Abécédaire pour les intimes
151 pages
Français

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Abécédaire pour les intimes , livre ebook

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Description

Mal du pays, regrets du passé. Ou regrets dans le passé. Sur l’axe temporel, Elle ne se définit qu’une fois. Un indice ? Nous parlons et enterrons le présent dans l’instant qui lui appartient. Sarcophage que nous laissons divaguer dans l’espoir de retrouver sa trace sur les bords d’un cours d'eau. La nostalgie ! Vous avez deviné ! Tout ne serait que pure coïncidence sans elle. Même les gestes les plus rudimentaires. L’homme divaguerait au gré de ses humeurs. Sans constance, sans joie, sans projection vers l’avenir. Cette variable nécessaire priverait pêle-mêle, les enfants de l’amour des parents. Le monde professionnel de ses règles et de ses impondérables. Les banquiers et leurs clients d’une camaraderie au-dessus du « zéro euro ». Les politiciens de leurs appartenances idéologiques etc.… On se rappelle, et c’est tant mieux. Non sans y mettre à chaque fois une masse d’affect bien pesée. Mais c’est à l’école que nous devenons citoyen…Alors ! Que dire après cela ? Peut-être ai-je tort de choisir entre le roman et l’autobiographie ? Mais peut-être pas, en fin de compte. Car, ne parle-t’on pas de dimension romanesque, lorsque nous évoquons nos souvenirs d’antan ? Il n’y a qu’à écouter cette splendide chanson de Gilbert Bécaud, « La vente aux enchères » : « Moi qui ai des souvenirs à ne plus savoir qu’en faire. Venez assister messieurs, mesdames, à ma vente aux enchères ».

Informations

Publié par
Date de parution 21 septembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312037974
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Abécédaire pour les intimes
Philippe Laguerre
Abécédaire pour les intimes
Tome 2
De G à K










LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03797-4
Avant-Propos
En guise d’ouverture du second tome, je m’autoriserai un bref laïus sur une notion littéraire : Le Gabionnage . Sorte de pratique qui passe par l’utilisation de grands paniers que l’on emplissait de terre, afin de mettre à couvert les soldats lors d’un siège. L’image est suffisamment forte pour servir la cause d’une transition entre deux époques d’écriture. Mais en aval, cet emprunt que vous me permettrez sans doute, s’orientera de lui-même sur l’absence de Gabionnage au sein de ce récit. Non que je puisse couvrir certaines pratiques des acteurs à ce stade. Rassemblés, ils apparaissent disparates et presque hétérogènes dans ce qu’ils ont à apporter à cette œuvre.
Comme il est fondamental d’appartenir initialement à ses parents, à sa langue, à sa religion, à son groupe culturel, il serait abusif de croire que ces mêmes augures, ces contextes d’appartenances, puissent nous offrir l’asile loin de nos défauts originels.
L’avantage des mères est qu’on leur appartient quand on est enfant, ce qui nous permet plus tard de devenir autonome et de les quitter. Fort heureusement, il préexiste toujours en amont un gabionnage d’êtres, susceptibles de voler à notre secours en cas de besoin. Ces mains tendues dans notre parcours semé d’embûches nous permettent d’y voir plus clair lorsque notre sens du dialogue, notre diplomatie s’égarent sur le terrain de la fierté et de la rancœur.
Il ne faut jamais oublier que la fonction maternelle qui nous a donné le jour, nous a conforté déjà et depuis notre naissance, à l’apprentissage du souvenir. Nous avons aimé ou détesté, recueilli des enseignements de nos erreurs commises, mais nous en avons gardé le ressenti. Nous en avons oublié les mots durs, les échanges houleux.
L’aigreur nous a parfois gagné, mais nous nous sommes souvent penché sur nos ennemis, comme le fit jadis la plus tendre des mères au regard des vicissitudes de sa progéniture et nous avons pardonné. Nous possédons dès à présent le pouvoir de tendre la main. Regardons-nous : Le sentiment est tout, les noms ne sont que du bruit.
G.
G ENEVIÈVE
Elle entrouvre ses grands bras pour me faire une place dans son lit. Je me blottis contre sa poitrine et nous dormons du sommeil du juste. Ma sœur de cœur et de sang porte en son âme, la douceur et la vigilance d’une mère depuis sa plus tendre enfance. Nombreuses furent les fois où, emporté par les spasmes de mon asthme chronique, je n’arrivais à trouver le sommeil. Elle restait assise près de moi. Par des gestes simples et attendrissants, elle me montrait les rudiments de la respiration assistée.
S’il est des rêves que l’on ne peut expliquer que par l’intervention d’un ouvrage approprié, ou d’un ami qui voudrait bien se faire passer pour ce qu’il n’est pas, La nature a très souvent conviée à sa table des êtres simples qui ne demandent qu’à être aimés pour ce qu’ils sont.
Très jeune, aussi loin que je puisse l’affirmer, ma sœur a toujours été pour moi la franchise, la modestie incarnée. Devrais-je ajouter la simplicité qui, depuis sa plus tendre enfance, lui fit demander à sa mère, après le repas, d’avoir la possibilité d’aller au Dodo aussi sec ?
Emboîtant le pas de son aînée sur le chemin de l’émancipation, il m’était difficile d’oublier la maman qui m’avait tant de fois choyée tout contre son cœur.
Ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit ! Les sentiments sont des réactions organisées à une situation donnée, des régulateurs de l’action. Son cœur n’en restait pas moins dévoué à l’affection sans concessions d’un frère, qui plus est le seul, aux demandes incessantes de gestes orientés et affectueux. Ce triste grigou, ne laissait transparaître qu’une ruse rodée à souhait pour l’examen scrupuleux de ses seins. Car elle a hérité, avant même de s’être acquittée des droits de succession, d’une poitrine opulente qui n’est pas sans évoquer ce poème du fétichiste Ramon Gomez de la Serna , que je m’empresse ci-dessous de vous faire partager :
– « Il y a des seins pleins de calme
Il y a des seins pleins de douleur
Il y a des seins pleins de passion
Il y a des seins pleins de divorces
Il y a des seins pleins de calamités
Il y a des seins pleins de plombs de chasse
Il y a des seins pleins de petites médailles de la Vierge
Il y a des seins pleins de menue monnaie
Il y a des seins pleins de noirceur sous leur surface blanche
Il y a des seins pleins comme des ballons
Vous ne me tiendrez pas rigueur d’un écrit qui ne m’appartient pas, dans l’ébauche comme dans la chute, que je trouve par ailleurs, assez médiocre. Hormis le fait que l’on passe de la contenance fantasmatique et purement aléatoire, du particularisme, à l’énonciation finale du fétiche assumé. C’est un jeu aussi frais qu’une bouteille d’eau gazeuse oubliée dans un vide grenier. Amusez-vous à remplacer les compléments par ce qui vous passe par la tête, vous obtiendrez une renommée d’écrivain tout à fait égale.
Mais sorti de cette entrée en matière qui ne constitue pas en soi l’anecdote attendue, je vais rhabiller ma sœur, si vous le permettez, pour nous transporter en 1982, date à laquelle et par sa faute, je dus dormir les nuits suivantes à l’aide d’une toute petite veilleuse pour ne pas voir surgir du placard, l’ignoble monstre cinématographique et choquant, je dois le dire aujourd’hui encore.
Comment peut-on être vacciné contre une œuvre quelle qu’elle soit ? « Éléphant Man » s’écriait-elle, en essayant de convaincre ma mère de me laisser aller voir le grand John Hurt. À vrai dire, il n’était pas besoin de quémander ma présence à l’événement. Elle s’imposait naturellement auprès des instances supérieures de la famille.
Elle traversait une passe difficile, compte tenu du fait que ses études pour devenir auxiliaire puéricultrice lui demandaient énormément de temps de révisions et de préparations. Elle fut intègre jusqu’au bout. Telle une amazone perchée sur son cheval métaphoriquement appelé « ambition », elle s’isolait de tous, par moments, comme pour ensevelir sa jeunesse. Féconder son propre espoir d’indépendance.
« La vertu est, ce me semble, santé, beauté, bonne disposition de l’âme, et le vice maladie, laideur et faiblesse » , nous précise Platon dans son banquet réservé VIP .
La sélection naturelle selon l’homme par l’homme. Combien de fois à travers les âges et les siècles de réflexion, sommes-nous parvenus au constat que l’autre qui justifie notre présence soit à la fois, notre champ réducteur de conscience et notre ostracisme déclaré mais incertain ; alors qu’il peut être tout aussi bien notre éclosion de conscience et par-delà, notre pouvoir d’imposer notre propre volonté ?
L’année 1982 apporte son lot de découvertes puisque ce jour-là dans un cinéma de centre-ville, j’eus la malchance de voir surgir du tréfonds de mon esprit, le sens critique qui me faisait défaut jusqu’à lors.
Vous rappelez vous du tout premier jugement porté sur autrui ? Semblerait-il incommodant de vous souvenir de la toute première fois où, malencontreusement, vous n’avez pas répondu à un acte contraignant par « oui » ou par « non », mais par une locution introductive ou une conjonction quelle qu’elle soit ? L’analyse réflexive s’efforce de retrouver dans une pensée quelconque, la Pensée tout entière. C’est un effort de l’esprit pour se distinguer des phénomènes et se saisir dans sa production.
Dans ce cinéma, il ne pouvait en être autrement. A la réflexion, je fis même mon tout premier acte de pensée.
L’entente
Nous étions jeunes, mais solidement attachés les uns aux autres. Trois adolescents dans l’espoir de le devenir prochainement. Stéphane, Yves et moi. Il n’y a qu’une belle chose, c’est une âme libre et indépendante. Une seule idée puissante et productive et la soif joyeuse de la vie qui s’entrouvre sur nos pas. Geneviève voulait nous faire partager un moment particulier qui n’appartiendrait qu’à nous. Voir un film ensemble et à cela, ajouter une pierre fondamentale à notre amitié.
« Éléphant man » avait tous les critères de l’événement fantastique. Le seul problème résidait dans ce que nous en ferions après.
Yves véhiculait l’image du jeune introspectif . Plongé dans ses pensées et sans non plus le décrire ici plus qu’il ne le faudrait, pour ne pas lever le voile sur son identité, je pourrais résumer l

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