Contes drôles et contes merveilleux de la savane
46 pages
Français

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Contes drôles et contes merveilleux de la savane , livre ebook

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Description

Du Coq ou du Silure, qui est plus beau que l'autre ?

Les deux se vouent une mutuelle admiration, faisant fi des codes et des représentations de leurs sociétés respectives.
Outre le coq et le poisson­chat, l’éléphant, le lion, la gazelle, mais aussi la mouche et le crapaud, et même un enfant éclos d’un œuf, traversent ces dix contes malicieux à la morale parfois inattendue.
Autant de fables plaisantes qui, selon la formule consacrée, réjouiront petits et grands !

Dix contes exotiques et décalés qui se savourent jusqu'à la dernière page !

EXTRAIT

Le lion et la gazelle
C’était à l’époque où le lion et la gazelle vivaient en bonne intelligence. Ils habitaient le même village, dans leurs cases respectives. Chacun menait sa vie avec sa petite famille.
Un jour, le lion se rendit chez son amie la gazelle. Que ne vit-il pas ? La gazelle était en train de déguster du maïs bien cuit, chaud et délicieux.
Le lion, gourmand par nature, ne put résister à l’envie de s’approprier le maïs. Il salivait devant ce plat si appétissant.
Il supplia la gazelle de lui en céder un peu.
« Donne-moi de ton maïs, mon amie ! »
La gazelle lui tendit l’épi de maïs que le lion se mit à dévorer goulûment, si bien que la gazelle dut crier pour qu’il s’arrête.

À PROPOS DE L’AUTEUR

Romancière et conteuse, Virginie Mouanda est originaire du Congo et du Cabinda. De sa terre natale, elle a gardé l’art de la narration, que ce soit oralement ou par écrit. Son dernier ouvrage, Façon Aphrodite, un recueil de nouvelles, est paru en 2016 chez le même éditeur.

