L île des esprits
230 pages
Français

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L'île des esprits , livre ebook

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230 pages
Français

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Description

À Mayotte, au coeur du lagon, il y a une île secrète, qu'on appelle l'îlot M'Bouzi. Posé comme une pyramide sur l'eau, ce petit morceau de terre frémit de légendes. Une mystérieuse nécropole s'y cacherait, profondément ensevelie... Le grand-père de Yasmine est mort là-bas. Lors d'un roumbou, une cérémonie magique, son fantôme doit apparaître et lui faire des révélations. Accompagnée de son inséparable compagnon, le maki Taka, et de ses deux amis, Jeanne et Gaspard, tout juste débarqués de France, elle ne se doute pas que cette cérémonie va les entraîner dans une aventure palpitante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 janvier 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336862231
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yoanne T ILLIER

L’ île des esprits

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Maquette : Isabel Lavina

L’île des esprits
Jeunesse
Collection dirigée par Isabelle Cadoré,
Denis Rolland et Joëlle Chassin

Dernières parutions
Sylvie NICOLLET, Les aventures d’un bonhomme de papier , 2018.
Natalie RAFAL, Les mots qui tombent du ciel , Théâtre, 2018.
Nicole CHARDON-ISCH, Le rêve d’Ana , 2018.
Hurel Régis BENINGA, Les îles enchantées, Contes théâtralisés, 2018.
Marie-Claude GOSSELIN, Les aventures de Ninette la souricette , 2018.
Sabrina BAKIR, La théière magique , 2017.
Georgette Florence KOYT-DEBALLE, Manu et les fourmis, Histoires de Centrafrique, Manu na âmini, Âtolï tî Bêafrîka, français/farânzi – sängö , 2017
Rozenn TORQUEBIAU, Le secret du tableau magique de Tanzanie , 2017.
Georgette Florence KOYT-DEBALLE, Nago et sa grand-mère, Centrafrique , 2017.
Geneviève BOBIOR-WONNER, Sauvée par les lémuriens , 2017.
Cédric BONFILS, Quand on aura le temps, Théâtre, 2017.
Nassereh MOSSADEGH, Mamali et le coucou persan, et autres histoires , 2017.
Sylvie NICOLLET, Le chat Po de Madame Irma, Pièces en castelet, Théâtre , 2017.
Patricia SANCHEZ, Une amitié extraordinaire en pays iroquois , 2017.
Bastien MOUCHET, Le monde de Solal, Récits initiatiques , 2017.
Irène SEYE, Azul ou la barbe bleue , 2016.
Cécile CHAVEL, L e trésor du pays des Fées, Comédie musicale , 2016.
Sous la direction de Dahbia AISSAT, Fantasmagories, Nouvelles fantastiques écrites par les 4e du collège Le Vieux Chêne , 2016.
Pascale PETRIZZELLI, Les aventures d’Hugo au cœur du Dauphiné , 2016.
Marilou ROBILLARD, Pourquoi Yassa ? , 2016
Ange DJOKY, N’dimo au pays des Mami-watas , 2016.
Yoanne T ILLIER
Illustrations de l’auteur

L’île des esprits
Du même auteur
aux mêmes éditions, coll. «Jeunesse»

Le trésor de Zayad , 2015.
Zazavavirano, La sirène de Mayotte , 2009.
Youssouf, Le pirate de Mayotte, 2007.
La porte des djinns , 2006.

Maquette : Barbara Menga.
© L’H ARMATTAN , 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-16077-1
EAN : 9782343160771
Dieu ! La voix sépulcrale
Des djinns !… Quel bruit ils font !

