L université au diapason du marché
193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'université au diapason du marché , livre ebook

-

193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

La contribution de l'Université à la société fait aujourd'hui débat. Amorcée tant sur le plan supranational que national, la réforme de l'Université emprunte de nouveaux instruments pour réviser les programmes et les savoirs vers un meilleur ajustement aux demandes du marché. L'ouvrage fait état d'une recherche sur la mise en œuvre de cette politique en France. Il éclaire sur les enjeux sociaux du processus de réforme, ainsi que ceux de la projection du savoir dans les champs socio-économiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782806121547
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION « Thélème »
COLLECTION « Thélème » Collection dirigée par Jean-Émile Charlier La collectionThélèmedes ouvrages qui analysent et démontent les façons accueille contemporaines d’orienter la conduite des hommes et de garantir l’ordre des choses en s’appuyant sur une information précise et vaste des domaines étudiés. Les travaux qu’elle rassemble portent sur l’enseignement, la re ligion, les politiques publiques et sur les convictions qui portent ceux qui les guident. L a collection est également ouverte aux recherches attentives à repérer les transformat ions de ces convictions et les facteurs qui les affectent. Derniers titres parus 16. S. VARIN & J.-L. CHANCEREL (dir.),Néolibéralisme et éducation. Éclairages de diverses disciplines, 2015. 17. M. SOUTO LOPEZ,eAcquis d’apprentissage et enseignement supérieur. L management par la pédagogie au service du projet de société européen, 2016. 18. S. STAVROU,L’université au diapason du marché, 2017. 19. É. PONTANIER,Choisir un lycée laïque en Tunisie2017. 20. S. COMPÈRE & Th. PERRIN (dir.),Frontières et représentations sociales. Questions et perspectives méthodologiques, 2017. 21. J.-L. DEROUET, H. YIPING, Ph. SAVOIE & J.-É. CHARLIER (dir.),La formation des e e élites en Chine et en France (XVII -XXIsiècles), 2017. 22. F. BALUTEAU,L’école à l’épreuve du partenariat, 2017.
Titre
Sophia Stavrou L’université au diapason du marché Une sociologie du changementcurriculaire dans les universités françaises THÉLÈME • 18
Copyright
Photo de couverture par Sophia Stavrou D/2017/4910/4 EAN Epub 978-2-8061-2154-7 © Academia Grand’Place, 29 B-1348 LOUVAIN-LA-NEUVE Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de tra duction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation d e l’éditeur ou de ses ayants droit. www.editions-academia.be
Dédicace
À ceux qui croient encore à l’Université.
Remerciements
Cet ouvrage est une version remaniée q’une recherch e réalisée à Aix-Marseille Université et financée par le Conseil régional Prov ence-Alpes-Côte q’Azur, en partenariat avec le rectorat qe l’acaqémie q’Aix-Ma rseille, qirection qe l’Enseignement supérieur et qe la Recherche, qans le caqre q’une t hèse en sociologie soutenue à Aix-Marseille Université. Mes remerciements vont à tous ceux Qui m’ont aiqée à accomplir cette recherche et, en premier lieu, aux universitaires interviewés, Qu i ont accepté qe m’accorqer leur temps et qe partager avec moi les récits qe leur pr atiQue et leurs réflexions sur l’université. Je vouqrais exprimer ma reconnaissance à qes sociol ogues qont les enseignements marQuent les pages qe cet ouvrage, à Nicole Ramogni no, ma qirectrice qe thèse, pour sa granqe qisponibilité tout au long qe cette reche rche et pour m’avoir permis qe croire à la sociologie et aux alternatives Qu’elle permet q’ouvrir ; à Philippe Vitale, pour m’avoir transmis le goût pour la sociologie qes cur ricula et son inspiration bernsteinienne. Je souhaite également remercier toutes ces personne s, collègues et amis, qont les critiQues éclairantes et les conseils ont nourri ma réflexion : le groupe qe chercheurs et qe qoctorants qu Laboratoire méqiterranéen qe Socio logie à la MMSH, Aix-en-Provence, les membres qe mon jury Catherine Agulhon , Georges Stamelos et Bernarq Convert, les spécialistes qe la sociologie qe Basil Bernstein qes Quatre coins qu monqe avec Qui j’ai échangé ces qernières années, enfin, tout particulièrement, Iris Loffeier, Célia Poulet, Naqège Panqrauq, Daniel Franqji, Karl Maton, Michèle Pagès et Antoine Ducret. Enfin, cet ouvrage n’aurait pu se réaliser sans le soutien immense qe Lenia et Yiannis Stavrou et sans la contribution qe Dimitris Trimithiotis, mon compagnon qe route, en sociologie et qans la vie.
