La Ruche de Kabylie
224 pages
Français

La Ruche de Kabylie , livre ebook

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224 pages
Français

Description

La Ruche de Kabylie, fondée en 1937 par des soeurs missionnaires d'Afrique, était un mouvement de jeunesse, adaptation du modèle scout, destiné à réunir des jeunes filles de Kabylie, leur permettant de s'affirmer en dehors du modèle féminin traditionnel. Cette nouvelle édition (1ère éd., Achab, 2009) est celle des réminiscences. Des témoins de la période des missionnaires, de la Ruche mais aussi du mouvement scout musulman (MSA) livrent leurs souvenirs et réflexions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2015
Nombre de lectures 128
EAN13 9782336367583
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

livrent leurs souvenirs et réflexions.
fin des années trente, a fermé ses portes dans les années soixante-
dates n’a pas dilué la mémoire ni altéré la fiabilité des réminiscences.
car reflétant des parcours singuliers mais aussi des réflexions et des
Bahia Amellal
La Ruche de Kabylie
Témoignages sur un mouvement vernaculaire né d’une mission africaine 19381975
Préface de Karima Dirèche
La Ruche de Kabylie
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04904-5 EAN : 9782343049045
Bahia Amellal
La Ruche de Kabylie Témoignages sur un mouvement vernaculaire né d’une mission africaine 1938-1975
Préface de Karima Dirèche
L’Harmattan
Ouvrages du même auteur La Ruche de Kabylie (1940-1975). Editions Achab. Algérie. Octobre, 2009. Dans le giron d’une montagne. Editions Achab. Algérie. Février, 2011. En cours d’édition : La politesse en Kabylie : De la vertu d’hier à la nécessité d’aujourd’hui. Editions Tafat. Printemps 2015. De La Ruche de Kabylie à La Ruche d’Algérie. Une compilation de 48 bulletins. 2015.
 Préface  Bahia Amellal ouvre une page d’histoire oubliée de la Kabylie montagneuse. Celle des espaces de formation et de loisirs que les missionnaires d’Afrique ont, patiemment, consacrés aux enfants kabyles du XXème siècle. A partir d’un intérêt particulier à l’action missionnaire en Kabylie, Bahia Amellal est allée à la recherche de ceux et de celles qui ont eu à fréquenter les écoles des Pères Blancs et des Sœurs Blanches. Elle a sollicité la mémoire des anciens et a réactivé en eux des souvenirs liés à leur enfance et à leur adolescence. Au delà de l’action scolaire de ces religieux qui a marqué, pendant un temps, le paysage culturel de la Kabylie montagneuse, c’est le dispositif parascolaire (scoutisme, ouvroirs, camps de vacances) destiné à encadrer les jeunes écoliers que l’auteure restitue avec une minutie quasi-ethnographique ; et c’est là un aspect bien peu connu de la présence missionnaire. Même si elle s’en défend, Bahia Amellal a entrepris une démarche d’historienne. Elle s’y engage simplement, humblement, armée de sa curiosité et de sa sincérité. Par ses enquêtes orales, par sa documentation archivistique, par ses collectes d’informations multiples (anecdotes, chants, comptines, adages, poèmes…), elle dresse un tableau de la société kabyle confrontée à la nouveauté des enseignements, des techniques, et des savoir-faire apportés par les missionnaires, mais aussi à ses espoirs et à ses résistances. Mais, surtout elle accède à une histoire sociale de la jeunesse kabyle de ce début du XXème siècle. Elle le fait avec un souci de la chronologie et des temporalités historiques. Car l’histoire de la Kabylie, en cette fin du XIXème siècle et au XXème siècle est une histoire chargée en événements et en ruptures liés à la domination coloniale (répression, pacification, évangélisation, émigration, guerre de libération). Cette histoire, bien trop souvent dramatique, se déroule dans un espace montagneux difficile, âpre, pauvre où l’enfance ne dure jamais bien longtemps. Les maladies, la mortalité infantile, les ravages de la tuberculose, l’absence de travail, les départs en émigration ont fait de la Kabylie montagneuse un espace arc-bouté sur une culture d’opiniâtreté et d’acharnement à la survie. En réveillant les souvenirs des anciens écoliers et écolières, l’auteure nous permet de mesurer à quel point ces espaces ludiques étaient précieux pour ces enfants plongés très tôt dans des existences de contraintes et de privations. Les souvenirs sont vifs, les détails fascinants par leur précision, les émotions nostalgiques non pas seulement parce qu’ils renvoient à une jeunesse perdue mais parce qu’ils évoquent des moments de
