Jémonie
157 pages
Français

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Description

Quatre adolescents : Marie, Jules, Lola et Tom, issus d’univers et d’horizons différents, ont quelques soucis au quotidien. Pour diverses raisons, leurs familles décident de les envoyer loin d’eux. Les jeunes ne se connaissent pas, mais se rejoignent dans un camp de vacances à Sisteron, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un matin, à leurs réveils, ils se retrouvent dans un endroit mystérieux et paisible : Jémonie. Pour sortir de ce domaine fantastique, Marie, Jules, Lola et Tom doivent relever des défis sportifs abracadabrants pendant trois semaines.


Que va leur apporter ce séjour à Jémonie ?


Vont-ils réussir toutes les épreuves ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 92
EAN13 9791093889238
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jém onie
SARAH ARCANE
CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 CHAPITRE 6 CHAPITRE 7 CHAPITRE 8 CHAPITRE 9 CHAPITRE 10 CHAPITRE 11 CHAPITRE 12 CHAPITRE 13 CHAPITRE 14
Table des matières
CHAPITRE 1 TOM *** « 40 – 40 : égalité.Avantage Tom de Basalhac. Rappelons que nous sommes sur un jeu décisif au profitde Tom de Basalhac, qui mène actuellement par cinq jeux à trois. Jeu set et match, nous assistons une nouvelle fois à la victoire du jeune Tom de Basalhac, en deux manches 6 – 4, 6 – 3. Bravo Tom ! » annonça l’arbitre. Épongeant la sueur de son front d’un revers de la m ain, Tom, magnifique jeune garçon de bientôt seize ans, doté d’une épaisse che velure brune, alla serrer la main de son adversaire. Un sourire éclatant laissant devine r des dents d’une blancheur presque inconvenante, illuminait son visage au teint hâlé p ar un soleil à son zénith. « Sans rancune, Evann? Allez, viens à la maison, je t’offre un jus de fruits. — Ce n’est pas de refus, il fait très chaud aujourd ’hui ! » Tout en continuant à discuter, ils se dirigèrent ve rs la maison. Enfin, plutôt le e château : cette bâtisse duXVIII siècle gneavait été édifiée dans une très belle campa vallonnée, au cœur d’un domaine de six hectares boi sé, comprenant également des installations haut de gamme telles que des écuries, une sellerie, u n e piscine, un court de tennis. Tom est le fils d’un très riche homme d’affaires ay ant fait fortune dans le négoce du vin de sa région, à savoir le très réputé monbazill ac. « Hé ! Vous nous apporterez deux jus de fruits, et vous avez intérêt à ce qu’ils soient bien frais ! lança-t-il d’un ton hautain à un homme en costume noir et gants blancs, probablement un des nombreux employés de son père. — Bien, monsieur ! » répondit l’homme sur un ton to ut juste poli. Tom avait la fâcheuse habitude de rabaisser le pers onnel du château, ce qui le rendait très impopulaire parmi les salariés qui, il faut l’avouer, ne l’aimaient pas beaucoup, et à juste titre. « Ensuite, vous préparerez ma moto, je vais faire u n tour ! Et dépêchez-vous, je n’ai pas que ça à faire ! — Ah oui ! Et quoi d’autre ? » marmonna le majordom e entre ses dents. Mais Tom avait l’ouïe fine. Il toisa l’homme de ses grands yeux bleu azur et, dédaigneux, lui cracha un avertissement plein de mé pris. « Vous avez un problème ? Vous savez que je peux vo us faire renvoyer sur-le-champ si ça me plaît ! — Oui monsieur, je le sais très bien ! — Alors, vous faites ce que je vous dis, en silence , et avec le sourire ! » Le majordome prit congé, non sans avoir esquissé un e grimace en guise de sourire. Il détestait vraiment ce fils de riche qui avait be soin d’une bonne leçon pour redescendre de son piédestal, mais bon, ce n’était pas à lui de le faire.Il alla tout de même en toucher un mot à monsieur de Basalhac père, au courant depuis longtemps du comportement de son fils et qui avait instamment prié le personnel de le prévenir de tout débordement de Tom.e enMalheureusement, pour agir, il fallait le surprendr flagrant délit, or Tom était très malin. Il s’assur ait d’abord de l’absence de son père dans les parages pour maltraiter les pauvres employ és. Quelques minutes plus tard, Tom enfourcha sa moto f lambant neuve, une magnifique enduro 50 CC d’un bleu aussi profond que le bleu de ses yeux. Splendide !
Il était très fier de sa moto. C’était un peu son b ébé, et s’il lui arrivait la moindre rayure o u s’il trouvait le moindre grain de poussière, il plongeait dans une colère noire. Tom était en effet un homme extraordinairement maniaque . Trois quarts d’heure plus tard, il rentra de sa balade, sa moto tachée de boue. « Toi, là ! brailla-t-il à une femme qui venait d’a rriver, va me chercher Georges ! Et dépêche-toi, il faut qu’il nettoie ma moto ! » Georges, un bel homme athlétique d’une cinquantaine d’années, mécanicien en chef, surprit la conversation et s’empressa de le r emettre à sa place. Il avait une position particulière au sein du château, plutôt am i de monsieur de Basalhac qu’employé. Il ne tolérait pas le comportement de T om et le lui faisait bien savoir. « Dis donc, tu parles à qui, là ? » Tom le craignait et n’osait pas lui tenir tête. Geo rges faisait facilement deux têtes de plus que lui. Son imposante musculature et sa voix très « masculine » l’impressionnaient beaucoup. « Euh ! Pas à toi en tout cas…, bafouilla-t-il. — J’espère que tu ne parlais pas à cette petite dam e ? — Bah non ! mentit-il. — T’as pas intérêt, sinon tu sais très bien que je vais voir ton père aussi sec, et ta moto, pschitt… Sous le nez ! » dit-il en mimant le geste correspondant. Tom, d’une voix nettement radoucie, ajouta : « Georges, vous pouvez me nettoyer ma moto ? — Hum hum ! Il ne manque pas quelque chose, là ? — Ma « belle » moto ? ironisa-t-il. — Oh ! Tu me prends pour ton larbin ? gronda George s, passablement énervé. On ne t’a jamais appris la politesse ? Pourtant, ton p ère t’a plutôt bien élevé, mais il n’est pas responsable de ton sale caractère ! Alors ? j’a ttends ! — Ouais, ça va ! marmonna-t-il. J’ai compris : Pour riez-vous laver ma moto,s’il vous plaît,Georges ? — Bah voilà ! Ça t’a pas arraché la bouche, ce n’était pas si dur ! » Tom tourna les talons en haussant les épaules, rava lant sa fierté, mais vert de colère.Il rentra au château, cette merveille composée de d ix grandes chambres, toutes astiquées du sol au plafond par trois femmes de mén age. Celle qui avait en charge la chambre de Tom redoutait à chaque fois son retour t ellement le jeune homme était odieux. Et cette fois encore, il s’en prit violemme nt à elle. « GINETTE ! hurla-t-il, je vous ai dit mille fois q ue je ne voulais JAMAIS voir ce bibelot sur mon bureau. Vous êtes bouchée ou quoi ? Vous ne comprenez vraiment rien de rien ! — Mais monsieur, il était déjà là… c’est vous qui l ’y avez mis hier, vous m’avez interdit d’y toucher… — LA FERME, SALE BONICHE ! Tu fais ce que je te dis et tu t’écrases ! » La pauvre Ginette sortit une fois de plus en larmes de la chambre, seulement cette fois, monsieur de Basalhac avait assisté à toute la scène. Il bondit dans la chambre, fixa son fils droit dans les yeux avec son air le p lus dur, et lui ordonna de venir immédiatement dans son bureau.Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ce n’était jamais bon signe. Un tête-à-tête avec son père n’augurait rien de bon. I l avait dépassé les bornes et en avait pleinement conscience. « Tom, dit-il d’une voix ferme, mais sans colère. L es employés se plaignent de toi en permanence, tu es irrespectueux avec eux. — Mais… TAIS-TOI !Je viens de te prendre en flagrant délit avec la pa uvre Ginette,
pourtant si gentille. Elle voulait me donner sa dém ission. J’ai bien évidemment refusé, étant donné que le problème ne vient pas d’elle, ma is de toi ! — Mais…, essaya encore de protester Tom. JE TE DIS DE TE TAIREde Basalhac, qui commençait à perd cria monsieur re ! patience. Dans un mois, tu vas partir à Sisteron. C ’est Georges qui m’a parlé de cet endroit, son fils y va tous les ans. » Tom, le regard effaré, demanda à son père : « C’est un camp de redressement ? — Mais non, idiot ! C’est un camp de vacances. — UN QUOI ? bredouilla-t-il, choqué. — Tu as très bien entendu : un camp de vacances. Tu partiras au mois de juillet. Ainsi, les employés pourront souffler ! — Mais… mais… mais… C’est pour les pauvres ! Je ne peux pas aller là-dedans ! Ils n’ont même pas de majordome ! — Oh que si tu vas y aller ! De plus, tu n’emporter as que le strict nécessaire. Ils ont établi une liste d’affaires que tu dois prendre, et il n’est pas question que tu en emportes une de plus… » Tom, complètement dépité, tenta : « Je pourrais avoir ma moto, au moins ? — Oui, dans tes rêves ! Bien sûr que non ! Et que ç a te serve de leçon ! — Maman est d’accord ? Ça m’étonnerait bien, ça ! — Alors mon petit, non seulement ta mère est d’acco rd, mais en plus c’est elle qui est allée demander conseil à Georges. — Et si je ne veux pas y aller ? — C’est simple, si tu refuses de t’y rendre, je rev ends la moto que J’AI achetée et ton ordinateur. Je résilie ton forfait de téléphone portable. Je demande aux employés de ne plus s’occuper ni de tes repas ni de ta chambre, et je prends les clés du terrain de tennis. Bref, tu n’auras plus accès à rien. — Oh, t’es dur là, papa ! — Autant que toi avec les salariés. La discussion e st close. Mais fais attention, je te surveille, et si Ginette, Georges, ou qui que ce so it d’autre a à se plaindre de toi, je mettrai mes menaces à exécution ! »
CHAPITRE2
LOLA *** Le visage collé à la fenêtre de sa chambre, Lola sc rutait pour la énième fois l’océan qui lui avait arraché son père, Loïc, trois ans plu s tôt. Ses magnifiques yeux d’un gris profond embués de la rmes s’harmonisaient avec le temps, qui était passablement maussade ce jour-là. Elle repensait encore et encore à ces merveilleux moments où, quand son père revenait de plusieurs jours en mer, elle courait se blottir dans ses bras malgré la crasse e t les épouvantables odeurs de poisson qui exhalaient de ses vêtements. Lola et son père étaient très proches. Il adorait s a fille par-dessus tout, elle lui ressemblait tellement ! Elle n’avait que douze ans lorsqu’il disparut. Son visage doux aux traits délicats était encadré d e fins cheveux blonds lui tombant jusque dans le bas du dos. C’était une adolescente courageuse qui, contre vents et marées, restait d’un calme olympien, cela lui confé rait un air fragile qui ne correspondait pas à sa personnalité. Quand son père était auprès d’elle, elle ressentait un bonheur incommensurable que rien ne pouvait alté rer. Sauf ce maudit jour de mars, il y a trois ans, où le chalutier de son père dut a ffronter une terrible tempête à la pointe du Raz. Tous les hommes de l’équipage furent perdus corps et âme. L’océan, sans aucune pitié, avait une fois de plus provoqué un drame. Depuis la disparition de Loïc, la vie de Lola et de sa mère, Marinette, était devenue très dure. Elles avaient dû quitter leur maison dou illette, faute de pouvoir rembourser le crédit pris sur vingt ans. Elles logeaient maintena nt dans une petite mansarde, située juste en face du port de Douarnenez, d’où était par ti Loïc pour la dernière fois. Cela ne faisait qu’enfoncer le couteau dans une plaie qui, ainsi, ne pouvait cicatriser. Plus les jours passaient, plus il leur était difficile de re garder sans haine cet océan meurtrier. Mais, faute d’argent, elles n’avaient pas le choix, il leur fallait vivre là. Leur logement était plutôt petit, mais très bien te nu. En entrant, on apercevait, dans le fond, la cuisine exiguë, bien suffisante pour el les deux. Sur la droite, un petit escalier de bois d’une demi-douzaine de marches donnait accè s à une mezzanine : la chambre de Lola. Juste sous la mezzanine, un espace avait é té aménagé avec une banquette faisant office de lit pour Marinette, bien calée da ns l’angle du mur. Puis, sur la gauche, une minuscule salle de bains avait été installée. La vie de tous les jours était pénible. Marinette é tait aide à domicile, un métier contraignant, aussi bien physiquement que psycholog iquement, car elle allait, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, porte r assistance à des personnes âgées, souvent atteintes de handicaps. Elle avait ses chou chous, bien sûr, mais elle les voyait tous inexorablement s’affaiblir avec le temps. Ces vies sur le déclin lui rappelaient constamment qu’elle avait perdu son mari, son amour , l’homme de sa vie, qu’elle n’avait pas pu enterrer, son corps n’ayant jamais é té retrouvé, perdu à tout jamais dans les profondeurs de l’océan. Parfois, pour alléger le fardeau de sa mère, Lola v enait l’aider avec ses « anciens », comme elle les appelait affectueusement. Il fallait bien de l’aide à Marinette pour lever ou coucher certains papys au ventre bedonnant, bien trop lourds pour ses bras chétifs et fatigués. « Maman ? Tu as besoin d’aide ce soir avec tes anci ens ? — Ça ne serait pas de refus, ma puce ! Mais tu n’es pas trop fatiguée ? Il faut aller chez monsieur Martin pour 21 h 30, ce n’est pas un peu trop tard pour toi ? — Non, ne t’inquiète pas. Demain, c’est dimanche, j e me lèverai plus tard. Alors, on
fait comme ça ? Je viens avec toi ce soir ? — Oh oui, j’avoue que ça m’aiderait bien, monsieur Martin est très lourd, et ce soir, j’ai mal au dos. — En plus, je l’aime bien, monsieur Martin ! Il est très drôle malgré ce qui lui arrive, il est courageux. Sacrée fichue maladie ! — C’est vrai qu’il est gentil. Il t’aime aussi beau coup, on parle souvent de toi. Tu lui rappelles un peu sa petite-fille qu’il ne voit jama is. Elle a quinze ans, comme toi. Pauvre homme, ce n’est pas facile de finir sa vie seul, lo in des siens ! — Ah oui, c’est vrai ! Ils vivent en Guadeloupe, ce n’est pas la porte à côté ; enfin ! c’est comme ça ! — Tu as préparé quelque chose à manger pour ce soir ? Il va falloir qu’on parte plus tôt, il y a un brouillard à couper au couteau. — Oui, j’ai fait des spaghettis à la béchamel, le frigo est presque vide. — Mince ! Je devais faire les courses, mais il y a eu une urgence. J’ai dû me rendre c hez madame Louis pour l’emmener à la pharmacie. Du coup, j’ai oublié… j’irai lundi matin. En attendant, il va falloir racler les fonds de placards ! — Il ne reste vraiment plus grand-chose. Je peux fa ire une quiche avec les restes de pommes de terre. Dans le frigo, il y a trois œufs e t quelques bouts de lard, ça devrait aller, mais il faudra vraiment faire des courses ! — Oui, oui, je sais ma puce… Tu vas au poney-club d emain ? — Sûrement ! J’irai vers 15 heures, parce que j’ai un poney à travailler : un «trois ans » que je vais débourrer, et je dois auss i accompagner une balade de six personnes. Je pense que je monterai Ganymède, elle est zinzin, mais je l’adore cette folle ! — Ah, la belle alezane, la demi-sang arabe ? — Bravo ! Tu te souviens d’elle ? — Qui ne se souviendrait pas de cette jument ! Elle aurait pu gagner les championnats du monde de rodéo cette furie ! Fais q uand même attention à toi, elle est sacrément nerveuse. — T’inquiète ! À moi, elle n’a jamais rien fait, je pense qu’elle m’aime bien, et puis… elle est tellement belle ! » Dès qu’on abordait le sujet des chevaux, le visage triste de Lola s’illuminait. Elle arborait alors un large sourire et semblait, au moi ns pour quelque temps, heureuse. Du baume au cœur à cette pensée, elle était d’attaque pour aider sa mère. Elles partirent vers 21 heures, en direction de la maison de monsie ur Martin. Une demi-heure plus tard, elles arrivèrent devant s a porte, qu’elles distinguèrent à peine à cause de l’épais brouillard. Marinette avai t les clés, car monsieur Martin ne se déplaçait que difficilement en fauteuil roulant. El le passa en premier et appela monsieur Martin. « Coucou ! monsieur Martin ? C’est Marinette. Vous allez être content, j’ai emmené ma fille ! » Tout en continuant à parler à monsieur Martin, Mari nette entra dans la cuisine pour préparer une petite collation pendant que Lola alla directement vers le salon du vieux monsieur. Marinette chantonnait en se dirigeant vers le réfri gérateur pour confectionner un de ces casse-croûte dignes d’un vrai repas, dont elle seule avait le secret, lorsque tout à coup un hurlement retentit : «MAMAN ! MAMAN ! VIENS VITE ! — Qu’est-ce qu’il y a, Lola ? » s’affola-t-elle.
