Les Patois
183 pages
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Les Patois , livre ebook

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Description

Les patois sont le résultat de la segmentation géographique d’une langue, qui, livrée à elle-même, a donné lieu à une multiplicité d’évolutions divergentes sur les divers points du territoire où elle était parlée. Tous les patois romans de la France, — c’est-à-dire exception faite du basque, du bas-breton, du flamand et de l’alsacien — sont les innombrables rejetons d’un seul arbre, le latin, — le latin parlé en Gaule à la fin de l’Empire romain.


La cause essentielle qui produit la dislocation et l’émiettement d’une langue, c’est la rupture du lien politique et social qui assurait l’unité de langage parmi un ensemble de populations plus ou moins hétérogènes : la ruine de l’empire romain, provoquant, entre autres conséquences, la disparition des écoles et des milieux cultivés, le relâchement des relations entre les divers pays qui vivent de plus en plus de leur vie propre, a favorisé le morcellement linguistique, que le régime féodal a consolidé et accentué... (extrait de l’Introduction).


Albert Dauzat, né à Guéret (1877-1955), éminent linguiste, directeur de l’École pratique des hautes études, auteur d’innombrables études linguistiques qui font toujours autorité encore aujourd’hui. Les Patois fut, à l’origine publié en 1926 puis réédité en 1946. En voici une nouvelle édition qui intéressera tous les tenants des diverses langues de France et de leurs dialectes respectifs.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9782824052588
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2018
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0842.4 (papier)
ISBN 978.2.8240.5258.8 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.