Préface
par NICOLE RAMOGNIMO Professeure émérite, Aix-Marseille Univ., CNRS, LAMES, Aix-en Provence
L’ouvrage que propose Sophia Stavrou sur les mutati ons que connaît l’université dans le contexte économico-politique international actuel est fondamental pour comprendre comment ces transformations émergent et comment elles instituent de nouveaux modes de gouvernance et de nouvelles néces sités professionnelles pour les acteurs de l’université. Comment aussi elles entraî nent de changements d’« identité pédagogique » pour leurs publics étudiants notammen t par des innovations curriculaires. Non seulement l’ouvrage est fondamental parce qu’ il éclaire ces scènes diverses mais il est de plus courageux et ce n’est que grâce à la ténacité, à la persévérance et à la diplomatie de l’auteure que ce livre peut exister. L’enquête a été menée juste après la création de l’Agence d’évaluat ion de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) et simultanément à la mise en place de la loi relative aux libertés et responsabilités des univer sités, dite LRU (2007), travail de reconstruction de la « gouvernance » universitaire. C’est dans ce bouillonnement institutionnel et des contraintes qui se faisaient jour que l’auteure s’est focalisée sur la fabrique complexe et compliquée des nouveaux diplôm es, dont le processus s’élaborait à différents étages. La recherche s’inscrit dans le cadre d’une sociolog ie des curricula, peu développée en France, pour laquelle l’auteure s’est inspirée d es travaux de Basil Bernstein. Étant actuellement l’un des meilleurs experts francophone s de la pensée de Bernstein, elle a rendu opératoires ses concepts – notamment celui derecontextualisation– tout en les discutant et en les traduisant pour qu’ils s’ajuste nt à l’observation qu’elle menait. Pour autant l’auteure les considérait comme des concepts intermédiaires qui pouvaient s’intégrer dans une interprétation moins figée que celle liée à la théorie de la reproduction sociale. En ce sens d’ailleurs, elle a suivi l’ambition de Bernstein de rendre compte du changement virtuel, déjà inscrit d ans les pratiques, qu’il n’a pas pu mettre en évidence lui-même. L’ouvrage propose ains i une analyse ouverte qui n’enferme pas son terrain d’observation mouvant, in stable et « vague » (Livet & Nef 2009) dans un cadre théorique qui le cristalliserai t dans une stabilité factice. Outre les grandes qualités théoriques de l’ouvrage, les outil s et techniques d’analyse du discours auxquels l’auteure a eu recours ont une efficacité heuristique qui produit des résultats conséquents dans l’appréhension fine, précise et pr écieuse des divers processus et activités qui se jouent dans ces mutations de l’uni versité. L’efficacité de ces techniques est liée à une démarche qui cherche à mieux saisir et décrire la genèse des phénomènes sociaux qui s’inventent dans ces réforme s et qui peuvent se cristalliser notamment sur l’acceptation du discours officiel dé claré. Ce consensus s’explique par l apluriaccentuationinsi lanotions comme celle de professionnalisation. A  des polysémie des voix – ce que l’auteure a nommé le « consensus polyphonique » qui les parcourt – permeta minimaune coordination des activités qui donnent lieu à l’invention de nouvelles formalisationscurriculaires. Je voudrais insister plus particulièrement sur troi s résultats : l’émergence d’une « nouvelle gouvernance universitaire », l’invention de nouvelles professions au sein de
