Le "gai savoir" des éducateurs
262 pages
Français

Le "gai savoir" des éducateurs , livre ebook

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262 pages
Français

Description

Au milieu des murs de pierres sèches de son pays natal, murs propres à retenir la terre et l'eau, mais aussi murailles de toutes sortes inventées pour chasser la vie, l'auteur engage une méditation sur son métier d'éducateur, ses grandes rencontres, ses réussites et ses déceptions. Le "gai savoir" dont il s'agit dans ces chroniques rejoint le tragique de Frédéric Nietzsche, mais plus encore les poèmes des troubadours occitans du XIIe siècle, chantant à mi-voix dans le "trobar clus", des bribes de sens qui résistent aux "prêts-à-penser" du moment.

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Date de parution 07 mai 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782140120978
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Au milieu des murs de pierres sèches de son pays natal, murs propres à retenir la terre et l’eau, mais aussi murailles de toutes sortes inventées pour chasser la vie, l’auteur engage une méditation sur son métier d’éducateur, ses grandes rencontres, ses réussites et ses déceptions. « Le peuple, écrit Simone Weill (1909-1943), a besoin de poésie comme de pain. Non pas la poésie enfermée dans les mots ; celle-là, par elle-même, ne peut lui être d’aucun usage. Il a besoin que la substance quotidienne de sa vie soit elle-même poésie. » Mais cette poésie est aussi politique. Le « gai savoir » dont il s’agit dans ces chroniques rejoint le tragique de Frédéric Nietzsche, mais plus encore les e poèmes des troubadours occitans du XII siècle, chantant à mi-voix dans le « trobar clus », des bribes de sens qui résistent aux « prêts-à-penser » du moment.
« L’auteur s’adresse à plusieurs générations, à celle dont il a lu les livres et croisé les hommes, à celle dont il pense qu’ils ont la mémoire suffisante pour accueillir les souvenirs d’hier, ceux d’un éducateur d’aujourd’hui ; il parle des anciens qui ont fait son histoire, de ceux, plus jeunes, qui peut-être accueilleront les moments arrachés au temps, les pierres détachées du lierre. Il en faut et il en donne, pour que chacun puisse à son tour baliser son chemin. Beaucoup de thérapeutes dans ce livre, beaucoup d’éducateurs, quelques amis, des hommes qui ont cru aux hommes, des pères, un frère, des lieux aussi, des moments où l’émotion s’enfuit, dans des interstices où la pierre et les livres ont ménagé des espaces d’ombre et d’évasion. »
Patrick Macquaire
est éducateur de prévention, éducateur en institution, directeur d’établissement en région parisienne puis à Montpellier avant de s’intéresser à des questions anthropologiques et culturelles plus générales. Engagé dans le mouvement des revues (Cultures & sociétés, de 2006 à 2016 et Vie sociale & traitements), militant du travail social, il a publié une quinzaine d’ouvrages qui s’attachent à évoquer dans tous les tons et tous les genres les problématiques du travail social dans le monde actuel.
En couverture : deux menestrels,Codex des Cantiques de Sainte Marie,Anonyme, vers 1280.
ISBN˜: 978-2-343-17088-6 26
JeanFrançois Gomez
LE « GAI SAVOIR »
DES ÉDUCATEURS
Éloge des « transparents »
Chroniques et récits
Préface de Patrick Macquaire
Le « gai savoir » des éducateurs
Histoire de Vie et Formation Collection dirigée par Gaston Pineau
avec la collaboration de Pierre Dominicé (Un. de Genève), Martine Lani-Bayle (Un.de Nantes), José Gonzalez Monteagudo (Un. de Séville), Catherine Schmutz-Brun (Un. de Fribourg), André Vidricaire (Un. du Québec à Montréal), Guy de Villers (Un. de Louvain-la-Neuve).
Cette collection vise à construire une nouvelle anthropologie de la formation, en s'ouvrant aux productions qui cherchent à articuler "histoire de vie" et "formation". Elle comporte deux volets correspondant aux deux versants, diurne et nocturne, du trajet anthropologique. Le voletFormations'ouvre aux chercheurs sur la formation s'inspirant des nouvelles anthropologiespour comprendrel'inédit des histoires de vie. Le voletHistoire de vie, plus narratif, reflète l'expression directe des acteurs sociaux aux prises avec la vie courante à mettre en forme et en sens.
Dernières parutions
Volet :Histoire de vie
Fatimata HAMEY-WAROU,Mon père, ce tirailleur nigérien,2019.Christian BOUCHAUD, Lucien GODIN, Hugues LEROUX, De Gafsa à Shanghaï, Aménager villes et territoires, 2019. Joëlle SANCHEZ,L’énergie créatrice de Gwenaël Morin. Théâtre et autoformation existentielle,2018. Marie-Hélène VERNERIS,Récits de vie en milieu carcéral, 2018. Alain ROCHEFORT,L’instinct de vivre, 2017. Virginie BAÏOCCHI,Bruissements de mots. L’envol de la colombe blessée, 2017. Léa TARDIEU,Itinéraire d’une humaniste rebelle, Du quartier latin au Cévennes ardéchoises, 2017. Patrice SANCHEZ,Renaissance d’une apocalypse cérébrale, 2016.
