L enseignement non gouvernemental en Chine
298 pages
Français

L'enseignement non gouvernemental en Chine , livre ebook

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Description

La Chine, dont le système scolaire est le plus important du monde actuel, voit réapparaître, depuis le début des années 1980, son enseignement privé dit "non gouvernemental". Grâce à des politiques spécifiques, ces écoles se sont développées de façon spectaculaire. Quels parents font le choix d'envoyer leurs enfants dans ces écoles performantes ? Quelles sont leurs stratégies ? Quel rôle les capitaux familiaux jouent-ils dans l'accès à un enseignement de meilleure qualité ? Quel est l'impact de ces établissements "non gouvernementaux" ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 308
EAN13 9782296243927
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INTRODUCTION
L’enseignement privé en Chine remonte à l’antiquité, à l’époque de
Confucius qui fut un des maîtres créateurs des premières écoles privées. Cet
enseignement coexista pendant deux mille ans avec l’enseignement officiel. Il
resta dominant à travers le temps jusqu’en 1949, année où la République
populairedeChinefutinstaurée.
Dès lors, ce pays le plus peuplé du monde a vécu une transformation
radicalejamaisconnueauparavant.Lespaysans,quireprésentaient87,54%de
la population nationale en 1952, devinrent les privilégiés de cette nouvelle
société, tout comme les ouvriers. La nationalisation s’est propagée et
l’enseignement privé n’a pas été épargné. Tout le système scolaire est devenu
public. Le progrès vers l’égalité fut spectaculaire: les ressources éducatives
étaient réparties d’une manière plus ou moins équilibréeet la scolarité était
gratuiteàtouslesniveaux.Lesécolespilotes,mieuxsubventionnées,restaient
limitées et peu médiatisées. Ainsi, malgré les conditions d’enseignement
insuffisantes,leprincipedel’égalitéétaitrelativementbienrespecté.
Trente ans après, ce système monopolisé et centralisé a rencontré de
sérieuses difficultés financières face à son effectif qui est le plus important à
travers le monde. Par ailleurs, son enseignement uniforme et planifié ne
favorisaitpasautantledéveloppementindividuel.Aveclapolitiqued’ouverture
et de réforme adoptée en 1978 qui consistait à moderniser le pays par le
développement économique et scientifique, le mécanisme de gestion privée
introduit a permis au secteur économique privé de se redresser, faisant preuve
d’unedynamiquerésistanteetd’unecompétitivitépuissantedansunemutation
délicate,tandisquelesecteurpublicatteignaitseslimites.
L’ouverturechangeprogressivementlesmentalitésdelapopulationsurtout
urbaine, la croissance améliore rapidement les conditions de vie et la
concurrence engendre à son tour la demande sociale d’un enseignement
diversifié.Lesnouveauxfortunés,lesfonctionnaires,lesgroupesd’intérêt,etc.
tentent de profiter de leurs avantages pour envoyer leurs enfants dans les
meilleuresécolesquisontnaturellementlimitées.Parailleurs,lesinvestisseurs
et créateurs particuliers agissent pour former ce marché prometteur de
l’éducation, et les écoles publiques cherchent à pratiquer des mesures souples
dans la gestion afin d’améliorer les conditions d’enseignement et les salaires
desenseignants.Danscecontexte,l’enseignementprivé,appeléofficiellement
«non gouvernemental», réapparaît au début des années 1980 avec un peu de
7retard par rapport à la genèse de l’économie privée. Il connaît un début
douloureuxetdésordonnéetuneprogressionrapideetagitée.
Cesecteurprivésembleêtredemandémoinspourlesraisonsidéologiques
que pour les performances académiques. Son originalité se traduit par son
épanouissementsansinfluencereligieuseniassistancefinancièred’Etat.
Dès sa genèse, le non gouvernemental est devenu une réalité à laquelle
toutes les familles devaient s’habituer. La société chinoise attache
traditionnellement une importance extraordinaire à l’enseignement, connu
comme«moteurdelamobilitésociale»:ilfautêtrebieninstruitpourréussir.
Or, avec l’apparition du marché de l’éducation, les disparités en éducation
risquentdesecreuser.Et lespremièresgénérationsdel’après-Maoquiétaient
imprégnées du principe d’égalité ont mal accepté le privé qui intervenait dans