l’université et le passage d’une forme disciplinair e des formations à une « régionalisation des savoirs », autour des enjeux nouveaux concernant l’interdisciplinarité qui, cette fois, se projette sur l’ajustement externe au marché de l’emploi. L’expression d’une « nouvelle gouvernance universit aire » se lit en fait dans la description que l’auteure fait des responsables uni versitaires locaux, ceux qui orientent, cadrent, contrôlent et légitiment locale ment les formes et les contenus des programmes d’enseignement. Ces entrepreneurs univer sitaires appliquent les décisions ministérielles et politiques en initiant le changement et en fonctionnant comme le verrou gestionnaire – une modalité de gouv ernance – de ces politiques. Ce faisant, ils sont ainsi un moteur essentiel de chan gements profonds des missions culturelles et savantes de l’université. Non seulem ent ils transforment les missions de ses acteurs mais aussi la place même de l’universit é dans l’ensemble social. Comme le montre l’auteure, les directions universitaires deviennent un ensemble de métiers qui donnent forme à ce concept de « nouvelle gouvernanc e universitaire » dans un monde où il était jusqu’ici relativement peu connu et qu’ il dérégule, puisqu’il va à l’encontre du principe d’autonomie des universités et de la liber té académique. Ce processus qui met en œuvre une gouvernance pseudo-démocratique n’ est pas qu’européen. Le vice-doyen de l’université de Montréal a par exemple pro posé publiquement au Premier ministre du Québec la participation de son universi té au développement du Grand Nord, projet pourtant contesté par une partie de la population, par la formation des compétences nécessaires à la réalisation de ce proj et. L’auteure montre bien au lecteur comment s’opèrent ces glissements avec la p articipation de tous les acteurs, ni insidieusement ni inconsciemment, mais, pour repren dre une expression de Pierre Bourdieu, par « nécessité faite vertu ». Le lecteur prend conscience, devant l’injonction de transformation de l’enseignement supérieur émise par les politiques européennes, de ce qui se joue et se jouera : les acteurs du mon de universitaire se rendent compte petit à petit de la nécessité de déployer une inven tivité ou une « créativité » pour dépasser les enjeux et tensions d’une gestion ratio nnelle-instrumentale et d’un marché des formations pour créer une « gouvernance » plus « démocratique » de ce monde universitaire, si tant est qu’ils veulent continuer de mettre en œuvre une qualité émancipatoire de l’enseignement. Le deuxième résultat qu’apporte l’ouvrage et que je voudrais présenter, est celui d’un processus inventif de création de professions nouvelles au sein même de l’université. La première profession concerne des a cteurs – enseignants-universitaires – qui sont nommés par les instances politiques mini stérielles pour aider les directions universitaires dans cette mutation des formations e t des missions de l’université française. Ici, il s’agit d’une redéfinition de la profession des enseignants qui deviennent des « experts et des évaluateurs du chan gement nécessaire ». Mais cette émergence ne se fait pas sans douleur. L’auteure mo ntre bien l’ambiguïté, l’ambivalence et surtout le mal-être de ceux qui pa rticipent à ce travail d’aide et d’évaluation : les jeux ne sont pas faits et il est possible d’entendre qu’une évaluation plus « démocratique » pourrait encore se réaliser. L’auteure à leurs propos écrit qu’ils s’inscrivent dans un processus d’hybridation de leu r identité professionnelle, puisqu’ils doivent composer avec des logiques différenciées, l a logique antérieure et encore présente privilégiant les logiques scientifiques et la logique marchande, mais cette composition n’est ni simple ni allant de soi. D’une certaine manière, à un étage au-dessous, les enseignants des départements connaisse nt de manière encore plus contraignante l’injonction de la projection dans le marché économique et non
