La genèse des créoles de l Océan indien
231 pages
Français

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La genèse des créoles de l'Océan indien , livre ebook

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Description

Ce livre constitue une réponse critique à quatre ouvrages récents qui prétendent rouvrir le débat sur la genèse des créoles français de l'Océan indien. Sur un sujet controversé, il permet de disposer d'un état enfin définitif de la question, puisque toutes les hypothèses y sont confrontées et évaluées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 226
EAN13 9782336270371
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La genèse des créoles de l'Océan indien

Robert Chaudenson
DU MÊME AUTEUR
Mondialisation : la langue française a-t-elle encore un avenir ?, 2000, Paris, Didier Erudition, 237 pages.
Grille d’analyse des situations linguistiques , 2000, Paris, Didier Erudition, 58 pages.
Creolization of Language and Culture , 2001, Routledge, Londres et New-York, 340 pages.
(Editeur,avec la collaboration d’U. Ammon, R. Phillipson, C. Piron, M. Perez) L’Europe parlera-t-elle anglais demain? 2001, Paris, L’Harmattan. 178 pages.
(Editeur, en collaboration avec L.J. Calvet) : Les langues dans l’espace francophone : de la coexistence au partenariat , 2001, Paris, L’Harmattan, 192 pages.
La créolisation : théorie, applications, implications , 2003, Paris, L’Harmattan, 480 pages.
(En collaboration avec D. Rakotomalala ; coordonnateurs), Situations linguistiques de la Francophonie. Etat des lieux , 2004, Réseau ODFLN, AUF, 324 pages.
Vers une autre idée et pour une autre politique de la langue française, 2006, Paris, L’Harmattan, 211 pages.
Education et langues. Français, créoles, langues africaines , 2006, Paris, L’Harmattan, 238 pages.
(Editeur) Français et créoles : du partenariat à des didactiques adaptées , 2006, Paris, L’ Harmattan, 210 pages.
(Coordonnateur), Didactique du français en milieux créolophones. Outils pédagogiques et formation des maîtres , 2008, Paris,L’Harmattan, 296 pages.
(Coordonnateur), « Cultures et développement », Etudes créoles , 2008, volume 1 et 2, Paris, L’Harmattan, 230 pages.
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296122772
EAN : 9782296122772
Sommaire
Page de titre DU MÊME AUTEUR Page de Copyright AVANT-PROPOS Chapitre premier - Où l’on reparle de la genèse et des structures des créoles de l’océan Indien Chapitre deuxième - A propos des textes religieux anciens en créole : le catéchisme créole publié à Maurice en 1828. Chapitre troisième - A propos d’un petit livre « nourri du fruit de mes recherches » Chapitre quatrième - Errare humanum est, perseverari diabolicum. Chapitre cinquième - De la nouvelle créolistique allemande Conclusion générale - « Much ado about nothing » ou plutôt « 200 pages about nothing ». Références.
AVANT-PROPOS
« Nous ne nions absolument pas qu’il y ait des similarités et même des identités entre le mauricien et le réunionnais. Ces similarités proviennent de diverses causes qui n’ont rien à voir avec une hypothétique transmission du vieux réunionnais (« bourbonnais ») à Maurice, hypothèse que nous rejetons totalement « (Ph. Baker et Ch. Corne 1987 : 82).

Ph. Baker, qui à la différence de Ch. Corne, n’a jamais reconnu la moindre de ses erreurs, pourtant fort nombreuses comme on le verra dans la suite, n’a guère mis à profit ce quart de siècle pour nous éclairer sur ces « diverses causes » qui peuvent expliquer ces étonnantes « similarités et même [...] identités entre le mauricien et le réunionnais ». Le temps et les occasions ne lui ont pas pourtant manqué durant cette longue période.

Il a, sans le reconnaître, très sensiblement reculé sur la position exprimée dans le texte cité ci-dessus, puisqu’il admet désormais, mais de façon très discrète et marginale, une « légère influence lexicale » du « bourbonnais ». Cela revient, en fait, de sa part, à une véritable capitulation en rase campagne puisque cet apport lexical bourbonnais, qu’il est bien forcé d’admettre, n’est ni « léger » puisqu’il concerne des centaines de termes communs aux deux créoles et tout à fait spécifiques, ni exclusivement lexical ; on ne voit naturellement pas pourquoi, en effet, les apports bourbonnais se seraient limités au seul lexique (la phonétique comme la grammaire sont évidemment concernés ). En outre, Baker, en vue de la rédaction du dictionnaire du mauricien paru en 1987, a sans doute été amené à prendre conscience de ses erreurs, en étant forcé de lire ma thèse qui est très souvent citée, même si bien des références à mon travail sont « oubliées ».