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joie et d’insouciance, trop rares en ces temps et accordés, parcimonieusement, par le groupe familial et la société dans son ensemble. Apprendre à chanter, à jouer, à partager dans des valeurs et des codes nouveaux ont certainement contribué à renforcer le dispositif scolaire missionnaire ; mais à l’échelle de ces enfants, ces moments d’apprentissage et de détente sont souvent vécus comme des moments uniques d’affirmation de leur personnalité et d’expression de soi libérés de la régulation sociale et de la contrainte familiale. Parenthèses de liberté suspendues dans un univers rural dénué de toute légèreté, insouciance de l’enfance mais également initiation et intégration de certaines formes de la modernité apportée par la colonisation. Les missionnaires ont exporté en Kabylie la culture de l’hygiénisme, des valeurs morales chrétiennes et du civisme que tous les patronages de France appliquaient depuis le dernier tiers du XIXème siècle. Leur présence en Kabylie (depuis 1873) a été jalonnée de difficultés matérielles et confrontée en permanence à la résistance de la population locale. L’idée d’une évangélisation, à grande échelle, de la Kabylie apportée par Charles de Lavigerie a progressivement disparu dès les années 1920 et les missionnaires investissent d’autres terrains et registres d’activités bien éloignés de la prédication catholique. Représentants, à leur façon, d’une certaine idée de la France et de sa mission coloniale, ils ont été attentifs et soucieux de l’éducation des enfants kabyles et ont mobilisé leur énergie dans un dispositif scolaire performant. Ils ont été des acteurs attentifs à l’évolution de la société kabyle et aux dynamiques qui l’ont traversée. Avec les camps de scouts, les ouvroirs, les colonies de vacances et les activités pédagogiques de la Ruche, les missionnaires ont certainement contribué à ouvrir des portes sur l’extérieur et à modeler les jeunes esprits avides de connaissances et de nouveautés. Un des mérites de cette enquête orale et historique est d’avoir fait resurgir une ancienne institution, la Ruche, consacrée uniquement aux filles kabyles. Fondée en 1940 par les Sœurs Blanches, la Ruche est une organisation, spécifique à la Kabylie, qui a permis aux fillettes et aux jeunes adolescentes de s’affirmer en dehors du modèle féminin traditionnel farouchement intransigeant à leur égard. Pourtant, au regard d’aujourd’hui, la rigueur du modèle éducatif missionnaire, l’exigence d’obéissance, le respect des classes d’âge, l’obligation de se soumettre à une discipline codifiée n’ont rien de léger et d’insouciant. Malgré cela, nous découvrons de très jeunes filles curieuses, enthousiastes, vives et empressées d’apprendre. Le passage par la Ruche semble les avoir marquées à vie et a représenté, bien souvent, dans leur existence, un moment unique d’affirmation d’elles-mêmes. Cela permet
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certainement d’évaluer le rigorisme de l’éducation kabyle à l’égard des filles qui ont trouvé, à la Ruche, la seule possibilité d’échapper, pour un temps, à leur destinée. Bahia Amellal s’inscrit dans cette lignée d’Algériens et d’Algériennes qui veulent en finir avec une histoire idéologique et nationaliste. A la recherche des souvenirs et des traces mémorielles de ses aîné(e)s, elle fait la part belle au récit et à la mémoire et donne à l’histoire sociale de l’Algérie contemporaine toute son humanité. Nous sommes loin des récits historiques surdéterminés par le politique et par la guerre. Et même si celle-ci est présente en Kabylie qui a payé, par ailleurs, un tragique tribut à sa participation, c’est une autre Algérie, une autre Kabylie qu’elle a tenté de faire revivre. En cela, elle a non seulement contribué au devoir d’histoire mais également au devoir de mémoire de ceux et celles qui sont restés, longtemps, silencieux.
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Karima Dirèche, Historienne
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