La fabrique de l échec scolaire
136 pages
Français

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La fabrique de l'échec scolaire , livre ebook

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Description

Le nombre des élèves qui peinent en sixième est considérable. Par où passent les voies de la non-réussites à l'école ? Comment dès les premières minutes de classe et tout au long de la maternelle s'organisent les déterminants d'un destin évitable ? Quels sont les points aveugles de la fabrique de l'échec scolaire ? Comment ce que l'enfant est avant l'école détermine son potentiel d'échec ? Comment l'ignorance de l'école se transforme en ignorance des enfants ? Quels sont ces savoirs exigés et non enseignés qui président au devenir scolaire ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 418
EAN13 9782336278339
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Page de Copyright Page de titre Remerciements INTRODUCTION LE TEMPS LE COMPTAGE LA MACHINE SANS MAITRE PARLER ? « N’EN PARLONS PAS ! » DES OBSTACLES POLITICO-MEDIATIQUES A LA COMPREHENSION DES DIFFICULTES REELLES LES JEUX SONT FAITS LES DESSINS PERSONNELS LES COMPTINES ET LES CHANTS MIS A LA PORTE, DE BON MATIN POUR CONCLURE
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296125728
EAN : 9782296125728
La fabrique de l'échec scolaire
Tableau noir, tableau blanc

Christian Laroche
Avec tous mes remerciements à mes collègues de travail, en réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficultés, (RASED) Olivier Grelet et Anne Moreau enseignants d’adaptation, Isabelle Tribouillard, psychologue .

Ainsi qu’à Patrick Duboys, Gilles Fournier, Sylvain Hernandez, Patrice Leroux, Elisabeth Massyn, Eric Maretheu, Sylvie Moret, Sylvie Petit, Jacqueline Prache qui, comme enseignants ou ex-enseignants, rééducateurs ou psychologues ont eu la gentillesse de relire ce texte au long de sa rédaction et qui m’ont éclairé de leurs remarques et conseils.
INTRODUCTION
Je connais bien l’école, au moins par fréquentation ! Je ne l’ai jamais quittée. Depuis trente ans j’y suis rééducateur. Je travaille avec des enfants, souvent seuls, pour les aider à prendre le chemin des apprentissages, à trouver ou retrouver l’estime d’eux-mêmes... Je travaille avec les adultes qui enseignent à ces enfants. Je travaille aussi beaucoup à l’école maternelle, dans les classes, auprès des enfants 1 . C’est ainsi que j’ai pu constituer au cours de ces vingt-cinq dernières années une connaissance très concrète du terrain, des évolutions. Je vais essayer dans les pages qui suivent, en m’appuyant sur cette connaissance, sur cette expérience personnelle de montrer comment l’école maternelle souffre, se restreint dans ce qu’elle était... Surtout dans ce qu’elle aurait pu devenir.
Si l’on pense que réduire le nombre d’élèves en difficultés en sixième est une cause nationale, que permettre de mieux parler, de mieux lire, de bien comprendre les mathématiques est un enjeu prioritaire pour les 15 % d’élèves les plus en peine avec l’école et avec les savoirs, si l’on pense que cela nous concerne tous par solidarité volontaire ou obligée (c’est-à-dire par dépendance 2 ), alors ce qui a lieu dès les premiers pas à l’école doit nous mobiliser. En effet si au collège il n’est pas encore trop tard pour essayer de bien faire et surtout pour faire autrement en travaillant avec les élèves réels, ceux qui sont là dans ce collège de banlieue et pas ceux qu’on voudrait avoir, il n’est pas moins indispensable de se demander comment on pourrait faire pour avoir moins d’élèves rebutés par le savoir, le travail, la réflexion.
Il n’est pas moins indispensable, plutôt que de toujours se tourner vers les familles, qui certes n’y sont pas pour rien, de se demander quelle part l’école a pu prendre dans la « production » de ces comportements rétifs, comment ces comportements s’ils s’acquièrent, s’acquièrent tout au long de la scolarité et dès ses débuts selon des modalités identifiables, descriptibles et transformables.
Car chaque jour de classe dès la maternelle, dès la première heure, tout est déjà en train de se jouer ! Et ainsi chaque première heure de chaque jour d’école.
Il serait trop démagogique de se servir de cet écrit pour critiquer l’école dans un sens réactionnaire, celui d’un nécessaire retour au passé, aux prétendues valeurs d’antan. Je m’en souviens si d’autres ont oublié, les blouses grises vont de pair avec les cancres près du radiateur... Il était hors de question que soixante pour cent d’une classe d’âge atteigne le baccalauréat ! Le niveau a monté, pas en orthographe il est vrai, et l’école n’y est pas pour rien ! Mais il semblerait qu’aujourd’hui une part suffisamment importante de la société soit décidée à améliorer encore la performance du système. Les quinze pour cent d’élèves susceptibles d’illettrisme en classe de sixième (qui existaient déjà il y a quarante ans mais ils n’allaient pas en sixième !) sont devenus insupportables 3 . D’une certaine manière, tant mieux ! Leur existence, l’ambition déclarée par cette société de les réconcilier avec les études, le travail, l’enseignement, doivent permettre d’améliorer encore l’école et sa capacité à élever le niveau.
Le déroulement de cet ouvrage se fera de fil en aiguille, en commençant par le commencement 4 de l’école. Il se fera par association d’idées aussi, au gré des notes et pensées que je n’ai cessé d’écrire au jour le jour depuis tout ce temps. Commençons donc par le temps.
LE TEMPS
Prenons-le pour un enfant qui arrive à la maternelle. Il a entre deux ans et demi et trois ans et demi. Il n’a encore jamais quitté ses parents pour un si grand groupe. Certaines fois il n’a jamais quitté sa mère qui est celle qui s’est toujours occupée de lui à la maison depuis sa naissance. Le temps de l’école est celui de la séparation, des premiers pas dans le grand monde, le temps de l’inconnu, de l’épreuve, du grandir, de la découverte, de la fierté ; en même temps il peut être celui de la solitude, du sentiment d’abandon, de la détresse ; quoi qu’il en soit ce temps qui se déploie est constitué dans l’épaisseur des corps, dans l’épaisseur ce que chacun ressent. Les parents qui appréhendent ce premier jour pour leur enfant, l’enfant qui s’en tirera avec plus ou moins de facilité, l’enseignante heureuse 5 de retrouver des petits mais qui a hâte que cette journée qui n’est pas été sans pleurs ni de tout repos soit terminée. Pas de temps sans subjectivité, c’est vrai pour tout le monde et particulièrement pour l’enfant qui pleure, le parent qui s’inquiète, l’enseignant qui fatigue. Cet enfant, nous n’avons d’autre moyen que de le réassurer en paroles de l’amour de ses parents pour lui, dans le présent de cette séparation et dans le futur des retrouvailles. Une promesse, celle que le temps s’écoulant, ses parents il retrouvera. « Tu es triste. Ta maman, ton papa pensent à toi, ils t’aiment beaucoup, ils ne t’ont pas oublié. Ils vont revenir te chercher tout à l’heure, quand ce sera l’heure de manger ». Pour celui ou celle qui a déjà prononcé ce type de paroles surgissent les souvenirs des incompréhensions insurmontables. Qu’est-ce que l’enfant de deux/trois ans comprend de « pensent à toi » ? « Ne t’ont pas oublié » ? Et surtout « tout à l’heure » et « l’heure de manger » ! Il ne viendrait à personne l’idée de dire, souvenons-nous de l’âge de l’enfant, « dans deux heures » ou à « onze heures et demie ».
L’abîme est lexical mais surtout dans la représentation que l’enfant a construite du temps avant son arrivée à l’école, dans sa famille, chez la nourrice, à la halte d’enfants ou à la crèche. Bon, on dit quelque chose, on espère être compris et surtout on tient dans les bras ou contre soi patiemment et affectueusement. Aussi longtemps qu’il le faudra. On met du corps contenant.
Heureusement, pour aider les enfants et les adultes à aider les enfants, il y a les doudous 6  ! Les doudous ça fait passer le temps qui ne passe pas, ça y met des parenthèses ! Des parenthèses de temps suspendu. C’est un pont sur le vide de l’absence.
Des enfants qui ont bravement affronté le premier jour pleureront le second ou le troisième, avertis maintenant de ce qu’ils auraient à endurer. Certains entameront des régressions transitoires par exemple dans le contrôle de leur corps. D’autres feront des cauchemars. L’école devra savoir se faire rassurante tant leur entrée en ce nouveau lieu semble les avoir ébranlés dans leur confiance en eux-mêmes et leur dynamique de grandir.
D’autres pleurent parce qu’ils pensent que maintenant ça y est, ils y sont allés à l’école... Une journée, ça suffit !
Comme on va à la piscine ou en courses, on n’y va pas tous les jours ! Ils avaient cru pouvoir s’en acquitter en une fois.
Mais la plupart ne pleu

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