Victor Hugo

Mayotte, ruelle Ouragan

– Quoi ? Comment ?
Maman commençait à s’énerver. La liaison téléphonique était mauvaise. Et maman a tendance à s’énerver vite.
– Vous dites que c’est notre nouvelle adresse ! Ruelle Ouragan ? Quartier San ?… Quoi ? Sandra ?… Sandra… vo… in… gué… Mais c’est quoi, ce nom ?! Et quel numéro ?… Pas de numéro ! C’est une blague ?…
Maman circulait de plus en plus rapidement au milieu des cartons qui s’amoncelaient partout dans la maison.
– Et le nom de la ville ?… Bamandzi ? Non ? Avec un P, pas un B, oui, un P, comme patate ! Pamandzi ! Oui, un P, comme potiron, poivron, poireau, ça va, j’ai compris !… Et le loyer ? Combien ? Quoi ! 1 200 euros ! Mais vous me prenez pour une milliardaire… Vous dites ? Juste une fonctionnaire…
Maman, fumasse ! Elle aurait bien volontiers étranglé son interlocuteur.
– Et vous croyez peut-être que si j’étais aussi riche que ça, j’aurais demandé à être mutée à Payotte… Comment ? Avec un M ? Pas un P ? Oui, je sais, avec
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un M, ma langue a fourché : Mayotte ! Vous dites ?… Mayotte, comme le début de mayo -nnaise et la fin d’échal- ote . Vous ne manquez pas d’humour… Si j’accepte ? Bien sûr ! Je ne peux pas faire autrement ! Je ne vais pas débarquer sur une île du bout du monde avec mes deux enfants et tout un déménagement sans avoir de logement ! Bon, au moins, j’espère que l’appartement est propre et le quartier tranquille !
S’ensuivit un temps assez long durant lequel l’agent immobilier transmit à maman des informations supplémentaires, qu’elle semblait recevoir avec une inquiétude croissante, des moues de plus en plus déprimées, des grommellements de moins en moins déchiffrables.
À la fin de la communication, elle parut accablée et chercha un siège pour s’asseoir. Mais on avait déjà empilé et empaqueté toutes les chaises, emballé le canapé et les fauteuils avec des couvertures molletonnées, tout protégé et surprotégé avec du plastique à bulles fourni par le déménageur. Il ne restait guère que les cartons pour faire office de tabourets. Maman en avisa un sur lequel j’avais marqué en gros et au feutre rouge : MES LIVRES. Le carton était retourné et donnait l’impression qu’il était plein et fermé. Hélas, je ne l’avais pas encore rempli, mes livres étant la dernière chose que je voulais voir disparaître de notre ancienne maison… Bref, maman à peine assise, le tabouret céda sous son poids. Elle poussa un cri. Son derrière à l’intérieur de la boîte éventrée, les bras et les jambes en l’air, maman avait pris soudain l’aspect d’une tortue qu’on aurait renversée sur le dos.
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Malgré moi, un éclat de rire fusa d’entre mes lèvres, tandis que mon frère, penché sur sa tablette, et comme à son habitude absorbé par je ne sais quelle aventure virtuelle, restait étranger à la situation. Il s’était accroupi entre plusieurs gros sacs poubelle qu’on avait remplis de vêtements. Presque obèse, il ressemblait à l’un de ces sacs – avachi, grisâtre, et bien moins utile qu’eux.
Maman poussa un gros juron. Elle déteste les grossièretés et nous fait la guerre à chaque fois qu’il nous en sort une de la bouche. Mais là…
Je m’élançai pour l’aider à se relever, ce qui ne l’empêcha pas de s’emporter contre moi, faisant mine toutefois de s’adresser à nous deux.
– Est-ce que je ne vous l’ai pas suffisamment répété ? On n’écrit rien sur un carton avant de l’avoir correctement rempli et correctement scotché ! J’aurais pu me faire mal, nom d’un…
Un nouveau juron faillit jaillir de sa bouche, mais ravalé courageusement en un borborygme explicite. Refusant mon aide, elle se dépêtra comme elle put de sa carapace de carton. Sa colère grandissait en même temps que la cocasserie de la situation. C’était tellement drôle de la voir coincée dans cette boîte ! L’entreprise de déménagement international nous en avait fourni tout un lot et chacun d’eux portait un zèbre imprimé, entouré par la devise suivante : « SAFARI, les déménageurs qui cartonnent ! »
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Je me forçais pour ne pas rire, non par peur de me faire réprimander, mais parce que je savais la peine qui se cachait derrière la colère de maman.
– Déjà que nous sommes obligés de partir à l’autre bout du monde ! Déjà que nous devons quitter notre foyer ! Ah, je ne suis pas aidée !
Elle se releva enfin, effectua quelques mouvements, quelques étirements et son visage se détendit.
– Ça va, fit-elle en souriant, sur une échelle de dix , j’ai au moins un . Ça va !
Depuis treize ans que je vivais en ce monde, c’était la première fois que nous quittions cette maison. Un soir, papa était parti, après une énième dispute avec maman. Il avait pris la voiture. Elle avait déchiré leur photo de mariage… puis recollée… puis redéchirée… puis…
Je m’étais réfugiée dans la lecture. Gaspard, lui, s’était enfui dans les jeux vidéo et dans la goinfrerie. Mon frère avait grossi, grossi, grossi. Un pot de Nutella et des zombies à dégommer, voilà à quoi se résumait désormais l’existence de ce garçon, qui venait tout juste de fêter ses onze ans.
Au bout des disputes, des juges, des rancœurs, des avocats, des difficultés financières, au bout du divorce, au bout du compte, il avait fallu vendre la maison.
Alors maman, qui est professeure des écoles, s’était mise un jour à tapoter sur l’ordinateur, et un mois plus tard :
– Je… Pas possible… Heu… Possible quand même… Les enfants, j’ai eu ma mutation ! On va
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partir à… Elle s’était frotté les yeux… Mayotte… Mon dernie

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