seulement ils embrassent les logiques précédentes, mais ils adoptent de plus des stratégies concurrentielles pour obtenir les habili tations ministérielles de leurs diplômes. Le second processus de professionnalisati on concerne plutôt les publics universitaires, processus qui innove dans la concep tion même de la profession, par rapport aux anciens DESS. Ces « nouvelles formes de profession » sont à défendre sur le marché de l’emploi : il s’agit pour les étudiant s d’acquérir les compétences pour créer, faire partager et diffuser leur propre défin ition des tâches qu’ils s’auto-attribuent et qui devraient se réaliser sur le marché. Or, l’a uteure montre un développement de procédures formelles générales que je mets en rappo rt avec ce que Paolo Virno appelle, en reprenant Marx, legeneral intellect d’une part, et d’autre part, un développement d’outils spécifiques au domaine d’act ivité présumé, qui fabriqueraient des identités pédagogiques de type « virtuose », c’ est-à-dire des « producteurs sans œuvres ». L’auteure rejoint ici une sociologie des professions renouvelée également puisqu’il s’agit de tenir compte non seulement de l a redéfinition de la notion de profession et de l’appropriation par certains acteu rs d’un champ spécifique d’activité, comme l’a montré Pierre Bourdieu, mais également de l’inscription de ces opérations dans le cadre d’une théorie dynamique du social. L’ auteure ouvre ainsi un nouveau terrain d’observation sur les questions de la profe ssionnalité, actuellement en plein développement, en même temps qu’elle donne des inst ruments pour lire le social en action. Dernier résultat sur lequel je voudrais, en tant qu e professeure émérite, remercier l’auteure de nous l’avoir offert : Basil Bernstein l’appelait la « régionalisation des e savoirs ». Il distinguait en effet une période hist orique de la fin du XIX siècle où les institutions d’enseignement et de recherche constit uaient et transmettaient des « savoirs disciplinaires ». Cette construction sépa rait et divisait ainsi les savoirs et en même temps donnait à ces disciplines tout l’espace pour accroître leurs résultats et les savoirs. Bernstein a remarqué qu’on assistait à une disqualification de ces savoirs disciplinaires par la revendication de modalités di verses d’interdisciplinarité. C’est ce processus de régionalisation des savoirs que l’aute ure nous montre en actes. Spécialiste de la sociologie des curricula, l’auteu re démontre à travers toute l’analyse fine et rigoureuse qu’elle opère de plusieurs forma tions en sciences sociales tout l’intérêt et toute l’heuristique d’un tel domaine d e recherche, sur lequel se nouent de fait les activités pédagogiques sous-jacentes et le urs effets sur les publics concernés. Ainsi Sophia Stavrou observe comment les enjeux de la sélection des savoirs et de leur articulation dans un cursus universitaire cont ribuent à dessiner des « frontières » et des « ouvertures » tant pour les savoirs eux-mêm es que pour les enseignements, les enseignants et les publics étudiants. L’auteure montre les dérégulations et signale ainsi que les processus nouveaux sont lourds de ris ques pour les disciplines universitaires existantes et leurs acquis savants, qui peuvent se déliter ou se diluer dans une entreprise interdisciplinaire se réalisant par la juxtaposition de disciplines et non par l’intégration de connaissances cumulées. Le urs savoirs se transforment en une pure fonctionnalité technique pour s’ajuster au marché de l’emploi et perdent leur potentiel d’émancipation antérieur, sans pour autan t fournir les moyens de franchir e réellement les frontières disciplinaires nées et dé veloppées à partir de la fin du XIX siècle, frontières qui ont créé l’insuffisance de c urricula disciplinaires pour rendre compte de leur terrain qui est quant à lui toujours total, multidimensionnel et en mouvement. Si bien que l’approchecurriculaire de l’auteure – qui s’intéresse ici essentiellement au cadrage formel de l’activité d’é laboration des formations et la réflexivité des acteurs à leurs propos – suit bien les méandres d’un social en
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents