Personnes en flammes
176 pages
Français

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Description

Ce récit débute inéluctablement par la description des circonstances et des conditions de la naissance d’Albino, lesquelles, une quarantaine d’années plus tard, déterminèrent le choix de son nom de guerre. Son bref séjour en France établit, indestructibles, les racines de son existence. Il s’ensuivit son déménagement au Portugal, chez ses grands-parents, avec qui il vécut, après que ses parents regagnèrent la France. Cette époque fut intensément caractérisée à la fois par le néant existentiel et une gaieté enfantine illimitée. Après, quelques années plus tard, alors âgé de 16 ans, il déménagea de nouveau, pour cause de ses études, cette fois-ci chez son oncle, à Lisbonne. Cette nouvelle phase de sa vie ne lui fut guère bénéfique : il connut davantage le nihilisme à tel point qu’il finit par perdre totalement son sourire, même si sans endommager le jardin de son for intérieur.
Pis : autres séismes se produisirent ultérieurement dans sa vie : sa condition psychologique continua à s’éroder, jusqu’à l’os, notamment au moment des troubles survenus en 2003. Les répliques de ce dernier eurent son apogée lors de son séjour en Timor-Est où son âme vola en éclats, fruit de l’action de garces sans scrupules et d’anacondas venimeux.
L’être humain, à l’instar d’un cactus ou de la plante welwitschia mirabilis, est miraculeusement doté de caractéristiques surprenantes qui lui permettent de saisir la vie, et ce en dépit de l’aridité du milieu où il vit, sans avoir égard aux sédiments toxiques compris dans le substrat de son existence.

