Contes médiévaux du quartier Mouffetard
106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Contes médiévaux du quartier Mouffetard , livre ebook

-

106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Un ancien soldat de Genghis Khan raconte à ses arrières petits-enfants les étranges souvenirs d'un mystérieux chevalier rouge, qu'il avait rencontré sur la route des épices. Inspirés des fabliaux du XIIe siècle, ces contes facétieux de manants malins, d'épouses perfides, de rufians, de filous et autres paillards vous invitent à un voyage dans le temps à la découverte du quartier Mouffetard.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2007
Nombre de lectures 146
EAN13 9782296183438
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296042360
EAN : 9782296042360
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Ouvrages du même auteur : Dedicace Pauvre Brifaut La petite Grand-mère de Saint-Médard Les Furieux de S aint - M édard M arot M arrand Le M ystérieux Chevalier Rouge Bougre d’Ane T raîne-ça-là et A -moi-tout L a L ampe M erveilleuse E stula La Légende Des Mondes - Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland, Joëlle et Marcelle Chassin
Contes médiévaux du quartier Mouffetard

Marie-Line Balzamont
Ouvrages du même auteur :
La Geste de Cuchulainn Récit mythologique irlandais Collection La Légende des Mondes Ed. L’Harmattan - Avril 2006
A paraître : Shéhérazade en forêt de Brocéliande Mythologie bretonne Collection La Légende des Mondes Ed. L’Harmattan
Site Internet sur l’auteur & son univers : www.ailleurs-et-autrefois.com
A Yvonne Demets, Frédéric Lecomte, Hector & Michel Balzamont, Theresia Dubelaar, Danielle Molson & Chloé Sussan.
Pauvre Brifaut


