Henri Meschonnic et la Bible
262 pages
Français

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Henri Meschonnic et la Bible , livre ebook

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Description

Ce livre s'intéresse à l'épiphanie du traduire (et plus exactement du traduire biblique) dans la vie et l'oeuvre d'Henri Meschonnic. Il s'attache à montrer les nombreuses implications éthiques et relationnelles de toute traduction de la Bible, dans une perspective non pas confessionnelle, mais discursive, rythmique, poétique. Il s'agit de fonder, par le traduire, une éthique en actes du langage et de mettre en crise les lieux communs afférents au langage, au traduire et à la Bible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 131
EAN13 9782296461697
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

H ENRI M ESCHONNIC
ET LA B IBLE
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions

Charles WEINSTEIN, Pouchkine. Choix de poésies, 2011.
Manuel GARRIDO PALACIOS, Le Faiseur de pluie. Roman, 2011 .
Lucile DESBLACHE, La plume des bêtes. Les animaux dans le roman, 2011.
Elizabeth LEGROS CHAPUIS, Le Mexique, un cas de fascination littéraire au pays des chiens morts, 2011.
Claude FRIOUX, Le Chantier russe. Littérature, société et politique. Tome 2 : Écrits 1969-1980, 2011.
Najib REDOUANE, Yvette BENAYOUN-SZMIDT (dir) ; ° L’œuvre romanesque de Gérard Etienne. E(cri)ts d’un révolutionnaire, 2011.
Fabrice BONARDI (sous la dir. de), La nouvelle Georges Sand, 2011 .
MD. SHELTON, La révolution imaginée. Haïti et les autres, 2011 .
Mireille NICOLAS, Henri Bosco, Le Mas Théotime, 2011.
Nathalie DE COURSON, Nathalie Sarraute, la Peau de maman, 2010.
René AGOSTINI, Théâtre poétique et/ou politique ?, 2010.
Joëlle BONNIN-PONNIER, Les Goncourt à table, 2010.
Christine LARA, Pour une réflexion xommuno-culturelle de la lecture, 2010.
Bernard POCHE, Une culture autre, La littérature à Lyon, 1890-1914, 2010.
Lalie SEGOND, De la déficience : représentations, imaginaire, perceptions du handicap dans la littérature contemporaine, 2010 ;
Claude FRIOUX, Le Chantier russe. Littérature, société et politique. Tome 1 : écrits 1957-1968, 2010
Céline GITON, Littératures d’ailleurs. Histoire et actualité des littératures étrangères en France, 2010.
Hassan WAHBI, La beauté de l’absent, 2010.
Alexandre Eyriès


H ERNI M ESCHONNIC ET
LA B IBLE


Passage du traduire


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54983-8
EAN : 978229654983-8

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A Sandrine,
pour sa lumineuse et angélique patience.
REMERCIEMENTS
Ce livre est dédié à la mémoire d’Henri Meschonnic (et aux signes de vie qu’il continue de nous adresser) ainsi qu’à Régine Blaig, son épouse, pour son amicale et chaleureuse présence.