Jean-François Gomez
Le « gai savoir » des éducateurs
Éloge des « transparents »
Chroniques et récits
Préface de Patrick Macquaire
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17088-6 EAN : 9782343170886
Préface
Un homme, une mosaïque
1 Patrick Macquaire
L’auteur de ce livre porte une affection particulière aux pierres sèches, aux murets, à ces roches qu’il relève régulièrement à hauteur d’homme, dans son mazet, à quelques encablures d’Aigues-Mortes et de ses remparts. On peut aller l’y trouver, il vous dira le regard porté loin, l’histoire de ces Croisés partis convaincre et plus tard revenus courbés, nourris de soleil et de doute.
C’est un auteur rentré très tôt dans le temps des livres, celui des hommes et de la mémoire. Sa bibliothèque ressemble à ces murs de pierre qu’il reprend sans cesse, elle ressemble aux hommes qui l’ont faite, pierres écrites qui arrachent le lierre au temps et décident seules de tenir. On peut y deviner le bruit que font les pages, à la manière dont il parle du vent, du souffle qui pousse les murs, des auteurs qu’il a rencontrés, et qu’il aime, des hommes qui ont scellé sa passion d’éducateur et sa vocation d’écrivain. On ne relève pas un mur sans croire à ceux qui l’ont construit ni vouloir une histoire sans saisir les livres comme autant de pierres à bâtir.
1 Educateur spécialisé, anthropologue. Directeur du Centre Social et de la Régie des Hauts-de-Chartres (1989-2015), il crée à Chartres, avec les habitants de l’ancienne cité de transitBatna-Constantineet les maîtres mosaïstes de l’Ecole italienne de Ravenne, les Rencontres interna-tionales de Mosaïque.
La rumeur voudrait que l’on fasse seul son chemin. Un chemin se fait en marchant, dit l’adage. Mais que dire des hommes rencontrés en chemin, de ceux qui vous montrent la direction, vous invitent à bifurquer, à poursuivre, à renoncer, que dire de ces circonstances qui vous font avancer. Deligny, qu’il a croisé, dit de l’éducateur qu’il est un créateur de circonstances qu’il est tout entier dans ces rencontres qui le font ce qu’il est, un chemin lui aussi quand enfin il choisit à son tour. On ne saurait mieux dire de ces circonstances, ces rencontres, ces histoires, ces hommes qui font une vie, ces pierres qui balisent le chemin et font trébucher, celles qui incitent à construire.
Dans sa génération d’homme, rien ne valait autant que de lire, d’écouter, d’écrire, de tenter à son tour. Les éducateurs alors s’inscrivaient dans les pas des aînés ; ils disaient, commentaient, argumentaient. Ils choisissaient d’avancer un jour, sûrs de retrouver dans les mots de Deligny, de Tosquelles, d’Oury, de Ladsous, et de Makarenko, de bien d’autres encore, les petits cailloux blancs d’une histoire à poursuivre le lendemain.
Il n’aura pas cessé de les ramasser, de dire à son tour dans les mots des anciens, les idées glanées en chemin, celles qu’ils ont laissées, celles qu’on trouve à son tour quand le moment est venu. Les histoires qu’il nous confie ont le goût irrésistible des fruits découverts en marchant. Ils invitent à avancer, à ajouter dans la soif de connaître, la passion de découvrir.
Il faut se pencher, saisir la pierre, poser le volume. Tout, dans ce livre, comme dans la mosaïque, se niche dans les espaces, dans ces intervalles qui laissent à l’imagination le soin de chercher. Les pierres se succèdent, les histoires s’alignent dans un ordre incertain, unopus incertumdit le mosaïste qui laisse au promeneur le soin de lire son chemin,
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de poser ses pas, de s’arrêter, de poursuivre enfin, de deviner l’épilogue. Il y a dans ceGai savoir, des textes qui révèlent, d’autres qui cachent et esquivent, on y devine l’alignement, le choix, la composition, un ensemble, une mosaïque qui puise sa lumière dans le regard qu’on y porte.
Jean-François Gomez s’adresse à plusieurs générations, à celle dont il a lu les livres et croisé les hommes, à celle dont il pense qu’ils ont la mémoire suffisante pour accueillir les souvenirs d’hier, ceux d’un éducateur d’aujourd’hui ; il parle des anciens qui ont fait son histoire, de ceux, plus jeunes, qui peut-être accueilleront les moments arrachés au temps, les pierres détachées du lierre. Il en faut et il en donne, pour que chacun puisse à son tour baliser son chemin. Beaucoup de thérapeutes dans ce livre, beaucoup d’éducateurs, quelques amis, des hommes qui ont cru aux hommes, des pères, un frère, des lieux aussi, des moments où l’émotion s’enfuit, dans des interstices où la pierre et les livres ont ménagé des espaces d’ombre et d’évasion.