E ntre 1155 et 1167, selon que l’on se réfère aux sources chinoises ou iraniennes, la domination des Mongols sur les plateaux d’Asie centrale semble définitivement perdue.
C’est alors que naît un certain Temudjin, dont le père est hélas empoisonné par les Tartares huit ans plus tard. Abandonné par son clan, l’enfant doit s’enfuir avec sa famille à travers la steppe, où il connaît une vie misérable.
Heureusement à l’âge de quinze ans, le roi des Kéraïts le prend sous sa protection et le jeune Temudjin épouse la femme qui lui a été promise dans le clan des Qongirats. Fut-il tendrement amoureux ? Fut-il affectueusement choyé en retour ? L’histoire ne nous le dit pas, trop occupée qu’est sa légende à nous peindre les fabuleuses conquêtes du futur Gengis Khan...
Les chroniqueurs de l’époque nous parlent d’un bel été cette année-là au royaume de France et ce n’est pas Maître Brifaut, tailleur de pierre de son état qui les contredira. Par une douce après-midi de septembre, se promenant le nez au vent au milieu d’une foule joyeuse de chalands, de badauds et de marchands qui menaient grand bruit et grand tapage, Maître Brifaut cherchait un bon drapier chez qui se fournir en tissu pour ses habits d’hiver.
Il descendit donc vers le marché, indifférent aux appels des tavemiers dont les terrasses regorgeaient de joyeux lurons. Il était important que ses vêtements soient prêts avant son retour au chantier de la cathédrale où il était employé.
La corporation des tailleurs de pierres suivait une discipline sévère. Point d’écarts de conduite chez eux. Défense était faite à ses membres sous peine d’exclusion de la confrérie d’aller ripailler, bambocher ou baguenauder au dehors.
Le vent du Nord serait froid et il lui fallait bien protéger son échine des frimas. Un vêtement neuf lui tiendrait chaud cet hiver. Brifaut réfléchit et observa la robe aux longues manches qu’il portait. Il lui faudrait bien cinq aunes de drap pour se vêtir convenablement.
Son travail nécessitait plutôt de bons habits courts, étroits et serrés à la taille, ouverts par-devant et dégageant le cou pour l’aisance et la sécurité des mouvements. Au bas mot, trois aunes de drap supplémentaires ! Au total, dix aunes de tissu qu’il ne trouverait pas à moins de 20 sols l’aune. C’était un sérieux investissement et il ne devait pas rater son affaire.
Les boutiques de ce temps n’étaient le plus souvent désignées que par un objet suspendu au-dessus de la porte et Brifaut cherchait parmi tant d’emblèmes divers l’enseigne des drapiers. Le flot de la foule l’entraînait toujours plus avant et voici que d’esquives en bousculades, notre homme vint se heurter à la devanture d’un drapier.
- Ah enfin ! s’écria-t-il, un drapier.
- Un drapier qui vend du fameux drap, lui répondit un homme qui soupesait une pièce d’étoffe avec attention.
Brifaut le salua brièvement et se dépêcha d’entrer. L’échoppe était agréablement fraîche et il dut s’habituer à la pénombre tant le soleil luisait dans la rue ce jour-là. Ça sentait bon la pierre de Paris et le bois bien entretenu.
Sur de hauts comptoirs s’étalaient les draps, les cotonnades et les toiles aux diverses couleurs. De jeunes commis allaient et venaient portant lainages et même soieries. Brifaut après avoir fait le tour de l’endroit avisa une belle pièce de laine brune.
- En voici une qui ferait bien mon affaire, dit-il en la caressant.
- C’est qu’elle est fort belle en effet, remarqua le marchand qui avait observé Brifaut depuis son entrée. La laine vient de mon élevage.
Mais déjà Brifaut en tâtait une autre.
- Et cette laine ?... le vert en est charmant.
- Celle-ci vient des Flandres. Assurément elle est de qualité. Très résistante comme vous le voyez.
- Cette couleur me plaît. Combien m’en ferez-vous payer l’aune ?
Le marchand consulta son livre de comptes.
- Trente-cinq sols, beau sire.
- C’est beaucoup trop ! s’exclama Brifaut.
Ce faisant il se tourna vers la rue. Il aperçut alors l’homme qui était au dehors et n’en finissait plus d’admirer une solide étoffe brune. Il la palpait, la pesait, la retournait avec tant d’avidité que le marchand l’interpella :
- Encore ce Jacques après cette laine, dit-il à Brifaut. Puis à l’autre : “Eh ! Toi là-bas Laisse donc un peu ce drap ou paie-le. Mais décide-toi vite si tu ne veux connaître mon chien et mes apprentis !”
A ces mots, l’autre détala sans demander son reste. Brifaut avait machinalement suivi le boutiquier et tandis que celui-ci s’assurait que le manant avait bien disparu, le tailleur de pierre soupesa à son tour le tissu.
- Qu’en pensez-vous ? demanda le marchand à Brifaut.
- Je comprends l’attrait de cet homme. La pièce est belle.
- Je vous la fais à 20 sols l’aune.
- Le prix est raisonnable. J’en prendrai donc dix aunes.
Le marchand appela ses commis, qui coupèrent la longueur, plièrent et replièrent le drap et chargèrent le tout sur l’épaule de l’acheteur. Il en avait jusque par-dessus la tête. Au dehors, la foule était encore plus dense. Les tavernes étaient pleines d’escoliers 1 , de soldats et de goliards 2 , tous échauffés par la bière.
Brifaut dans cette cohue serrait le drap bleu sur son cœur et tentait difficilement de le garder en équilibre. Bousculé à droite, poussé à gauche, il progressait lentement et n’était pas tranquille au milieu de ce chaos hostile. Il avait hâte de rentrer chez lui.
Foires et marchés étaient le terrain de prédilection des ladres et des larrons. Pourtant Brifaut avec sa haute stature ne s’inquiétait pas de ça, mais plutôt d’éviter de faire choir sur le sol crasseux son précieux tissu.
Aveuglé sur sa droite par sa coupe de drap, il heurta un passant et un grand pan d’étoffe se déroula sans qu’il s’en aperçût. C’était l’homme de la boutique. Celui-ci n’était pas allé très loin. Il s’était camouflé dans une porte cochère et avait observé la tractation de Brifaut. Puis, il l’avait suivi, attendant l’occasion de le duper. Mais Brifaut était alerte et portait bien son chargement. Bientôt il allait quitter le marché et le voleur devrait faire son deuil du drap si convoité.
Alors, le larron remonta jusqu’à la droite de notre compère et d’un grand coup d’épaule comme s’il perdait l’équilibre percuta Brifaut de plein fouet sans que personne ne s’en offusque. Le drap se déroula à l’arrière, à l’insu de son porteur.
Vérifiant que nul ne les observait, le larron se baissa rapidement, attrapa le tissu qui traînait au sol et le tint sur sa poitrine. Il emboîta le pas de Maître Brifaut et d’un air naturel, le suivit comme son ombre jusqu’à la sortie du marché. Durant ce trajet, qui pourtant fut bien court, le ladre eut le loisir de sortir de sa manche un petit nécessaire grâce auquel il épingla sur son propre bliaud 3 , d’un point ferme et solide, le pan de l’étoffe qu’il tenait.
Il n’en était pas à son premier coup d’essai. Loin de là ! Et pourtant malgré toutes ses tromperies et diverses entourloupes, il restait misérable. C’est que la méchanceté ne donne point salaire à celui qui la sert la tête vide et le cœur cupide. Il est comme le tonneau des Danaïdes qu’on ne saurait remplir.
Notre homme cependant était preste et adroit. La besogne fut faite et bientôt réussie. A peine avait-il terminé son ouvrage que Brifaut s’arrêta afin d’ajuster son fardeau. L’homme vit enfin sa chance, la sentit, la saisit. D’un bond il se jeta sur le pauvre Brifaut

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents