RIVAGES :
150 pages
Français

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Description

Le rivage évoque pour certains écrivains nostalgiques une destination lointaine, mystique, voire édénique. Le simple terme rivage apparaît comme un élément saillant de la topographie littéraire pour devenir un thème à part entière dans l'imagerie du voyage et de l'exploration. Dans la dualité de l'espace, le rivage délimite un lieu de tension, de transformation, un seuil métaphorique, un tremplin rendant possible le voyage introspectif. Aboutissements d'une quête spirituelle, les rivages sublimes des romans peuvent conjurer l'influence malfaisante du passé, apaiser les traumatismes de l'enfance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 61
EAN13 9782296695979
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RIVAGES :
FRONTIÈRE, TREMPLIN, TENSION
Illustration de couverture :
« Rivage, Lac du Der ».
Photographie de Yannick Le Boulicaut
(Directeur du CIRHiLL, UCO, Angers)


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11418-0
EAN : 9782296114180

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
CAHIERS DU CENTRE INTERDISCIPLINAIRE
DE RECHERCHE EN HISTOIRE, LANGUES ET
LITTÉRATURES (CIRHiLL)


Sous la direction de
Carole BAUGUION


RIVAGES :
FRONTIÈRE, TREMPLIN, TENSION


Cahiers du CIRHiLL n° 32
Centre Interdisciplinaire de Recherche
en Histoire, Langues et Littératures
Centre de recherche affilié à l’IRFA
(Institut de Recherche Fondamentale et Appliquée de l’UCO)
Le CIRHiLL constitue l’entité de recherche de l’IPLV (Institut de Langues Vivantes de l’UCO). Le CIRHiLL est composé de :
trois équipes de recherche :
1. Littérature de l’exil et les littératures métisses.
2. Identités culturelles d’Europe Centrale.
3. Langues, langages et interactions culturelles (LALIC).
Plusieurs formations sont adossées aux recherches du CIRHiLL :
un Master de recherche « Interculturalité : Langues et Cultures »,
un Master professionnel « Traduction professionnelle et spécialisée »,
un Master professionnel « FLE, cultures et médias »,
un Master de recherche FLE, FLS et Francophonie,
un Doctorat en Interculturalité,
(en association avec le Collège doctoral d’Angers),
un Doctorat en Études germaniques,
(en convention avec l’Université de Graz, Autriche).
Directeur du CIRHiLL : Yannick Le Boulicaut

Comité scientifique et de lecture des Cahiers du CIRHiLL :
Moritz Csàky (Académie des Sciences d’Autriche)
Simone Pellerin (Université de Montpellier 3)
Jean-Pierre Sanchez (Université de Rennes 2)
Daniel Lévêque (Université Catholique de l’Ouest)

Comité de rédaction des Cahiers du CIRHiLL :
Carole Bauguion (Université Catholique de l’Ouest)
Béatrice Caceres (Université Catholique de l’Ouest)
Yannick Le Boulicaut (Université Catholique de l’Ouest)
Marc Michaud (Université Catholique de l’Ouest)

Responsable de l’édition de ce volume :
Carole Bauguion (Université Catholique de l’Ouest)

Les Éditions de l’UCO/L’Harmattan
Avant-propos
Rivage…

Étendue de terre en bordure de mer, d’un fleuve, d’une rivière, d’un lac, le mot rivage, de rive, doit son étymologie au bas-latin ripaticum, rivaticus, ribaticus, dérivés du latin ripa, « rive, rivage, côte », lui-même issu du grec péw (rhéô) « couler » {1} . De part son origine gréco-latine, la définition du terme rivage converge vers l’idée de frontière entre l’élément liquide et la terre ferme.
L’étymologie de son homologue anglais shore « rivage, côte, promontoire » met en relief cette même acception de frontière, de division, de coupure entre les domaines continental et marin. Du moyen-anglais schore, substantif non attesté en vieilanglais, shore signifie à l’origine « le bord », « la partie détachée ou arrachée » et dérive du vieil-anglais scoren, participe passé de sceran « couper, cliver, se détacher ». Tous ces termes germaniques dérivent de la racine indo-européenne * SQER exprimant « l’idée de couper » {2} . Shore marque ainsi une zone de rupture entre la terre et la mer.
Tantôt au singulier, tantôt au pluriel, le substantif rivage revêt sous la plume des écrivains des connotations très contrastées. Dans la tragédie de Jean Racine, Phèdre, le rivage des morts ou les rivages sombres symbolisent les rives des fleuves des enfers. Dans la même perspective tout aussi obscure, la Fable de La Fontaine, « Le Philosophe scythe » dépeint le rivage en noir {3} pour évoquer les enfers, la négativité destructrice. Dans Perceval de Chrétien de Troyes, le rivage est au contraire positivé, magnifié en une contrée, en un pays. Dans le monde légendaire de la cour du roi Arthur, de la quête du Graal, le héros explore les rivages lointains peuplés de créatures fabuleuses. Dans la sphère littéraire, rivage s’impose déjà dans l’imaginaire symbolique au Moyen Âge.

