Les mécanismes énonciatifs dans les guides touristiques :
356 pages
Français

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Les mécanismes énonciatifs dans les guides touristiques : , livre ebook

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356 pages
Français

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Description

Cet ouvrage se donne pour objectif d'étudier le fonctionnement du discours dans les guides touristiques. Cette étude se concentre essentiellement sur le Guide du routard et le Guide Gallimard. Elle tâche de les inscrire dans une double dynamique : d'abord dans la dynamique institutionnelle que constitue le genre. Ensuite, dans une dynamique individuelle : la recherche de positionnements énonciatifs différenciateurs. Ces deux dynamiques sont en constante interaction et révèlent la connexion entre prise en charge, texture énonciative et contexte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 33
EAN13 9782296530782
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Annabelle SEOANE






Les mécanismes énonciatifs dans les guides touristiques :

entre genre et positionnements discursifs








L’Harmattan
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66045-5
Citation

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux »

Marcel Proust
Dédicace

A tous ceux qui m’ont soutenue dans cette recherche ,
Qu’ils soient présents ou disparus ,

Merci.
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright Citation Dédicace Sommaire Introduction PARTIE I : Soubassement (infra)énonciatif 1.1. Phénomène touristique et guides de voyages 1.2. Du voyage au tourisme 1.3. Le guide touristique comme production située Chapitre 2. Une mise en discours de soi 2.1. Institution d’une scène de parole 2.2. Un ethos distinctif 2.3. Mises en discours structurelle et iconique de soi Chapitre 3. Un vecteur médiatique de production d’image(s) 3.1. L’adhésion comme réponse au système de contraintes 3.2. La visée de captation 3.3. La visée d’information PARTIE II : Prise en charge et inscription dans le champ social Chapitre 4. Construction d’un ethos 4.1. L’appareil formel de l’énonciation 4.2. Textes homogènes : des prises en charge bien établies 4.3. Textes hybrides : des prises en charge moins bien assumées ? Chapitre 5. Construction d’un savoir partagé 5.1. Lecteur ambulant : la question de la spatialité 5.2. Lecteur sédentaire : la question de la gastronomie 5.3. Entre communauté discursive et fait social PARTIE 3 : Vers de nouvelles pratiques discursives Chapitre 6. Un phénomène de dissémination 6.1. Dissémination aux nouveaux supports de communication 6.2. Dissémination sur la presse papier Chapitre 7. Un phénomène de contamination 7.1. Stabilité ou hybridation 7.2. Contamination par les nouveaux médias 7.3. Contamination par la presse magazine Conclusion générale Bibliographie Adresse
Introduction
Depuis les voyageurs grecs du V e siècle av. J.-C. jusqu’à aujourd’hui, voyager et raconter ses voyages a toujours été ressenti comme un besoin impérieux. Avec le Romantisme au XIX e siècle, la littérature de voyage se met à foisonner (récits, lettres, poèmes…), en réponse à une société en crise et d’autant plus avide d’évasion. Dans ce voyage "par procuration", le lecteur s’identifie au narrateur et s’enrichit de son expérience, à la recherche d’exotisme ; et en orientant ainsi le regard du lecteur vers cet ailleurs littéraire, le récit de voyage renouvelle le regard qu’il porte sur lui-même. Il s’emploie à la construction d’un monde fictif, que le lecteur ne côtoiera a priori jamais. En revanche, le guide touristique construit un monde différent que le lecteur s’apprête à visiter et qui relève donc du potentiel.
Ainsi, le récit de voyage relate un voyage littéraire alors que le guide tend à décrire un voyage virtuel, encore à accomplir ou en voie d’accomplissement. L’un a essentiellement vocation à apporter de l’imaginaire, l’autre organise la pratique. Cette divergence conduit à des traitements différents du discours.

Lorsque l’Ailleurs est purement littéraire (imaginaire ou décrit selon l’œil du narrateur), il n’appartient pas au lecteur, qui doit accepter le cadre fixé par le locuteur et se l’approprier par sa seule lecture. En revanche, lorsque le voyage devient réalisable, les enjeux sont tout autres. De simple lecteur, le lecteur devient lecteur-touriste, acteur de son propre voyage. Le guide touristique doit prendre en compte cette interaction de l’allocutaire et pour cela, nous le verrons, pour un discours relativement conventionnel et, à certains égards, stéréotypé. Il en dépasse le contenu purement descriptif ou informatif car il ne peut se contenter d’être une simple description d’un paysage à découvrir, plus ou moins lointain, il doit aider à ouvrir de nouveaux yeux sur cet Ailleurs, sans pour autant trop dépayser le destinataire. En parlant de l’autre, il parle finalement de lui-même au lecteur. Peut-être plus qu’un autre texte, parce qu’il s’ancre dans une certaine quotidienneté, il est une passerelle qui mène de l’autre vers soi.

Pour travailler cette problématique d’un point de vue discursif, nous avons choisi de travailler sur un corpus constitué de deux guides des plus connus, le Guide du Routard et le Guide Gallimard , consacrés au Cambodge et à la Bretagne. Ces destinations ont été choisies pour ce qu’elles évoquent d’emblée chez le lecteur. Le premier guide, en situation extra-culturelle , notamment avec ses Temples d’Angkor, est un pays dont la redécouverte va de pair avec son passé commun avec la France et le deuxième est l’archétype même des vacances au bord de mer pour les Français, plutôt en situation intraculturelle donc.
Ces situations interculturelles placent le lecteur dans un univers inconnu (ou méconnu) dans lequel nombre de ses repères s’estompent. Le guide, dans son discours didactique, se doit alors à la fois de rendre compte, de faire une sélection, de donner envie et de rassurer. Partant d’un savoir partagé, il créé un nouveau cadre. Le guide, en tant que voyageur, ethnologue et pédagogue voit et fait voir le référent nouveau (un lieu le plus souvent) à travers le prisme de sa culture et de ses connaissances.

A cet égard le « paysage » devient un enjeu primordial dans un guide touristique. Il ne s’agit pas seulement du paysage visible , qui suppose une position d’observateur, au sens étymologique du terme, mais du paysage perçu, qui, lui, est de l’ordre de la représentation, « une vue de l’esprit » et qui devient « parti pris » :
« Le paysage est une apparence et une représentation : un arrangement d’objets visibles perçu par un sujet à travers ses propres filtres, ses propres humeurs, ses propres fins. Il n’est de paysage que perçu » (Brunet et Ferras 1992 : 374).
« Contrairement à une idée reçue, le paysage n’existe pas à l’état de nature ». Il est « une vue de l’esprit [où] le caractère essentiel n’est donc pas dans le regard porté sur le pays, mais dans l’"assemblage", d’éléments disjoints et informes que le regard, c’est-à dire en fait l’esprit, réunit dans un ensemble signifiant à partir de présupposés culturels et linguistiques […] Non seulement le paysage est une construction mentale mais il est préconstruit avant même d’être vu » (Chenet 1992 : 87, « Le paysage comme parti pris »).

En France, depuis Paul Vidal de La Blache à la fin du XIX ème siècle 1 , les géographes ont ainsi associé la représentation territorialisée d’un environnement situé géographiquement à des « valeurs » culturelles, marquées par les groupes sociaux avec lesquelles elles interagissent.
« Le paysage n’est pas conçu comme un objet en soi, mais resitué dans la réflexion sur les interrelations entre les sociétés et l’espace qu’elles habitent, et je prends « habiter » au sens le plus riche du terme. En effet, tout groupe social construit un ensemble de relations avec son espace, relations à la fois matérielles […] et idéelles, voire symboliques : dénomination des lieux, des itinéraires ou types d’espaces, évaluations des lieux à partir de critères esthétiques, affectifs, attribution de caractères sacrés, festifs ou encore conflictuels. […] Pour simplifier outrageusement, on peut dire que trois grands types de valeurs sont attribués au paysage : la valeur marchande (quand le paysage est évalué et monnayé par des professionnels du tourisme ou ajouté à la valeur d’une maison), la valeur patrimoniale (qui hausse le paysage au-dessus de ces considérations pécuniaires en en faire un bien collectif à transmettre) et la valeur identitaire » (Sgard 1999 : 23-34).

Le paysage perçu et représenté s’avère alors un espace identitaire qui se codifie selon les références culturelles qui le sous-tendent. En effet, les paysages sont perçus pour leurs aspects naturels, leurs sites naturels remarquables, mais aussi pour les aménagements humains, les formes de mise en valeur (agriculture dans les espaces ruraux, mais aussi urbains). Les choix qui sont faits sont fortement culturels si bien qu’un paysage fonde l’unicité ou la spécificité d’un groupe. On se représente un environnement comme étant constitutif d’un territoire, c’est-à-dire un espace approprié par une société humaine, et aménagé pour répondre aux besoins spécifiques de cette société. Cet environnement finit donc par

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