Vers une autre idée et pour une autre politique de la langue française
211 pages
Français

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Vers une autre idée et pour une autre politique de la langue française , livre ebook

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Français

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Description

La Francophonie réunit des Etats sans cesse plus nombreux, mais on peut se demander si, au fur et à mesure de cet accroissement, la place de la langue française elle-même n'y devient pas sans cesse plus réduite, par la force des choses. Une telle évolution devrait sans doute s'accompagner d'un réexamen de l'idée même que beaucoup se font de cette langue et de la définition d'une nouvelle stratégie de diffusion à laquelle semble inviter le Sommet de Bucarest. Demain, il sera trop tard !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2006
Nombre de lectures 105
EAN13 9782336252926
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296004832
EAN : 9782296004832
Vers une autre idée et pour une autre politique de la langue française

Robert Chaudenson
Sommaire
Page de Copyright Page de titre AVANT-PROPOS Introduction Chapitre premier - Des Français et du français Chapitre deuxième - Scrabble, dictionnaires et lexicographie Chapitre troisième - Championnat du monde d’orthographe et francophonie Chapitre quatrième - La Droite et la Gauche françaises face à la langue française Chapitre cinquième - De la terminologie. Chapitre sixième - Les Français sont-ils les seuls propriétaires de la langue française ? Chapitre septième - Le français dans le monde : enseignement et/ou diffusion ? Chapitre huitième - L’avenir du français : l’Europe ou l’Afrique? Chapitre neuvième - Où sont les priorités et quelles sont les urgences ? Chapitre dixième - Et l’audiovisuel ? Chapitre onzième - La réduction de la fracture numérique ? Chapitre douzième - Vers un « globish » à la française ? Chapitre treizième - Français fondamental, SMIC francophone ou Programme Minimum Commun de Français (CONFEMEN)? Chapitre quatorzième - Pas de stratégies ni de priorités sans objectifs. Chapitre quinzième - Audiovisuel et éducation : concurrence ou complémentarité ? Chapitre seizième - Vers un dispositif universel de diffusion de la langue française CONCLUSION REFERENCES
AVANT-PROPOS
De mars à octobre 2006 aura lieu le « Festival Francophone en France », « Francofffonies ». La décision a été prise à Beyrouth en octobre 2002; la dénomination, par ses trois f centraux, rappelle les initiales du nom complet de cette manifestations. Il y a là, selon les termes de Monique Veaute, Commissaire général du Fesfival , « un coup d’oeil affectueusement insolent aux contraintes orthographiques de la langue française », « une mutation génétique imaginaire ». Le terme choisi, au-delà de son étrangeté, a le mérite, grâce à son -s final, de rappeler que la francophonie, culturelle ou linguistique, est toujours plurielle. On le dit depuis longtemps (en particulier depuis le Sommet de Dakar en 1989), mais l’intendance ne suit guère. Si l’on admet volontiers la diversité culturelle (elle est même officialisée depuis le Sommet de Cotonou et la Convention adoptée par l’UNESCO en novembre 2005), il en est tout autrement pour ce qui touche à la langue dont le rôle est pourtant central. « Francofffonies » le souligne, s’il en est besoin, puisque le titre évoqué est complété par « Festival des cultures francophones en France ».

L’insolence étant désormais permise, pourquoi s’en priver dans ce livre !

En général, la diversité linguistique n’est guère admise que, pour reconnaître (mais comment la nier ?) la présence de langues autres que le français dans l’espace francophone ( la « francopotyphonie ? de S. Farandjis !). Sur un plan plus général encore, la pluralité des langues est soutenue, par la France comme par la Francophonie, mais il n’échappe à personne qu’il y a souvent là une stratégie, assez naïve au demeurant, pour tenter de contrer l’hégémonie de l’anglais. En revanche, s’agissant de la langue française elle-même, on observe que règne un totalitarisme quasi absolu et que les Français, qui se regardent comme les seuls propriétaires légitimes de la langue française, entendent, le plus souvent et pour la plupart, en régler seuls les normes comme l’usage.

