élu Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Ancien Membre de l’École française d’Athènes, il dirige plusieurs fouilles archéologiques, dont celles d’Apamée de Syrie et d’Itanos (Crète orientale).

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782803106585
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

USAGES ET ENJEUX DES PATRIMOINES ARCHÉOLOGIQUES
D V IDIER IVIERS
Usages et enjeux des patrimoines archéologiques
E S P NTRE CIENCE ET OLITIQUE
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0658-5 © 2018, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Didier Viviers Volume 113
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique Illustration de couverture : Maurice ORANGE,Bonaparte en Égypte contemplant la momie d’un roi, 1895, collection musée d’art et d’histoire de Granville
Publié en collaboration avec
À Tom, mon ami, trop tôt disparu, en souvenir de Délos. À Esther, ma petite-fille, pour qu’elle apprenne, quand le temps viendra, à se méfier des nationalismes.
« Le nationalisme, c’est la guerre ! » François Mitterrand (Strasbourg, Parlement européen, 17 janvier 1995)
Avant-propos
Ce petit livre relève de l’essai. Chacun des aspects du sujet a fait l’objet d’une importante bibliographie et mériterait en soi un ouvrage entier. Mais on s’écarterait alors de l’esprit de cette Collection qui vise prioritairement à construire les termes rationnels d’un débat critique dont notre société a plus que jamais besoin. Aussi, si le propos est largement incomplet, il nourrit cependant l’ambition de faire réfléchir sur la nature et la valeur des patrimoines archéologiques, tout comme sur le rôle de l’archéologie dans les constructions identitaires. Il constitue la première partie d’un diptyque qui abordera, dans un second temps, les destructions de patrimoines qui font tristement l’actualité. Car c’est de là, et tout particulièrement du sort que subit aujourd’hui le patrimoine syrien, que m’est venu ce besoin d’aborder les usages, les enjeux et les destructions des patrimoines archéologiques. La guerre civile qui fait rage en Syrie aura vu des monuments prestigieux dynamités, mais aussi des sites archéologiques pillés, comme ce fut le cas d’Apamée, qu’une mission belge explore depuis près de 90 ans, dont j’assumais la direction scientifique jusqu’à l’embrasement de la région. Face au désastre et au-delà de la colère, il m’a paru utile de replacer les différents modes de destruction que l’on déplore aujourd’hui dans un contexte historique et intellectuel plus vaste. Ce faisant, il fallait de toute évidence revenir sur la question du lien profond qu’entretient l’archéologie avec la société, entre science et politique. D’emblée, précisons-le : il n’est pas ici question exclusivement de pierres et d’objets anciens. Car derrière le sort d’un patrimoine, il y a toujours celui d’une population, et ces pages portent en elles le souvenir et la douleur de mes amis syriens, des victimes de la barbarie humaine, des hommes et des femmes qui souffrent et à qui je pense en écrivant cet essai sur la construction de notre lien au passé, c’est-à-dire en fin de compte sur notre capacité à préparer l’avenir. Parmi les multiples dettes qu’a contractées ce livre, je voudrais souligner celle qui me lie à ma complice du rare et du quotidien, Athéna, qui m’a fait bénéficier de ses éclairages, de ses références et de son plaisir de la contradiction. C’est elle aussi qui m’a fait comprendre l’importance des marbres du Parthénon pour l’identité grecque. Merci également à ma collègue Irene Lemos et à Merton College pour m’avoir permis de bénéficier d’une retraite efficace et des bibliothèques oxoniennes pour écrire ce livre. L’espoir d’une société apaisée passe par une approche lucide et rationnelle du passé. C’est le message que je voudrais rappeler, à la suite de tant d’autres historiens, dès l’entame de cet opuscule, en pensant à mes enfants, Alexandre, Pierre et Myrtô, que je remercie pour leur patience lors des nombreuses visites de patrimoines archéologiques divers dans lesquelles je les ai entraînés. J’espère qu’il leur en reste quelque chose de très vivant, quelque chose de familier — comme doit l’être toute culture —, mais aussi l’image d’une mosaïque d’éléments qui se reconfigurent à l’infini, celle d’une enquête policière dont on connaît le criminel mais dont on ignore encore le crime. Oxford, juillet 2018.