A Béatrice Bonhomme, j’adresse toute ma reconnaissance pour son soutien constant, sa haute exigence, sa disponibilité de tous les instants et la précision du regard qu’elle a porté sur cet ouvrage tout au long de son écriture.
A Jacques Darras, enfin, je tiens à exprimer ma sincère gratitude pour cette belle préface qu’il m’a offerte.
P RÉFACE H ENRI M ESCHONNIC, CE VIVANT MAJEUR
Non que sa présence corporelle ait suffi à donner cette image, tant avec ses cheveux vaporeux de chaque côté des tempes, ses lunettes à monture fine, son visage en surplomb comme sur la page d’un livre, Henri paraissait toujours être sur le départ sinon en fuite. Mais ce tremblement de l’ailleurs qui l’agitait, cette éventualité de lecture ou d’écriture que la présence d’autrui semblait lui faire manquer créait, autour de lui, une forme d’excitation ou de fièvre contagieuse. On allait vers lui comme vers un foyer d’émission d’étincelles incendiaires, propres à déclencher d’imparables controverses. Henri faisait profession de foi de juger, dans un monde littéraire en voie d’extinction placide. C’était, en ce sens, un héritier du dix-neuvième siècle, un dialecticien de la critique qui ne craignait pas de se brûler à ses propres opérations. Je me souviens de l’émoi causé par tel chapitre de son Célébration de la poésie en 2001, où l’on trouva qu’il réglait indûment ses comptes avec quelques amis poètes de son âge. Je me souviens de tel séminaire sur la traduction, à la Société des Auteurs, rue de la Glacière (bien nommée), où il « alluma » la traduction de la Divine Comédie par Jacqueline Risset au moment même où cette dernière paraissait dans l’encadrement de la porte, tout au fond de la salle. Un mélange de gêne et de fascination s’abattit aussitôt sur les conférenciers de part et d’autre d’Henri l’imperturbable qui n’avait, semble-t-il, pas vu l’apparition. Aussi, comment ne pas être saisi d’un rire ou d’un fou rire à l’évocation rétrospective de cette séance ?
Il y avait chez lui une volonté profonde d’inconvenance, donc d’insurrection que nous goûtions parfois un peu lâchement. Henri pourfendait, à notre place, les valeurs de la mode consensuelle. Henri déboulonnait la statuaire glorificatrice éphémère, décrétée par les médias et l’opinion. Henri attaquait Lacan, refusant l’exclusivité accordée par ce dernier à « lalangue » comme structuration de l’inconscient au détriment de la prééminence du discours et de la syntaxe.
Henri attaquait simultanément Heidegger parce que lui aussi faisait de la langue le lieu d’un indépassable Arbitraire ou Être – ou grand Autre. Dans les deux cas il s’agissait, chez le linguiste disciple de Humboldt et de Benveniste, mais encore l’héritier politique des révolutions républicaines et laïques du XIX e siècle aussi bien que dissident du marxisme-léninisme, d’une défense du Sujet et de la Liberté. La parole poétique, Henri Meschonnic l’aura vue chaque fois, en effet, comme la marque d’une originalité singulière dans l’utilisation du discours, de la « forme discours ». D’où, chez lui, l’importance extrême de la singularité du « Sujet » en tant qu’expérimentateur de vie. Le poème, pour Meschonnic, est le produit croisé d’une « forme de discours » et d’une « forme de vie ». C’est à ce stade qu’intervient d’ailleurs la notion de rythme, essentielle à sa réflexion poétique critique, car « le rythme , dit-il, est une actualisation du sujet, de sa temporalité ». Un sujet, un poète particulièrement est toujours engagé dans l’histoire, si bien que les contraintes que l’histoire lui impose, il en triomphe dans les marques rythmiques singulières que son discours crée dans le poème.
Partout et toujours Meschonnic place le poème en avant du savoir, à la lisière du connu et de l’inconnu, insistant sur sa dimension constitutive prophétique « Le poème est un savoir qu’on ne connaît pas, qu’on ne peut pas consulter… le poème est un savoir du futur dans la mesure où il inscrit les déterminations d’un sujet ». Quelle plus belle prophétie, en ce sens, ou quel plus grand poème d’entre tous les poèmes que le texte de l’Ancien Testament, puisque cette création millénaire anonyme s’avance dans ses chants successifs vers ce « futur qu’on ne connaît pas ».
C’est ici que notre ami Alexandre Eyriès intervient et que je m’effacerai pour le laisser exposer son impressionnante somme critique analytique. Je crois simplement avoir deviné pour ma part que la traduction des Psaumes (Gloire) proposée par Meschonnic, résultat d’un réapprentissage de l’hébreu dans les circonstances périlleuses de la guerre d’Algérie, prouve que le traducteur-poète, modelé qu’il est par les « formes de vie » et de « discours », doit commencer par se réapproprier le rythme du texte d’origine avant de faire sa traduction. C’est ce que dit exemplairement la traduction d’Henri, laquelle vérifie le postulat de sa théorie poétique mieux que son œuvre poétique même. C’est dans le Livre des Livres, en effet, qu’Henri Meschonnic avait fini par reconnaître la plus haute pointe magnétique de vie dont l’aiguille sans cesse le hantait.

Jacques Darras
I NTRODUCTION
L’œuvre meschonnicienne s’inscrit à la croisée de plusieurs disciplines du sens (ce qu’en d’autres termes on appelle les sciences humaines), la philosophie, l’anthropologie, la sociologie principalement, mais aussi et surtout la linguistique. Celle-ci est centrale dans la réflexion de l’auteur, car elle permet d’ouvrir sur une épistémologie de la traduction qui est inséparable de sa longue pratique du traduire biblique.
La pensée théorique que développe l’auteur sur le langage est liée à sa pratique personnelle d’écriture des poèmes. Par ces trois pôles de son activité, il ne cesse d’interroger le langage, son fonctionnement, son historicité radicale, sa valeur et au premier chef sa force. La traduction, la pensée de la traduction et sa pratique nourrissent l’écriture poétique parce qu’elles servent de révélateur à la force du langage (ce que Cicéron appelait " vis verborum "), elles révèlent le corps qui transforme le langage.
Le traduire est tout entier passage car il organise la circulation des discours, des sujets et des corps-langage. La traduction meschonnicienne de la Bible accorde une place de t

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