Cette attitude trouve, pour une bonne part, sa légitimation dans une image de la langue française qui, elle-même, se fonde sur l’histoire « officielle » de cette langue. C’est de ce constat que procédait le titre de cet ouvrage « Pour une autre histoire et vers une autre idée de la langue française » que j’ai abandonné en modifiant mon projet initial pour rendre l’ouvrage plus bref et plus orienté. Ce que l’on présente comme l’histoire du français est en fait celle de la seule variété littéraire de cette langue. Il ne s’agit nullement ici de rejeter cette représentation de notre langue mais simplement d’attirer l’attention sur deux points, majeurs sur deux plans différents.

Le premier est l’extravagante réduction de la langue à ses seuls usages littéraires les plus achevés; une telle démarche exclut arbitrairement toutes les variétés « ordinaires » de français, anciennes ou contemporaines, hexagonales ou extérieures à la France, à qui l’on ne peut refuser, en aucun cas, la dénomination de « français ». La géographie, par exemple, nous donne à penser, à tort, que le français est né et s’est développé dans l’hexagone français pour déborder ensuite sur les marges que sont la Belgique, la Suisse ou le Val d’Aoste. En fait, il n’en est rien et, dans ces lieux, le français est apparu en même temps qu’en France. Jean-Marie Klinkenberg rappelle, non sans quelque malice, qu’une charte rédigée à Liège en 1236, « certes entachée de wallonismes », est rédigée dans une langue « nettement française » (in Chaurand, 1999 : 512). Elle est donc à peine postérieure à la première charte écrite en français à l’extrême fin du XIIe siècle (cf. S. Lusignan, in Chaurand, 1999 : 102).

Le second fait est que ce gauchissement et, parfois, ce travestissement de l’histoire du français comme de la diversité et de la véritable nature de cette langue, ont les plus graves conséquences, tant pour l’image de la langue française que pour les modalités de sa diffusion dans la francophonie comme dans le reste du monde. L’exigence qu’on ne puisse légitimement parler le français que comme Racine ou Proust l’ont écrit (car, dans leur conversation ordinaire, ils en usaient tout autrement !) fait de cette langue un mode de communication d’une si grande complexité et d’un tel raffinement que bien des étrangers, en dépit de leur désir initial de l’apprendre, y renoncent, jugeant insurmontables les difficultés d’une telle entreprise.

La version initiale de cet ouvrage (déjà entièrement rédigée) visait à montrer, par référence aux français extra-hexagonaux (en Amérique du Nord surtout) et aux créoles français (qui se sont formés, au XVIIIe siècle surtout, à partir de variétés de français ordinaires très voisines de celles qui avaient été transportées en Amérique par les colons) qu’historiens et grammairiens du français ignorent et/ou nous cachent beaucoup de choses sur les diverses variétés de notre langue. L’état ancien du français ordinaire est très sensiblement différent de celui que nous en donnent les histoires « officielles » de cette langue, qui font une référence exclusive aux grands textes littéraires, en ignorant tout des autres usages qui ont aussi leur légitimité.

Toutefois, cette partie, proprement linguistique et fondée sur la mise en évidence, à partir de la comparaison des français d’Amérique et des créoles, d’une foule de traits du français qu’ignore ou gauchit l’histoire officielle, occupait plus de cent pages du livre; elle affaiblissait le dessein essentiel qui est de répondre à des urgences que je juge dramatiques. J’ai donc supprimé toute cette partie en demandant au lecteur de me faire confiance sur ce point, tout en lui laissant la possibilité de retrouver une bonne partie des faits eux-mêmes dans certains de mes écrits antérieurs (dont en particulier mon livre de 2003, La créolisation : théorie, applications, implications).

Cette démonstration que le lecteur me pardonnera sans doute volontiers de lui épargner conduit à s’interroger sur les causes et les modes de la sacralisation voire de la fétichisation de la langue française, dont les signes sont multiples et vont, pour la plupart, à l’encontre de ce que l’on pourrait nommer l’esprit de la Francophonie. On ne cesse, en effet, de proclamer que la langue française est le bien commun de tous et non la propriété, intangible et exclusive d’une minorité de Français. Or un domaine comme celui de la terminologie, où les pesanteurs historiques sont moindres et où le rôle novateur du Québec est incontestable, met en évidence les contradictions et les difficultés d’une synergie francophone, dont on ne manque pourtant pas de souligner les charmes comme l’absolue nécessité.

Revisiter l’histoire du français et la rétablir dans sa réalité multiple, en France comme hors de France, aiderait à modifier sensiblement l’image du français, souvent excessivement élitiste. Changer l’idée qu’on se fait de la langue f

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