I NTRODUCTION
Introduction
Le 27 avril 2017, le Parlement européen décidait d’instituer, en 2018, la première année européenne du patrimoine culturel. Dans l’exposé de sa décision, il pose clairement la promotion du patrimoine culturel comme un vecteur d’unité et de renforcement de l’Europe, mais aussi comme un principe moral qui, en lui-même, constitue une « marque de fabrique » européenne, un élément identitaire, notamment face aux attitudes destructrices de certains groupes. D’emblée, le patrimoine culturel nous apparaît comme éminemment politique, au sens où il façonne une identité civique. On lui attribue par ailleurs une valeur — économique, sociale, morale — au-delà de l’apport esthétique ou du statut de vestige du passé. Sa destruction volontaire est prise à témoin de son importance. Or, ces patrimoines détruits sont au premier chef des patrimoines archéologiques, si bien qu’il m’a paru légitime de revenir un instant sur l’histoire de leur découverte et sur l’évolution de leur rôle dans les sociétés occidentales. Comment les patrimoines archéologiques ont-ils participé à la construction des identités nationales ? Comment ont-ils parfois servi d’instruments de domination ? Comment posent-ils la question de notre rapport aux autres cultures ? Car la question essentielle est bel et bien : en quoi la promotion du patrimoine culturel constitue-t-elle une « marque de fabrique » européenne ? Et pourquoi cette question est-elle essentielle pour le devenir de l’Europe ? Ce petit livre n’est donc pas une histoire de l’archéologie, en tant que discipline scientifique, même si l’évolution de la discipline ne peut se dissocier de la perception des objets étudiés et, partant, de lavaleurpar la société aux patrimoines. De même, il ne s’agit pas d’une accordée histoire mondiale des patrimoines archéologiques, qui reste à écrire. Je me concentrerai essentiellement sur les patrimoines antiques de la Méditerranée orientale et du Proche et Moyen-Orient, car c’est en partie dans ces régions — mais pas uniquement, loin s’en faut ! — que les destructions font rage. J’ai donc choisi de détailler plus particulièrement la manière dont ce patrimoine archéologique régional a été traité sur le temps long. J’ai également opté, à de rares exceptions près, pour un focus sur les usages propres aux pays européens en matière de patrimoines archéologiques. Non pas qu’il ne faille entamer rapidement l’étude comparative des conceptions et des pratiques associées à ces patrimoines dans l’ensemble des régions du monde, mais parce que je voulais ancrer ma réflexion dans le contexte de cette année européenne du patrimoine culturel. Enfin, je n’ai pas non plus pour ambition, dans ces quelques pages, de faire le tour des questions qui touchent aux patrimoines archéologiques, et moins encore à l’ensemble des patrimoines culturels. Je n’en aborderai, et sans doute parfois trop superficiellement — j’en ai conscience —, qu’un petit nombre d’aspects liés à la relation qu’un patrimoine archéologique tisse avec une élite politique, un pouvoir religieux, un État, une communauté. Mais, dès lors, qu’entend-on par patrimoine archéologique ? C’est là, étrangement, une question difficile, tant l’archéologie n’a cessé d’étendre son objet au fil des siècles. On pourrait, assez arbitrairement, limiter la définition au patrimoine exhumé, réduisant l’archéologie à la science de la fouille. Mais ni le Colisée ni le Parthénon ne furent exhumés, alors qu’on parle couramment de ces monuments comme d’un patrimoine archéologique, dont sont en charge des services administratifs qualifiés d’archéologiques. D’autre part, l’archéologie ne touche pas exclusivement aux périodes anciennes, voire très anciennes. Toutes les époques sont aujourd’hui concernées, comme il en va, par exemple, de l’archéologie industrielle. Même s’il faut avouer une part de convention dans nos usages, le critère de distinction retenu pour caractériser le patrimoine archéologique relève tantôt de la condition de son observation, à savoir la fouille, tantôt de la condition de sa conservation, à savoir la ruine.