Les cris et sanglots de Lola retentissaient encore dans toute la maison quand Marinette, épouvantée, arriva en courant dans le sa lon. Ce qu’elle découvrit la mit dans tous ses états. Lola, les mains devant les yeux, bl anche comme un linge, se tenait à genoux sur le grand tapis du salon, à côté du faute uil renversé de monsieur Martin. Celui-ci gisait au sol, inerte, entouré des photos de sa famille. Son cœur si fragile avait cessé de battre. Lola était effondrée, Marinette horrifiée. Tremblan t de tout son corps, elle appela les pompiers, qui eurent bien du mal à la comprendre ta nt les sanglots déformaient sa voix. Les pompiers et les gendarmes arrivèrent au bout de dix longues minutes et ne purent que constater le décès de monsieur Martin… I ls raccompagnèrent Lola et sa mère en état de choc chez elles. Après une nuit interminable, Lola, pour qui la mort de monsieur Martin avait fait ressurgir la disparition de son père, s’était à nou veau renfermée comme une coquille. Elle ne disait plus un mot et sanglotait en permane nce. Marinette, elle aussi très touchée, arrivait cependant mieux à gérer la tragéd ie qui venait de se dérouler. Elle savait, du fait de son métier, que ce genre de chos es pouvait survenir. « Ça va, Lola ? Tu veux que j’appelle le poney club pour leur dire que tu n’y vas pas ? » Lola, toujours sanglotante, les yeux gonflés par le s larmes, répondit : — Oui, je veux bien, dis-leur que j’appellerai quan d je reviendrai, gém it-elle, et dis-leur que je m’excuse pour la balade de cet aprè s-midi, mais là… (Lola sanglota de plus belle.) Je ne peux vraiment pas ! — C’est normal ma puce, personne ne devrait jamais avoir à vivre ce que tu viens de vivre. Je suis désolée, vraiment, tellement désolée . Je t’aime, ma puce ! » Quinze jours plus tard, Marinette avait repris son travail chez d’autres personnes âgées, mais maintenant, elle s’y rendait la peur au ventre, celle de découvrir à nouveau un tel drame. Quant à Lola, elle ne parvenait pas à oublier cette tragédie. Elle pleurait tout le temps en regardant l’océan. Elle avait défi nitivement perdu le sourire qui illuminait déjà si rarement son visage. Même les ch evaux ne parvenaient plus à la consoler. Très inquiète pour sa fille, Marinette se confia à madame Gomez, une mamie portugaise bientôt centenaire, pleine de vie, matri arche d’une famille plus que nombreuse comprenant huit enfants, vingt-deux petit s-enfants, dix-sept arrière-petits-enfants. Ces derniers partaient régulièrement en ca mp pendant les grandes vacances, le plus souvent durant le mois de juillet. Ça leur permettait d’échapper un temps aux soucis familiaux fréquents chez les Gomez. Marinette trouva que c’était une excellente idée, m ais elle avait peur que Lola refuse de partir, d’autant que ce n’était pas gratuit. Il fallait donc trouver un subterfuge pour qu’elle adhère à cette option. Madame Gomez lui fou rnit la solution. Il fallait faire croire à Lola qu’elle partait, non pas pour elle, mais pou r surveiller le petit-fils de madame Gomez, anxieuse pour son Carlos, un enfant fragile, mais roi des bêtises. Quant au prix, elle se montra rassurante, l’informa nt qu’il dépendait des revenus de la famille et qu’en raison de leur situation, elles ne devraient vraiment pas avoir beaucoup à débourser. Madame Gomez proposa même à M arinette, si le prix était trop élevé, de lui octroyer un petit prêt sans intérêts. Elle rembourserait petit à petit, en faisant un peu plus d’heures que d’habitude, ce qui rassura définitivement Marinette. Il restait encore une étape à franchir : l’annoncer à Lola. Mais, contrairement aux craintes de sa mère, elle se montra plutôt enthousi asmée par la proposition, et consentit à partir sans aucun problème, heureuse de quitter son enfer pour un temps.
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