Le plus stupéfiant de l’affaire est que Baker, dont les palinodies, les bévues et les procédés souvent douteux, sont bien connus depuis longtemps, reçoit aujourd’hui, le soutien inattendu d’une partie de la créolistique allemande que j’avais jugée, jusqu’à présent plus sérieuse, et qui, dans cette affaire, perd beaucoup de sa crédibilté, à mes yeux du moins.
Curieusement ce soutien se fonde à la fois, outre-Rhin, sur une résurgence inattendue de la substratomanie et sur la découverte de deux courts textes religieux « bourbonnais », dont la nature et la date de rédaction probable ( un demi-siècle après la mise en place à l’Ile de France de la « formation technique » bourbonnaise organisée, en 1722-1723, par la Compagnie des Indes) sont, a priori , peu susceptibles d’éclairer de façon décisive des faits qui se situent un demi-siècle auparavant.

On ne s’étonnera donc pas de la sévérité et du ton parfois vif de mes propos, quand le manque de rigueur scientifique de certaines «analyses» s’accompagne même souvent, ce qui est proprement scandaleux, de l’omission ou de la dissimulation de données historiques et linguistiques capitales, voire parfois, plus grave encore, de la pure et simple falsification de textes ou de faits.
Chapitre premier
Où l’on reparle de la genèse et des structures des créoles de l’océan Indien
Le titre de ce premier chapitre était déjà celui du long article que j’ai consacré, dans Etudes créoles (Volume VI, n° 2, 1983) à ma réponse au livre de Philip Baker et Chris Corne, Isle de France Creole. Affinities and Origins paru en 1982 et qui se voulait une réfutation de mes hypothèses sur la genèse des parlers créoles de l’océan Indien. On verra dans la suite pourquoi, près de trente ans plus tard, je suis conduit à reprendre ce titre.

Je croyais, en effet, non sans naïveté j’en conviens, que la question de la genèse des créoles de l’océan Indien était à peu près réglée puisque, depuis le milieu des années 80, on n’en parlait plus guère.

La question centrale, dans cette affaire, touchait à la formation du mauricien puisque seychellois et rodriguais ne font pas problème, à ma connaissance du moins. Pour la naissance du créole de l’Ile de France (aujourd’hui Maurice) se sont opposées deux théories.

La plus ancienne est la mienne. J’ai, en effet, entre ma thèse (1974) et mon livre de 1981 ( Textes anciens créoles (réunionnais et mauricien) : comparaison et essai d’analyse ), proposé, exposé et fondé une hypothèse, souvent dite du « bourbonnais ». Le point principal de cette hypothèse est que les nombreux traits phonétiques, lexicaux et syntaxiques, partagés par le réunionnais et le mauricien, s’expliquent par le fait que le créole mauricien est un créole que j’ai proposé de qualifier de parler « de deuxième génération » (au sens informatique et non biologique du terme) dans la formation de laquelle a joué un rôle important, sinon majeur, le « bourbonnais », idiome (j’évite volontairement de dire « français « ou « créole » pour éviter un débat oiseux sur un état de langue dont nous ne savons rien). que parlaient les « coopérants » bourbonnais qui ont séjourné une année dans l’île, en 1722-1723, au début de sa colonisation, loués et envoyés par la Compagnie des Indes pour « instruire » les nouveaux arrivants.

L’autre hypothèse, soutenue surtout par Ph. Baker et Ch. Corne dans leur livre de 1982, Isle de France Creole. Affinities and Origins, niait absolument toute relation de cette nature entre les créoles réunionnais et mauricien.

On ne saurait être plus bref et plus net que Ph. Baker lorsqu’il écrit en 1983 :
« Ma contribution à Isle de France Creole [1982] montre de façon irréfutable que MC [ le créole mauricien ] n’est, dans aucun sens significatif, dérivé du RC (ou « bourbonnais »). » (1983 : 236).

Baker et Corne reprennent un peu plus tard ce point de vue, en commençant toutefois à le nuancer légèrement en reconnaissant, par une litote, des « similarités et même des identités » :

« Nous ne nions absolument pas qu’il y ait des similarités et même des identités entre le mauricien et le réunionnais. Ces similarités proviennent de diverses causes qui n

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