Fatine bergère du Liban
113 pages
Français

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Fatine bergère du Liban , livre ebook

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Description

Fatine, une bergère musulmane du Sud-Liban, à la poursuite d'une de ses chèvres, rencontre un soldat israélien. Le dialogue se noue, mais ils devront affronter leurs deux familles car tout les sépare : leur religion et leur pays. Ce roman s'inspire très librement de la guerre qui a ensanglanté le Liban et Israël en 2006.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 287
EAN13 9782336253992
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairicharmattan.com diffusian.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296066007
EAN : 9782296066007
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Dedicace Les personnages 1 - Une chèvre trop envahissante 2- La voix du ciel 3- Ami ou ennemi 4- Une situation explosive 5- Les grottes ont des yeux 6- Yonatane 7- Dis-moi, Soleil, Quel temps fera-t-il aujourd’hui ? 8- Une heure plus tôt 9- La traversée de l’Achéron 10- M.M.M. 11-Le « Far Nord » 12- Le juif et la chiite, 13- La reine des djinns 14- L’oiseau halal 15- L’écharpe fleurie 16- Fleur de campagne Un an plus tard Jeunesse L’Harmattan
Fatine bergère du Liban

Michel Saad
Du même auteur
— La Noria ne tourne plus, (Syrie-Irak-Kurdistan), roman, Éditions l’Harmattan, Paris 2005.
— Noé et la planète rose, (l’espace), roman de science-fiction, Éditions le Manuscrit.com , Paris 2004.
— Mémé Mil z ’ herbes , (Réunion), roman, deuxième édition, Éditions Azalées, Saint-Denis, La Réunion 2004.
— La Chanson de la harpe enchantée, opérette poétique en six actes, Éditions le Manuscrit.com , Paris 2004
— Solo et deux grains d’océan , (Madagascar et La Réunion), roman, Éditions l’Harmattan, Paris 2003, sélectionné au Prix-Chronos 2004.
— Les Tourments du cèdre, (Liban), roman, deuxième édition, Éditions le Manuscrit.com , Paris 2003.
— Le Dialogue des abeilles , (Réunion), roman, Éditions Azalées, Saint-Denis, La Réunion 2001.
— Nelly et les pailles-en-queue , (Réunion), conte bilingue créole-français, Éditions L’Harmattan, Paris 2000.

http://www.michelsaad.com
A ceux qui n’ont d’autre choix que la paix.
Les personnages
Aïda : sœur aînée de Fatine.

Aziz : ami de Mounir, membre du Hezbollah.

Chadia : nom d’emprunt de Fatine.

Fatine : jeune bergère du sud du Liban.

Hoda : femme de Rachid, mère de Fatine.

Martin : avocat israélien.

Melkart : dieu phénicien de la ville de Tyr. Ici, nom du bouc.

Mounir : frère de Fatine, membre du Hezbollah.

Rachid : père de Fatine, de religion chiite.

Samuel : jeune soldat israélien, pilote d’hélicoptère, amoureux de Fatine.

Sarah : sœur de Yonatane, amie de Samuel.

Skip : nom du chien.

Souâd : voisine de Fatine.

Yonatane : jeune soldat israélien, ami de Samuel.

Zéyna : cousine de Fatine.
1 - Une chèvre trop envahissante
La folie fait moins mal que la guerre !

— Quand je serai grande, je serai...
Assise à l’ombre d’un vieux chêne, Fatine, jeune bergère du Liban-Sud 1 , s’était mise à rêver, à dessiner par terre des courbes avec son bâton, des arabesques comme elle savait en faire, signes cabalistiques censés conjurer tous les sorts. Bientôt déçue par une situation qui ne présageait rien de bon, elle brouilla furieusement ces artifices, brisant du coup ses rêves. Elle conclut : « Rien ! Je ne serai rien ! », s’en imprégna un instant le temps de se convaincre, puis : « C’est bien ça, rien... Je ne vois rien d’autre !... Ou alors... ou alors... une grande bergère ! » se ressaisit-elle, sourire aux lèvres, comme si elle venait de trouver la bonne solution. Et elle partit d’un éclat de rire, saccadé, mélancolique, comme le cri d’une chèvre, aussitôt repris en écho par la vallée. Et son rire fit se retourner les chèvres qu’elle gardait près de la rivière d’Al Fouar 2 , frontière naturelle entre son pays et le nord d’Israël.
— Hayda maktoub, ya Fatine, ma rah bisîr chî  ! C’est écrit, Fatine, tu n’y peux rien ! reconnut-elle, impuissante, se soumettant totalement à son destin, en bonne musulmane, secouant désespérément la tête jusqu’au vertige. Maman dit : “Petite chèvre deviendra grande”  ! Pourquoi pas petite bergère,... après tout ? Elle a raison, maman.
Pourtant Imm Lattouf, la voyante du village, lui avait juré le contraire ! Elle avait lu dans sa tasse de café qu’elle serait un jour « une fleur de campagne dans un vase en cristal. » Mais personne jusque-là, personne, pas même la voyante, n’avait réussi à interpréter ce curieux présage.

