L anglais de l hexagone
184 pages
Français

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L'anglais de l'hexagone , livre ebook

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Description

L'anglais est devenu indispensable pour les échanges internationaux. Néanmoins, cette langue que l'on pratique dans le monde du travail est rarement de l'anglais, mais une langue passe-partout, simplifiée. Désormais décomplexées, les grandes entreprises françaises ont une conception de l'anglais mêlant ignorance, fascination, peur et mépris. Au quotidien, les interprètes ont l'occasion d'observer ces phénomènes qui suscitent des réactions allant de la consternation à l'hilarité. Un recueil d'anecdotes truculentes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 302
EAN13 9782336271378
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'anglais de l'hexagone

Xavier Combe
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296101593
EAN : 9782296101593
« Tout ce qui suit est authentique. Sinon, ça n’aurait aucun intérêt. »
Guy Carlier
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Epigraphe HOU TOCSSE ENGLISH TOUT DÉ ? AIVRIBODI ! - « Qui parle anglais aujourd’hui ? Tout le monde ! » COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ? PETITE CHRONOLOGIE DES LANGUES VÉHICULAIRES MONDIALES DU XXe ET DU DÉBUT DU XXIe SIÈCLE : - l’espéranto, l’anglais et le globish VERSION (TRÈS) ORIGINALE COMMENT CASSER L’IMAGE DE SA SOCIÉTÉ CANDIDATURE (TROP) SPONTANÉE L’ANGLAIS DU SOLEIL LEVANT LA CARPETTE ET LE BOULET PIRE QU’AU TÉLÉPHONE LE DICTIONNAIRE TRAÎTRE LE DICTIONNAIRE TRAÎTRE 2 LA CARAVANE PASSE, LES CHIENS N’ABOIENT PAS LA GUERRE QUE L’ON CROIT N’AURA PAS LIEU LE FRANÇAIS N’EST PAS UNE LANGUE RARE OU MENACÉE D’EXTINCTION IMMINENTE CONTAMINATION OU ENRICHISSEMENT ? CIRCULEZ, Y’A RIEN À DIRE ! LA DISPARITION LA MORT DE LA BD ? L’ANGLAIS EN FRANCE : VÉRITABLE LANGUE OU SIMPLE COMPÉTENCE ? NE GÉNÉRALISONS PAS LA QUALITÉ DE LA PENSÉE DÉPEND (AUSSI) DE LA SENSIBILITÉ LINGUISTIQUE LE DÉVELOPPEMENT DU GLOBISH EN FRANCE : PHÉNOMÈNE LOGIQUE OU PARADOXAL ? POURQUOI LE GLOBISH SUFFIT-IL À DE NOMBREUSES SITUATIONS PROFESSIONNELLES ? POURQUOI CERTAINS FRANÇAIS PRENNENT-ILS PLAISIR À PRATIQUER LE GLOBISH DANS LEUR TRAVAIL ? DROWN ZE FISH QUI POURFEND LE FRANÇAIS ? LA GRAMMAIRE ANGLAISE EST UNE CHANSON DOUCE QUAND ON PARLE DE LANGUES LA BOUCHE PLEINE, ON RISQUE DE DIRE DES BÊTISES ON NE FAIT PAS D’HAMLET SANS CASSER D’ŒUFS POLITIQUE LINGUISTIQUE BIBLIOGRAPHIE
HOU TOCSSE ENGLISH TOUT DÉ ? AIVRIBODI !
« Qui parle anglais aujourd’hui ? Tout le monde ! »
« Zi économie iz globale, seau oui iouze English fort ze évridé oueurque. Ouate doux oui fesse tout dé ? Hou tocsse English ? Aivribodi ! Iou Quai, Iou Essai, beute olle-seau Tchaïe-na, Inne-dia, Re-chat, Peau-lande, etcete- ra. Seau iou ave tout toc English tout. »
Le PDG d’une entreprise française, s’adressant à son personnel… français.


À l’école primaire aux États-Unis, j’aimais particulièrement les « spelling bees » : l’enseignant demande à un élève d’épeler un mot. S’il donne la bonne réponse, il reste en lice, mais s’il se trompe, il est éliminé et doit écrire sur son cahier une phrase de son choix avec le mot en question. L’enseignant demande alors à l’élève suivant d’épeler un autre mot et ainsi de suite. Les mots sont de plus en plus difficiles et l’exercice se termine lorsqu’il ne reste qu’un seul élève. Tous les autres doivent alors lire leur phrase à haute voix devant leurs camarades. Une de mes institutrices avait instauré une variante pour consoler les perdants : la phrase que chacun lisait à haute voix devait être amusante et tout le monde votait pour celle qui l’était le plus. (Je soupçonnais d’ailleurs certains de mes camarades de perdre exprès lorsqu’ils percevaient un potentiel humoristique, même douteux, dans le mot que demandait la maîtresse ; on peut même se demander si cet exercice, tout comme le « show and tell 1 », n’éveille pas outre-Atlantique des vocations d’humoristes.)
L’aspect ludique de l’apprentissage de l’orthographe anglaise a contribué à me faire aimer la langue.
Élevé aux États-Unis par des parents français, j’ai acquis les deux langues simultanément, sans m’en rendre compte et donc sans effort. Plus on est bilingue, moins on a de mérite.

