Le loup sous la blouse
105 pages
Français

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Description

Ce premier roman est autobiographique. L'auteur raconte son itinéraire, émaillé de heurs et de malheurs, de réussites et de renoncements, avec, toujours en toile de fond, la Bretagne et ses paysages marins colorés. Sa vocation d'enfant va se concrétiser, au travers d'une vie studieuse, simple en apparence, en somme réussie, elle deviendra médecin. Pourtant difficultés familiales et professionnelles s'imbriquent tour à tour. Lorsque la retraite approche, avec le projet d'un légitime retour aux sources, la maladie s'invite sournoisement. Elle est abordée ici sans concession, mais aussi avec pudeur. Le métier de la narratrice majore encore sa révolte. À l'automne de sa vie, la résilience sera-t-elle possible, d'autant que la maladie, parfois en veille, rôde toujours ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 novembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312005690
Langue Français

Extrait

Le loup sous la blouse
Chantal Delmotte
Le loup sous la blouse















Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
À mes petits enfants, mon adorable ribambelle :


Marie, Pierre,
Maxime et Julie,
Nathan, Capucine.





Remerciements :
- à Isa pour ses conseils éclairés et son soutien indéfectible permanent,
- à Bernard, pour sa présence à mes côtés,
- à Marie-France, amie et consœur, pour son jugement positif dès le stade embryonnaire de l'ouvrage,
- à Myriam pour ses encouragements et sa relecture objective et pertinente du manuscrit,
- à Colette enfin, pour son amicale et attentive intervention.

















© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00569-0
Avant-Propos
« L'homme n'est pas ce qu'il cache, il est ce qu'il fait ».

André Malraux
Introduction
Je m’appelle Lou Alwena Laouénan.

Très vite, tout le monde m’appela Louwe- Louve -, en ne retenant de ce second prénom, pourtant fort joli, que le son Ve du We, puis enfin ce fut tout simplement Lou …

Je suis née au cœur de Paris à quelques encablures de l’Ecole Militaire, en une douce soirée d’été du mois d’août 1944.
La bataille des toits faisait rage et la délivrance de Maman ne précéda que de peu la libération de la capitale.
La liesse accompagna donc mes premiers jours de vie, d’autant que, deuxième dans la fratrie et quinze mois après l’arrivée d’un garçon, la naissance d’une petite fille était particulièrement bienvenue.
L’appartement cossu de l’avenue de Suffren était ébranlé par le bruit de détonations incessantes qui terrorisait mon frère Allan et à qui un placard offrait un abri calfeutré, tel un accueillant et rassurant cocon.
Sur le nouveau-né que j’étais, l’agitation extérieure n’avait pas prise.
Le bon lait maternel palliait la pénurie en tout genre, surtout en denrées essentielles.
Je fis mes premiers pas à douze mois au Champ de Mars. Puis, les circonstances nous permirent de quitter la capitale.
Partie I
Lou
Chapitre N° 1
Une enfance bretonne
Oubliant les privations, les tickets de rationnement, y compris sur la laine, c’est tout de bleu vêtue que j’arrivai au pays breton.

Sans regret toute la famille s’installa à Talduff sur mer dans les Côtes du Nord.
Le nom de ce département de la Bretagne Nord a prêté longtemps à confusion.
Pour les non initiés cette région était de toute évidence apparentée au plat pays.
Pour clarifier cette situation, pour le moins équivoque, des Celtes bretonnants rebaptisèrent, fort judicieusement, ce territoire Côtes d’Armor.
Négligeant la chronologie, j’utiliserai cette dernière appellation, beaucoup plus jolie à mon sens, et nettement plus évocatrice.

Soixante ans plus tard, me voilà de retour en terres bretonnes : le passé est là, il me hante, il me rattrape …

Avec mon second mari, nous choisissons de nous établir sur cette côte nord, rude, rugueuse et sauvage, où nos attaches nous agrippent, tels des oyats dans les dunes. Tal-Ar Mor , notre maison devant la mer, si belle, si changeante, notre havre de paix nous accueille, nous rassure au gré de la marée et de nos humeurs.

Les tranches de vie se succèdent, si différentes les unes des autres, une toile se tisse, rêves et réalité s’entrelacent comme terre et mer, et le fil conducteur semble parfois inaccessible ou même invisible.

