Signes du corps, corps du signe
284 pages
Français

Signes du corps, corps du signe , livre ebook

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284 pages
Français

Description

Les textes ici réunis, approches thématiques et analyses de corpus, s'attachent à articuler ces deux versants trop souvent dissociés, celui du signe, celui de la dimension somatique du sujet. Signes du corps, corps du signe : c'est entre le corps du signe et le corps du sujet que se matérialise la signifiance. Du corps du signe dépendent les modalités de réception (d'appréhension du signe) du sujet, qui sont indissociables du corps du sujet. Du fonctionnement des systèmes langagiers à la dynamique des discours émerge une sémio-rhétorique du corps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 103
EAN13 9782296224056
Langue Français
Poids de l'ouvrage 15 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Signes du corps, corps du signe : les textes ici réunis reprennent et
développent des communications du symposium qui a inauguré, en
septembre 2002, la session préparatoire au huitième congrès de
l’AssociationInternationaledeSémiotiquedeLyonenjuillet2004.
Nous entrerons dans le vif du sujet par un signe qui a pris corps de
la thématique même énoncée par le titre de cet ouvrage, dessin de
couverture que l’artiste nous a envoyé accompagné de ces quelques
mots :
« Le signe a pris corps dès que j’ai suivi à la lettre les traits de mon
inspiration. Il s’est écrit comme une évidence au fil de la plume et du
pinceau:dufondavaitsurgilaforme,l’imageétaitlà. »
… mots qui nous placent dans le temps de l’énonciation de l’image,
dans l’entrelacement du geste énonçant issu du corps et de
l’émergence du corps signe issu du geste. Il n’y avait que son auteur,
Élisabeth Le Coze, à pouvoir le faire, et à nous offrir de le partager.
Qu’elleensoiticiremerciée.
Délibérément, la thématique de ce symposium a apparenté, dans sa
formulation même, le fait que les signes (entités bifaces) aient des
signifiants matériellement incarnés comme en des corps, et le fait que
les énonciateurs et énonciataires n’élaborent et ne reçoivent le
« message » qu’à travers le filtre de leur corps –corps énoncés et
énonçants que la linguistique et la sémiotique ont longtemps
marginalisés, voire rejetés hors de leurs frontières, les déléguant (au
mieux)àlarhétorique.
En s’intéressant à ce négligé qui refait actuellement surface, nous
avons voulu nous interroger à la fois sur l’importance du niveau de la
manifestation (le corps des signes) et redonner une place à une
rhétorique non restreinte, à l’intérieur du champ sémiotique (signes du
corps : ils en émanent et s’adressent à lui). La notion de corps semble
centrale,quifaitl’interfaceentrelessignesetlessujetsquienjouent.
Un tel rapprochement n’a rien d’artificiel : c’est entre le corps du
signe et le corps du sujet que se matérialisent les processus de
signifiance. Du corps du signe dépendent les modalités de réception
(d’appréhension du signe) du sujet, lesquelles sont indissociables du8SIGNESDUCORPS,CORPSDUSIGNE
corps du sujet. En témoignent les synesthésies étudiées par R. Posner
– article qui prend en compte les deux versants que nous avons
distingués, celui du signifiant du signe, celui de la dimension
somatique du sujet. Pour son caractère central, ainsi que pour sa
double nature (théorique et empirique, puisque les développements
théoriques sont constamment reliés à des exemples et à des corpus),
nous avons choisi de le placer en tête d’un ouvrage organisé de la
manièresuivante :
1. Articles à perspective théorique : classifications des formes de
corporéité ou de matérialité attenantes aux signes / aux sujets,
approches sous divers angles du caractère fondateur de la corporéité
dans les processus sémiotiques. Se complètent ainsi perspective
sémio-cognitive (synesthésie, multimédialité, esthétique : R.
Posner) ; perspective de sémiotique fondamentale, sur les rapports
corps / signes / signification, dans une intention typologiqu e
(J. Bernard, S. Petrilli), ou dans le but de produire une réflexion
sur la notion même de corporéité (S. Marcus), sur le corps et les
conditions a priori de la signifiance (J. Deely), sur le corps et la
médiation esthétique des signes (B. Lamizet) ; perspective
épistémologique (approche peircienne contrastée : L. D. Gorlée) et
philosophique(A.Ponzio) ;
2. Articles centrés sur des études de corpus impliquant et visant le
corps, différemment selon les genres discursifs et les systèmes