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312067247
Langue Français

Extrait

Personnes en flammes
Abel Lion Albino
Personnes en flammes
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06724-7
À tous mes ennemis : Thérèse Soussa , Sus ! Anne , Lara , Louise , Cleojas , GNR … Tant d’autres ! Vous m’avez passionné par les horripilantes ombres de vos âmes, par la portée de vos vies toxiques, par la pureté de vos délires vénéneux !
Vous m’inspirez la pitié, une immense et incommensurable pitié ! Il est triste que vous soyez si obtus !
J’ai fièrement survécu à vos morsures.
Il était une nuit très chaude. Le soleil avait embrassé la terre au cours de la journée. Il était toujours ainsi à cette période de l’année, sans faille, entre mi-juin et mi-août. On était en plein été. La force énergique de cette étoile était telle qu’elle forçait tout être vivant à chercher plutôt une ombre pour s’abriter, de préférence auprès d’un cours d’eau. Seule cette force à la fois magnifique et abrupte, certes point clémente, arrivait à revigorer le ma ї s qui poussait sur les champs, le seigle et les haricots ; à faire saigner les pins aux pommes de leur résine dans la forêt qui s’étendait tout autour d’un village, dans le centre du pays, nommé Brejo de Baixo . Pendant la nuit, jusqu’à vers trois heures et demie du matin, la croûte terrestre dégageait la chaleur accumulée pendant le jour. À midi, un œuf plongé dans un verre d’eau au soleil cuirait facilement en deux ou trois heures.
Une madame attendait sur son lit. Dès le début de la nuit, dès les vingt et une heures à peu près, qu’elle pronostiquait dans les prochaines heures la venue au monde d’un nouvel être humain qu’elle portait en son ventre. L’inévitable se produisit en fait avec succès, même si très tard, après une attente de plusieurs heures. Voici qu’à deux heures du matin du 5 août de cette année de 1969, jour de Saint Abel , naquit un enfant du sexe masculin pesant trois kilogrammes environs.
Le cordon ombilical coupé et son corps nettoyé du sang et des fluides utérins, le nouveau-né fut sitôt mis à côté de sa mère. Il se suivit quelques procédés d’agencement de la mise en route d’un nouveau cordon ombilical entre lui et le reste de la famille, en particulier entre lui et ses parents : le choix de son prénom, de son parrainage et du mois et du jour de son baptême. Ceci ne constituait point un simple procédé protocolaire ou un pur rituel symbolique, il ne s’agissait rien de moins qu’une démarche qu’il fallait accomplir pour le rendre membre effectif de la famille, pour l’intégrer parmi les êtres vivants en tant qu’individu et citoyen. À cet effet, il fallait l’attribuer une identité propre, formelle et univoque. Cet acte comprenait en réalité un ensemble de règles déterminées par l’espèce humaine, inhérentes à sa culture, à ses pratiques, celles-ci affinées tout au cours de son évolution. Ces procédés se jugeaient a priori situés dans un échelon supérieur par rapport aux pratiques sociétales rencontrées chez les autres animaux, sur la ligne d’évolution de l’ensemble des espèces. Cette mère n’avait pas mis au monde un nouveau-être avec la même signification qu’une femelle quelconque le faisait au sein du troupeau où elle appartenait, dans les savanes d’Afrique par exemple, dans le règne animal en général.
Tous les points requis furent observés, y compris l’attribution du parrainage. Néanmoins , à la dernière minute, à la veille de la fête du baptême, une convocation du parrain pour intégrer sans délai le régiment militaire pour Angola força à un changement des plans préalablement établis. Cet imprévu obligea sur-le-champ à faire un nouveau choix pour rendre possible l’observation de ce devoir chrétien. Le bébé prit le prénom de ce nouveau parrain, Albino , suivi du prénom du père de sa mère, après l’un des noms de la famille de la mère de l’enfant et, finalement, le nom de famille du père de l’enfant. Voici la constitution structurelle de la nomination de ce bébé : de ce nouvel habitant d’un petit village du centre de Portugal , de la planète Terre .
En raison des mauvaises conditions de vie, son père partit pour la France en février de l’année suivante, 1970. Sa mère continua à vivre dans ce village avec son petit fils, en attendant que les circonstances se révélassent adéquates et fructueuses. En fait, tout d’abord le bébé, âgé de cinq mois à peine, ne permettait guère entreprendre un long voyage, une entreprise qui pourrait s’éterniser sur plusieurs jours d’affilée, et ce par étapes, en plusieurs moyens de transports. Autres problèmes de circonstance se posaient aussi : l’inexistence de conditions sociales acceptables de cette famille dans le pays d’accueil eu égard aux aléas de la vie, l’usufruit d’un travail et d’un domicile stable notamment.
La mère d’Albino décida de rejoindre son mari quand ceci avait deux ans. Une opportunité formidable s’était enfin produite. Certes , la stabilité familiale dans le pays d’accueil ne constituait pas une condition suffisante pour occasionner le départ de la femme avec son fils. La survenue d’un plan crédible de voyage était de même un point essentiel à tenir en compte car rarissime de se présenter. Dans ces années le continent européen, fortement délimité par de frontières, ne permettait point envisager un voyage entre les pays avec les traits linéaires d’aujourd’hui. La simple problématique d’obtenir un passeport constituait une petite partie de l’iceberg de cette échappée à la pauvreté.
La jeune mère laissa son village avec deux cousines, deux filles d’un frère de sa mère. Un chauffeur de taxi s’était spécialisé dans le transport des gens de Portugal pour l’Espagne, en enjambant la frontière entre ces deux pays, à Vilar Formoso. Un tel voyage renfermait une astuce comprenant plusieurs chauffeurs tantôt du côté portugais, tantôt de la partie espagnole, voire, un professionnalisme des plus raffinés où il se comptait la connaissance de contacts-clefs dans les services de douane.
En dépit de l’organisation méticuleuse du voyage, par un agencement chronologique entre les plusieurs parties ou étapes, à un moment donné un contretemps se produisit sitôt atteignit le sol espagnol : elles durent s’enfuir de la police, se cachant dans un champ de blé et de chênes verts. Il était nuit mais grâce à la lune, elles arrivaient à entrevoir un chemin de fuite. Le problème majeur ne résidait pas toutefois dans l’obscurité plus ou moins prononcée de cette nuit pour qu’elles pussent se sauver au milieu de nulle part : la présence de l’enfant noircissait davantage une issue heureuse, en raison du fardeau qu’il constituait et de l’imprévisibilité des caprices de ses états d’âme.
Après plusieurs centaines de mètres de fuite, les trois femmes rencontrèrent finalement un corral vide de son bétail, de portes ouvertes, où elles firent une halte pour reprendre leurs souffles, cachées parmi le foin, des caisses en bois et de récipients en métal. Malgré les avantages d’une nuit relativement claire, cet éclairage survint au cours de la nuit erronée. Celles, jouissant de la nouvelle lune, où l’obscurité est dense et impénétrable comme dans un trou noir ou dans les plis et replis de l’espace intersidéral, bénéficiaient d’un atout majeur : elles permettaient de disparaître par magie par une simple immobilité des gestes, sans trop d’effort, sans s’essouffler dans une longue panique.
En dépit du lieu, une construction pour abriter des animaux où il puait aux excréments et à leurs odeurs, le seul fait de se sentir protégées par les quatre murs les procuraient une certaine assurance contre les plusieurs dangers de la nuit et de l’inconnu ; il les assouvissait de la peur d’être prises par la police. Toutefois, une grande anxiété se maintenait irrémédiablement à fleur de leurs peaux : elles avaient conscience qu’elles ne pourraient pas y rester indéfiniment.
Voilà , le premier grand obstacle avait déjà été franchi. Devant elles, un vaste chemin manquait encore à parcourir. L’Espagne était un pays par trop immense, des plus spacieux. Elles y auraient bon nombre d’autres endroits pour se cacher, sans nul doute, mais elles de

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