Il y a de la chaleur, du soleil, on pense à Camus à l’étrange rencontre de la tragédie que l’ombre ne dit pas, à la lumière qui la première fois dessille les yeux du petit homme, à la naissance, où tout vient de la beauté comme de la souffrance.
Jean-François Gomez nous donne un livre construit comme les murs de son mazet, un livre bibliothèque, un document riche d’histoires qu’il faut mériter, qu’il faut relier pour trouver son chemin. Il n’a pas osé nous en abandonner tous les secrets, mais sa plume en a décidé pour lui, dans la poésie. Les faits sont là qui surgissent pour décider et emporter la vérité. C’est de son histoire dont il s’agit, de celle des hommes qui comme lui ont osé s’avancer. Difficile – il ne prévient pas – d’anticiper le moment où seuls les souvenirs et les hommes parlent pour lui. Le
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lecteur surpris découvre une histoire, celle d’une communauté, celle d’une époque, un monde dont on pourrait craindre qu’il ait disparu, s’il n’y avait les mots et les choses pour l’ériger, comme un muret ou un mausolée, dans une forme d’éternité.
Ce texte a les richesses et la fragilité d’une mosaïque. Fait pour rassembler il lutte pour que, des éléments épars, triomphent les lois de l’équilibre. Il y a ce pari de réunir, effort vrai d’une croyance en l’éphémère, rêve d’enfant qui rassemble les objets, traces de l’incertain, éclats oubliés. Ces bouts de lacets, ces billes et ces jouets diront le moment venu des beautés que personne n’a vues.
On peut filer la métaphore, encore et encore, suivre le lapin et à la suite d’Alice, découvrir les merveilles. Il n’y a pas que des merveilles dans ce livre singulier, il y a ces moments que le temps apporte, la vie, les pierres dures, ces instants plus incertains qui ne tiennent ensemble que par l’effort, par le chemin, par le cap qu’on a bien voulu tenir. Ce qui décide de l’équilibre, c’est le geste, le formidable optimisme de l’artisan, la foi du créateur qui construit un monde pierre par pierre. Il y a ces moments d’espoir qui font tout oublier, les mains douloureuses, les écorchures, la nuit qui tombe sur la pierre, les livres qui se referment.
L’auteur nous dessine une histoire. Il nous livre une énigme faite pour les hommes et les enfants, un témoignage de vie. C’est assurément une mosaïque, une biographie qu’il nous offre, la fresque d’une époque qu’il est l’un des rares à pouvoir préserver. Il nous donne ici un témoignage où chaque pièce, chaque pierre compte. Je dirais que c’est à la manière de la tesselle, pièce unique dans l’unité de la mosaïque, où l’élément témoigne de l’ensemble et l’ensemble de l’élément dans une volonté partagée de tout préserver.
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Préserver, sauvegarder, témoigner, lutter contre l’oubli ont longtemps constitué les actes ordinaires de sa vie d’écrivain et d’éducateur. Il ne s’est pas contenté de dire ce qu’il voyait, il s’est employé, une vie durant, à entraîner chacun vers ce mouvement universel dont la mosaïque, témoigne. Il veut réunir, ne pas laisser en chemin ceux qu’il a rencontrés ; il dit – toute son œuvre en témoigne – ces patients, ces usagers, ces enfants valides ou handicapés, ces professionnels qui lui ont livré le secret inattendu de notre propre fragilité, de notre insuffisance à tous, de notre handicap à chacun.
Les éducateurs sont quelques-uns à ne pas renier leur propre fragilité. Toute leur pratique les y incite. Nous avons en commun tous les deux de ne pas oublier d’où nous venons. Il n’a pas manqué de noter mon engouement pour les 2 pêcheurs d’Hoëdic , pour Raymond Isidore, le balayeur du cimetière de Chartres, l’artiste singulier qui se rêvait artiste, 3 celui qui a inspiré la renaissance de tout un quartier , l’homme de peu, l’homme de rien, ce pique-assiette, ce Picasso de l’assiette, dénigré et rejeté, un homme dont il dit ici toute l’expérience singulière, la force qu’il a su insuffler à une communauté, à une cité de transit, pour qu’elle trouve un chemin de résilience.
Gomez est l’un des rares à avoir compris ce que l’existence singulière d’un modeste comporte de richesses, l’un des seuls à dire ce que tant d’éducateurs ne voient plus dans la rencontre, notre commune identité avec l’autre différent, l’évident partage de ce que nous avons toujours été. Il connaît l’effort des réfractaires pour faire taire la sinistre
2  Patrick Macquaire,Le cercle des Homards, prix du livre insulaire d’Ouessant, Petra, Paris 2013. 3 Patrick Macquaire,Un essai de transformation sociale, L’Harmattan, Paris [2008] 2018.
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