d’expression. Sont ainsi étudiés textes bibliques (L. Panier),
littéraires (M. Poix-Tétu), récits de voyages et guides de randonnée
(P. Sadoulet) ; place est également faite aux corpus « mixtes »
(polysémiotiques) : texte littéraire / texte et image publicitaire
(N. Simon), corpus médiatiques (gestes et parole dans des discours
politiques télévisés : A. Gimate-Welsh), architecturaux (avec une
perspective théorique d’ensemble : A. Lagopoulos), picturaux
(icônes et gestes : V. Posner ; sémiotique de la matière picturale :
O. Le Guern), cinématographiques (jeux sur les titres,
intertitres…:G.Withalm)etopératiques(H.deChanay).
La richesse des discussions, la diversité et l’homogénéité des
contributions, axées sur les corps et les signes, l’ouvrage qui en résulte
aujourd’hui témoignent indubitablement de la profonde mutation et de
la dynamique résolument ouverte de cette discipline fédératrice qu’est
lasémiotique.
O.LeGuernetH.deChanayPREMIÈREPARTIE
APPROCHESETPERSPECTIVESTHÉORIQUES1
Synaesthesia:
Physiologicaldiagnosis,
practiceofperception,artprogram.
Asemioticre-analysis
Roland POSNERandDagmar SCHMAUKS
TechnicalUniversity,Berlin
1.Meaningsoftheword“synaesthesia”
When someone mentions the “crisp cold” of a winter landscape, the
“gloomy silence” of a funeral ceremony, the “slushy melody” of a
sentimental film, or the “piercing scream” of a victim, we feel that we
have been given a concise idea of what is happening. This is due to
the fact that each such expression uses just two words to characterize a
perception which is much more complex. In the first example, a
feeling of temperature (“coldness”) is matched with an experience of sight
or touch (“crispness”), and the combined description of these two
sensations succeeds in evoking further ideas of sensations fitting that
scene, such as the dry echoes of sounds in a frosty landscape. Similar
processes take place when absence of sound (“silence”) is combined
with absence of sight (as in “gloomy silence”), when a soft sound
(“melody”) is combined with a (slightly ugly) soft touch (as in “slushy
melody”), and when the high intensity of an utterance (“scream”) is
combined with the high intensity of an experience of the skin (as in
“piercing scream”). All these expressions bring together several real
or imagined sensations, and all of them give rise to further real or sensations which are neither directly stimulated nor
explicitlydesignated.
Perceptual experiences in which sensations belonging to different
sense modalities are connected or in which a perception in one sens e
modality triggers a sensation in another one which is not directl y
stimulated are called “synaesthesias” (Cytowic 1989 and 1993, as well
as Adler 2001). Everyone is used to experiences of that kind. Since we
perceive most situations in several sense modalities, a perception12 SIGNESDUCORPS,CORPSDUSIGNE
taking place in one modality is often sufficient to anticipate sensations
that will accompany it in the other modalities (for terminological
distinction between “sense organs”, “sense modality”, “channel of
perception”,“medium”,and“code”seePosner1985).
The cross-modality matching of perceptions has always fascinated
researchers, but it has become the focus of empirical investigations
only since the 18th century (see Marks 1997: 52-56, for a historical
outline). On the basis of the evidence available today, one can say that
sight and hearing are the modalities linked most frequently; the results
are colored sounds or resounding colours, depending on the trigger.
Other combinations of the classic “five senses” also occur, for
example, a colour evoking a touch sensation, a sound evoking a taste
sensation,orasmellevokingasight.
Perceptual experiences such as these are what is normally meant
with “synaesthesia”. However, this term also has two more specific
meanings, which become prominent in two special types of context. In
the context of cultural activities, “synaesthesia” designates an art
program which makes artists design works of art so that they affect
several senses at the same time (see § 1.1 below). An example from
the beginning of the 20th century is the utopian conception of a
universally comprehensible “colour music”, which connects sounds
with colored lights. In a medical context, “synaesthesia” designates a
physiological diagnosis according to which several sense modalities in
a person are automatically linked so that perceptions of a certain kind
are consistently, per

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