Ainsi une église ou un palais seront plutôt considérés comme un patrimoine monumental ou 1 architectural, en tout cas non archéologique , tandis qu’un château en ruine ou un site minier désaffecté relèvent du patrimoine archéologique dans l’approche que nous en retenons ici. Un patrimoine archéologique renvoie en tout cas à la partmatérielle de l’histoire humaine. C’est en ce sens aussi qu’il ne recouvre pas entièrement le champ d’investigation de l’archéologie moderne, qui aborde tout autant les pratiques, les croyances, l’organisation sociale, les relations de pouvoir et bien d’autres aspects immatériels. Historiquement pourtant, l’archéologie s’est constituée à partir de l’étude et surtout de la collecte d’objets. Si l’on en croit K. Pomian, l’archéologie ne serait qu’une branche de la collection, elle-même « coextensive à l’idée même d’humanité » puisque de tous temps, les hommes ont amassé, collectionné à des fins 2 diverses . Nous reviendrons sans cesse sur cette proximité originelle entre archéologie et collecte qui rend chez certains particulièrement floue la frontière entre fouille et pillage. Le patrimoine archéologique, tel que nous l’entendons, est ainsi profondément ancré dans le sol, qu’il en ait été extrait ou qu’il y repose. Or « la mémoire a besoin du sol », comme le rappelait fort utilement Alain Schnapp. Si bien que le patrimoine archéologique est, de par sa matérialité et son ancrage territorial, un vecteur privilégié de mémoire et, une fois mis à distance, un support d’histoire. Souligner cela revient d’emblée à insister sur la valeur symbolique forte de ce patrimoine, d’autant plus chargé de sens qu’il aura fait l’objet d’une investigation et d’autant plus efficace qu’il est lié physiquement à un lieu. L’archéologie renforce ainside facto le lien entre une histoire et un territoire, entre les populations qui occupent un lieu à un moment donné et celles qui les ont précédées au même endroit. Partant du lien très fort qu’entretient l’archéologie avec l’espace, je tenterai donc de retracer l’histoire de quelques usages politiques des patrimoines archéologiques en élargissant toujours davantage l’échelle territoriale considérée : depuis les États européens jusqu’à l’échelle mondiale, en considérant la sacralisation du patrimoine comme une manière de lui offrir une 3 échelle propre, un « espace à part » . Réfléchir sur l’usage des patrimoines archéologiques dans nos sociétés, c’est en faire surgir les enjeux ; c’est jeter les bases d’une réflexion sur nous-mêmes, sur notre manière d’appréhender notre histoire et celle du monde, sur notre relation à la différence culturelle etin finela sur construction de notre propre identité.
CHAPITRE1 La genèse d’une discipline : archéologie et identités