— Si Imm Lattouf a bien vu, fleur de campagne me plairait plus que grande bergère !
Fatine jeta un regard absent sur son troupeau, peu soucieuse de savoir ce que faisaient ses bêtes. Après tout, pas un champ de luzerne à l’horizon ne les tenterait, pas une plantation de tomates, de concombres ou d’aubergines. Ses chèvres devraient se contenter de ce qu’elles trouveraient à brouter dans le pré, sans léser personne. Ses chèvres... Il faut dire que Fatine les connaissait toutes par leur nom et devinait à tout moment leurs moindres occupations.
Là, à quelques pas d’elle, étendues les yeux mi-clos à l’ombre des grands arbres, quelques-unes se prélassaient paisiblement, mâchant inlassablement je ne sais quoi.
Plus loin, toujours affamées et peu regardantes, d’autres se gavaient de tout ce qui leur tombait sous le museau.
Plus loin encore, les capricieuses se délectaient de mûres ou d’ombelles de carottes sauvages.
Les voraces n’épargnaient rien, pas même les boules de chardons bleus ni les gousses de genêts encore vertes.
Les acrobates se dressaient sur leurs pattes de derrière et effeuillaient une à une les branches d’arbres se trouvant à leur portée...

Tout cela se passait dans un calme absolu sous l’œil vigilant de Melkart, seul et heureux bouc du troupeau, chargé parfois de missions disciplinaires.
Tout à coup, Fatine sursauta comme si elle eut été mordue par un serpent : « Sawda , ta’iy la haoun ! Noiraude, reviens ici ! » cria-t-elle d’un ton sévère. Et, de toutes ses forces, elle lança un galet dans le ravin pour dissuader une chèvre indisciplinée de traverser la rivière. Cependant, bien décidée, celle-ci ne l’entendait pas de cette oreille : là-bas, sur l’autre versant de la montagne, un champ d’un vert intense l’attirait irrésistiblement... Du maïs, des concombres, des courgettes, des petits pois et même des pastèques, quoi de plus appétissant pour une chèvre !? Et, têtue comme elle l’était, ce n’était donc pas ce petit galet de rien du tout qui venait de tomber devant elle, ni ces barbelés à la frontière pas vraiment prévus pour contrer une chèvre qui allaient la faire changer d’avis. Aussi lui suffirait-il de deux ou trois bonds caprins bien calculés, sur les rochers émergents de la rivière, et elle comblerait son estomac autrement.

Un instant et, « Hé !... Waynik ya bint ! Hé là, petite bergère ! Tu ne peux pas faire un peu attention ?! » Une voix masculine la grondait en arabe, justement, de l’autre côté de la rivière.

Fatine s’attendait à tout sauf à cela. Le plus souvent, elle était seule dans cette vallée profonde. Parfois sa cousine Zéyna y conduisait aussi son troupeau, au risque de passer le plus clair de leur temps à séparer leurs chèvres de peur qu’elles ne se battent entre elles. Mais cette fois, c’était bien différent : sur le versant de la montagne d’en face, une jeep couleur d’ombre et de verdure s’était brusquement arrêtée dans un nuage de poussière. Plusieurs coups de feu, presque confondus, éclatèrent, retentissant en écho dans la vallée. Les balles crépitèrent dans l’eau ou ricochèrent en sifflant sur les rochers arrondis de la rivière, forçant l’animal indocile à rebrousser chemin.

Arme au poing, deux jeunes militaires israéliens sautèrent du véhicule presque en même temps. L’un d’eux réprimanda vivement la bergère :
— Combien de fois t’avons-nous dit de surveiller de près tes chèvres et de les empêcher de traverser la rivière ? N’ont-elles pas assez d’espace là-bas, chez vous, pour venir envahir nos terres ? Elles n’ont rien à faire ici sinon occasionner de gros dégâts dans nos plantations ! Écoute-moi, petite ! Ne dis pas qu’on ne t’a jamais avertie, et ne t’étonne pas qu’un jour un colon excédé par ce chapardage transforme tes biquettes en méchoui.
— Que dites-vous là, Monsieur ? Méchoui ?... Ai-je bien entendu « méchoui » ? Oh non, Monsieur ! Pitié ! Vous ne feriez pas ça à mes chèvres ! Ce ne sont pas des boucs à viande, vous savez ! Sinon, je vous en aurais offert un volontiers ! Ça se fait chez nous, de bon cœur, entre voisins. Malheureusement pou

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