Rivages : frontière, tremplin, tension

Rivages en tant que lieu de départ ou d’arrivée, lieu de tension et de transformation, frontière, tremplin… Tel est le fil conducteur de la présente publication, fruit de la collaboration d’enseignants-chercheurs dont l’engouement a rendu possible l’étude des nombreuses facettes de la figure du « rivage » dans la littérature.
L’équation posée par Marie-Claude Rousseau, « Sable, rives et rivages :’l’entre-deux’de l’Apocalypse » met d’emblée l’accent sur la nature symbolique du concept rivage. En examinant la topographie de l’Apocalypse, le décor concret des visions de saint Jean, l’étude de la spatialité se révèle être ainsi une interprétation possible de l’imaginaire apocalyptique. Sous l’image des rivages de la petite île de Patmos, lieu d’exil, apparaît en filigrane une topographie symbolique, l’île de la Révélation, l’« entre-deux » de la rupture entre deux mondes où se livre une lutte entre les forces du bien et du mal. Le témoignage des traductions antinomiques des versets 12,18 ; 13,1 vient renforcer l’ambiguïté de la spatialité, plus précisément celle de la posture des protagonistes – Jean et le dragon – par rapport à la grève, au sable, à la mer. Au terme de cette exégèse captivante, les rivages de la mer laissent progressivement place aux rivages du songe, de l’extase spirituelle, puis aux rives de l’écriture.
À la lumière des œuvres romanesques et récits de voyage de V. S. Naipaul, Anne-Marie Baranowski explore le thème du rivage en examinant de près la relation ambiguë de l’écrivain à l’égard de ses origines antillaises et indiennes qui se superposent sans jamais se confondre et s’unissent à l’éducation universitaire reçue au University College d’Oxford. Participant de mondes très divers sans appartenir à aucun d’entre eux, cet écrivain britannique a marqué un tournant dans la littérature caribéenne autant que britannique. Son œuvre pose les bornes de l’écriture de l’exil, typique d’une communauté allant et venant de terres en terres, depuis la terre natale jusqu’au rivage du nouveau continent américain. V. S. Naipaul démonte les rouages socioculturels et idéologiques de tous les milieux qu’il dépeint avec finesse, dénonce les travers du monde postcolonial sud-américain, sans épargner le subcontinent indien. Cette relation à l’Inde, terre ancestrale, se situe entre reniement et fascination. Elle cristallise la situation d’éternel étranger de Naipaul, si féconde sur le plan littéraire, bien qu’elle engendre aussi un regard parfois impitoyable, une sorte de ressentiment littéraire d’un observateur critique si talentueux.
Otilia Bardet s’est également intéressée à l’écriture naipau-lienne en analysant les termes « lieu de départ » et « lieu d’arrivée » dans l’univers fictionnel de The Mimic Men. L’étude textuelle de cette œuvre, placée sous le signe du déracinement et du pluralisme ethnoculturel, souligne le mal-être du protagoniste exilé qui éprouve maintes difficultés à définir son identité. Hanté par les « fantômes » de son passé colonial, le héros se lance dans une quête d’appartenance, une quête d’identité. En remontant le temps pour mieux renouer avec ses racines, le narrateur trouvera l’unité de sa personne dans l’ultime point d’arrivée, sa carrière littéraire.
Brigitte Barry poursuit la réflexion littéraire en explorant la trilogie autobiographique de Janet Frame, To the Is-land, An Angel at my Table et The Envoy from Mirror City, et met en parallèle l’adaptation cinématographique de Jane Campion ainsi que la biographie rédigée par Michael King. L’objectif de cette étude est de démontrer à quel point la structure même de l’autobiographie de Janet Frame est le reflet de plusieurs facettes de la figure du rivage. Lieux de départ ou d’arrivée, au sens figuré comme au sens propre, les épisodes de vie qui ouvrent et closent chaque recueil correspondent à des figures de transformations physiques et psychologiques : celles de l’enfance à l’adolescence, ou des huit années d’internement psychiatrique à la renaissance de l’écrivain. Les voyages d

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