Ma petite enfance fut paradisiaque. Liberté, grands espaces entre prairies et mer, maison jaune, haute, très haute pour mon regard d’enfant, jardin biscornu en terrasses, planté de buissons d’hortensias bleus, d’un bleu intense.
Tout cela reste gravé à jamais dans ma mémoire.
La maison était glaciale l’hiver, souffletée, agressée en permanence par les vents marins, le noroît rugissant aux sifflements sinistres accompagnait mes nuits et me rassurait pourtant. J’aimais ce vent qui giflait mon visage et me soulevait du sol. Parfois, je me sentais comme un oiseau. J’ouvrais la bouche et aspirais goulûment une bouffée de cet air du large, si vivifiant que j’en suffoquais presque.
Les montbretias élancés, aux allures si distinguées, agitaient leurs gracieuses têtes déliées et lancéolées aux couleurs jaunes, orangées ou rouges. Bien que de petite taille, ils narguaient leurs voisins, les petits phlox étoilés, roses ou rouge cramoisi, qui foisonnaient à leurs pieds et qui, tout comme eux, éclairaient avec joie la grisaille des jours sans soleil.
Les capucines çà et là, avaient l’air de faire la causette, tout en repliant pudiquement leurs pétales de feu.

La prairie, devant notre maison Héol-Avel-Mor ce qui signifie Soleil-Vent-Mer, était verte et immense.
Madame Barsic y gardait ses vaches, aux nombreuses taches café au lait décorées de bouse odorante. Elles avaient l’air fort négligées et ne devaient pas faire toilette souvent !
La vachère avec ses gros sabots de bois, avait la même odeur et piquait quand elle m’embrassait. Je me rappelle lui en avoir fait la remarque et elle n’avait pas l’air contente du tout.
Elle faisait de la couture ou du tricot pour passer le temps, tout en surveillant ses bêtes. Elle me demanda une fois de lui enfiler son aiguille, pensant que mes yeux tout neufs, compenseraient sa vue défaillante. Je répondis que j’avais l’habitude. Las, mes petits doigts malhabiles ne purent conduire le fil à travers le chas rétif.
Six décennies plus tard, j’en suis encore vexée. Du haut de mes quatre ans, j’abhorrais déjà l’échec…

Je gambadais pieds nus du matin au soir et, quelquefois, agitant comme un trophée une baguette en bois de saule pour rassembler le bétail, je marchais sur de vigoureux chardons bleus. Mon frère riait aux éclats et s’amusait à faire fuir les laitières.
En quelques enjambées nous étions sur la plage, nous courions sur le sable fin, dont le blanc éblouissant nous brûlait les yeux. Nous sautillions sur les patelles pointues, enchâssées dans les rochers aux arêtes vives. Empilées les unes sur les autres, des crépidules, aux coquilles rebondies piquetées de rouge, adoucissaient cet univers rude. Les goémons glissants, aux subtiles senteurs marines iodées, nous faisaient trébucher. Les coquilles d’ormeau en nacre mordorée scintillaient au soleil et crissaient sous mes pas. Mes petons me faisaient mal et j’enviais Allan et ses sandales, moi qui, pour corriger mes pieds plats, n’en portais pas.
La prescription médicale émanait du pédiatre ami de la famille. Il n’était donc question d’en discuter l’ordonnance.
Autres temps, autres mœurs…
Plus tard ce sera la croix et la bannière pour arriver à faire porter des chaussons à mes enfants, puis à mes petits enfants. Cela m’a toujours étonnée, moi qui ne supporte plus d’être pieds nus, même pour quelques pas.

J’étais dotée d’une mémoire éléphantesque. Pourtant, la mémoire sélective a été pour moi un atout précieux. Tel un peintre gommant de son tableau les détails perturbateurs gênants, mon imaginaire en toute candeur faisait un tri drastique, pour ne conserver que le beau et l’agréable.
Parfois cependant certaines plaies plus profondes, ou ressenties comme telles, évolueront sous un mode torpide et ne cicatriseront jamais.

Ma prairie, cette grande prairie verte, fut un jour recouverte par la mer. Le paysage dévasté par des vagues en furie, dont les assauts répétés menaçaient les premières habitations, semblait irréel et chaotique.
Le raz de marée de cette année-là fut tout à fait exceptionnel et pendant longtemps, conversations et chroniques locales relatèrent le phénomène. Le tsunami laissa des traces. Il marqua fortement les esprits. La digue n’avait pas résisté et d’énormes galets projetés sur les hauteurs s’y fracassaient sans relâche, écrasant tout sur leur passage et étouffant la végétation naissante.

Notre maison perchée à flanc de falaise, conforme à l’architecture balnéaire de la fin du XIX e siècle, comportait plusieurs niveaux avec vue mer. Avec ses nombreux balcons aux balustrades jaune paille et ses multiples décrochements asymétriques, elle nous semblait invincible, presque féerique. Les cachettes insoupçonnées des adultes, au détour de petits escaliers en pierre de taille, nous enchantaient.
La maison d’en face, aux volets bordeaux, nous paraissait minuscule car située en contre- bas. Nos petites voisines partageaient nos jeux lutins.

Un jour, surpris par la m

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