L’acquisition de l’anglais ayant été plus rapide et plus aisée pour mon frère et moi que pour nos parents, nous étions régulièrement amenés à leur expliquer, non sans fierté, certaines choses qu’ils ne comprenaient pas et à leur servir d’interprètes. Parfois, bien évidemment, nous essayions d’abuser de cet ascendant linguistique (« le monsieur dit que les bonbons américains, c’est très bon pour les dents » ou bien « c’est écrit que l’école sera fermée demain »).

C’est sans doute de mon enfance, de mon goût pour les mots et de mon manque d’imagination pour choisir mes études après le lycée que vient ma vocation d’interprète de conférence et de traducteur.

J’exerce ce métier en tant que travailleur indépendant en France depuis plus de 25 ans. J’ai suivi des études d’anglais et d’allemand, fait une école d’interprètes et de traducteurs, occupé plusieurs postes de traducteur salarié dans l’industrie et enseigné à l’université la langue anglaise, l’histoire américaine, la traduction et l’interprétation. J’ai également donné des cours particuliers d’anglais à des chefs d’entreprise et des personnalités de l’audiovisuel; enfin, j’ai animé quelques petits ateliers d’anglais à l’école maternelle et primaire.

Par son immense diversité, le métier d’interprète et de traducteur me sert de prisme pour essayer de comprendre le monde et ce qui fait avancer (ou, parfois, reculer) les êtres humains, mais mon amour de la langue, dans tout ce qu’elle recèle de richesse, de pouvoir mais aussi de fragilité, est souvent mis à mal par la perception qu’en ont certains, particulièrement en ce qui concerne la langue anglaise en France.

L’anglais est devenu indispensable dans les grandes entreprises, c’est établi :

« On n’a pas le choix, on est presque tous bilingues », m’expliquait un chauffeur de taxi sorti tout droit d’un film d’Audiard, avant de me dire tout le bien qu’il pensait de Jacques Attali ; il parlait fort, sans doute pour donner à ses propos plus de poids, mais aussi pour couvrir le son des « Grosses Têtes ».

Mais cette langue que l’on pratique dans le monde du travail en France est, en réalité, rarement de l’anglais. Il s’agit, dans le meilleur des cas, du globish(1), langue véhiculaire(2) constituée d’environ 1500 mots et d’une grammaire simplifiée.
Il ne faut pas confondre le globish et l’anglais, langue vernaculaire(3) dotée d’un vocabulaire plusieurs centaines de fois plus riche, d’une grammaire complexe et de nuances et de subtilités infinies.

Désormais décomplexées, les grandes entreprises françaises, surtout leurs équipes dirigeantes, ont une perception de l’anglais qui mêle ignorance, fascination, peur et mépris.

Cette perception erronée occasionne parfois de graves problèmes, notamment lorsque l’anglais est imposé sans discernement aux salariés. À titre d’exemple, l’affaire des irradiés d’Epinal (plus de 5 000 victimes entre 1987 et 2006) fut le fait de logiciels de radiothérapie rédigés en anglais, mal compris des utilisateurs, et sources de mauvaises manipulations. Désormais, la jurisprudence aidant (General Electric Medical Systems France, mais aussi Europassistance, etc.), il semblerait que soit davantage prise au sérieux la loi Toubon du 4 août 1994 qui rend obligatoire l’emploi du français dans les entreprises, notamment pour « tout document comportant des dispositions nécessaires au salarié pour l’exécution de son travail ». Mais la vigilance reste de mise.

Les situations professionnelles des interprètes de conférence français-anglais en France constituent un terrain inépuisable d’observation de ce phénomène de sous-estimation de l’anglais, mais celui-ci suscite, dans les esprits sensibles à la beauté et à l’importance de la langue, des sentiments qui vont de la plus profonde consternation à la plus franche hilarité.


1) Globish : (mot-valise 2 , contraction de « Global English ») : langage identifié et promu par Jean-Paul Nerrière (ancien vice-président d’IBM Europe) constitué de 1500 mots anglais avec une syntaxe élémentaire. Dans son ouvrage Don’t speak English, parlez globish 3 , Jean-Paul Nerrière distingue le globish de l’anglais, décrit les avantages de cette langue véhiculaire et explique comment l’utiliser.

2) Langue véhiculaire : langue simple qui permet à des peuples de langues différentes de communiquer (exemples : l’espéranto

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