AUTEUR
ALBERT DAUZAT



TITRE
LES PATOIS évolution • classification • étude







INTRODUCTION
I. — LES PATOIS, LEUR ÉTUDE, LEUR INTÉRÊT
L es patois sont le résultat de la segmentation géographique d’une langue, qui, livrée à elle-même, a donné lieu à une multiplicité d’évolutions divergentes sur les divers points du territoire où elle était parlée. Tous les patois romans de la France, — c’est-à-dire exception faite du basque, du bas-breton, du flamand et de l’alsacien — sont les innombrables rejetons d’un seul arbre, le latin, — le latin parlé en Gaule à la fin de l’Empire romain.
La cause essentielle qui produit la dislocation et l’émiettement d’une langue, c’est la rupture du lien politique et social qui assurait l’unité de langage parmi un ensemble de populations plus ou moins hétérogènes : la ruine de l’empire romain, provoquant, entre autres conséquences, la disparition des écoles et des milieux cultivés, le relâchement des relations entre les divers pays qui vivent de plus en plus de leur vie propre, a favorisé le morcellement linguistique, que le régime féodal a consolidé et accentué.
Le facteur géographique est d’importance. Les relations sociales sont plus ou moins en fonction de la configuration du sol. Aussi l’observation nous enseigne-t-elle que la variété des dialectes est plus grande, par exemple, dans les montagnes que dans les plaines, où les habitants sont en rapports plus étroits entre eux, ont mieux conservé leur cohésion autour d’une métropole, tandis que les montagnards vivent plus isolés les uns des autres.
On peut se demander, en outre, si le climat, la situation orographique, le genre de vie n’exercent pas une répercussion sur la formation et l’évolution des dialectes, si, d’autre part, les différences de races et les mélanges de populations constituent des facteurs appréciables de transformations. Problèmes des plus délicats, qui, s’ils ont séduit beaucoup de chercheurs, n’ont pas encore été élucidés, mais dont l’étude des patois peut permettre de dégager les grandes lignes.
En tout cas, les faits de diversification que nous observons à l’heure actuelle dans une région donnée, n’ont pas, en général, une origine très ancienne. A vouloir les rattacher à des antécédents trop lointains, on commettrait l’erreur de perspective de l’observateur qui projette sur l’horizon, démesurément grossis, de petits objets proches de son œil.
Aux forces diversifiantes s’opposent les forces centralisatrices. D’abord, celle de l’agglomération, — paroisse ou commune — dont l’effet régulateur unifie le langage des habitants. Puis l’influence des centres d’activité sociale, du bourg, de la ville, de la métropole, de la capitale, qui tendent chacune à unifier le langage dans le rayon de leur sphère d’activité : leur force d’action varie en raison de leur proximité et, pour les grands centres, de leur puissance de rayonnement, très différente suivant les époques, suivant l’organisation des groupements politiques, le degré de la civilisation.
***
L’étude des patois, comme celle des noms de lieux et des noms de personnes, ne peut être menée à bien que par des spécialistes. On ne saurait trop déplorer le temps perdu, surtout au siècle dernier, par des travailleurs de bonne volonté, mais sans éducation scientifique, qui ont publié sur les patois des travaux sans valeur et à peu près inutilisables. On pourra juger de l’abondance de ce fatras par la bibliographie de D. Behrens. Visées trop ambitieuses d’auteurs qui ont voulu faire de l’étymologie et des classifications sans connaître la linguistique et ses méthodes ; graphie informe, fâcheusement inspirée par l’orthographe française, et qui dénature complètement la phonétique ; champ d’observation trop vaste et mélange de matériaux d’origine imprécise, — tels sont les défauts fondamentaux et dirimants de ces ouvrages.
Depuis les recherches et travaux auxquels a donné lieu la publication de l’ Atlas linguistique de la France , la dialectologie est devenue une science complexe et délicate qui exige un assez long apprentissage. Sans doute, savoir observer est un don qui, s’il s’acquiert, peut aussi être inné chez des personnes dépourvues d’une instruction scientifique supérieure. Mais la critique, la mise en œuvre des matériaux recueillis exigent des connaissances techniques multiples, non seulement de linguistique historique, mais de géographie linguistique et de dialectologie comparée.
Les chercheurs de bonne volonté pourront néanmoins rendre de grands services à la science, s’ils savent se borner et concentrer leurs efforts sur des buts limités, à leur portée (1) .
***
L’intérêt que présente l’étude des patois n’est plus à démontrer. Le langage populaire est intime ment lié à l’histoire des mœurs et des coutumes, à l’histoire locale, à la psychologie sociale, au folk-lore.
Au point de vue linguistique, les patois offrent à l’observation une multiplicité de langages évoluant sous nos yeux, et dans lesquels on peut saisir sur le vif toutes les manifestations et les transformations de la vie. Ils nous permettent de serrer de plus près les grandes questions relatives aux innovations et au renouvellement du langage. De plus en plus, les phénomènes qu’offrent les langues mortes trouvent leur explication ou leur confirmation dans les parlers vivants.
Enfin, la dialectologie fait ressortir la solidarité d’une langue littéraire avec ses dialectes. Un profane, Charles Nodier, l’avait pressenti, voilà près d’un siècle : « Tout homme qui n’a pas soigneusement exploré les patois de sa langue, ne la sait qu’à demi ». La science contemporaine a confirmé avec éclat cet aphorisme : un des principaux résultats de l’étude des patois, de la géographie linguistique en particulier, a été de renouveler l’histoire de la langue française.
Cette étude est de toute urgence. Il faut se hâter, comme le demandait, déjà en 1888, Gaston Paris, au Congrès des Sociétés Savantes, de recueillir et de classer pieusement les principaux types de nos patois dans un grand herbier national. Beaucoup ont déjà disparu, d’autres sont ruinés par le français. Quant à ceux qui résistent, combien de temps tiendront-ils encore ?
Depuis la fin du xix e siècle, les patois ont conquis à la fois des adeptes et des sympathies. D’abord du côté des linguistes, dont l’éducation était presque exclusivement orientée vers les langues mortes, les textes, les recherches de bibliothèques : de plus en plus nombreux sont ceux qu’attire désormais l’observation des parlers vivants.
De son côté, le public cultivé, surtout sous l’influence du régionalisme, a cessé, en général, de mépriser sottement les patois, pour s’intéresser à ces idiomes pittoresques, qui forment un des éléments spirituels de la petite patrie. Les régionalistes — j’y reviendrai (2) — nourrissent même des illusions sur l’efficacité de leur action pour sauver les patois, et ils prônent parfois, dans l’exagération inévitable propre à toute réaction, des utopies, comme renseignement du patois à l’école primaire.
Est-il besoin de démontrer que la dialectologie ressortit uniquement à l’enseignement supérieur ? Ce qu’il faut réclamer et obtenir, c’est qu’il y ait un enseignement de dialectologie adapté à la région dans chacune de nos Universités. C’est aussi qu’à l’école primaire et au lycée,

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