cesecteuréducatifconsidérécommepurementpublic.Denombreuxdébatssur
sonbutlucratifounonn’ontaboutiqu’àuneambiguïtésansjugementofficiel
définitifjusqu’àprésent.Ainsi,la«Loisurlapromotiondel’enseignementnon
ergouvernemental» entrée en vigueur le 1 septembre 2003 ne s’est pas
prononcée sur le but lucratif ni sur la permission des bénéfices pour usages
personnels. Le véritable obstacle à son développement semble se trouver dans
la concurrence avec le secteur public adoptant un mécanisme de gestion
flexible, et surtout avec les écoles «Zhuanzhi» (établissements publics
transformésenétablissementsnongouvernementaux).
La multiplicité de ce type d’établissement rendrait difficile un contrôle
uniformeetcentralisé.Ilseraitdoncinappropriédel’aborderensedétournant
du sujet des inégalités, sujet qui constitue toujours un concept
sociologiquementcrucial,résistant àl’usuredutempsetquicouvreunespace
important dans les milieux à la fois académique et politique. Les inégalités
scolaires sont-elles réellement aggravées? Sont-elles liées aux aspects comme
la croissance du privé, les politiques éducatives en faveur de l’efficacité, la
flexibilité de fonctionnement autorisée dans l’enseignement public et le
changementdemécanismedegestiondanscertainesécolespubliques?
Son parcours et en particulier son essor connu ces dernières années
suscitentl’intérêtàplusieurségards.D’unpointdevuegénéral,l’enseignement
privé, élitiste et marchand, sert les enfants des familles aisées, et aide à
reproduire la hiérarchie sociale et donc à renforcer l’inégalité sociale. En tant
que fonctionnaire de l’Education nationale de Chine, j’ai pu observer une
situation ambivalente. D’une part, le non gouvernemental élitiste stimule le
choix de l’école payante. Les écoles publiques «pilotes» et semi-publiques
«Zhuanzhi»ainsisensiblementaméliorées,feraientrégresserlascolarisationà
la carte symbolisant ainsi le principe d’égalité au niveau de l’enseignement
obligatoire. Ces écoles de qualité au niveau du primaire et du secondaire
recruteraient des élèves brillants issus de milieux économiquement et
culturellement favorisés. Aidant à reproduire la hiérarchie sociale, l’école
privée ne semble pas être largement recommandée par certains chercheurs, en
particulier certains sociologues. (Mon présent travail a conclut déjà en 2003
8que la réforme de «Zhuanzhi» devait être revue, alors qu’elle n’a été
partiellement révisée ou suspendue qu’à partir de 2007 dans certaines grandes
villes.) D’autre part, cet enseignement pourrait être aussi non élitiste et
populariséàcertainsdegrés.Ainsi,mêmedanscertainspaysindustrialisés,les
écoles privées en milieu rural sont beaucoup moins caractérisées par la
prédominance des classes sociales supérieures. En Chine, il existe des écoles
non gouvernementales simples en zones éloignées rurales ainsi que des
urbainespourlesenfantsdesmigrantsquisemblentpermettrelerenforcement
delascolarisationobligatoirequelesecteurpublicn’estpascapabled’assumer
totalementàcausedediversescontraintes.Ilaideraitàapaiserlatensionentre
la demande sociale croissante et le budget public restreint et fournirait à un
grand nombre de démunis un enseignement peu onéreux. Les universités non
gouvernementales auraient admis des lycéens diplômés ayant échoué à
l’examen d’entrée à l’université publique. Aidant à alléger les charges
publiques,àdévelopperl’accèsàl’enseignementetàrenforcerl’innovationet
les performances scolaires, l’école privée paraît être encouragée plus par des
hommes politiques et des économistes que par des chercheurs et des
sociologues.
L’enseignement non gouvernemental chinois aide-t-il d’une part à
généraliserlascolarisationdesenfantsissusdesrégionséloignéesruralesetdes
famillesimmigréesurbainesetd’autrepartàsoutenirlesinégalitésdeschances
en matière d’éducation entre les différentes catégories sociales ? Le présent
travail essaie de justifier les deux hypothèses suivantes: Plus il y a d’élèves
issus des milieux favorisés qui ont pu réussir, à travers leurs conditions
familiales avantageuses, plus il y a un accès croissant aux écoles non
gouvernementalesdequalitécomme«Zhuanzhi»,an&

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