Le proverbe : vers une définition linguistique
396 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le proverbe : vers une définition linguistique , livre ebook

-

396 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Qu'est-ce que le proverbe ? Question simple en apparence. Or, dès que nous essayons de proposer une définition, nous nous apercevons que la réponse est moins aisée qu'il n' y paraît. Le but de ce livre est de défendre la description du proverbe comme une catégorie homogène. Notre étude partira d'exemples issus de diverses sources écrites et orales : médias, conversations, littérature, cinéma...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 484
EAN13 9782296484436
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le proverbe : vers une définition linguistique

Étude sémantique des proverbes français et espagnols contemporains
Sonia Gómez-Jordana Ferary


Le proverbe :
vers une définition linguistique


Étude sémantique des proverbes français
et espagnols contemporains


Préface de Jean-Claude Anscombre
Du même auteur


Gómez-Jordana, S. et Puyau, J., La parole poétique : poèmes , fables , proverbes…Approche(s) linguistique(s) d’un énoncé , Gómez-Jordana, Sonia et Puyau Jean-Luc (éds.), Bordeaux, numéro thématique du Bulletin Hispanique 107, 2005.

Anscombre, J.C., Rodriguez Somolinos, A., Gómez-Jordana, S., Voix et marqueurs du discours: des connecteurs à l’argument d’autorité , Lyon, ENS éditions, 2012.

Borreguero, Margarita et Gómez-Jordana, S. (à paraître), Marcadores discursivos en las lenguas románicas. Un enfoque contrastivo , Limoges, Lambert Lucas.


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56940-9
EAN : 9782296569409

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Manuscrit du poème de Guillaume Le Vinier où apparaît la formule Cordouaniers n’ot bon sauler , que nous analysons au 3 ème chapitre. Il provient de la Bibliothèque du Vatican. Cote REG.LAT.1490.
À mes parents, qui m’ont donné l’amour et le goût pour les langues française et espagnole.

À mon grand-père,
Luis Gómez-Jordana.


Je remercie mes deux directeurs de thèse, Jean-Claude Anscombre et Amalia Rodriguez Somolinos pour leur soutien pendant toutes ces années.
Préface
Quand la linguistique rencontre la sagesse populaire


« Dice la primera parte de un refrán y otro contesta con la segunda parte como si respondiera a una letanía de la misa o el rosario y aunque lo repiten todo cada año hacia la misma época, o incluso cada dia, la repetición no parece aburrirles, y hasta la enuncian como el descubrimiento de un tesoro ignorado de sabiduría. – Agua por San Juan… – dice uno. E inmediatamente otro añade : – Quita aceite , vino y pan … ».
(Antonio Muñoz Molina, El viento de la luna , 2008)