Informations

Publié par
Date de parution 03 août 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9791094575086
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0032€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À ma petite sœur Natacha, qui est à l’origine de ce travail de collecte de contes... Merci à toute ma famille du village de Ntangu-Fuane, de MBoubissi dans le Mayombe à Tchitanzi, un salut particulier à mon frère Olivier N’Goma (grand animateur des veillées contes), Mame Lumingu, Jeanne, Mama Fine à Cabinda, Bonato, Papa Jean-Pierre Bukule-Kwawu, son épouse Ma Hélène, Tonton John et tous les enfants du village .
Contes drôles
Le lion et la gazelle
C’était à l’époque où le lion et la gazelle vivaient en bonne intelligence. Ils habitaient le même village, dans leurs cases respectives. Chacun menait sa vie avec sa petite famille.
Un jour, le lion se rendit chez son amie la gazelle. Que ne vit-il pas ? La gazelle était en train de déguster du maïs bien cuit, chaud et délicieux.
Le lion, gourmand par nature, ne put résister à l’envie de s’approprier le maïs. Il salivait devant ce plat si appétissant.
Il supplia la gazelle de lui en céder un peu.
« Donne-moi de ton maïs, mon amie ! »
La gazelle lui tendit l’épi de maïs que le lion se mit à dévorer goulûment, si bien que la gazelle dut crier pour qu’il s’arrête.
« Ça suffit, mon vieux ! Ne finis pas tout mon maïs. Je n’ai encore rien mangé, tu n’as qu’à t’en faire cuire ! »
Le lion n’était pas rassasié. Il supplia la gazelle de lui donner la recette.
« Comment dois-je m’y prendre pour obtenir un aussi bon maïs ? demanda-t-il en salivant tant et plus.
– Tu veux du maïs bien cuit comme le mien ?
– Bien sûr ! répondit-il en secouant la tête, impatient.
– C’est vraiment simple, lui dit la gazelle : tu vas chez toi, tu fais asseoir femme et enfants, tu leur retires toutes les dents de la bouche, puis tu les fais bouillir longtemps dans une marmite pleine d’eau. Ensuite seulement tu pourras déguster le bon maïs comme moi je mange. »
Sans réfléchir, le lion se dirigea à grands pas vers sa case. Il fit asseoir la lionne et les petits lionceaux.
Sans la moindre explication, femme et enfants « to to to to to to to… » furent édentés à coups de marteau.
Il rassembla les dents et les plongea dans la marmite. Il alluma un grand feu et fit bouillir le tout. Il demeura à côté afin d’attiser le brasier et de surveiller la cuisson.
Impatient de déguster du maïs bien cuit, le lion allait régulièrement vérifier sa tambouille. Au bout de plusieurs heures, il dut bien constater que les dents de la lionne et des lionceaux ne se transformaient guère en maïs.
Toute la nuit, la marmite bouillit. L’eau s’évapora complètement à plusieurs reprises. Tout le stère de bois y passa. Les dents demeuraient bien blanches et bien fermes.
Au matin, furieux, le lion franchit la plaine en toute hâte pour s’en prendre à son amie la gazelle et « lui flanquer une bonne correction ! », pensait-il aveuglé par la colère.
Mais à peine avait-il posé la patte sur le seuil de son amie gazelle, que celle-ci lui tendait un verre de vin rouge en guise de bienvenue.
L’ami lion oublia aussitôt sa colère. L’arôme qui montait de la coupe de vin le grisait déjà. Il ne pouvait résister au plaisir de déguster un bon cru.
« Ça alors, du vin ! Où as-tu trouvé ce breuvage si rare par ici, mon amie ? », demanda le lion, la langue pendante, salivant de toutes ses babines.
La gazelle le laissa à peine vider la moitié du verre, mais le lion voulait en boire encore. La gazelle lui fournit quelques indications :
« Tu veux connaître mon secret ? Hé hé, va rejoindre ta femme et tes enfants, découpe leur la peau avec cette lame, récupère le liquide et laisse-le reposer toute la nuit dans une calebasse : demain matin, pour sûr, tu boiras du bon vin rouge dans un joli verre comme celui-ci. »
Sans se poser de question, le lion regagna son domicile. Il trancha de sa lame la peau de sa femelle et de ses petits. Il récupéra leur sang et le mit à reposer dans la calebasse.
Le lion ne ferma pas l’œil de la nuit. Il veilla sur la calebasse jusqu’au matin. Au lever du jour, il se pressa de déguster la boisson. Le liquide était imbuvable. Le sang était toujours du sang.
Très remonté, il se précipita chez la gazelle. Il était si énervé qu’il n’avait même plus envie de la dévorer.
« Tu me dégoûtes tellement que je renonce à te manger ! »
Cette fois-ci, il s’empara de la gazelle, il l’attacha, la fourra dans un panier de palmes et l’emporta loin dans la savane. Il résolut d’aller jeter le panier et son occupant dans la grande rivière, en espérant bien ne plus jamais entendre parler de son tortionnaire.
Le lion parcourut la savane en furie, pressé de se débarrasser de la gazelle. Seulement, en plein milieu de la savane, le lion eut besoin de se rendre au petit coin.
Et pendant ce temps, qui passait par là ? Antilope…
L’antilope n’est pas un animal très dégourdi. Elle gobe tout ce qu’on lui raconte. La voilà qui s’arrête devant la gazelle ligotée dans son panier.
« Que fais-tu donc là ainsi attachée, petite gazelle ?
– Ah ! Si tu savais, ma chère “sœur”… se plaint la gazelle auprès de l’antilope. C’est un plan de notre grand frère le lion ! Il tient absolument à me donner le pouvoir, il veut que je devienne la reine de ce pays, mais je n’en ai pas la moindre envie ! Comment veux-tu que moi, chétive comme je suis, je puisse commander tous les grands de ce pays ? Non, non, non… je n’ai rien à dire devant l’éléphant, ni le rhinocéros, ni le zèbre ou la girafe… non, vraiment ! »
– Ma parole, en effet… ! L’antilope ne se doute pas une seconde de la ruse de la gazelle.
– Ma “sœur” antilope, reprend la gazelle, si cette fonction te convient, je te la laisse, car moi, je te jure, ça ne m’intéresse pas. C’est trop de tracasseries, trop de soucis ! »
Sans hésiter, l’antilope propose aussitôt de se substituer à la gazelle. Elle défait ses liens et s’allonge à sa place dans le panier. La gazelle la ligote solidement et prend la poudre d’escampette.
Lorsque le lion eut fini de faire ses besoins, soulagé, il reprit son fardeau sans se rendre compte de la substitution ni même du changement de poids.
Parvenu à la rivière, il y balança le panier et repartit au village avec la ferme intention d’aller dévorer les petits de la gazelle.
Mais en vue du village, une drôle de surprise l’attendait : la gazelle, ainsi que toute sa petite famille, était prudemment en train de se mettre hors de vue du lion, en se dissimulant parmi les hautes herbes de la savane. Le lion, hors de lui, se lança à leur poursuite.
C’est depuis ce jour-là que le lion ne cesse de courir après la gazelle et qu’il ne peut se résoudre à la laisser passer !
Abou hou hou… Pia ha ! ! !
L’oiseau paresseux
yone yi toung nzo’
yone yi toung nzo’
a koutkoutkoutkout…
Ah bou yi bè lal yi bè fouaè… ?
C’était un oiseau qui n’aimait pas travailler. Il était très, très paresseux. Tous les oiseaux de la savane et de la forêt savaient se faire un nid… tous, sauf lui. Il s’abritait toujours aux dépens des autres.
Chaque soir, il sollicitait l’hospitalité d’un de ses congénères. Et ceux-ci le laissaient dormir en paix. Voyant qu’il n’avait toujours pas fait son nid, ses compagnons lui demandaient : « Tu n’as pas encore de chez-toi, cher ami ? » Il répondait : « Demain, je construis ma maison… Promis, je m’y mets ! »
yon yi toung nzo’
yon yi toung nzo’
Puis il entamait une longue nuit paisible, tellement paisible qu’il se mettait à ronfler, ronfler, jusqu’à déranger les voisins : « Na haan… huum, na haan… huum, na haan huum… »
Lorsqu’il se réveillait le matin, ou plutôt qu’on le réveillait, car c’était un gros dormeur, il s’ébrouait « Naa huem… huem… huem ! » en étirant ses ailes :
Huunm…
haa… koutkoutkoutkout
‘haa… koutkoutkoutkout
Ah bu yi bè lal yi bè fouaè… ?
« Demain, je construis ma maison… Promis ! Comme j’ai bien dormi, moi… suis-je mort pour autant ? Quel bon gros dodo… quelle bonne nuit ! Puis-je revenir ce soir ? », demandait-il à son logeur.
Comme on lui répondait invariablement par la négative, l’oiseau paresseux s’en allait au matin. Il s’envolait au hasard du p

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