ILESTCOURANT,QUELLEQUESOITLACULTUREENVISAGÉE,QUELACONSTRUCTIONDUNEIDENTITÉSOCIALEOUPOLITIQUERECOUREÀDESRUINES,TÉMOIGNAGESDUNPASSÉ, PARFOISRECRÉÉDETOUTESPIÈCESMAISAUQUELONENTENDSERATTACHER. L’HISTOIREREGORGEAINSIDEXEMPLESDINSTITUTIONSQUISÉTABLISSENTAUTOURDUNVESTIGE ANCIEN. ÀDÉFAUTDERUINESANCESTRALES,DESÉLÉMENTSNATURELSDUPAYSAGEPEUVENTAUSSICONFÉRER,PARLEURANTIQUITÉSUGGÉRÉE,UNPOUVOIRÀCEUXQUISY RÉFÈRENT. PENSONSAUPLATANESACRÉDELACITÉDEGORTYNELONSITUAITLESAMOURSDEZEUS,MÉTAMORPHOSÉENTAUREAU,AVECLAPRINCESSEPHÉNICIENNEEUROPE, 4 FILLED’AGÉNOR,ROIDETYR,DONTDEVAIENTNAÎTREMINOS, RHADAMANTHEETSARPÉD.OCN ES«PAYSAGES»,CONSTRUITSOUNATURELS,SERVENTDACCROCHEÀUNRÉCIT, souvent mythique, qui participe à l’entretien de solidarités humaines et à la légitimité d’un ordre social ou politique. DANSCEPROCESSUSDECONSTRUCTIONDUNEHISTOIRE,MYTHIQUEÀLORIGINE,LARCHÉOLOGIEVATOUTDABORDSEPOSERENPOURVOYEUSEDETÉMOIGNAGESÀLAPPUI DURÉCITIDENTITAIRE. ELLESIMPOSERAAINSICOMMELEMOYENPAREXCELLENCEDELAPRODUCTION,DEPLUSENPLUSCRITIQUE,DEDOCUMENTSNOUVEAUXETORIGINAUX,À LAPPUIDUNEHISTOIRERÉGIONALEQUIJUSTIFIERALINDÉPENDANCEDES ÉTATS. SIJÉVOQUEICIPRINCIPALEMENTDESEXEMPLESEMPRUNTÉSÀL’EUROPE,ILNEFAUDRAIT 5 PASYVOIRPOURAUTANTUNRAPPORTSINGULIÈREMENTEUROPÉENDUSOLÀLHISTOIRE. ALAIN SCHNAPP,DANSUNOUVRAGEREMARQUAB,LEAEXPLICITEMENTSUGGÉRÉ,EN ÉVOQUANTLESPRATIQUESCHINOISESOUMÉSOPOTAMIENNES,QUELANCRAGETERRITORIALDUNRÉCITHISTORIQUEÀTRAVERSLAMISEENÉVIDENCEDUNVESTIGEDUPASSÉ RELEVAITDUNUSAGEUNIVERSEL. ÀPARTIRDELA RENAISSANCE,LACULTUREEUROPÉENNESEDIFFÉRENCIATOUTEFOISENCEDOMAINE,PARSAMISEÀDISTANCECRITIQUEDU passé, façonnant ainsi une pratique archéologique qui affirme, peu à peu, ses visées scientifiques, tout en restant souvent l’otage de discours identitaires. L’ARCHÉOLOGIEÀLAPPUIDESIDENTITÉS«MYTHIQUES» L’APPORTDELARCHÉOLOGIEÀLACONSTRUCTIONDESIDENTITÉSSESTTOUTDABORDAFFIRMÉAUBÉNÉFICEDEMYTHESHISTORIQUES. LESEXEMPLESSONTLÉGIONET UNIVERSELS. PRENONS-ENPOURILLUSTRATION CHARLEMAGNEETSAVOLONTÉDERATTACHEMENTÀLATRADITIONANTIQUE. L’EMPEREURSEMPLOYAENEFFETÀRECONSTRUIREDE TOUTESPIÈCESUNECONTINUITÉQUELADESTRUCTIONDESSYSTÈMESSOCIAUXANTIQUESAVAITMISEÀMAL. POURCEFAIRE,ILSOLLICITADUPAPEADRIENLAPERMISSIONDE e TRANSPORTERDEPUISROMEDESVESTIGESANTIQUESDESTINÉSÀORNERAIX-LA-CHAPELLEOUSAINT-RIQUIER. ETSITANTESTQUELESARCOPHAGEROMAINDUDÉBUITIIDUS. AP. J.-C.REPRÉSENTANTLENLÈVEMENTDE PROSERPINEETCONSERVÉÀAI[XFIG. 1]ACCUEILLITBIENLECORPSDE CHARLEMAGNEDÈSSAMORT,CETUSAGE,PARAILLEURS CONNUAUSEINDELAFAMILLEDELEMPEREUR,RELEVAITLUIAUSSIDUNEVOLONTÉEXPLICITEDERENFORCERLACONTINUITÉENTREL’EMPIREROMAINETLESROIS 6 carolingiens . AUDEMEURANT,LATOMBEDE CHARLEMAGNE,FONDATEURMYTHIQUEDEPLUSIEURSROYAUMESEUROPÉENS,FUTÀSONTOURLOBJETDERECHERCHESETDE er FOUILLESRÉPÉTÉES,VISANTÀRENFORCERLIDENTITÉDECESMÊMESROYAUMES,D’OTTIOIINÀ FRÉDÉRICI BARBEROUSSEETDE NAPOLÉONÀLEMPEREURD’ALLEMAGNE 7 Guillaume II .
e Fig. 1 — Sarcophage romain (début du III s. ap. J.-C.) ayant probablement servi de sarcophage à Charlemagne, Aix-la-Chapelle, Trésor de la Cathédrale.
e ÀLABBAYEDESAINT-DENIS,LIEUSYMBOLIQUEPAREXCELLENCEDELAROYAUTÉFRANÇAISEPARCEQUENÉCROPOLEDESESROIS, SUGER,LECÉLÈBREABBÉDU2QUARTDU e XIIS.,CONSEILLERDUROI,RÊVEAUSSIDEFOUILLERÀROMEPOURYTROUVERDESMATÉRIAUXQUIPOURRAIENTVENIRENRICHIRLABASILIQUEDESONABBAYE. LAMODEEST ENCOREÀLAFFIRMATIONDUNLIENMATÉRIELAVECLATRADITIONROMAINEETLARCHÉOLOGIEESTMOBILISÉEÀCETTEFIN. MAISPLUSPOURLONGTEMPS,CARAUSIÈCLESUIVANT, LA FRANCE,TOUTCOMMEL’ANGLETERRE,ABANDONNEPEUÀPEUSONINTÉRÊTPOURLESANTIQUITÉSGRÉCO-ROMAINES,AUXQUELLESELLEFAITMÊMESUBIRDENOMBREUSES destructions, à Trêves, à Poitiers, à Nîmes, au Mans. Ce sont alors les Gaulois qui sont convoqués pour offrir à la France sa légitimité historique et à travers LES GAULOIS,LEURSANCÊTRESLES TROYENS,COMMEPOURSEPLACERSURUNPIEDDÉGALITÉAVECLATRADITIONROMAINE. SANSQUITTERENCORELERÉCITMYTHIQUE, LHISTOIRELOCALESIMPOSEPOURTANTPROGRESSIVEMENT,QUISAPPUIESURLELIENENTREUNPASSÉDONTONSERÉCLAMEETLETERRITOIREQUELONOCCUPE. CETTE évolution fut une aubaine pour l’archéologie. SEULEL’ITALIEMAISENVERTUDELAMÊMELOGIQUEDUNRENFORCEMENTDULIENENTREPASSÉETOCCUPATIONDUSOLSÉVERTUEALORSÀFAIREBRÛLERLAFLAMME DELATRADITIONANTIQUE. L’IDENTITÉDELIEUENTRELACIVILISATIONROMAINE,OUÉTRUSQUE,ETLESVILLESD’ITALIEPRÉVAUTTOUTEFOISPARRAPPORTAUSEULPRESTIGEDELA TRADITION,AUPOINTQUE,PHÉNOMÈNENOUVEAU,CHACUNEDESGRANDESVILLESITALIENNESSEMPAREDESAPROPREHISTOIRERÉGIONALEPOURDÉFENDREUNEIDENTITÉ propre et la légitimité d’un État. L’ARCHÉOLOGIEAUSERVICEDUNEAPPROCHECRITIQUE:L’ANTIQUITÉGRÉCO-ROMAINE ILNEFAUTCEPENDANTPASSOUS-ESTIMERLACENTRALITÉDEL’ANTIQUITÉGRÉCO-ROMAINEDANSLANAISSANCEDELARCHÉOLOGIE. BONNOMBREDEVESTIGESMISAUJOUR, PRINCIPALEMENTEN ITALIE,REMONTENTÀCETTEPÉRIODE. MAISSURTOUT,LARCHÉOLOGIEPARTICIPEAUVASTEMOUVEMENTDEPENSÉEDELA RENAISSANCE,QUIPREND PROGRESSIVEMENTSESDISTANCESAVECUNEUTILISATIONMYTHIQUEDEL’ANTIQUITÉ. ENUSANTDUNREGARDCRITIQUESURLADOCUMENTATIONQUELLEPRODUIT,LADISCIPLINE naissante établit une rupture entre passé et présent. EN1283,LEJUGELOVATODEILOVATIINTERPRÉTAITUNSQUELETTEAUXGRANDESDIMENSIONS,DÉCOUVERTÀPADOUE,COMMECELUID’ANTÉNOR,FONDATEURLÉGENDAIREDE 8 LAVILLE;ILCONTRIBUAITDELASORTEÀRENFORCERUNEHISTOIRELOCALE,POURTANTENCORELARGEMENTMYTH.IQMUEAISQUARANTEANSPLUSTARD,DANSCETTEMÊMEVILLE DE PADOUE,LADÉCOUVERTEDUNEINSCRIPTIONFUNÉRAIREPORTANTLENOMDE TITUS LIVIUSDÉCLENCHAITLINTÉRÊTDELÉLITEINTELLECTUELLELOCALEQUIVOULAITY reconnaître la tombe du célèbre historien de la République romaine que la tradition faisait bel et bien naître en ce lieu. Peu importe que l’assimilation ait été QUELQUEPEURAPIDE;LIMPORTANTESTDEVOIRSIMPOSERPROGRESSIVEMENTLARÉCOLTEDINSCRIPTIONSCOMMELEMOTEURDUNERÉÉCRITUREDELHISTOIREAUPROFITDE 9 LARENOMMÉEDESVILLES. C’ESTUNECARACTÉRISTIQUEPROPREMENTITALIENNE,ENRAISONDELASSIMILATIONENTREHISTOIREANTIQUEETHISTOIRELO.CAVLESTIGESET OBJETSANCIENSSONTDÉSORMAISINDISSOCIABLESDUNERELECTUREDESAUTEURSDEL’ANTIQUITÉETCENESTPASUNHASARDSIPÉTRARQUE,TELLEMENTINTÉRESSÉAUXRUINES ANTIQUESDEROME,ESTAUSSILÉDITEURDETITE-LIVEOUDECICÉRON. L’ARCHÉOLOGIESAVÈREUNVECTEURDEMISEÀDISTANCEDELATRADITIONANTIQUEENINCITANTÀLA CRITIQUE. ENDAUTRESTERMES,L’ANTIQUITÉNESTPLUSUNEPRÉSENCEDIFFUSEDANSUNPAYSAGECONTEMPORAIN,QUIRENDLEPRÉSENTENTIÈREMENTSOLIDAIREDUNPASSÉ qui le légitime. Elle devient...
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