Il en est des proverbes et des dictons comme de ces livres de contes de fées où le crapaud devient prince, – à moins que ce ne soit l’inverse, ou encore d’aventures où le capitaine Crochet épouse Milady – mais tout bien pesé, c’est peut-être d’Artagnan. Tôt lus, encore plus tôt refermés, leur bref destin s’achève dans le grenier de notre enfance.
Curieusement cependant, ils laissent derrière eux comme une trace indélébile qui fait qu’à la moindre allusion, c’est tout un monde mythique qui ressurgit. Et c’est peut-être le refus de cette dimension mythique – qui constitue pourtant notre dire quotidien – qui a fait ranger les proverbes et autres dictons avec le bric-à-brac des greniers, surtout à une époque où l’écran a remplacé le livre, le tchat la lecture par voie de conséquence, et où les greniers encombrés et poussiéreux sont devenus des "lofts" spacieux. Pauvres proverbes, vite relégués au rayon des accessoires folkloriques, mais pourtant toujours présents, luttant coûte que coûte malgré une exclusion systématique du ’beau langage’.
On note en effet que ces vestales de la norme langagière que sont les grammaires traditionnelles, n’accordent aucune place aux proverbes, dictons et autres formes sentencieuses. C’est que notre bonne vieille grammaire privilégie de façon outrancière les deux catégories du verbe et du nom, conforme en cela à une tradition remontant à Platon selon laquelle le plus petit discours est celui qui combine un nom et un verbe {1} . Il y aura donc des catégories nobles (le verbe, le nom, l’adjectif), et des catégories nettement moins fréquentables. Par exemple l’interjection, pourtant reconnue par Grevisse comme une catégorie à part entière, est expédiée – et de quelle façon ! "…L’interjection est une sorte de cri qu’on jette dans le discours … les interjections sont généralement brèves … la langue populaire est féconde en interjections plus ou moins pittoresques et plus ou moins triviales … (Grevisse, Le bon usage ; c’est moi qui souligne). Grevisse – toujours lui, mais il n’est que le relais d’une tradition dont il n’est pas l’auteur – voit l’hypotaxe comme typique de la langue écrite , comme l’expression de la pensée , comme complexe et savante. La parataxe, en revanche, relève de "...la langue parlée, de la syntaxe affective qui désarticule l’expression de la pensée, et ne s’embarrasse guère de l’appareil complexe de la phrase périodique savamment cimentée de conjonctions…", et ce d’autant moins qu’elle a à sa disposition "..le geste et les inflexions de la voix …" {2} . On aura remarqué que ce côté populaire et parlé, voire trivial, d’un affectif qui peut aller jusqu’au gestuel, cette économie dans les moyens qui va jusqu’à la brièveté, caractérise chez Grevisse à la fois l’interjection {3} (catégorie dans laquelle il range aussi les procédés onomatopéiques) et la parataxe. Grevisse n’est d’ailleurs pas original en la matière.
La Real Academia Española , déclare, à propos de la parataxe (qu’elle oppose à l’hypotaxe) : "…en la época prerrománica desaparecen casi todas las conjunciones latinas, porque no eran necesarias para la expresión en aquellos siglos de baja cultura...los niños y el habla vulgar y rústica usan muy pocas conjunciones en comparación con la riqueza expresiva del habla culta y literaria..." {4} Malheureux proverbes, où abondent les phrases nominales (i.e. sans verbe) comme A bon vin, point d’enseigne, Chose promise, chose due, etc , pour le français ; De tal palo, tal astilla, A mal tiempo, buena cara , etc., pour l’espagnol. Et les procédés paratactiques, ainsi : fr. dans Rien ne sert de courir, il faut partir à point, Les chiens aboient, la caravane passe , etc.; esp. Gato escaldado, del agua fria huye, Quien paga, manda , etc. Comble de malchance, les proverbes exhibent une caractéristique qui contribue davantage à y voir une manifestation commune et vulgaire. Considérons en effet le petit fragment de discours suivant : "…Les garçons étaient soumis à une surveillance étroite, particulièrement Antoine, que ses habitudes de paresse faisaient soupçonner d’être vicieux. « L’oisiveté est mère de tous les vices », disait le vétérinaire…" (Marcel Aymé, La jument verte , 1933, p.114). Le raisonnement banal qu’il expose est le suivant : de la paresse de quelqu’un on peut en tirer qu’il est vicieux, en vertu du principe qui veut que l’oisiveté soit la mère de tous les vices.
On voit ainsi apparaître une des fonctions fondamentales du proverbe, peut-être même la plus importante : il est le garant des enchaînements conclusifs dans le raisonnement ordinaire. On se justifie d’avoir tiré telle ou telle conclusion en montrant que le raisonnement qui y conduit s’appuie sur un schéma rhétorique général illustré dans le cas qui nous occupe par un proverbe. Je devrais en fait dire ‘une des fonctions fondamentales du proverbe, pour son malheur’. En effet, ces garants que sont les proverbes sont un peu particuliers : ils fournissent certes des schémas conclusifs mais qui admettent néanmoins d’éventuelles exceptions qui ne le remettent pas en question. A tel point qu’il n’est pas exceptionnel qu’à un proverbe donné fasse pendant un proverbe aboutissant pour une même prémisse à une conclusion opposée. Il en est ainsi pour L’habit ne fait pas le moine et Les apparences sont trompeuses , ou encore A buen fin no hay mal principio et Lo que mal empieza , mal acaba. Cette rhétorique où règnent les proverbes n’a donc pas la rigueur dépouillée de la déduction logique, et ce d’autant moins qu’elle nous parle non pas de l’Homme éternel, mais de l’homme de tous les jours, qui doit gagner sa vie à la sueur de son front. Le Siècle des Lumières balayera d’un revers de main cette rhétorique du pauvre, trop près de la terre et trop éloignée des étoiles, et lui opposera avantageusement le raisonnement syllogistique : "… Proverbe, se dit communément des façons de parler triviales & communes qui sont en la bouche de toutes sortes de personnes. Triviales sententiae , dicta communia. Les Proverbes qui faisoient autrefois une partie des richesses de notre langue, n’entrent point aujourd’hui dans un discours serieux, & dans des compositions relevées. Rien n’est plus désagréable dans un ouvrage raisonnable que des locutions proverbiales qu’on ne supporte que dans la conversation, & quand on a dessein de badiner, ou tout au plus dans une pièce comique. Elles ressemblent à ces habits a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents